SHARP EL-5020

On ne parle jamais beaucoup de la SHARP EL-5020. C’est pourtant une riche machine scientifique, dotée de capacités de programmation.

Bien que ces dernières soient assorties de possibilités d’édition intéressantes et que les tests conditionnels soient nombreux, les possibilités de branchement et surtout l’extrême frugalité des 40 pas de programme disponibles méritent qu’on passe rapidement à d’autres sujets.

A l’utilisation de la EL-5020, on se voit confronté à un protocole d’entrée des données peu intuitif, qui empile les termes d’une proposition en les affichant au travers d’une bien étroite matrice de points tout à gauche, jusqu’au dénouement par appui sur la touche EGAL. Ce dispositif qui sera remplacé dans les machines à venir par un plus confortable écran Entrée/Sortie à deux lignes fait cependant tout ce qu’il peut pour rester pratique. Par exemple il est possible d’appliquer une fonction « préfixe » – comme racine carrée, cosinus, logarithme … –  à un nombre déjà affiché en la faisant suivre de EGAL, ce qui pallie l’absence de touche ANS. Il est aussi possible de désigner un membre d’une expression arithmétique en tant que constante.

La EL-5020 revendique sur sa boîte 202 fonctions, pas une de moins. SHARP a souvent communiqué sur le nombre de fonctions de ses machines. Certaines comme la EL-5000 ou EL-5800 le revendiquent en façade (39 fonctions pour la 5000). A première vue il semble bien difficile de recompter pour vérifier – et tomber juste surtout. Pourtant SHARP persiste et signe … et publie sur certains de ses manuels un tableau qui dresse l’inventaire exact des fonctions. C’est le cas dans les toutes dernières pages du manuel de la 5020. On retrouve de tels tableaux dans les manuels des EL-5120, EL-512S, EL-9200, pourtant riche machine programmable et graphique, et sûrement d’autres manuels SHARP.

Ci-dessous l’image de la boîte de la EL-5020 et de la page du manuel dressant l’inventaire des fonctions : il y en a bien 202!

La SHARP EL-5020, made in Thailand, peut être datée du début des années 90. Je ne sais malheureusement pas interpréter le numéro de série 1C02X, le 2 pouvant signifier 1992 ?

Les afficheurs LCD des SHARP modernes vieillissent parfois mal, les segments LCD ayant tendance à s’escamoter. Ici aucune trace de vieillissement n’est perceptible.

L’afficheur avec ses (4 ?) petites matrices de points surmontées de témoins spécifiques. Le nombre des points de chaque matrice peut aller de 5X5 (affichage de légendes en minuscules) à 5X7 points (Légendes avec majuscules). Ci-dessous la fenêtre affichée lorsqu’on demande un arc cosinus hyperbolique.

Ci-dessous la carte électronique de la SHARP EL-5020

 

CASIO FX-800DE CW

Voici une nouvelle CASIO.

Existe-t-il un intérêt à présenter une calculatrice d’aujourd’hui ? Ne sont-elles pas devenues banales, sans surprises, toutes conçues sur le même modèle ?

S’agissant de machines pensées et élaborées par de prestigieux constructeurs historiques, il est toujours intéressant de regarder ceux-ci concevoir, s’adapter à leur public, glisser ici et là des innovations pas toujours bien accueillies par les porte-monnaies.

Mais bon, il est vrai que les machines de notre époque ont tendance à se suivre en se ressemblant.

Voilà pourtant une CASIO vraiment nouvelle.

Je l’ai découverte récemment à la lecture d’un solide et passionnant article publié sur le site TI-Planet (*). J’ai vite eu l’idée d’acquérir à mon tour cette machine, mais peut-être valait-il mieux attendre que le modèle, destiné ici au marché allemand, soit décliné au reste du monde. Mais je n’ai pas su attendre.

C’est un fait que la CASIO FX-800DE est conçue exclusivement pour nos amis d’outre Rhin. Son offre fonctionnelle est calquée sur le programme et les examens scolaires allemands. Les menus sont en allemand, le manuel aussi. Je n’ai trouvé aucune autre édition. Et la machine ne propose pas de menu permettant de changer de langue.

Or lire et comprendre des menus en allemand quand on n’est pas un locuteur germanique, c’est ardu. La langue allemande je l’avais pourtant apprise au collège. J’avais de bonnes notes. Et puis j’ai tout oublié. Les seuls propos allemands que je sais déchiffrer aujourd’hui sont ceux, simples et récurrents, des petites transactions d’internet. C’est piteux.

Car on a beau être habitué au maniement de ces machines, certaines fonctions appellent parfois des explications, surtout quand la machine n’est pas tout-à-fait comme les autres.

Par exemple, où sont les touches de mémoire ? Je ne vois pas STO ou M+ ou MR ni de symboles d’affectation. Tout se passe ici avec la touche « Variables » (le clavier est en anglais). Si la mémorisation et le rappel me semblent plus compliqués qu’avec les touches usuelles, au moins cela allège le clavier.

A ce sujet, on peut remarquer que les touches sont désormais rondes, les légendes plus rares et souvent très visuelles (et dans ce cas combinées avec du texte, comme CATALOG, touche figurée par un livre ouvert). Le pavé directionnel est désormais complété d’un OK bien au centre, plus à sa place que EXE, mais ayant visiblement le même rôle. Et une oblongue touche de navigation rapide, du jamais vu et une autre de retour en arrière, gravée d’une flèche qui va et revient, celle bien connue de nos téléphones et déjà vue sur la récente Numworks, qui n’est sans doute pas passée inaperçue aux yeux de Casio.

Notons encore les boutons d’option qui peuplent les menus de paramétrage (touche Setting), tellement naturels qu’on n’en prend pas conscience sur le coup : Par exemple, si l’on veut choisir un mode angulaire, le bouton d’option du choix en cours sera rappelé dans le menu. Ce n’est pas le cas dans une Classwiz-FX-991EX et cela se remarque après avoir goûté les menus de la 800.

La FX-800 est une machine légère et fine. Son positionnement en termes de fonctionnalités est visiblement en dessous de la ClassWiz FX-991EX actuelle. Il lui manque notamment le moteur de calcul intégral et pas mal d’autres choses, et elle n’a que 4 icônes de menus qui se sentent un peu seuls pour partager tout l’écran.

Celui-ci est d’une belle finesse et présente quatre niveaux de gris, pratiques et bien utilisés par le système.

Parmi les originalités de la 800DE, un traitement particulier du vinculum. Qu’est-ce donc que le vinculum ? Cet acteur discret de l’écriture mathématique est connu de tous. Il s’agit du petit trait horizontal surplombant une valeur et s’adaptant à la longueur de celle-ci. Le vinculum prolonge le radical d’une racine carrée, dans les fractions il sépare le numérateur du dénominateur. Les calculatrices à affichage naturel gèrent cela très bien.

La FX-800DE donne un rôle supplémentaire au vinculum, cette fois pour délimiter la répétition au sein d’un nombre périodique. Si vous souhaitez taper une valeur décimale comportant une période, comme 1/3 ≅ 0.33333333 (période 3) ou 1/7 ≅ 0.142857142857 (période 142857), il suffit de déclarer la période en plaçant le vinculum dès la frappe de la période. La touche FORMAT, qui permet d’alterner différents formats d’expression d’un résultat, incorpore celui avec vinculum de période pour les valeurs concernées. A noter que d’autres CASIO scientifiques, conçues pour le marché allemand ou américain, connaissent ou ont connu le vinculum de période.

Une originalité de plus : Lors d’une saisie, la FX-800 accepte sans émotion particulière une mantisse suivie d’un exposant de 10 non entier. Beaucoup de calculatrices sont désemparées dans un tel cas et choisissent de signaler une erreur de syntaxe, quand d’autres s’arrangent du mieux qu’elles peuvent en ne retenant que la partie entière ou celle décimale de l’exposant, voire se livrent à des interprétations hardies. La FX-800 accepte tout exposant non entier puis retouche la mantisse à la volée pour un affichage en exposant entier de bon aloi. Pour être complet, contrairement à la plupart des machines, la touche d’entrée d’exposant de dix n’affiche pas le traditionnel « E », mais prépare textuellement une multiplication « x 10^ » que l’utilisateur n’a plus qu’à compléter de la valeur d’exposant de dix. Ceci explique cela.

La FX-800DE a-t-elle vocation à être bientôt déclinée vers d’autres modèles ? sur l’ensemble du monde ? Elle semble avoir bénéficié d’un tel effort de conception qu’elle nous annonce sûrement quelque chose. Mais je n’ai bien sûr pas la réponse. [Ajout du dimanche 16/10/2022 : Voilà déjà la réponse, une toute nouvelle FX-991CW est visible sur le site international de CASIO (****)]

La puce qui l’anime est de toute évidence nouvelle. Elle confère à la FX-800DE une justesse redoutable. Le manuel ainsi que l’expérience confirment une précision interne de 23 chiffres. Le nombre PI est juste jusqu’au 23e et dernier chiffre géré. Basculée en mode Bogenmaß (c’est-à-dire Radians), la réponse de Tangente (355/226) donne « -7497258,1853255 » pour les 14 premiers chiffres, ce qui est remarquablement juste (**). La 800 ne se voit surclassée, de toutes les machines qui me sont passées entre les mains, que par le SHARP PC-1475, à mode double précision de 20 chiffres + 4 internes. La CASIO FX-991EX, la CANON MARK I PRO, la TI-30X Pro Mathprint sont distancées.

La représentation interne des nombres apparaît de type décimal codé binaire (BCD), soit la représentation classique pour une calculatrice (l’alternative plus rare étant la représentation binaire comme on la trouve dans la CANON F-720i et peut-être dans la CANON X MARK I PRO ce que je n’ai pu établir).

La FX-800 est-elle une machine rapide ? Cela a-t-il un sens s’agissant d’une machine non programmable ? A partir du moment où des fonctions « itératives » sont proposées (comme la sommation), la célérité est une donnée importante et peut être mesurée.

J’ai ainsi chronométré plusieurs calculatrices scientifiques puissantes, sur une sommation de 1 à 10000. Le résultat de ce simple cumul pouvait être trouvé sans passer par toutes ces itérations(***) mais le but est ici d’apprécier une vitesse de calcul. Voici les résultats :

SHARP EL-W516X : ≅64 secondes
CANON X MARK I PRO : ≅47 secondes
TI-30X PRO MATHPRINT : ≅18 secondes
CASIO « CLASSWIZ » FX-991EX : ≅16 secondes
CASIO FX-800DE CW : ≅9 secondes

Question matériel, la 800DE se démonte facilement, par dépose de quelques vis au dos. Pas de clips destructeurs, pas de brins de câbles empêchant de séparer les deux moitiés. Je mets l’image de la carte électronique, qui ne révèle hélas rien du processeur.

Sur le plan du design, la FX-800 recèle un paradoxe cocasse. Son allure générale est sobre, la couleur gris foncé mate, l’ambiance plastique assumée, quand les précédentes ClassWiz se voulaient davantage sophistiquées dans leur présentation, avec leurs boutons chromés et les souliers blancs.

Pourtant le couvercle nous joue la texture soignée et flatteuse au toucher, avec un surprenant clin d’œil à l’univers du travail des matériaux nobles …

 

 

Ci-dessous, les machines scientifiques actuelles haut de gamme qui se mesurent ici à la nouvelle 800. Celle-ci les bat toutes à la course et en précision, mais pas en fonctionnalités. Pour poursuivre le comparatif dans ce sens, il faudra attendre les prochaines 570cw /991cw.

En conclusion la CASIO FX-800 serait la base idéale pour une nouvelle génération mondiale de calculatrices scientifiques CASIO, et non plus seulement allemande. Est-ce l’intention du constructeur ? Qui a la réponse ? Je constate que l’animation précédant l’extinction abandonne le parler d’outre-Rhin au profit d’une mention de portée plus universelle …

Qui vivra verra.

[Ajout du 16/10/22 (****) : Une nouvelle FX-991 CW est arrivée sur le site international de CASIO] [ajout du 1er février 2023 : Casio ne semble s’adresser (pour l’instant ?) qu’aux seuls marchés de l’Asie pour sa 991CW : Philippines, Inde, Viet-Nam …]

 

 

La police de caractères a notablement évolué avec la nouvelle 800DE. Ci-dessous, une représentation des matrices (de tailles identiques pour les deux machines, contrairement aux photos) de la CASIO FX-991EX (à gauche) et de la CASIO FX-800DE CW (à droite). (Choix de la police la plus grande parmi les deux proposées pour cette représentation)

En marge de cette présentation, quel bilan pour les écrans couleur actuels ?

Lorsque je mets d’un côté une CASIO ClassWiz ou une TI MathPrint Pro, simples scientifiques récentes et de l’autre côté une CASIO Prizm, TI n’Spire CX, HP Prime, calculatrices graphiques d’aujourd’hui – un peu moins récentes -, je suis pris d’un doute : l’avenir, y compris graphique, n’est-il pas dans le principe d’affichage des premières, soit un écran sans couleurs ?

Qu’ont apporté finalement les afficheurs modernes des machines graphiques des années 2010 ?

Avec eux le progrès fut spectaculaire. On est passé des pixels noirs de taille grossière à des écrans bien plus définis, en couleur, éclairés, parfois tactiles, mais aussi dévoreurs d’énergie. Cette offre est-elle désormais incontournable ?

Je ne conteste pas l’apport d’écrans bien définis. En revanche, la couleur fait débat depuis longtemps. Même si personnellement je pense que le monde est couleur et que, si l’on pourrait se contenter de photo ou de cinéma en noir & blanc, la vie prend tout son sens en couleur, d’aucuns nient ce besoin s’agissant des mathématiques. Il est vrai que la couleur est finalement peu utilisée dans ces machines.

Quel était l’argument commercial initial ? La pédagogie était mise en avant : la possibilité d’héberger des images de qualité photographique pour leur y détecter ou appliquer des principes géométriques. Aujourd’hui je vois dans les seules applications Python embarquées une utilisation utile de la couleur.

Le rétroéclairage est-il à son tour utile ? A quoi bon avoir un écran lumineux si les touches et légendes du clavier restent invisibles sitôt le soleil couché. Quant à  la fonction tactile, c’est un plus mais cela change-t-il la vie des utilisateurs ? Le demandent-ils ? En redemandent-ils ?

Si je tente d’imaginer l’avenir je verrais bien une nouvelle calculatrice graphique légère,  dotée d’une technologie d’affichage similaire à celle d’une 800DE. Le grand écran très défini se présenterait en quelques niveaux de gris, sans rétro éclairage (ou bien à la demande – voir la CASIO GRAPH 95) – ni dispositif tactile.

Le gain d’un tel écran graphique serait une consommation et des dimensions plus mesurées ainsi qu’une autonomie retrouvée. Est-ce l’avenir ?

A bien regarder, de telles calculatrices ont existé : Les HP-39GII et TI-n’SPIRE de première génération étaient conçues ainsi. Et leur affichage était somptueux. Les suivantes ont introduit le concept HD couleur rétroéclairé. Cette conquête est-elle définitive ? On peut en douter si on en juge par l’ultime étape tactile qui, hors HP Prime et CP400 resterait encore à implémenter pour d’autres, à moins que cette étape ne soit tout simplement plus envisagée. La porte de l’évolution reste ouverte. Alors pourquoi pas ? Fin de cette réflexion toute personnelle.

 

[Ajout du 25 mars 2023 sur la nouvelle Casio Fx-991CW]

Quelques mois se sont écoulés depuis l’arrivée de la 800, première née de la famille Classwiz de 2e génération. La 991CW est désormais commercialisée.

Prendre en main une Casio fx-991CW en ce printemps 2023 n’est pas chose commode pour qui est résident Français. Casio dirige en effet ses premiers efforts vers les marchés asiatiques, comme les Philippines, l’Inde, le Viet-nam… Outre les langues, alphabets et monnaies exotiques pratiqués par les sites de vente locaux, il reste le pari d’une expédition vers la France, pas simple à remporter.

La 991CW a les traits de la 800, notamment l’écran, l’environnement logiciel, la bonne rapidité de calcul, la précision interne de 23 chiffres. En sortie symbolique, la CW ne se laisse plus piéger, à la différence de la EX, par des approximations apparentes de PI, comme des internautes facétieux s’étaient amusés à le montrer. La CW n’attribue le symbole π qu’en échange d’approximations longues de 19 chiffres exacts, ou arrondi pour le dernier.

Comparée à la première Classwiz 991EX, les fonctionnalités de la CW sont accédées de façon nouvelle, elles sont cependant les mêmes ou quasiment. Je n’ai pas décelé de grandes surprises. Un exemple : tout comme la 991EX, la CW sait décomposer en produits de facteurs premiers. Dans la première on agit sur la légende dédiée FACT. Dans la seconde, c’est la touche FORMAT qui appelle un menu contenant le choix de la décomposition.

Au sujet de la touche FORMAT on remarque que l’affichage avec le vinculum de période remarqué dans la FX-800 allemande n’est pas disponible dans la version internationale. Il ne l’était pas plus sur la 991EX, sa légende bien discrète ne concernant visiblement que les marchés allemand ou américain. Il était donc logique que la 800 en soit pourvue, comme d’autres avant elle.

Je n’ai pas pu (ou su) déterminer si l’environnement de calcul exact « réfléchit » avec d’avantage « d’intelligence » ou bien si la seule finesse de précision est suffisante pour faire mieux que la 991EX. L’environnement logiciel de la CW emploie beaucoup de menus et de boutons d’options. C’est moderne et conversationnel. Pourtant, à l’utilisation, il peut sembler moins pratique de naviguer dans ces menus que de taper le chiffre de la ligne voulue comme la EX le permettait.

En une seule phrase : par rapport à la précédente 991EX, la nouvelle 991CW est un objet différent, léger, qui fait finalement la même chose, autrement, plus vite, de façon ultra précise, en affichant sur 4 niveaux de gris.

Il reste à espérer que Casio tourne de nouveau ses yeux vers les contrées européennes. C’est déjà le cas pour l’Allemagne décidément, qui a depuis peu sa propre 991DE CW.

 

(*) https://tiplanet.org/forum/viewtopic.php?t=25727

(**) http://www.voidware.com/calcs/torture_trigs.htm

(***) S’agissant de la somme d’entiers consécutifs, la formule [n(n+1)]/2 donne le résultat en un instant.

(****) https://www.casio.com/intl/scientific-calculators/product.FX-991CW/

Commodore 776M

Dans une autre présentation, celle de la Sperry-Remington 663, je découvrais l’existence d’un afficheur limité à 6 positions. Je n’imaginais pas qu’il pût exister des modèles à 7 chiffres !

La Commodore 776M, calculatrice basique s’il en est, ne peut gérer de nombres supérieurs à 9.999.999, quand l’immense majorité des machines offrirent très tôt les 8 chiffres « réglementaires », rouges, verts ou oranges, voire 10, pour les modèles scientifiques.

Le boîtier de la 776M est identique à celui de la SR7919, qui, elle, déroule sans difficultés son ruban de 8 chiffres.

Je parie que le « 7 » du milieu de « 776 » traduit cette caractéristique.

La 776M, en dépit de ses 19 touches, n’est pas si dépourvue que cela. En particulier sa touche de pourcentage est pratique et intuitive, c’est loin d’être toujours le cas. Par exemple, pour ajouter 9% à 102, il suffira de taper le plus simplement du monde : 102 + 9 % =. Pour retrancher, le principe est le même, et la multiplication affichera le pourcentage d’une valeur.

La touche de mémoire s’utilise de façon franche elle aussi. Pour stocker, on tape M et pour rappeler … on tape le même M. Bien que la touche soit unique, la Commodore sait toujours ce que vous souhaitez faire, et pour cause : Le M qui stocke doit être utilisé pour un résultat, donc après pression sur la touche EGAL. Hormis ce cas, M retournera le contenu de la mémoire.

L’excellent état de fonctionnement de ma 776M m’étonne, vu son âge et sa technologie d’affichage par chiffres rouges gros consommateurs d’énergie. Elle s’alimente avec une simple pile de 9 Volt. Or brancher ce type de pile est toujours délicat : l’extrémité des câbles sortant de la machine est conçue pour mordre solidement les deux ports de la pile. Pour les déconnecter, il faut souvent user de fermeté, tandis que la préhension des câbles entre deux doigts est malaisée. Dans ces machines anciennes, il n’est pas rare de voir ces câbles fragilisés, voire hors service, quand ils n’ont pas tout simplement disparu. Les changements de piles étant rendus fréquents par l’afficheur glouton, je suis tenté de conjecturer que les machines en état de fonctionnement aujourd’hui ne furent que peu utilisées au cours de leur vie. Tant mieux pour les amateurs !

Merci à kweeky

Numworks

La Numworks est un objet récemment arrivé dans le paysage des calculatrices. Mais est-ce encore une calculatrice ?

Elle semble surgie de nulle part, allergique à toute idée de modèle et vient dans un coffret cartonné chic, avec son câble de liaison USB, tel un téléphone portable.

A son lancement en 2017 on pouvait lire qu’au milieu de constructeurs historiques se reposant sans doute sur leurs lauriers et ayant cessé d’inventer, il y avait une place pour la Numworks, machine de conception nouvelle aux touches rationnellement placées, dotée du fameux langage de programmation Python.

Conçue par une société française respirant le dynamisme, la Numworks a rapidement suscité le plus grand intérêt. Au point qu’un amateur de calculatrices davantage anciennes que modernes a décidé d’y regarder de plus près, au travers de son prisme certes non dénué de parti pris, et a conclu ressentir peu de passion pour cet instrument non plus de calcul, non pas d’exploration mathématique, mais de travail en classe de maths.

En premier lieu, la sentence entendue à l’endroit des constructeurs ayant pignon sur gondole, prétendument endormis et resservant toujours les mêmes plats me semble exagérée. Il y a effectivement d’année en année reconduction de modèles connus, toutes marques confondues, avec de simples mises au goût du jour au moment des rentrées des classes. Il y a aussi des paliers d’évolution qui montrent que tout n’est pas sclérosé dans le domaine. Citons la célérité des processeurs qui a fait des bonds importants, les possibilités d’affichage passées des simples segments LCD aux écrans haute définition couleur, parfois tactiles, une précision de calcul ne cessant de s’affiner. Citons des modèles surgis un beau jour, entièrement nouveaux, comme le concept nSpire de Texas-Instruments, les ambitieux CP300 et 400 de Casio, la formidable et très belle Prime de HP.

Numworks saura-t-il à son tour renouveler son modèle le moment venu ? Verra-t-on naître une gamme entière. Pour l’instant seules l’injection de mises-à-jour et de discrètes évolutions du firmware assurent la vie de l’offre, limitée à une seule machine.

En second lieu et ce n’est pas une anecdote, des touches importantes qui ne semblent pas au bon endroit. Pourquoi avoir placé l’interrupteur logiciel au beau milieu des touches supérieures, avec de fréquents arrêts et redémarrages intempestifs, heureusement sans conséquences. Et pourquoi celle symbolisant le retour en arrière nous ramène-t-elle si souvent directement sur les pavés de menus, faisant alors double emploi avec la touche « maison ».

L’amateur de calculatrices voudra regarder de près les valeurs numériques. La Numworks raisonne davantage en expression symbolique qu’en valeur numérique. Ainsi la plupart du temps une valeur est exprimée à la fois par sa représentation symbolique à gauche de l’écran, et à droite par sa traduction numérique approchée. Il est bien souvent malaisé de casser cette dualité d’expression pour ne travailler que sur cette dernière. L’expression symbolique reprend d’ailleurs vie sans tarder, quand bien même elle consisterait en une disgracieuse et interminable fraction, certes exacte. L’expression numérique n’est visiblement pas le but de la Numworks, machine qui n’est pleinement à l’aise que dans un idéal d’exactitude symbolique.

Soumise à un simple test trigonométrique en mode radians, en l’occurrence la tangente de 355 divisé par 226, l’approximation numérique porte trop bien son nom, avec le seul premier chiffre correct, quand une prosaïque Commodore de 1976 à chiffres verts montrait déjà les 4 premiers. Même observation pour une valeur de tangente de 89.999999° évaluée à 62882113,020613, résultat fort éloigné des 14 premiers chiffres corrects 57295779,513082 déjà donnés par une toute simple Casio Graph 25+ de 2010.

La Numworks n’est programmable que par son module Python et je trouve cela dommage. On n’y trouve pas de langage natif simple par défaut. Bien sûr on peut lire partout que le Python de la Numworks est d’excellente facture. Complété par l’écran gérant de magnifiques couleurs, on peut sans doute faire de belles choses avec ce langage moderne et bien connu au delà du monde des calculatrices.

Mais qui va programmer sur sa Numworks ? Je veux dire par plaisir ? Certes les lycéens et étudiants gourmands de code puissant vont s’en délecter. Les autres bouderont un accès jugé difficile, la syntaxe compliquée, le geste à acquérir peu intuitif et douteront que le jeu en vaille la chandelle. Casio, Texas-Instruments, Sharp (ses 9200/9300/9600/5120/5250) proposaient le TI-Basic, le Casio-Basic, le « Sharp-Basic » langages sans chichis qui ne pouvaient satisfaire les amateurs de code ambitieux, mais acceptaient tout un chacun par leur simplicité et leur immédiateté. Autant que je sache, les modèles concurrents équipés de fraîche date de leur module Python n’ont pas renoncé à leur langage natif. La Numworks aura logiquement ses cracks qui s’approprieront le Python, et de l’autre côté ses transpirants codeurs d’exercices scolaires.

Pour tout cela la Numworks m’apparaît davantage comme une auxiliaire du professeur dans sa salle de classe, qu’une amie et complice de son propriétaire. Illustration, ce sévère message d’erreur « Attention à la syntaxe » qui vient vous taper sur les doigts pour un oui ou pour un non, on est bien là dans une relation professeur-élève. Fourniture scolaire de luxe pour classe de mathématiques et de programmation, la Numworks incitera-t-elle son propriétaire à des explorations récréatives, ou bien sera-t-elle assimilée à l’équerre et au compas, au rapporteur, autant d’accessoires associés au cartable et ses douleurs.

D’un point de vue technologique, nous trouvons un très bel objet de faible épaisseur, avec une capacité d’écran de 30 caractères. Si l’on veut voir quel cœur tourne à l’intérieur, l’ouverture est possible et nous renvoie aux anciennes Hewlett-Packard, car il faut pour cela ôter les 6 patins qui recouvrent 6 vis, accessibles à l’outillage d’un bon bricoleur.

En conclusion de cet article sommaire, les commentaires que je lis ici et là sur la Numworks sont si souvent élogieux que je me glisse tout au long de cet article et non sans malice dans le costume de l’avocat du diable, mettant en relief les quelques points qui me chagrinent. La modernité frémissante de cette Numworks pleine d’avenir entrechoque forcément nombre de vieux coucous qui hantent de site. Et dont je serai un jour. Peut-être déjà.

Machine de test en version 19.5.0, FCC ID 2ALWP-N0110

CASIO 991 EX « Classwiz »

Nous trouvons là une présentation moderne de la CASIO FX-991, modèle scientifique de haut de gamme bien connu depuis bon nombre d’années.

La ligne Classwiz nous montre une façade d’un plastique dur particulièrement soigné. Mais aussi un afficheur d’une grande définition. Outre la possibilité d’y représenter un menu d’accueil riche et d’aspect graphique, les caractères alphanumériques présentent un dessin autrement plus sophistiqué que ceux des traditionnelles et pourtant déjà bien lisibles matrices 7 X 5 pixels.

Regardons les chiffres de cette 991 de plus près. Tentons à cet effet une photographie en mode « macro ». L’éclairage nécessaire et le talent m’ayant manqué pour réaliser de bonnes photos publiables, j’en propose une représentation à l’aide du quadrillage d’un tableur.

 

Des matrices 12 X 9 sont à l’oeuvre pour dessiner une véritable fonte, avec empattements, pleins et déliés, asymétries.

La Classwiz n’est pas la seule calculatrice actuelle à proposer une telle définition. Regardons comment se débrouille la Texas-Instruments TI-30X MathPrint Pro.

Soumise au même protocole de représentation, voici à quoi ressemblent de près les chiffres de la concurrente de la Classwiz 991.

Des matrices de 14 X 10 pour la texane, au dessin vu comme plus simple en raison du trait toujours en double épaisseur. On voit un 5 bien reconnaissable dans tous les affichages graphiques de TI, avec sa barre supérieure un peu longue. A part le chiffre 1 tous les autres utilisent les 10 pixels de largeur.

Ne lâchons pas la loupe et regardons d’autres modèles, comme le CASIO CP 400

Cette fois il s’agit de matrices 13 X 9. Seul le chiffre 4 tire parti du 9e pixel.

Passons au modèle suivant avec l’ancienne CASIO CG-10 « Prizm » :

Avec une matrice de 19 X 15, nous trouvons là le summum de la finesse, avec des traits triples, des empattements pour tout le monde, des asymétries, des « pompons » pour le 2, le 3, le 5, le 6 le 9, la jambe du 7 présentant un galbe impeccable. Ici aussi, seul le 4 appelle le pixel le plus à droite.

Poussons encore la curiosité et regardons la TI N’spire ancienne génération et la HP Prime.

Pour cette dernière je ne sais que penser. Je n’ai pas réussi à conclure si la technologie de l’écran couleur montrait de légers artefacts ou bien si, typographie ultime, les chiffres étaient subtilement complétés de pixels en divers niveaux de gris. En tout état de cause, je reproduis ci-dessous les cinq premiers chiffres issus de pixels incontestables et les cinq autres complétés aux bons endroits des pixels fantomatiques que j’ai cru (et je voudrais y croire) y déceler. Il est certain qu’à la loupe, la police apparaît plus belle que la représentation des 5 premiers chiffres ci-dessous. A noter que deux 4 consécutifs se touchent toujours dans une Prime.

 

Enfin dernier modèle scruté, une TI NSPIRE de première génération, à écran noir & blanc.

La NSPIRE est généreuse, elle offre trois fontes différentes, celle active en ligne de saisie, une autre en mode édition, et aussi une italique, plus belle en vrai que celle d’aspect squelettique et tourmenté représentée ici.

Toutes les fontes que nous venons de passer en revue sont en chasse fixe, soit non proportionnelles, c’est-à-dire qu’un étroit 1 mobilisera, au même titre que le large 4, la matrice entière, avec la conséquence inesthétique d’un espace déséquilibré entre certains caractères. C’est aussi le cas pour la NSPIRE, mais seulement pour les chiffres, les caractères alphabétiques sont gérés de façon proportionnelle (17 « W » à la suite saturent la largeur de l’écran, contre 51 « I », 21 « A » ou 26 « E »).

Les matrices numériques de la NSPIRE sont de type 11 X 7. Ces fontes ne sont donc pas les plus riches, en particulier celle du mode édition, strictement filaire, sans empattements. Même le 7 ne comporte pas de retour vertical supérieur gauche, ce qui m’amène à une réflexion en forme de conjecture …

En effet, se pourrait-il que dans les représentations antiques par matrices de 7 segments, le trait vertical supérieur gauche du 7 parfois retranscrit mais pas toujours (ci-dessus) corresponde à un empattement en germe ? je n’ai pas la réponse.

Enfin, je mets ci-dessous quelques exemples de fontes informatiques classiques. Je crois voir du « Terminal » chez TI – le 8 et la longue barre horizontale du 5 – du « Bodoni » chez CASIO, avec les « pompons » … Quant au 8 où gauche et droite sont parfois asymétriques, c’est encore une autre influence …

Dans cette présentation, l’écran de la FX-991 vole la vedette à sa propriétaire, dont il est finalement peu question ici. La FX-991 sera regardée de plus près dans un prochain article qui devrait la comparer aux TI-30X MathPrint Pro, CANON X MARK I PRO et SHARP EL-516, soit des calculatrices scientifiques de gamme supérieure modernes.

Concernant la petite étude sur les fontes à laquelle je me livre, je termine en précisant que chaque fois que j’ai eu le choix, j’ai utilisé la plus grande des polices proposées par la calculatrice.

Dominique

 

SHARP EL-5804-5809

Deux jumelles au format « règle » millésimées 1978.

J’ai découvert la SHARP EL-5804 et son format inhabituel dans un catalogue La Redoute en 1979. Bien plus tard j’ai appris qu’elle avait une jumelle, la 5809.

Si cette dernière dispose des fonctions scientifiques classiques, la 5804 ne donne que le strict minimum. Elle comporte pourtant une touche mystérieuse dont la légende associe l’élévation à la puissance au symbole du logarithme népérien. Que se passe-t-il quand on la sollicite ?

Je ne peux y répondre qu’indirectement, mon exemplaire acquis de fraîche date refusant de fonctionner. Je l’ai pourtant ouvert et y ai diagnostiqué un câble décroché que je n’ai pas réussi à bien relier.

Heureusement je dispose du manuel, au même format allongé. On y lit que la touche peut s’utiliser de deux façons. Soit en élevant classiquement une valeur « y » à la puissance « x ». Et dans ce cas on assiste après pression à l’affichage furtif du logarithme naturel utilisé par l’algorithme, valeur qui s’escamote à l’entrée de l’exposant. Ce fait est courant sur les machines anciennes. Le résultat final s’affiche par appui sur EGAL.

Pour la seconde façon, on aurait presque envie de crier à l’imposture, à tort, mais n’anticipons pas. En effet, alors que l’affichage furtif du logarithme constitue encore un archaïsme en 1978, bientôt gommé définitivement, voilà que SHARP bombe le torse et proclame une fonction supplémentaire. L’utilisateur veut obtenir la valeur d’un logarithme naturel ? Qu’il enfonce la touche d’élévation à la puissance et note sans aller plus loin l’artefact affiché. Il n’y a même plus besoin d’une touche dédiée sur le clavier.

N’est-ce pas un peu dangereux malgré tout ? car maintenant, une valeur « y » attend la suite de l’opération, c’est à dire une valeur « x » et l’appui final sur EGAL, seul moyen en principe de terminer le cycle de l’opération en cours qui, sinon, risque de perturber tout calcul futur.

Quel dommage de ne pouvoir vérifier machine en main.

A moins qu’il y ait une ruse…

Je vais tenter de trouver une machine de substitution possédant le même circuit de calcul, que je dois avant tout identifier. Il existe un moyen simple pour cela : consulter la table de Mike Sebastian (*), qui recense le résultat au test « Forensics » d’une grande quantité de machines, et donc la signature de leur processeur.

Je découvre en consultant la table que la EL-5804 est proche parente de la SHARP EL-5800, modèle en ma possession et en état de marche.

La 5800 n’a pas besoin de la touche à double légende car elle offre sur son clavier les deux types de logarithmes, naturels et décimaux. Et chose curieuse, la valeur retournée par ces touches dédiées ne dépasse jamais 7 chiffres, alors que l’appui sur celle d’élévation à la puissance en renvoie 8 pour le logarithme intermédiaire. Le résultat de l’opération réciproque « e puissance x » est d’ailleurs moins exact avec la touche dédiée au logarithme qu’avec l’artefact intermédiaire, c’est un comble.

Ce dernier, seconde curiosité, peut être utilisé tel quel, sans jamais perturber les calculs futurs. Car la touche puissance est soigneusement isolée de tout calcul en chaîne. Dès qu’une touche d’opérateur est tapée, tout repart de zéro en abandonnant sur place l’opération précédente non achevée. En conséquence, la légende double de la EL-5804 n’est pas un abus de langage, c’est bien une touche qui réalise deux opérations distinctes, une à deux termes, et une à un seul terme.

Les deux machines 5809 et 5804 semblent s’adresser à deux publics différents. La 5809 a un aspect classieux, métallique, elle prend place dans un coffret rigide et soigné. La 5804, à la livrée sombre plus simple, bénéficie d’une housse de belle facture, moins flatteuse cependant.

 

 

La SHARP EL-5800 et la signature Forensics de sa puce

 

La table des résultats du test Forensics. Merci à M. SEBASTIAN pour cet énorme travail.

https://www.rskey.org/~mwsebastian/miscprj/forensics.htm

HANIMEX MCM 1266

Mais qui était HANIMEX  ?

On rencontrait souvent des calculatrices de cette marque dans les années 70. Mais internet m’apprend que ce constructeur d’origine australienne était spécialisé de longue date dans les appareils de photographie (*).

La calculatrice de table ici présente a déjà été rencontrée sous d’autres marques, j’en jurerais. Qu’elle fût ou non produite par HANIMEX à la base, cette machine est de construction sérieuse. En témoigne le clavier au toucher mécanique et fiable.

La MCM 1266 est une machine « moderne », bien éloignée de la Casio 121-E par exemple. Elle fut sans doute produite à proximité de l’année 1980. La notion de totalisateur, lu et vidé par les traditionnelles fonctions S◊ et T∗ en vigueur dans le monde des machines de table n’a pas cours ici. La touche ÉGAL est sollicitée tant pour les divisions et multiplications que pour l’addition et la soustraction.

Le manuel, qu’on dirait tapé à la machine à écrire plaide lui aussi pour une production antérieure aux années 80. On y voit en couverture le logo d’HANIMEX : un globe dans un « H » (**).

Les douze chiffres à 7 segments verts sont accompagnés de trois petits témoins : le point pour l’occupation mémoire, une barre verticale pour la condition d’erreur, tout cela en queue de mantisse, y compris pour le signe MOINS.

Les couleurs de la calculatrice sont vives et harmonieuses. Qui a dit que les travaux comptables doivent être mornes et tristes ?

 

 

(*) https://en.wikipedia.org/wiki/Hanimex

(**) Le logo de la marque

 

CASIO √121-E

Un aspect sans doute banal, mais une personnalité incomparable. Cette simple additionneuse de bureau est, en ce jour de 2021, âgée de 48 ans. Elle est si robuste que son fonctionnement est demeuré intact et fiable.

Quels sont les traits de caractère qui témoignent de son âge ? Un poids important, un afficheur souligné par une réglette mobile, montrant un ZÉRO en demi-hauteur bien peu lisible pour l’œil contemporain, un QUATRE croisé et un splendide signe MOINS constitué d’une barre rouge lumineuse. Signe des premiers temps, des zéros bien inutiles peuplent la gauche de l’écran par défaut. Et pour l’anecdote une belle longueur du fil d’alimentation, générosité qui n’est plus de mise de nos jours.

La √121 est plus qu’une additionneuse. Sinon, pourquoi crânerait-elle à arborer le symbole de racine carrée dans son nom ? Elle dispose bien de la fonction, dont la mise en oeuvre est particulièrement originale. À bien regarder, sur le clavier sa légende voisine avec celle de la division, sur une touche unique. Mais comment indiquer à la machine quelle fonction on souhaite utiliser quand on l’enfonce ?

Une division agit sur deux valeurs tandis qu’une extraction de racine agit sur une seule, voilà la clef.

Si l’on entre un second nombre après avoir enfoncé la touche aux deux légendes, le résultat retourné par ÉGAL sera classiquement celui de la division du premier par le deuxième. Si l’on tape ÉGAL sans entrer de seconde valeur, la √121-E calculera la racine carrée de la première au rythme d’une danse endiablée de chiffres intermédiaires.

Démarche inverse, si l’on appuie sur la touche de multiplication juste avant celle de division, la manœuvre décrite ci-dessus renverra systématiquement des carrés jusqu’à l’appui sur AC.

Concernant le fonctionnement de la mémoire, le stockage et l’accumulation sont assez intuitifs (M+ ou M- inscrits en gros et en gras sur leur touche). C’est moins le cas pour la  lecture du contenu mémorisé. Comment s’y prendre ? Il faut se référer aux couleurs des touches pour comprendre que T, habituellement dédiée à la totalisation de PLUS ou MOINS sur les machines de table est ici entièrement consacrée à la lecture (avec remise à zéro) de la mémoire.

Fait coutumier chez CASIO – et par conséquent déjà en 1973 – un fin film protecteur recouvre les parties métalliques de la machine. J’ai ôté ce film, qui n’avait pas vieilli, n’était ni sale ni ondulé, restituant ainsi l’aspect d’origine ultime de la machine.

Un outrage du temps qu’on ne peut soupçonner sur la photo est l’imprégnation de l’odeur de tabac dont souffrait la √121-E lorsque j’en ai fait l’acquisition voilà quelques années. Quoi de plus normal pour une machine ayant traversé les âges depuis le début des années 70 ? Après avoir abandonné la machine à l’air libre dans mon garage pendant deux semaines, l’odeur de tabac – qui n’est donc pas une fatalité – a fini par disparaître complètement et pour toujours.

 

 

 

Texas Instruments TI 57 II

Au long de cette présentation, trois machines font l’objet d’une comparaison. Pour une meilleure clarté, leur nom a reçu une couleur, la plus ancienne TI-57 en rouge (comme ses chiffres), la plus récente TI-57II en gris (sa couleur dominante, voir ci-dessus) et entre deux, la TI-57LCD en bleu (idem). Bonne lecture

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Une nouvelle évolution du fameux numéro 57.

Produite à partir de 1985, la 57-II succède à la jolie 57 LCD, désignée remplaçante en 1982 de la vénérable TI-57 de 1977.

Les 57 LCD et 57 II ne sont pas les premières TI à offrir un afficheur LCD, une génération de calculatrices extra-plates est déjà passée. Mais à quoi assiste-t-on ? Tout se passe comme si Texas Instruments n’avait pas été convaincu en tous points par ce premier essai.

Longtemps, les calculatrices TI ont été pourvues d’afficheurs à diodes rouges, bien lisibles sous diverses inclinaisons. Or, le cristal liquide favorise moins la vision oblique et c’est peut-être la raison qui va pousser le constructeur à incliner désormais l’écran de plusieurs familles de modèles qui arrivent.

Si la TI-57LCD revendiquait le rôle modernisé de la 57, la 57-II sera surtout la remplaçante de cette même 57LCD, dont la faiblesse du clavier ruinera malheureusement la carrière.

La modernité technologique et le design ne pourront cependant pas reléguer aux oubliettes la toute première TI Programmable 57 de 1977, dont tant avaient déploré la portion congrue des 50 petits pas de programmation. Petits ? Voilà un important malentendu. Jamais la 57 n’a, à proprement parler, lésé l’utilisateur sur ce point. Ses pas de programmes ne sont pas petits, ils sont énormes. Les codes sont si condensés qu’ils encouragent fatalement des programmes ambitieux, dopés de surcroît par l’arithmétique complète en mémoire, programmes qui butent à un moment donné sur une barrière, que l’astuce réussit pourtant à faire souvent reculer.

Pour comparer, le même programme de 50 pas sur TI-57, recopié « bandeau sur les yeux », occupera +/- 80 pas (*) sur TI-58.

Défendons encore la vénérable 57 sur ce point. Même si elles ne sont pas réductibles en pas de programmes, les huit mémoires – pas moins – sont bien présentes en appui des programmes. Les nouvelles 57LCD/57-II pratiquent aussi les codes combinés mais sont bien plus chiches en mémoire. Ici c’est seulement 48 pas de programme maximum, et à condition de se contenter d’une seule mémoire après avoir réduit les autres à l’état de pas de programmes disponibles.

Pour se représenter la « cartographie » de la mémoire, on pourrait dire que la TI-57 première du nom embarque 50 pas (**) de mémoire programme + 8 mémoires (constituées chacune de 8 pas) soit 64 pas, et donc l’équivalent de 114 pas dans l’absolu. Pour les 57LCD/57-II, le même calcul donnerait 56 pas, ce qui est bien loin du compte pour qui se présente en successeur.

Quel statut pour le registre « t » chargé de contenir la valeur visée par les tests ? Il peut être utilisé en tant que mémoire supplémentaire – plus limitée car dépourvue d’arithmétique directe – pour les LCD/57II tandis qu’elle est confondue avec la mémoire n° 7 pour la première. Avantage ou inconvénient ? Seuls les programmeurs rompus à l’optimisation acharnée de ces petites machines pourront le dire.

Prendre la place d’une TI-57 n’est pas chose facile on le voit. Il faut assurément un progrès technologique : l’afficheur LCD pour le confort visuel et l’autonomie, un bon clavier enfin, tout cela est désormais dans le génome de la 57 II de 1985. Fallait-il absolument une mémoire plus vaste que celle du modèle, chose que les TI 57 LCD/57-II ont complètement ratée ?

La TI-57LCD de 1981 arrive quatre années après la TI-57, soit un temps très long en cette période charnière. La 57 avait une vocation marquée d’initiation à l’informatique. Dès les toutes premières lignes du manuel, la touche de programmation LRN est présentée au lecteur comme un compagnon qui va le guider tout au long de sa lecture en l’encourageant à programmer tout problème, petit et grand, qui passerait devant ses yeux. Le manuel ne présente pas seulement les fonctions, il enseigne la programmation, l’usage des sous-programmes, des boucles, de façon méthodique voire académique.

Quatre ans après, quelle est la vocation d’une TI 57LCD ? Le temps de la découverte et de l’initiation à la programmation a changé et l’ambition de la TI 57LCD aussi. D’un point de vue technique la TI-57-II  de 1985 sera une simple recopie de la TI-57LCD. Le clavier est cette fois excellent, c’est à peu près là toute la nouveauté mais, certes, ce n’est pas rien.

Nous voilà face à une simple scientifique faiblement programmable. Mais où sont passées les fonctions statistiques de la TI-57 ? Et surtout que sont devenus les petits traits de personnalité qui enflammaient l’enthousiasme des programmeurs en herbe, comme la séquence EE INV EE qui nettoyait d’un coup une valeur de ses chiffres de garde masqués. Ou la condition d’erreur qui faisait clignoter la valeur affichée, effet visuel qu’on a tous utilisé un jour dans nos programmes.

Ici nous avons droit à un message bien propre « Error » qui ne met guère le feu aux neurones. Idem pour la séquence EE INV EE, sans effet occulte. En revanche une TI-57II dont on laisse le programme vide se dérouler jusqu’à la fin reviendra automatiquement au début, quand la TI-57 s’arrêtait en erreur.   

Calculatrice légère, à afficheur LCD faible consommation, mémoire permanente (mais pas d’extinction automatique), et clavier parfaitement fiable 40 ans après, il apparaît que le numéro 57 est tout de même usurpé. Pour retrouver la 57 modernisée et offrant autant de mémoire (mais pas plus) il faudra attendre 1986 et la TI-62 Galaxy.

Et un sérieux défaut de conception sur toutes ces machines TI de l’époque, la trappe de piles dont l’ergot de fermeture est fin et fragile. Et sans trappe les machines ne peuvent fonctionner puisqu’elle assure le contact des piles en les comprimant avec son ressort. Une trappe cassée, c’est une machine jetée. C’est dommage.

Pour finir, comment ne pas être frappé, quand on programme une calculatrice de cette époque, par l’archaïsme de l’absence de fonctions d’entrée et de sortie ? Les capacités de programmation, parfois sophistiquées (TI-58), abandonnent l’utilisateur sitôt la touche de lancement de programme enfoncée. A lui de savoir quelles valeurs entrer et à quel moment une fois l’exécution lancée. A lui de savoir interpréter la valeur affichée et la suite à donner quand le programme s’arrêtera. Bien sûr, ce mutisme est la conséquence d’un affichage encore exclusivement numérique, sans possibilité d’afficher des messages en toutes lettres. A tout le moins aurait-on pu afficher un point d’interrogation à 4 segments + point lors de la demande d’information, et un autre d’exclamation pour l’affichage des résultats. Tout se passe comme si la verbalisation informatique, énorme apport des machines Basic du début des années 80, était encore à rêver pour ces petites machines.

(*) Au sujet du « pas » : Le terme « pas » est souvent employé pour caractériser la taille de mémoire programme disponible d’une calculatrice et correspond à une ligne de code à exécuter. Ce n’est pour autant pas une unité universelle car le pas peut contenir plus ou moins d’information selon la machine. Par exemple, un seul pas de TI-57 peut contenir le code généré par l’appui de ces quatre touches : INV 2nd Prd 5. Ces mêmes quatre touches consommeront 3 pas successifs dans une TI-58 (1 pour INV, 1 pour 2nd Prd, 1 pour 05). Les possibilités accrues de la 58 n’autorisent plus le code combiné, et donc une affirmation comme : « une TI-57 offre 50 pas et une TI-58 offre 480 pas » est incomplète et ne permet pas une vraie comparaison.

Le tableau ci-dessous, empirique et fait pas mes soins, résume la « cartographie » de la mémoire des machines évoquées au fil de cette présentation. J’y ajoute la TI-65, machine originale que tout le monde ne connait pas.

(**) En puisant dans la littérature de la TI-57, je me suis amusé à recopier des programmes, tels quels et sans chercher à adapter, dans la mémoire d’une TI-58. Un ratio moyen et approximatif de 1,6 a pu être dégagé entre le nombre de pas consommés dans une 58 et dans une 57. Ce qui revient à dire que 50 pas de TI-57 équivalent grosso modo à 80 pas de TI-58.

 

Ci-dessous, extraits des manuels, je reproduis quelques tableaux de la partition mémoire.

  TI-57LCD :

 

  TI-57II :

 

   TI-62 :

 

   TI-65 :

CASIO PB-100 / 200

Année 1982, le paysage traditionnel des calculatrices est chamboulé depuis l’arrivée en 1980 du Sharp PC-1211 qui a créé un formidable effet de surprise. Avec son aspect et sa philosophie d’ordinateur de poche, une nouvelle norme apparaît. Jusqu’alors les calculatrices avaient apporté le calcul facile pour tous, les ordinateurs de poche ajoutent la programmation facile pour tous et systématisent la connexion de périphériques optionnels de sauvegarde et d’impression, ainsi que les extensions de mémoire vive.

Le premier contemporain du SHARP fut probablement le PANASONIC HHC présenté dans le magazine L’Ordinateur de poche au 3e trimestre 1981. Mais le vrai concurrent, inattendu, sera CASIO qui rendra coup pour coup dans cette période de déferlement de modèles.

La première réponse sera pour octobre 1981 avec le FX-702P, machine ne ressemblant à aucune autre, présentant un clavier alphabétique rangé précisément dans cet ordre et non au format QWERTY, ainsi qu’un langage de programmation Basic fortement personnel et un statut revendiqué en façade de « Programmable calculator« . Un an plus tard entre en scène celui qui sera son premier « Personal computer« , le PB-100.

Ce tout petit appareil assume bien ce statut. Un clavier alphabétique et un autre numérique. Pas de fonctions scientifiques apparentes, tout se tape de façon littérale. Seule une petite légende Pi perdue parmi les ordres basic évoque à juste titre le calculateur scientifique.

Comme tout ordinateur de poche le PB-100 est pourvu d’un afficheur à matrices de points, capable d’afficher des caractères alphanumériques, spéciaux, et même des lettres minuscules. L’écran est cependant de dimensions réduites. Seize caractères seulement, le PB-100 ne revendique pas il est vrai le haut de gamme, CASIO confiera bientôt ce rôle au PB-700, lancé au 2e semestre 1983.

A noter que l’écran du PB-100 est petit mais malin. Pour économiser l’espace lors de l’affichage de nombres au format scientifique, CASIO invente un symbole d’exposant – traditionnellement la lettre E – capable d’intégrer le signe MOINS qui du coup ne mobilise pas d’espace supplémentaire en cas d’exposant négatif.

L’offre PB-100 sera vite complétée d’un PB-200. La différence entre les deux ? Le premier a une toute petite mémoire de 544 octets pouvant être étendue par un module optionnel à 1568 octets. Le PB-200 offre en standard les précieux 1568 octets mais ne peut recevoir de module d’extension.

Petit appareil au design coloré et entièrement métallique, le PC-100 sera beaucoup diffusé, et deviendra la base de nombreuses versions. Une lignée est née, CASIO est prêt pour le futur.

 

Les trois premiers ordinateurs de poche de CASIO : en bas le FX-702P d’octobre 81, le PB-100 au milieu et le puissant PB-700 d’octobre 1983 en haut.

 

 

TI-nspire -Version TI-84

Je me demandais depuis longtemps comment ça pouvait marcher.

Parmi les nombreux visages que présenta la TIspire jusqu’à nos jours, il en fut un, peu banal, qui en 2007 offrait en série une parfaite comptabilité avec une autre calculatrice de la marque, la TI-84, et ce dans un but de compatibilité avec les salles d’examens.

Deux claviers interchangeables étaient disponibles pour transformer l’une en l’autre. Il faut noter à ce sujet que contrairement à la SHARP EL-9900 au clavier réversible ayant requis l’étude d’un boîtier spécifique, les spire, du moins celles à piles AAA ont structurellement un clavier amovible, les piles s’insérant clavier déposé.

L’énigme est ailleurs : Une spire, c’est rapide comme l’éclair et ça affiche des caractères fins et définis. Tandis qu’une TI-84 montre des pixels de taille classique et des chronos plus modérés. A quoi va ressembler cette drôle de 84 une fois le clavier idoine en place ? Héritera-t-elle de la vélocité, de la mémoire, de la définition de la machine hôte ? Et sera-t-elle seulement programmable ?

Ayant acquis récemment cette machine à double personnalité, je vais pouvoir chercher les réponses.

Je mets en place le clavier 84 et appuie sur ON. La spire affiche alors une barre de progression indiquant le chargement du système d’exploitation (message identique pour l’un et l’autre clavier). L’écran nous informe furtivement que nous sommes en présence d’une TI-84 Silver Edition puis ajuste l’écran en le bordant de fines bandes sombres. Nous voilà face à une TI-84 à la mine – du moins l’écran – parfaitement authentique, avec de gros chiffres de 5 X 7 pixels et une vitesse de calcul qui n’est pas celle, bien plus élevée, de la machine hôte mais bien d’une classique TI84 Silver Edition. La mémoire libre affichée est de 24,317 K plus 1540 K d’archivage, soit loin des 27.8 méga-octets du mode spire.

La schizophrénie semble totale. Mais comment cela marche-t-il ? Avons nous affaire à deux électroniques spécifiques embarquées dans le même boîtier, à savoir deux processeurs, deux puces mémoires … Ces puces 84 ne seraient-elles d’ailleurs pas implantées sur le clavier 84 lui-même ?

Démontons pour regarder.

Comme on peut le voir sur les photos, le clavier amovible n’embarque aucun processeur ou puces de mémoire. Quant au PCB de la machine, c’est celui d’une spire, sans rien d’additionnel qui frappe l’œil. La partie TI-84 serait dans ce cas une émulation purement logicielle, un programme inscrit en ROM, tournant sous le puissant processeur de la spire.

Loupe en mains, l’émulation est aussi à l’oeuvre côté afficheur, celui-ci segmentant pour l’occasion sa dalle LCD en zones de 21 X 15 pixels consacrés à l’affichage des caractères, soit 3 X 3 = 9 pixels pour l’émulation d’un point. Le tour de passe-passe est parfaitement invisible à l’œil nu.

Cette TI-84, ici en version 2.46 est pleinement programmable, présentant notamment les fonctions d’entrée / sortie et de tracé programmé que le mode spire ne gère pas encore à ce stade de son existence, c’est un comble.

Avec l’écran géant et le clavier confortable, la TI-84 émulée révèle une vraie qualité bien involontaire: elle est parfaite pour qui n’a plus ses yeux de lynx d’antan.

En conclusion, ayant trouvé trop peu d’éléments sur le net concernant cette machine peu commune, la description à laquelle je me livre ici est tirée de mes observations et peut pâtir de mes faibles connaissances en électronique. Je remercie par avance le lecteur qui en saurait davantage de me corriger le cas échéant.

 

Les photos :

La matrice 15 x 21 simulant celle de 5 x 7 de la TI-84

Des pixels de 9 « sous-pixels »

Le clavier amovible « TI-84 » ouvert

Le PCB de la nspire

 

 

 

 

 

 

CASIO PB-1000

Un des plus puissants ordinateurs de poche, construit par CASIO.

Sorti en 1986, le PB-1000 montre une physionomie étrange, impressionnante. Certes les machines de la famille FX-790P nous avaient confrontés à la couleur sombre et au format repliable. Mais les cotes du PB-1000 sont plus élevées, qu’il s’agisse de poids, d’épaisseur, de surface de clavier. Replié, on a malgré tout affaire à une lourde machine « de poche ».

Au tout début de l’aventure Basic, le SHARP PC-1211 apportait une simplicité bienvenue, la programmation pour tous, par utilité, par plaisir, et même pour s’amuser. A mesure que les successeurs sont arrivés, l’évolution a suivi deux chemins : une simplicité d’utilisation accrue pour les uns, avec une partie calculatrice à droite du clavier pour un usage plus immédiat, tandis que d’autres allaient au bout de leur destinée d’ordinateur sous la forme de machines puissantes, riches, complexes, à ne pas mettre entre autres mains que celles du programmeur passionné.

Le PB-1000 est bien un ordinateur, proposant au besoin (et en option) la sauvegarde sur disquettes !

Dans sa partie supérieure, l’écran à 4 lignes est tactile – une nouveauté – tandis que les 13 pavés de commande sont sensitifs. La partie inférieure est consacrée aux confortables claviers alphabétique et numérique.

Trois petits défauts : le faible contraste de l’écran tactile, et l’obligation d’utiliser l’appareil ouvert à plat, les charnières ne pouvant retenir le poids de la partie supérieure, qui contient notamment les piles. La taille mémoire de base est un peu juste, c’est pourquoi il est fréquent de trouver cet appareil complété d’un module RAM optionnel RP32 de 32 kilo-octets.

C’est par une pile de prospectus en librairie que j’ai découvert le PB-1000 en 1987. Il y incarnait un haut de gamme fabuleux et inaccessible, le produit de l’essor exponentiel de l’informatique portable. On ne pouvait que désirer une telle machine.

Je viens enfin d’en acquérir un exemplaire … près de 35 ans plus tard. L’afficheur est pâle mais tout fonctionne comme si on était en 1986 ! L’exploration peut commencer …

Une fois de plus, je ne peux qu’orienter le lecteur soucieux d’approcher le PB-1000 avec plus de sérieux vers l’excellent site silicium.org.

http://silicium.org/site/index.php/24-catalogue/ordinateurs-de-poche/56-casio-pb-1000

 

Les touches les plus utilisées en Basic sont directement accessibles

 

Le prospectus de la librairie Riez de Cambrai, avec le cachet du libraire, daté de 1987. Il y a bien longtemps que la librairie Riez a cessé ses activités. On trouve à sa place désormais une implantation du géant du livre du Nord : « Le Furet du Nord« .

 

Le prospectus de 1987 dans son intégralité. On peut y déceler un optimisme un peu exagéré : le superbe contraste d’écran, qu’aucun utilisateur ne retrouvera jamais, à moins d’un éclairage particulièrement avantageux. Sur la 5e page, l’illustration montre une utilisation nomade en position debout (3e dessin). Le PC-1000 ne peut raisonnablement être utilisé que posé sur une table ou un bureau, les dimensions et l’instabilité de la position ouverte ne pouvant entraîner que des chutes à mon avis.

TOSHIBA LC-110PV

Une calculatrice à imprimante faussement banale.

Bien sûr ses fonctions sont limitées mais son intérêt est de nous renvoyer d’un coup au début des années 80, avec son affichage jaune bien rétro.

La design de cette TOSHIBA est parfait. Une grande classe, de face comme de profil. Compacte mais lourde avec ses 4 piles AA et somme toute imposante, elle tente pourtant de nous faire oublier ses dimensions.

Ainsi son afficheur est de seulement 10 chiffres. Son rouleau prend beaucoup de place mais ses dimensions sont malgré toutes réduites.

Comme tant de calculatrices au tempérament commercial ou comptable, elle juxtapose deux logiques de calcul distinctes : le pavé de multiplication et division à gauche, et la ligne de totalisation à droite pour l’addition et la soustraction. Pour ces deux dernières opérations, le geste n’est pas inné, il doit s’apprendre. En particulier, point de touche ÉGAL.

On peut illustrer le fonctionnement typique de cette machine en jouant à extraire une racine carrée, celle de 42 par exemple.

Un petit rappel pour commencer : comment calcule-t-on une racine carrée quand aucune touche ne le fait pour vous ? Il faut tout d’abord user d’intuition et deviner au mieux une valeur approchée (par défaut on peut prendre la moitié du nombre de départ). Ensuite, en divisant le nombre de départ (ici 42) par sa racine approchée, on en trouve un nouveau (différent à moins qu’on ait deviné la racine exacte du premier coup). L’étape suivante consiste à faire la moyenne des deux derniers nombres, celui qu’on vient d’obtenir et le précédent, autrement dit la moyenne du dernier quotient et du dernier diviseur. On poursuit en divisant 42 par cette moyenne, et ainsi de suite. Très vite, les résultats vont se rapprocher pour devenir identiques, la racine carrée est trouvée, à la fois diviseur et résultat.

Pour 42, sachant que la division par 6 donne 7, la racine se situera entre l’un et l’autre. On peut donc commencer le calcul, et pour ce faire, user des deux modes permis par la machine : pavé de gauche et touche ÉGAL pour les divisions, totalisateur de droite pour la somme des deux racines intermédiaires à diviser par 2 ensuite pour en faire la moyenne. La mémoire est précieuse pour stocker et rappeler à chaque fois le résultat précédent.

La bande de frappe reproduite ci-dessous montre la séquence des appuis aboutissant à la racine carrée.

De grands classiques des machines de bureau : la touche double zéro, le sélecteur de décimales, avec la précieuse position « + » souvent appelée A ou ADDqui affiche toute frappe en la positionnant d’office sur deux décimales, sans qu’on ait besoin de taper la touche de virgule à chaque fois. En pratique, ce mode est vraiment efficace. Et aussi la touche « dièse » (*) pour l’impression hors prise en compte dans le calcul. Et classiques parmi les classiques, visibles sur les touches de mémoire, le traditionnel losange symbole de la lecture d’un contenu sans vider le registre, et l’étoile qui lit le contenu et vide le registre.

Quand fut produite cette belle machine exactement, et combien coûtait-elle ? Comment le savoir si longtemps après ?

J’ai la chance de détenir le bon d’achat, qui permit au premier propriétaire d’obtenir une réduction sur le prix, à condition de l’exercer avant … fin octobre 1980, c’est écrit dessus. Sans réduction, la machine coûtait donc 40 Livres Sterling, nous voilà pleinement renseignés.

(*) Mais non, ce n’est pas un dièse, c’est le croisillon, celui d’internet (#) souvent appelé « dièse » à tort. Croisillon (#) et dièse () sont deux caractères typographiques différents, en usage dans deux mondes différents.

HEWLETT-PACKARD 21

Une ancienne Hewlett-Packard de la décennie 70, voilà qui devrait être mythique.

Pourquoi au fait ? J’avoue éprouver quelque incrédulité à l’égard de l’aura princière qui drape cette marque, certes pionnière. D’où provient le bleu de son sang ? Est-ce le célèbre mode de calcul en notation polonaise ? Ou le respect dû au créateur de la toute première calculatrice de poche scientifique ? Ou encore la belle histoire du garage où œuvraient deux bonshommes charismatiques ? Vient-il des prix de vente traditionnellement élevés du catalogue ? Ou d’une qualité de construction, une solidité, une longévité à toute épreuve ? A moins que ce soit le légendaire clavier à déclics et ses touches biseautées. Ou peut-être la technique secrète d’ouverture où les patins jouent un rôle occulte connu des seuls initiés ?

Cette HP-21 photographiée ici et acquise voilà peu peine à incarner la légende. Déjà, elle ne s’allume pas. Sans doute est-ce la faute à un branchement fatal sur secteur, bloc déposé. Ou au bloc lui même, car il présente des déformations provoquées par une chaleur anormale et la fragilité de son contact expose à ce fonctionnement découplé aux conséquences tragiques. 

Le précédent propriétaire m’avait pourtant prévenu, mais tant de calculatrices ont retrouvé la vie après apposition de mes mains magiques que j’y avais cru cette fois encore. Mais là non, cette fois c’est mort, aucun moyen de la réveiller.

Il serait possible de redonner vie à cette machine en y insérant une carte électronique moderne de substitution élaborée par de talentueux artisans d’aujourd’hui. Mais je n’ai pas grande motivation à déployer de tels efforts, et notamment financiers, pour une machine que je trouve si peu originale, avec ses chiffres rouges bien classiques et un déficit évident de personnalité (oui c’est une Hewlett-Packard et ça se voit, mais à part cela ?).

Une petite recherche sur le net montre combien les calculatrices Hewlett-Packard ont pu fasciner : Énormément de photos, intérieur comme extérieur, de nombreux sites, un forum d’une grande richesse où s’expriment des personnages érudits, des conseils de réparation, de bricolage, des guides, plans, schémas … Et un marché de l’occasion toujours foisonnant, des prix de vente incompréhensibles selon moi.

Je peux comprendre la dévotion envers une HP-35 qui fut la toute première calculatrice scientifique de poche, sans concurrente, sans réel modèle témoin pour attester les résultats, ou une HP-65 première programmable, ou encore une surpuissante HP-41 qui illumina la décennie 80, je ne ressens guère de fascination pour les machines intermédiaires, telle cette HP-21. Membre de la famille Woodstock, c’est une toute petite machine, au design général incontestablement réussi. Quoi d’autre ?

Le clavier était dur quand je l’ai réveillé. Puis des clics sourds sont revenus. Les claviers HP ont une belle réputation. Les anciennes TI s’en sortaient pourtant bien également (SR-52, SR56, SR50 et 51), d’autres aussi sans forcément cultiver l’art du clic. Les claviers Hewlett-Packard ont une bonne longévité mais le toucher « maison » peut ne pas faire l’unanimité, notamment auprès des utilisateurs aux doigts de pianistes rapides et frappeurs.

Je continue de creuser l’origine de la noblesse des anciennes calculatrices Hewlett-Packard. La notation polonaise (RPN) confère assurément une vraie personnalité. Mais au delà, je comprends qu’il est aussi question de supériorité. Les Hewlett-Packard aiment déclasser les autres, les provoquer en duel de frappes de touches. Témoin, cette gigantesque formule(*) qui ornait les manuels de quelques vieilles HP. La formule, en rapport avec le nombre de Mach utilisé dans l’aviation, peut être traitée d’un seul tenant (c’est du moins le pari) par le mode polonais, sans recours aux mémoires ou aux parenthèses celles-ci d’ailleurs inexistantes dans ce mode. Les machines concurrentes fonctionnant au mode algébrique (de marque Texas Instruments en particulier) n’auraient pas la bouche assez grande pour avaler d’un coup un tel bloc et imposeraient une bête décomposition de la formule. Le RPN est sans doute efficace sur ce point mais pourquoi en faire un critère prépondérant ? Combien d’entre nous sommes assez damnés pour devoir entrer sans erreur, oubli et d’un seul tenant de telles formules où s’agglutinent barres de fractions et exposants ? Je note que cette formule de Mach est gobée sans difficulté par toute calculatrice graphique depuis 1985, sans que quiconque ait songé à en tirer fierté.

Quant à la réputation générale de longévité ou solidité des vieilles HP, à l’aune de ce qu’on peut voir aujourd’hui où des marques de jadis ô combien viles ont fait aussi bien voire mieux, elle m’apparaît un peu surévaluée.

Voilà pour les éléments qui me semblent factuels, mais la subjectivité est de rigueur face à ces objets chéris des collectionneurs. Et si le prestige venait des élites ciblées ? Machines à notation polonaise inaccessibles à la main non éduquée et au portefeuille trop léger, Hewlett-Packard montre à qui lui accorde un regard qu’elle se réserve à d’autres, aux champions, à ceux censés la mériter. Un peu comme chez Rolls Royce où selon la légende les vendeurs répondaient aux clients soucieux du prix : « si vous le demandez, c’est que vous ne pouvez pas vous la payer ». Pour Hewlett-Packard le slogan serait « si vous ne parvenez pas à vous en servir, c’est que vous n’êtes pas né pour cette machine d’exception ». Si le quidam ne convoite guère les Rolls, il rêvera néanmoins devant les vitrines de ces calculatrices mystérieuses, intimidantes, qu’il finira par acheter, aujourd’hui encore sur un florissant marché de l’occasion, toujours à des prix d’élite.

Lenteur, précision moyenne, fonctions banales, fragilité à l’égard d’une alimentation qui condamnerait un branchement mural bloc déposé, je ne suis décidément pas le meilleur fan de la marque Hewlett-Packard et ses modèles.

Dans cette présentation, je suis conscient d’égratigner l’aura de machines anciennes qui bénéficient habituellement d’une belle unanimité. Cette HP-21 limitée et réduite à jamais au silence m’a décidé à me faire l’avocat du diable. Que mes arguments soient pertinents ou réfutables, l’important est sans doute l’expression d’une voix différente pour une fois, la mienne, voix qui n’exprime que mon tout petit avis et rien d’autre.

 

(*) Le fameux calcul RPN, faisant fi des parenthèses, illustré par une formule intimidante qui orne en couverture plusieurs manuels Hewlett-Packard de cette époque, où les virgules se confondent avec les séparateurs de milliers et les signes de multiplication semblent jouer à cache-cache …

L’image colorée ci-dessous est une tentative de rendre la formule du manuel plus lisible et moins répulsive. Le résultat à trouver serait 0,835724535179 … Pas évident du premier coup, que ce soit avec une HP ou une TI

 

SANYO Model 810

SANYO, géant de l’électronique, fut présent dès les premiers instants sur le marché des premières calculatrices. Ces machines, pas encore tout-à-fait de poche, étaient lourdes, encombrantes, telles une ICC 081 Mini Calculator de 1971 et sa poignée de transport.

En 1972 SANYO lance la Model 810, une machine davantage compacte et aux arêtes plus rondes. L’afficheur adopte un format plus moderne que les tubes Nixie ou autres clapets rabattables. Les touches du clavier sont désormais bien rassemblées, on y sent un frémissement de design.

Les fonctions sont encore extrêmement simples : Les quatre opérations et c’est tout ! Le manuel explique comment réaliser toutes sortes de calculs compliqués, comme des calculs de bulletins de paye, époque barbare …

La SANYO ICC-810 ne sera pas encore la calculatrice de poche dont le grand public va s’emparer. Il est trop tôt. Le prix et le poids sont encore exorbitants.

L’afficheur, de fabrication NEC, est un magnifique néon de couleur orange, présentant la caractéristique d’offrir un 8e petit segment à la droite du « 4 » pour lui restituer au mieux sa forme croisée. Cette graphie, courante à cette époque en affichage fluorescent vert, est rarissime pour un afficheur orange. Un vrai symbole MOINS complète les huit chiffres disponibles. La virgule est flottante et le dépassement de capacité signalé par un point en haut à gauche. Dans ce cas, la position du point décimal renseignera sur la taille réelle du nombre, dont l’expression ne pourra jamais excéder 8 chiffres significatifs.

L’alimentation de la Model 810 est assurée par une batterie à quatre éléments rechargeables procurant une autonomie de 3 heures. Un dispositif d’extinction, ravivé par la touche H, permet d’économiser ces instants précieux.

Sur le plan de la construction, la ICC-810 a tout pour déformer les poches. Sa masse toute mouillée est de 540 g. Taillée dans un bloc de métal à coups de serpe, la façade avant pèse à elle seule 170 g, avec une épaisseur de métal de 2 millimètres au moins, c’est énorme.

Démontée, la ICC-810 nous dévoile son mécanisme de clavier basé sur un couple de ressorts hélicoïdaux ! : un pour la touche, un plus fin pour le minuscule picot de contact. Sans jamais se tromper, les picots noirs appuient à l’aveugle sur des points précis de la carte recouverte d’une nappe de caoutchouc obscure.

Combien coûtait une Model 810 en 1972 ! Bien peu d’informations sont disponibles aujourd’hui. Dans le numéro 577 de Science et vie, il est mentionné un prix de 1296 Francs en 1974, soit à peu de choses près 1300 de nos euros actuels, et sûrement bien plus encore deux ans auparavant.

Note 1 : L’alimentation par câble sur le côté résulte du travail d’un précédent propriétaire de ce modèle. Le port d’alimentation d’origine est sur le dessus de la machine.

Note 2 : Cet article est une réduction de celui paru dans la Gazette n° 12 à laquelle j’avais contribué, téléchargeable sous le lien ci-dessous.

http://silicium.org/site/index.php/telechargements/category/4-la-gazette-des-pocketicaires

 

KINGS POINT Scientific-33

Voilà une très belle machine peu connue du constructeur Kings Point. Machine de grande dimensions, celles de la scientifique SC60.

La Scientific-33 illustre un trait commun aux calculatrices les plus anciennes, l’oubli. Nombre de modèles ne sont plus référencés aujourd’hui car leur souvenir n’a pas résisté au temps. Peut-être furent-elles peu diffusées, qu’elles rencontrèrent peu d’acheteurs, peut-être étaient-elles fragiles, ou réservées à de rares contrées du globe …

On trouve quelques traces de la 33 sur le net, mais bien peu de photographies. La voici donc.

L’aspect est original mais on ne saurait dire pourquoi au premier coup d’œil. Le modèle est-il scientifique ? Oui car on voit des touches de logarithmes, d’élévation à la puissance, celle d’exposant de dix. Mais les fonctions trigonométriques, pourtant jamais éloignées des logarithmes sont absentes du clavier de cette calculatrice scientifique.

Je connais une machine qui partagerait parfaitement ces caractéristiques : Il s’agit de la Texas instruments SR-16. On trouve d’ailleurs dans l’une et l’autre la puce TMS1001. Si on retrouve bien dans la 33 le ∑+ de la SR-16, en revanche deux fonctions sont absentes du clavier de cette dernière, les A-CLR et D-RCL. A-CLR est un effacement total, mémoire comprise. D-RCL ravive un affichage mis temporairement en sommeil pour économiser les batteries rechargeables internes.

La proximité des deux machines me permet, outre de pouvoir dater la Kings Point 33 de l’année 1974, de pallier aussi un inconvénient sérieux : la 33 ne s’allume pas. De nombreux ponts entre la carte électronique et l’afficheur se sont rompus avec le temps. Un précédent propriétaire a consciencieusement ressoudé trois d’entre eux mais d’autres sont désormais endommagés. La machine reste réparable, peut-être un jour où j’en trouverai le temps. En attendant ma TI-SR16, au fonctionnement intact, m’apprend tout ce que ma 33 ne peut plus me dire. Et le condensé de manuel imprimé au dos aide aussi !

L’inscription en façade Scientific-33 est typique du constructeur, comme on peut le voir sur une autre Kings Point, la petite Scientific-10.

 

Ci-dessous la puce de la Kings Point-33, d’origine Texas Instruments

 

Ajout du 15 avril 2021

En ces temps de confinement, alors que le coronavirus bouscule notre quotidien depuis plus d’an an, voici une image qui retrace le périple accompli du 21 mars 2020 au 7 mai 2020 par cette humble calculatrice venue me rejoindre en France depuis le fin fond de son Arizona. Le premier confinement était sévère, les entrées et sorties d’un état à l’autre étaient incertains et je me demandais si je recevrais un jour ma machine. Très vite le suivi du colis me montra qu’elle avait rejoint puis quitté Los Angeles. Puis d’un coup les nouvelles s’arrêtèrent. Je la pensais malgré tout arrivée en France et stockée dans un entrepôt en attendant un retour à des conditions de circulation plus normales. Et puis le premier mai, voilà que le suivi reprend vie et m’informe que la KingsPoint vient de quitter Tokyo. Pendant tout ce temps c’est au Japon, tout aussi loin voire davantage, que la machine avait paisiblement attendu. Tout alla ensuite très vite et le 7 mai, je prenais possession de ma nouvelle machine. Il est des circonstances où il est sage de se résigner à la patience …

INTERTON PC 4030

Petite calculatrice scientifique typique de 1976.

Les machines de ce constructeur ont souvent cette ligne compacte qui s’affine en allant vers le bas.

Les touches de la 4030 ont des légendes splendides et parfois inhabituelles. Qui devinerait la signification de 5ʃ8 ? ou du symbole de la  touche en dessous du F, qui pour un peu nous renverrait à l’univers d’ARISTO. Il s’agit en l’occurrence de la spécification du mode angulaire Degrés. Quant à 5ʃ8 il permet d’escamoter l’exposant de dix pour prolonger les 5 digits d’une mantisse vers les 8 digits que peut offrir l’affichage, fonction habituellement nommée CN (pour Change Notation).

Le relatif exotisme du clavier peut s’expliquer par l’origine allemande de la construction, ce que nous apprend le site Vintage Calculator Museum (*). Les productions allemandes – c’est très visible dans les anciens catalogues de vente par correspondance allemands – indiquent volontiers 0 – 1 sur les interrupteurs au lieu de ON – OFF . C’est le cas ici.

Cette INTERTON, modèle scientifique et haut de la gamme est pleine de santé, son affichage est lumineux et vif. Avec 25 touches, le « F » est beaucoup sollicité. Le clavier est cependant devenu hésitant avec le temps. Au bout de quarante ans quoi de plus normal. Et pourtant sa jumelle BROTHER 967, parfaite contemporaine dotée d’une électronique identique ne connait pas cette faiblesse.

(*) http://www.vintagecalculators.com/html/calculator_photo_library_i.html

 

CASIO PB-700

Le PB-700 de CASIO fait partie de la première famille d’ordinateurs de poche, apparus au début de la décennie 80.

Un bref retour en arrière pour situer le contexte : Deux ans auparavant, SHARP crée le PC-1211, machine capable de calcul scientifique, programmable en langage basic. Disposant d’un clavier « QWERTY« , il revendique en façade son statut d’ordinateur sous la formule « Pocket Computer » qui ornera tous les modèles de SHARP à venir.

Le PC-1211 est un pavé dans la marre des calculatrices, personne ne l’a vu venir. Les constructeurs concurrents, au pied du mur, préparent la riposte. Il leur faut avant tout cerner ce qu’est cette machine, ainsi que sa portée : Le PC-1211 est-il encore une calculatrice, une parmi d’autres, à moins qu’il ait vocation à toutes les remplacer, les abolir ? Est-il le visage portable d’une informatique flamboyante qui progresse à grands pas ?

L’offre concurrente se voit forcée d’évoluer de toutes parts, adieu les TI-59, les CASIO FX-502P, les HP-41 (*), bonjour à une machine que l’on doit programmer, interroger, qui, au delà de donner les résultat de calculs, aura l’ambition plus haute et plus générale à la fois de produire un travail en pilotant des périphériques d’impression, de sauvegarde, toutes choses que savaient pourtant faire les calculatrices programmables, mais en plus racé, plus moderne et avec enfin de la mémoire, denrée si comptée jusqu’à présent.

Parmi les premiers constructeurs à réagir, Panasonic avec son HHC plus gros et plus lourd, mais surtout CASIO, dont peu auraient parié à l’époque sur sa capacité à relever un tel défi. Voilà donc que sort fin 81 le CASIO FX-702P. Hormis sa présentation horizontale, il ne ressemble pas beaucoup au 1211. Il est programmable en Basic, dans une version « maison » assez peu universelle – c’est un comble pour ce langage – et arbore un écran tout en longueur, le 1211 ayant fixé la norme. Mais le clavier n’est pas « informatique », les touches sont rangées dans l’ordre alphabétique et pas du tout dans un « QWERTY » de bon aloi.

Énormément de fonctions de calcul sont disponibles, ce sera le seul Pocket Computer de CASIO à se prétendre une « Programmable Calculator« . Ainsi, pour CASIO, en cette époque frémissante où la page est encore grandement blanche (**), un ordinateur de poche est bien avant tout une calculatrice. Pour combien de temps ? L’intuition est-elle la bonne ?

Arrive 1982 et le fer de lance SHARP, le fameux PC-1500. C’est contre cette machine redoutable que CASIO va diriger son PB-700 dès l’année suivante.

Et un contraste : Contrairement au FX-702P à l’orientation encore hésitante de calculatrice programmable, le 700 est, de toutes ces machines qui arrivent, celui qui aura de mon point de vue le plus fort caractère d’ordinateur : Pas de mode dédié à la programmation, toute entrée chiffrée comptée comme ligne de programme, faible commodité en calcul direct en raison d’une différenciation forte entre ENTER et RETOUR FLÈCHE du clavier alphabétique, SHIFT qui fonctionne comme la touche Majuscule des ordinateurs, devant être maintenu pendant l’opération, geste inconnu dans le monde des calculatrices. Et une pléthore de périphériques optionnels. Le nom « PB-700 » ne montre plus le FX des calculatrices et du 702. PB (***) sera la signature des machines CASIO les moins orientées en calcul direct.

D’autres machines verront le jour au cours des années qui arrivent. Relativement peu de constructeurs participeront à cette course. Texas-Instrument et Hewlett-Packard seront peu prolifiques, avec des modèles cependant remarquables. Tous ces ordinateurs font de l’ombre aux traditionnelles calculatrices programmables qui ne disparaissent pas, et adoptent souvent le format « paysage » en vogue. Si les Pockets Computers ne sont plus des calculatrices, ils continueront d’embarquer de solides possibilités de calcul, que celles-ci soient accessibles par touches directes ou non.

Le chemin de l’informatique s’est rapproché de celui des calculatrices programmables au point de le croiser. Il en est surgi un concept ambitieux, étincelant, assemblage harmonieux de deux mondes, tourné vers la modernité technologique la plus frémissante. Les chemins se sont de nouveau séparés plus tard. L’informatique de poche s’est alourdie, restant portable, puis les vrais ordinateurs sont entrés dans les maisons et toujours plus dans l’entreprise, avec des logiciels, des systèmes d’exploitation, des manettes, internet …

Lorsqu’on regarde aujourd’hui ces appareils d’un autre temps, il est possible de se demander si, en dépit de leurs ambitions informatiques, ils pouvaient être autre chose finalement que de simples outils de calcul. Quand on a un écran d’une seule ligne d’une vingtaine de caractères, parfois deux lignes voire quatre maximum, que les piles légères n’autorisent guère de vitesses de travail élevées, quel autre usage peut-il advenir que celui d’une calculatrice. Calculatrice incontestablement d’un autre type. Là ou la calculette scientifique semble constituée d’autant de micro cerveaux que de touches, l’ordinateur n’en aurait qu’un seul, maître à bord, gérant tout, interlocuteur obligatoire de l’utilisateur qui s’adresse à lui au moyen d’un langage et non plus en mode pousse-bouton.

Concernant le PB-700, les prospectus de l’époque le représenteront souvent enchâssé dans la splendide unité d’impression à stylos 4 couleurs FA-10 ou FA-11 avec sauvegarde à cassettes. Ces mêmes prospectus mettront l’accent sur ses belles qualités d’impression, son grand écran autorisant d’impressionnantes prouesses graphiques.

Le lecteur souhaitant en connaître plus sur ce formidable appareil que fut le CASIO PB-700 (et sa variante PB-770 mieux pourvue en mémoire) trouvera matière à satisfaire sa soif de connaissance en visitant ces sites bien complets, celui de Silicium.org, et celui de Ledudu (liens ci-dessous).

Ajout du 9 avril 2022

Ci-dessous une image de la très belle version 770 de 1984.

http://silicium.org/site/index.php/24-catalogue/ordinateurs-de-poche/55-casio-pb-700

https://casio.ledudu.com/pockets.asp?type=24

 

(*) La HP-41 connaîtra une belle et longue carrière et ne sera pas gênée par l’arrivée des Pockets Computers. HP saura pourtant être à la page avec ses fabuleux HP-75 et 71.

(**) Quand sortira le premier numéro du magazine « L’Ordinateur de Poche » (1er semestre 81), l’éditorial lancera un concours demandant aux lecteurs d’inventer un nom pour ces nouvelles machines. A l’issue de cette étonnante consultation, le néologisme « Micropoche » sera retenu, quasiment à égalité avec « Poquette« . Il est vrai que dans ce tout premier numéro, les appareils étaient désignés sous le terme « muet » xxxpoche !

(***) Qui connait la signification de « PB » ? Pas moi en tous cas. Peut-être « Personnal Basic« , ou « Pocket Basic » ou autre chose que Basic, le PB-2000C ne connaissant pas ce langage en natif. PB répond-il au PC de SHARP, sans signification particulière, cela m’étonnerait beaucoup cependant. Peut-être Personnal Base …

 

OLYMPIA LC-391

Une sublime calculatrice « dix chiffres » de 1978.

Fabriquées le plus souvent à Taiwan, vendues à prix doux, ces machines donnaient un formidable coup de jeune à l’offre du moment.

Dotées d’un afficheur LCD généreux à faible consommation au lieu des tremblotants chiffres verts ou rouges gloutons en énergie, un design léger, extra-plat et non plus épaissi par les lourdes batteries, une cohorte de  témoins d’information, on comprend le succès de ces machines vraiment de poche.

L’Olympia LC-391 en est l’archétype.

Vendue 169 Francs dans le catalogue des « 3 Suisses » de cette époque et sous la marque Technico, cette fine machine offrait des fonctions pointues.

Outre les logarithmes et fonctions trigonométriques, citons les hyperboliques, les statistiques complètes, les calculs de combinaisons et permutations, les probabilités sous la courbe de Gauss, les factorielles, les conversions angulaires, les conversions polaires-rectangulaires … Plus inattendu, il est possible d’isoler les parties entière et fractionnaire d’un nombre, fonctionnalité plus commune sur les machines programmables.

Pas moins de quatre touches d’appel de fonctions secondes étaient nécessaires pour donner l’accès à la panoplie complète des fonctions : « INV« , « F » pour les fonctions repérées en rouge sur le clavier, « ∑out » pour celles en vert (statistiques), et « HYP » pour la trigonométrie hyperbolique.

Quelques mois plus tard, de nouveaux modèles apporteront l’extinction automatique, la mémoire permanente, les statistiques à deux variables.

Malgré sa large diffusion à la fin des années 70, l’Olympia LC-391 est très discrète de nos jours. C’est pour moi une grande satisfaction d’avoir pu dénicher ce modèle en 2020.

Ci-dessous la page du vieux catalogue 3 Suisses, avec la Technico au milieu.

Ci-dessous deux sœurs Olympia, séparées par quelques courtes années. Les caractéristiques sont absolument identiques. L’afficheur est simplement devenu gris et ses segments et témoins montrent un dessin très légèrement différent, comme le « o » de ∑out s’affichant ∑Out.

CASIO Classpad 300

Sorti après l’année 2000, le Classpad 300 de CASIO est aujourd’hui bien rétro après avoir incarné la modernité, en particulier depuis l’arrivée de son successeur CP400 à écran couleur.

Sorti en pleine vogue du Palm Pilot et autres appareils pilotés par stylet, la philosophie du Classpad était en rupture avec celle, bien tranquille, des calculatrices programmables de l’époque.

Je me souviens l’avoir découvert dans un encart publicitaire du magazine Tangente, et avoir été surpris par cet appareil étrange, au clavier réduit à sa plus simple expression, laissant toute la place à un grand écran interactif, d’où pouvait surgir si besoin un clavier virtuel ultra complet.

La pensée qui me vint à ce moment précis fut, à tort ou à raison, celle du plagiat : « Casio serait dans le secret allé au bout d’un projet, celui que son concurrent HP avait abandonné un an avant la date de sortie prévue en 2002″.

Le Xpander de HP avait un aspect et une philosophie approchants : un grand écran bien adapté aux fonctions graphiques, de géométrie en particulier, un clavier physique atrophié, le fameux stylet. Différences importantes : le CASIO est pleinement programmable et son système d’exploitation est propriétaire, quand HP avait choisi d’implanter une version mobile de Windows.

Article en cours d’écriture ……….

 

 

 

CANON X Mark I PRO

Un nom un peu compliqué pour une CANON au design un peu déroutant.

Dessin allongé, extra-plat, immaculé, des touches affleurantes tantôt carrées ou rectangulaires, étroitement accolées, tel un quadrillage façon jeu de taquin. En main, la machine respire la qualité. Elle semble bien construite, avec un écran matriciel très contrasté, présentant les nombres avec une fonte généreuse de 9X5 points.

Les fonctionnalités de calcul ne sont pas révolutionnaires mais situées sur un segment scientifique haut. La CANON connait la sommation, le calcul intégral et différentiel, modules que la notation naturelle rend agréables à utiliser. La Mark Pro sait aussi décomposer en produit de facteurs premiers.

Le processeur semble inédit. Sa précision interne est élevée. Aux 10 chiffres affichés s’ajoutent de nombreux chiffres de garde, découvrables lors d’approches indirectes, dont les 4 plus lointains sont lisibles mais perdus à la manipulation. Le nombre total de chiffres gérés en interne semble être de 20 et ils sont exacts – excepté le tout dernier, arrondi parfois de façon inattendue (la division de 1 par 3 donne 0,333 333 333 333 333 333 34) – et non constitués pour partie d’artefacts liés à un traitement interne binaire comme cela se rencontre parfois (HP-30S par exemple).

Nombre de chiffres gérés et qualité manifeste des algorithmes internes font de la Canon X PRO une machine d’une grande justesse, même si elle ne livre pas tous ses secrets.

A ce sujet, je crois déceler une erreur dans le manuel, où les nombres Pi et e sont représentés avec 2 derniers chiffres que je ne sais pas reproduire. Ceux que j’obtiens sont exacts, à l’arrondi près, aux valeurs officielles. Ceux du manuel n’ont pas de sens. Ces 2 derniers chiffres sont d’ailleurs identiques pour e et Pi. Je mets si-dessous l’extrait du manuel (page 99) et plus bas une capture des écrans réels que j’obtiens.

De nouveau un extrait du manuel présentant en page 80 la précision interne.

Le test « Forensics » est excellent avec une valeur de : 9,000 000 000 000 313 888 8, touchant du doigt le 9 théorique.

La CANON se débrouille bien sur cet autre test qui donne souvent du fil à retordre : tan(355/226 radians), et renvoie 11 premiers chiffres justes.

Côté vitesse de calcul, les performances sont modérées, avec l’avantage de voir apparaître l’impressionnant message PROCESSING lors de longs calculs.

Point toujours intéressant : les propositions incluent les variables, avec la possibilité de juxtaposer plusieurs propositions (le symbole « : » est géré), ce qui revient à créer dans la ligne de saisie des suites d’entrées pouvant agir comme le ferait un programme simple.

Calculatrice au design chic, bien construite, précise, la CANON Mark 1 PRO est une CANON puissante sans doute trop méconnue.

Pas de couvercle en plastique dur, mais à la place une fine housse en tissu.

SANTRON 300SR

Encore une belle machine de l’époque 1975/1976. La SANTRON 300SR a un aspect plutôt anonyme. Elle ne semble ni connue ni recherchée. Un modèle à oublier ?

Non bien sûr ! Que nous montre-t-elle de prime abord ? Une silhouette biseautée qui fait penser à Hewlett-Packard, un calage d’affichage à gauche, des chiffres rouges constitués de micro-segments, voilà qui évoquerait bien l’univers de Novus.

Pratiquons quelques tests de calculs poussés pour tenter de déceler la signature de l’électronique. Voilà le verdict qui tombe, nous avons affaire à un processeur de marque Rockwell, le même qui anime la Rockwel Anita 1041 (*), la Sanyo CZ-2172, et l’Olympia CD603. Du très beau monde.

La SANTRON 300SR est une calculatrice simple mais empreinte d’une classe discrète. La courroie, le galbe concave travaillé de la façade en témoignent.

Sur le plan du calcul, dix chiffres plus deux d’exposant (pas de chiffres de garde) pour des calculs scientifiques classiques. La précision est très correcte, la vitesse de calcul dans la fourchette haute. Le clavier, sans déclic, est parfait. Enfin trois piles AA alimentent l’afficheur à diodes.

Une originalité : en cas d’erreur, quatre segments s’allument tout à gauche pour dessiner le « O » de Overflow, (= dépassement de capacité).

 

 

(*) Une excellent page qui montre l’Anita.

http://anita-calculators.info/html/anita_1041.html

PRIVILEG PR56D-NC

La Privileg PR56D-NC est la jumelle technique de la SANTRON 626, présentée dans cet autre article. Elle en partage le processeur mais pas la présentation ni l’agencement des touches sur le clavier.

La PR56 est bien connue, plutôt recherchée en occasion, et même parfois payée un peu cher en raison de ses capacités de programmation, pas encore si fréquentes en 1976.

Lors de la prise en mains, le comportement rappelle la Commodore PR-100, autre programmable du moment. Ainsi à l’allumage l’affichage de la PR56 est réglé sur deux décimales par défaut, comme sur la Commodore. Les digits 6 et 9 se voient privés d’un segment, les mémoires disposent d’une arithmétique complète, jusqu’au protocole de programmation qui est le même, tout comme la taille de la mémoire programme … Les processeurs des deux machines sont en effet proches mais pas identiques, la Commodore disposant tout de même de beaucoup plus de fonctions.

A contrario, la PRIVILEG est plus efficace en programmation. Quand la Commodore réclame un pas de mémoire par appui de touche – et beaucoup de fonctions réclament deux voire trois appuis – la PRIVILEG propose un code combiné pour toutes les fonctions secondes. Par exemple, pour élever un nombre au carré, on aura besoin de taper deux touches, celle nommée ARC qui donne accès aux fonctions secondes, et celle de l’élévation au carré. Pourtant, quand on relit le programme tapé, on voit qu’un code spécifique unique a été utilisé, en l’occurrence « 18 ». La Commodore PR-100 ne se serait pas privée de facturer deux pas pour cette simple opération.

Par voie de conséquence il est logique de penser que la limite des 72 pas disponibles tolérera certains programmes de la PRIVILEG qu’elle refusera à la Commodore.

Avantage à relativiser cependant car la PR56 offre finalement peu de fonctions secondes. Par ailleurs les actions en mémoire (stockage ou rappel) n’ont pas bénéficié du code combiné, c’est dommage car elles sont beaucoup utilisées en programmation.

Signalons au passage une petite bizarrerie. En utilisation manuelle, l’appui sur ARC est toujours accompagné par l’activation d’un point sur l’afficheur, qui témoigne de la prise en compte de la demande. Lors de l’exécution d’un programme, le déroulement rapide de celui-ci montrera l’allumage du point chaque fois que la machine exécutera un code pourtant combiné.

La PR56 a une histoire. Elle descend d’un ancêtre, le modèle Netronics N3000X, proposé par un magazine d’électronique de mai 1976 (*) sous la forme d’un simple kit à assembler par les lecteurs. L’illustration figurant à l’intérieur du magazine montre une calculatrice scientifique programmable à la physionomie spécifique. Parions qu’il doit être très difficile de rencontrer cet objet de nos jours.

Par la suite PRIVILEG – marque du vendeur par correspondance allemand Quelle – distribuera la PR56D-NC non pas en kit cette fois mais bien construite sur cette base. SANTRON et SANYO feront de même avec respectivement la 626 et la rarissime CZ-911PG. Une NETRONICS sera aussi visible, identique en tous points à la PR56D-NC.

La PR56D est une machine agréable à utiliser, y compris en programmation. La qualité du clavier permettant une bonne frappe et l’éditeur de programme en font un outil confortable. Bien sûr la limite de 72 pas n’est jamais loin, et l’unique test, peu pratique, n’arrange pas les choses, mais comparé à d’autres machines de cette époque, comme la PRINZTRONIC  Program par exemple, la PRIVILEG se programme volontiers.

Pour présenter mon modèle, j’ai dû me résoudre à retoucher la photo, procédé auquel j’ai peu recours habituellement. Ma PR56D est en effet zébrée de rayures, accentuées par la prise de vue (on voit les rayures sur la photo de côté ci-dessous). Comme je ne dispose que d’outils basiques (MS PAINT !), on devine sans peine que mon modèle est loin d’être neuf. Il a bien servi, ce qui ne m’étonne pas, et peut d’ailleurs poursuivre sa vie, son fonctionnement étant demeuré intact.

Voici l’excellente page qui relate (en italien) l’aventure de la genèse de cette belle machine:

http://claudiolarini.altervista.org/netronics.htm

 

Texas Instruments Compact Computer 40

Le Compact Computer 40 de Texas Instruments a un statut particulier. Son positionnement semble mal défini dans le paysage de l’époque et reflète les hésitations qui ont entouré sa genèse. Il ne doit pas être vu isolément mais au sein de la fratrie TI-99, CC40 et TI-74.

Qu’est exactement le TI-CC40 ? S’agit-il d’un ordinateur de poche ? D’un ordinateur tout court ? D’un ordinateur portable ? Ces appellations ont-elles un sens précis en ce mois de mars 1983, date de lancement du CC40, quand les ordinateurs de poche SHARP et CASIO ont déjà commencé à proliférer ?

Le CC40 illustre un choc d’enjeux stratégiques qui réclament des choix rapides et inspirés en cette période de bouleversements technologiques. Alors que SHARP assume pleinement l’avènement de l’informatique de poche, et que CASIO lui emboîte le pas sans attendre, Texas Instruments hésite.

Le constructeur court en fait après trois lièvres à la fois : Il prépare la relève de son ancienne gamme de calculatrices programmables avec une prometteuse et somme toute traditionnelle TI-88, il croit plus que jamais en l’ordinateur familial avec son TI-99 apparu dès 1980, et regarde aussi du côté d’un format léger qui collerait bien à l’air du temps.

Le CC40 constitue assurément une réponse dans cette direction. On retrouve bien un boîtier autonome de format horizontal, un clavier alphabétique avec pavé numérique, l’écran ici mono-ligne, de solides capacités de calcul et bien sûr le langage Basic véritable dénominateur commun de toutes ces machines du moment.

Mais les dimensions et le poids s’écartent de la norme. Par ailleurs, on ne trouve pas de sélecteur de mode de programmation sur le CC40, le mode est implicite et considère toute entrée chiffrée suivie d’un espace en tant que ligne de programme. Cela nous renverrait-il définitivement vers de plus gros ordinateurs ? Pas forcément, la chose n’étant pas rare chez les Pocket Basic : Les CASIO PB-700 puis plus tard FX-850P ont cette caractéristique, ainsi que le certes plus imposant CANON X-07.

La norme justement, d’où vient-elle, qui l’a fixée ? est-elle immuable ? Amusons nous à décortiquer l’expression « ordinateur de poche« , tombée dans le langage courant dès l’apparition de ces premiers appareils légers programmables en basic, à commencer par le fameux SHARP PC-1211.

SHARP prit coutume de désigner ses machines sous l’appellation « Pocket Computer« , littéralement « ordinateur de poche ». Ce terme fut aussi le titre du mythique magazine français qui leur fut dédié, le bien nommé L’Ordinateur de Poche.

Bref, nous voici dès lors à apprécier le format des machines à l’aune de la poche d’un vêtement, avec parfois des débats aimables et désespérés visant à définir le statut d’un lourd et épais PC-1500 : tient-il vraiment dans une poche ? A-t-il le droit de dépasser un peu ? faut-il distinguer la poche revolver du pantalon taille 38 de la poche intérieure du veston d’un Harlem Globe Trotter ? Epoque épique …

Tiens au fait, combien CASIO produisit-il d’ordinateurs de poche ? Au sens strict, aucun ! Ses appareils arborent en façade « Personal Computer » et jamais « Pocket ».

De son côté CANON inscrit « Hand Held » sur son (assez gros) X-07, tout comme PANASONIC pour ses plus légers RLH 1000 et 1400 ou TOSHIBA pour son IHC 8000 pas plus gros finalement qu’un SHARP PC-1500. Plus tard, Texas-Instruments fera de même et rangera son TI-74 parmi les Hand-Held Computer, soit un ordinateur tenu en main.

Il n’en reste pas moins que les dimensions du CC40 sont inhabituelles. Il dépasse en longueur le CANON X-07 et pèse ses 640 grammes sur la balance. Serait-il le plus gros des Pocket, à moins qu’il soit le plus petit des portables ? Dans cette dernière famille les machines n’ont aucun complexe avec l’embonpoint, notamment l’épaisseur, à l’instar d’un TANDY Modele 100 ou AMSTRAD NC 100.

Le CC40 cultive l’ambiguïté et se veut un « Compact Computer« . Trouvons-nous là l’officialisation d’une catégorie jusqu’ici implicite, celle des grands Pocket ? On y rangerait volontiers outre le CC40, le CANON X-07, le « paquebot » HP-75C, et d’autres bêtes des âges farouches.

Cela ne rend pas pour autant le CC40 plus facile à classer, car à bien y regarder ses grandes dimensions ne s’expliquent pas bien : Peu de touches, écran généreux mais mono-ligne, pas de ports de connexion à foison. Le grand clavier est bien confortable mais n’explique pas la cote de hauteur.

Et pourtant un confort, une simplicité d’utilisation, une philosophie qui trahissent l’intention de Texas Instruments : Oui le CC40 est indéniablement un Pocket Computer.  Mais alors pourquoi cette rangée de touches numériques au sommet du clavier alphabétique, quand le pavé numérique remplit déjà cette fonction ? Un regard en coin vers l’informatique de table ?

Machine magnifique, à la présentation soignée et aux fonctionnalités de premier ordre, le CC40 va pâtir des hésitations de son constructeur qui renoncera à fiabiliser le périphérique de sauvegarde pourtant indispensable à toute machine puissante.

Voilà donc un CC40 vendu dans une très belle boîte sur laquelle un gros autocollant prévient l’acheteur que le périphérique de sauvegarde n’est pas disponible. Il est pourtant en photo au dos de la boîte, parmi une pléthore de périphériques optionnels. Quel dommage.

Si la calculatrice TI-88 est finalement abandonnée peu avant sa commercialisation, le CC40 fera mieux et sera en vitrine, mais juste quelques mois. Une carrière confidentielle et bien trop courte. Le constructeur réfléchira un temps à une solution incluant un port pour magnétophone à cassettes mais le CC40-PLUS restera à jamais à l’état de prototype.

Le troisième lièvre poursuivi par Texas Instrument, celui de l’informatique personnelle incarnée par le puissant TI-99A, aura lui aussi raison de l’ambition du géant de l’électronique, qui a mal géré son rendez-vous en une période si importante.

Le CC40 dont le langage Basic est fortement inspiré du TI-99, reviendra plus tard, en 1986 sous la forme du TI-74 Basicalc. Machines proches en interne, on retrouve sous un format plus compact l’excellent langage Basic, la capacité de calcul sur les grands nombres bornée à <1E128 et aussi la contraignante volatilité du contenu des variables à l’extinction. Le TI-74 est cependant une machine différente du CC40, avec sa propre personnalité.

En conclusion, le lecteur attentif aura remarqué le grand nombre de points d’interrogation qui parsèment cette présentation. Le Compact Computer 40 est décidément hors norme, il suscite le questionnement et ne livre pas tous ses secrets …

 

Pour aller plus loin, le site de Silicium :

http://www.silicium.org/site/index.php/24-catalogue/ordinateurs-de-poche/63-texas-instruments-cc-40

 

 

CASIO FX-105

Cette calculatrice a l’apparence typique d’une CASIO de la fin des années 70.

L’apparence seulement, car la FX-105 recèle quelques caractéristiques plutôt exotiques.

Son boîtier en plastique est partagé par des machines très voisines entre elles: FX-29, FX-39, FX-110, FX-120.

Les bizarreries de la 105 sont ailleurs …

L’examen du clavier montre déjà que nous ne sommes plus tout-à-fait sur la planète CASIO. Bien entendu, on y voit une signature familière: l’agencement des quatre touches d’opérateurs en carré et non en ligne.

Mais où sont les deux touches aussi voisines qu’incontournables C et AC qui les surplombent traditionnellement ? On ne voit qu’un petit C, perdu parmi les petites touches grises. A sa gauche, les fonctions MR et MC sont combinées en une touche unique MRC, symbole pas facile à trouver chez CASIO. Et en dessous, deux grosses touches de parenthèses, ça aussi c’est unique.

Voyons maintenant le comportement de la calculatrice. On actionne l’interrupteur latéral, et c’est tout à gauche que le zéro s’allume. Cela se rencontre ailleurs, mais point chez CASIO. On tape un nombre de plus de huit chiffres et voilà un exposant de dix qui gonfle tout seul, là aussi, comportement non typique de CASIO.

Sortons la loupe. Le test Forensics renvoie 9.2079408, une valeur non référencée sur la table de M. Sebastian (*). Machine ouverte en deux, l’électronique se révèle animée par une puce de marque NEC, c’est courant sur les anciennes CASIO, mais pas la référence µPD576C

Que retirer de ce constat ? Que les CASIO qui se ressemblent ne sont pas forcément aussi semblables qu’imaginé ? et qu’elles sont chacune dotées d’une personnalité propre ?

C’est sans doute vrai mais en la matière la FX-105 est une championne !

 

(*) http://www.rskey.org/~mwsebastian/miscprj/forensics.htm

 

 

 

ARISTO M 800

Le constructeur allemand ARISTO a longtemps produit des règles à calcul avant de se lancer dans la fabrication de calculatrices vers 1975. Ses machines présentaient toutes un solide air de famille. A la fin des années 70, ARISTO adopta le concept extra-plat que permettaient les modernes cristaux liquides.

Comme pour tant d’autres constructeurs, c’est une solution à base de processeur Nec D1856G qui fut adoptée pour le modèle scientifique à dix chiffres.

Techniquement identique à nombre de modèles concurrents, et en particulier à la PANASONIC JE1432U avec laquelle la M800 partage le témoin de statistiques spécifique – un symbole « S » à l’écran et non le ∑ beaucoup plus répandu – la M800 est une ARISTO bien reconnaissable à ses couleurs vives.

Si le comportement de toutes les calculatrices à processeur Nec D1856G est rigoureusement identique, et c’est bien aussi le cas pour la M800, celle-ci présente l’originalité d’être équipée d’une variante du processeur, nommé D1855G.

Se pourrait-il que l’ARISTO M800 soit la plus ancienne de toutes ces machines, la première ? Elle est en tous cas antérieure à 1980, l’entreprise ayant été dissoute en 1979.

Ci-dessous l’image des processeurs, à gauche le 1855 de l’ARISTO, à droite le beaucoup plus connu 1856 de la PANASONIC.

CASIO FX-15

Modèle emblématique des années 70, la CASIO FX-15 est une présentation alternative et plus métallique de la CASIO FX-17.

Il ne semble pas y avoir de différence du côté technique : fonctions identiques, exposant limité à 39, un zéro en demi hauteur.

La FX-15 est une fausse « petite », ses dimensions, son poids sont à quelques millimètres et grammes près ceux de la FX-17.

 

CANON F-62

 

La Palmtronic F-62 n’est certes pas la plus connue des calculatrices Canon.

Quels mystères peut receler ce modèle rare ? Bien peu je le crains. Il s’agit d’une scientifique 10 chiffres produite en fin des années 70. Elles est donc, comme beaucoup d’autres, mue par le processeur Nec D1856G, comme cela semble avoir été la règle à cette époque. Et par conséquent, il s’agit d’un « clone » technique de plus de ma toute première machine scientifique achetée à La Redoute en 1980.

Il exista quelques modèles scientifiques à 10 chiffres développés sur la base d’autres processeurs que le 1856.

Casio saura le faire, avec la FX-3100 par exemple. Canon aussi avec les F-63 et F-72. Mais ce constructeur prolifique se paiera le luxe de proposer en plus deux modèles à cœur NEC D1856G : la F-64 et cette F-62. Un autre géant, PANASONIC avait lui aussi proposé deux « Nec machines« , les JE-1432U et 1433.

Canon sut toutefois se démarquer. Les dispositifs d’alimentation sont originaux : La F-64 renonce au format extra-plat et reçoit deux piles AA, tandis que la F-62 fonctionne bien avec des piles plates, mais d’un type étrange et peu répandu : deux imposantes CR2430.  Pourquoi ces deux cœurs énormes dans une si petite calculatrice (11.5 cm de haut pour 7 de large), je ne connais pas la réponse.

Si l’écran de la F-62 est bien le classique d’une « Nec-Machine » à processeur 1856G, la présentation de la machine est typique de Canon, notamment le clavier et ses couleurs et légendes immuables, comme RV quand les autres gravent X<>Y ou EX, les « CI« , « SM« , et toujours un « a » élevé à la puissance « x » et jamais le « y » de tant d’autres …

 

Dernière minute …

Voici une autre calculatrice qui utilise également une CR-2430. Et ce n’est pas étonnant, car les boîtiers sont absolument identiques. Il s’agit de la SANYO CZ-1204 :

 

 

 

 

Texas Instruments TI SR-51

La Ti-SR51 est membre d’une très ancienne famille de calculatrices Texas-Instruments.

En 1978, je ne connaissais que deux modèles de calculatrices de cette marque : la Ti-57, qu’on voyait partout dans les grands magasins, les librairies, et jusque dans les boutiques de photographes, et la Ti-30 qu’un camarade avait apportée un jour au lycée.

Quelques années plus tard, en 1981, j’achetai enfin ma Ti-57. A cette époque, les TI-58 et 59 étaient devenues davantage visibles dans les vitrines de ma petite ville. Une TI-57 en main, une TI-58C dans mes rêves, voilà que je découvre les premiers numéros du magazine l’Ordinateur de Poche. Des choses se passent à cette période. Des modèles importants voient le jour, comme la novatrice HP-41, l’ultra moderne SHARP PC-1211, la CASIO FX-502P qui annonce la future 602P.

Dans ce contexte, les modèles Texas-Instruments, quoique puissants dans l’absolu, accusent le poids des ans : pas de possibilités alphanumériques, une mémoire volatile, un afficheur sans le moindre indicateur, un protocole de programmation désuet … Texas-Instruments prépare pourtant son entrée dans cette décennie prodigieuse, avec un modèle collant bien à l’air du temps : la TI-88. Le constructeur renoncera malheureusement in extremis à son lancement, laissant à la vieille gamme la charge difficile de concurrencer les modèles phares qui déferlent.

Pendant longtemps, je n’ai pas imaginé une seule seconde qu’une gamme plus archaïque encore ait pu exister et prospérer. Ce fut pourtant le cas. Dès 1974, une famille homogène et performante se constituait au sein du catalogue Texas-Instruments. Avec d’abord la scientifique SR-50 de 1974, puis la plus étoffée SR-51 de 1975, l’écrasante programmable à cartes magnétiques SR-52, enfin la petite SR-56 programmable et ancêtre de la Ti-57. Les magnifiques 50 et 51 connurent les déclinaisons 50A et 51A, fonctionnellement identiques mais de présentation plus classique.

Point commun paradoxal des modèles de cette gamme antédiluvienne : une belle qualité de fabrication et des claviers qui ne connaîtront pas les faiblesses des modèles à venir. Celui de la SR-51, modèle présenté ici, possède un toucher excellent, n’ayant rien à envier de mon point de vue à celui des Hewlett-Packard, réputées sur ce point.

La Ti SR-51 est un objet magnifique, d’aspect luxueux. Lancée en janvier 1975, non programmable, elle prolonge les fonctionnalités de la SR-50 dans la direction des statistiques et des probabilités, fonctions qu’on peut qualifier de poussées pour l’époque, et introduit pour la première fois dans une de ses machines le calcul de régression linéaire.

L’afficheur déploie dix chiffres auxquels s’ajoute l’exposant de 10 le cas échéant, c’est généreux. La vitesse de calcul est agréable, les valeurs des logarithmes s’affichant quasi instantanément, les calculs trigonométriques, presque aussi vite ! Le poids, 250 g en ordre de marche, renforce le sentiment global de qualité. Enfin la housse de protection est épaisse et de fabrication flatteuse.

Trois mémoires sont disponibles, en principe accessibles par les adresses 1, 2, 3. Mais ces mémoires sont manifestement redondantes avec les autres touches numériques, donnant à tort l’illusion que dix mémoires sont disponibles en tout.

En plus des fonctions présentes sur le clavier, la SR-51 exécute vingt conversions d’unités au moyen de la touche 2nd suivie d’un code de deux chiffres, à repérer sur une table imprimée au dos de la machine.

 

 

Texas-instruments TI-81

J’ai longtemps éprouvé du désintérêt pour les premières calculatrices graphiques de Texas-Instruments à qui je reprochais d’être arrivé bien tard sur une voie ouverte par Casio cinq ans auparavant.

Puis j’ai tenu en main récemment la toute première Ti-81 de 1990 et fus surpris de constater une maturité insoupçonnée.

Lancée à la même époque que la FX-7700G, le nouveau fer de lance de Casio, je n’ai pu que m’étonner de la convergence des idées sur le concept d’une calculatrice graphique de seconde génération.

Retour sur la première génération : Casio présente en 1985 la première calculatrice graphique, la mondialement célèbre FX-7000G, bientôt déclinée au sein d’une gamme de modèles plus puissants mais encore très proches.

Ces machines se définissent par : Un écran en une dalle de pixels, le tracé de courbes avec possibilité de parcourir chaque point pour en lire les coordonnées (Trace), un module Range pour définir le champ de tracé, un autre pour le grossir ou l’affiner (Factor), un processeur rapide, un langage de programmation symbolique intégrant l’aspect graphique, y compris l’allumage ponctuel de points, le tracé de lignes simples.

A l’heure d’assurer la relève après cinq ans de règne sans nuage, Casio doit désormais compter avec un concurrent. La Ti-81 de Texas-Instruments ne sera pas une simple réponse tardive à la mode graphique. Elle est mûre, prête à croiser le fer avec l’ambassadrice de la génération II de Casio.

La Ti-81 place la barre haut et présente d’une certaine façon les bases communes des futures calculatrices graphiques. La nouvelle Casio FX-7700G a le même souffle. Laquelle des deux a inspiré l’autre ? Il semble bien que la TI ait été diffusée un peu avant la Casio, ce qui n’exclut pas que les deux constructeurs et au delà – HP et Sharp seront cette fois présents – se soient attentivement observés du coin de l’œil dans leurs développements.

Qu’apporte la TI-81 dans sa vision du concept graphique ?

  • Une rangée de cinq touches de pilotage graphique surplombant le clavier. Les fonctions existaient sur la FX-7000, mais cette nouvelle disposition fera école. La Casio 7700 fait de même et apporte sa rangée de touches F1 à F6, permettant aussi la navigation au sein des menus, Casio ayant fait le choix des menus horizontaux.
  • Un pavé directionnel pleinement assumé.
  • La possibilité de différents modes de représentation graphique est introduit : courbes paramétriques pour la TI, idem pour la Casio plus un mode polaire. L’éventail des modes de représentations gonflera à l’avenir.
  • La notion de menus, avec déroulement vertical et item sélectionné d’une touche pour la TI. Casio préfère les menus horizontaux, pilotables par F1 à F6. Les menus apportent confort et puissance : moins de légendes au clavier, et plus de fonctions disponibles.
  • La variable graphique « X  » a désormais sa propre touche. Sur le clavier, elle partage sa légende avec son pendant paramétrique « T  » et davantage pour la 7700. Jusqu’alors, le « X  » devait être recherché parmi les caractères alphabétiques du clavier.
  • Le grand écran graphique se prête bien à la représentation des matrices. Les deux machines en permettent désormais la manipulation.
  • La notion de zoom, embryonnaire sous la 7000 (fonction Factor) est désormais aboutie, les deux machines dévoilant le module de zoom tel qu’on le connaît aujourd’hui, avec sa « box » incontournable.
  •  Un mode programmation présentant les programmes à la façon d’un répertoire vertical où il est possible de créer, modifier, supprimer les programmes. Casio, précurseur de la segmentation de la zone programme fait de même, complétant ses P0 à P9 de PA à PZ (et même un peu plus). On est dans le même esprit. La Ti-81 permet déjà de nommer alphabétiquement les programmes, ce que la 7700 ne fait pas encore.
  • Même esprit de répertoire pour les formules graphiques chez TI. La 7700 se contente à ce stade de stocker les formules pour un usage ultérieur.

Au delà de ces bases communes, les deux constructeurs resteront toujours repérables par leurs choix propres. Ainsi l’usage de menus majoritairement verticaux chez TI et horizontaux pour Casio (*). L’alimentation ensuite, aujourd’hui encore objet de choix stratégiques différents. On trouve ici des piles cylindriques AAA chez les uns – Ti-81 et ses descendantes (hors la minuscule 80) – et encore pour un moment des piles bouton CR2032 chez Casio, la 7700 se voulant encore fine et légère quand la TI assume dans son design le choix du chemin ingrat et douloureux des cartables.

Il est possible aussi de voir dans la Casio fx-7700G les prémices d’une philosophie majeure chez Casio : le panneau de menus d’accueil, autant de contextes de travail toujours plus nombreux et distincts, quand TI les présente non cloisonnés au sein du clavier.

Question programmation, on assiste avec la 81 à l’apparition du langage TI-Basic. Casio s’en tient encore au langage initial de la 7000, simple et plus limité. La 7700 est en revanche plus généreuse en mémoire programme, dépassant 4000 pas tandis que la TI plafonne à 2400.

Dans cette analyse, je choisis – un peu arbitrairement – d’opposer Casio et TI, faisant le pari que c’est la Ti-81 qui trace la route que vont suivre désormais les constructeurs de calculatrices graphiques. Il suffit de regarder la HP-48SX et la Sharp EL-9200, toutes deux issues des toutes premières années de la décennie 90 pour voir que les quatre constructeurs étaient, à quelques mois près, sur la même ligne de départ pour ce deuxième élan.

Je ne peux m’empêcher malgré tout de voir dans la TI-81 tout à la fois la plus ancienne de cette génération, et la plus visionnaire dans la direction qu’elle trace. Un dernier point en faveur de cette hypothèse, l’étrange légende PRE (comme menu précédent) visible sur le clavier de la 7700 et qui ne sera plus reprise sur les modèles ultérieurs. La TI utilise déjà le définitif QUIT.

Enfin la TI-81 n’arrive pas seule, une TI-85 la suit de quelques mois et sera nettement plus puissante.

La TI-81 représentée ici est une des toutes premières. On peut s’en convaincre à son absence de « patte » de protection sous la touche ON et aussi à son absence de pile de secours, même si son emplacement est déjà dessiné.

 

(*) Les Ti-85 et 86 auront des menus horizontaux, à plusieurs niveaux, la Casio Graph 100 les aura verticaux.

 

 

 

CANON X-07

Au petit jeu consistant à citer les marques japonaises s’écrivant en 5 lettres, dont un A, et ayant produit des ordinateurs de poche dans les années 80, il est coutume de citer SHARP, CASIO et d’en oublier un troisième (*) : CANON qui n’en produisit il est vrai qu’un seul, mais combien original.

Fin 1983, CANON entre dans l’arène et défie les SHARP PC-1500 et CASIO PB-700 avec cet objet moderne et multicolore à grand écran (4 lignes de 20 caractères), muni d’un clavier d’ordinateur et d’un pavé directionnel d’aspect indéniablement ludique. Le succès sera important et nombreux aujourd’hui sont ceux qui ne l’ont jamais oublié.

Si au fil du temps j’ai fini par me procurer un certain nombre d’ordinateurs de poche de la grande époque, je n’ai fait que croiser des années durant cet appareil sans jamais le rencontrer.

Le X-07 peut-il être assimilable d’une quelconque manière à une calculatrice ? en particulier de poche ? C’est bien entendu bien plus que cela, mais qu’en est-il concrètement sur ce point ? L’absence de pavé numérique ne plaide pas en faveur d’une pratique aisée, même si la touche NUM aide un peu, mais n’anticipons pas …

Je viens enfin de me procurer un exemplaire du X-07 et vais pouvoir me faire une idée plus précise.

De nombreuses pages de grande qualité existent sur le net sur cet appareil aux performances multiformes dont on ne peut pas faire le tour en une soirée. Je me suis intéressé ici aux possibilités de calcul, en particulier scientifiques de l’appareil.

En pratique : On commute l’interrupteur et l’écran répond, après avoir émis un bip et déroulé le message de copyright du Basic Microsoft. Le X-07 nous tend maintenant la main, c’est le moment de tenter une opération simple,  » 2 X 3  » par exemple.

Cela commence mal, une légende d’erreur est retournée aussi sec. Pas vaincu pour autant, on cherche un symbole de racine carrée pour un autre essai, et il est introuvable.

Un peu plus tard, nous voilà maintenant convenablement documentés, c’était la moindre des choses, et nous savons que l’ordinateur X-07 doit être au préalable interrogé par le symbole «  » avant tout demande de calcul manuel (le «  » peut être remplacé par l’ordre PRINT).

Dans mes exemples, la syntaxe devient « 2 * 3 RETURN » et « SQR(2) RETURN » (parenthèses obligatoires). Les opérateurs arithmétiques sont disponibles sur le clavier mais tantôt en saisie directe (le « –  » et le « « ) tantôt en fonction seconde («  » et « « ).

Ce n’est pas très encourageant tout ça. Sauf que les réponses retournées se montrent précises à 14 chiffres, et là on se dit que le X-07 est à coup sûr un as du calcul.

Comme il est doté d’un langage BASIC d’excellent niveau, on devine que les fonctions trigonométriques seront présentes. Et en effet le X-07 exécute les classiques SINUS, COSINUS, et TANGENTE. Mais uniquement dans le mode RADIANS. Quant à la fonction ARC, seul l’ARC tangente est géré. Pour changer le mode angulaire on peut passer par Pi, mais tiens, la fonction PI n’existe pas non plus sur le X-07. Et seuls les logarithmes à base e sont disponibles …

Bon, ne baissons pas les bras, on doit bien pouvoir tout calculer quand même, il va juste falloir se contorsionner un peu, et toujours jouer du SHIFT pour les parenthèses et les opérateurs, cela augure quelques menues difficultés …

Afin de tester la précision de calcul, j’ai choisi de soumettre le X-07 aux tests du cumul des sinus, et aussi au test Forensics.

Mais aïe, pour ce dernier test, en plus de devoir convertir les radians en degrés, l’ARC cosinus et l’ARC sinus sont nécessaires, pourtant tous deux absents comme remarqué plus haut. Comme je tiens à exécuter le test dans les règles de l’art il me reste à tirer la quintessence de la seule fonction ARC tangente offerte.

Après avoir bien trituré la formule classique (programme ci-dessous **), le X07 me gratifie d’un excellent résultat : 8,9999999955737.

Pour le test du cumul des sinus de 1 à 359, j’ai dû procéder en deux fois. Ce test réalisé par programme donne classiquement deux indications, celle de précision – l’écart au zéro attendu – et la vitesse de déroulement du programme effectuant 359 itérations de calcul trigonométrique.

Pour m’adapter au seul mode RADIANS disponible, chaque itération s’est vue alourdie d’une conversion en degrés, ce qui impacte forcément le temps de calcul global. Dans quelle mesure ? Pour le savoir, en plus de ce premier programme, qui a donné en l’occurrence un excellent écart à zéro de -5.096E-12 en 56 secondes, j’ai lancé une version analogue, travaillant sur une valeur d’angle arbitraire et unique, et ce sur les 359 itérations. La structure du programme est la même, le résultat ne présente pas d’intérêt, seul le temps de calcul est important. Débarrassé des conversions, le X-07 boucle cette fois en 50 secondes, ce qui n’est pas ridicule du tout (72 s. pour le SHARP PC-1500 et 56 s. pour le CASIO PB-700).

Quant aux chiffres de précision, ils ne se rencontreront sauf erreur de ma part – et hormis les modèles à double précision (***) – pas avant la décennie 90.

Le CANON X-07 est un ordinateur qui sait calculer on le voit. Mais le calcul manuel est pénible et réclame ici, plus que jamais, une parfaite symbiose entre l’objet et son utilisateur.

 

Pour aller (beaucoup) plus loin qu’ici sur le X-07:

Silicium.org

La page du Canon X-07 de Guillaume TELLO

Obsolete-tears.com

Le musée des Ordinateurs de poche

 

(*) Il y eut aussi SANYO dont le PHC-8000 semble avoir définitivement disparu des radars.

(**) Le listing de programme présenté provient d’un Casio FX-702P

(***) A noter que le X-07 connaît les simple et double précisions. C’est cette dernière qui est active par défaut et donne les 14 chiffres de capacité. A contrario, les modèles SHARP à double précision (20 chiffres pour les PC-1475, PC-1280, PC-E500) travaillent par défaut en simple précision de 10 chiffres.

SHARP PC-1475

La gamme 1400 de SHARP est associée aux ordinateurs de poche mixtes, à la fois bases de programmation en Basic et simples calculatrices scientifiques dans leur partie droite.

Introduit au cours de l’année 1987, le PC-1475 est une machine puissante. Son langage Basic l’est indéniablement, sa mémoire, extensible, est vaste et des environnements de calcul spécifiques (traitement des matrices, statistiques) en font un outil pointu en toutes circonstances.

Commuté en mode Basic, le 1475 est doté d’un atout rare : la double précision, qui lui permet d’afficher les valeurs numériques sur 20 chiffres ! (24 en interne). La double précision n’est pas activée par défaut, elle nécessite l’ordre – programmable au besoin – DEFDBL (et DEFSNG pour en sortir). Dans ce format les valeurs sont repérées par un croisillon (#) à la fin. Il est aussi possible, en mode de simple précision, d’ajouter son croisillon à une valeur pour la déclarer comme telle. C’est pratique et confortable. La partie calculatrice, toujours prête à la sollicitation, manipule tout aussi facilement ces longues valeurs. Tout comme les variables. Ex : A# = 12345678901234567890.

Calculer avec de tels nombres est impressionnant. Le temps de calcul est un peu pénalisé mais cela ne se remarque qu’en calcul programmé où le facteur temps est grosso modo doublé.

L’écran à deux lignes – non graphique – se prête parfaitement à ces affichages hors normes telle la factorielle de 21, énorme, d’un seul tenant, sans aucun recours à la notation scientifique.

La précision des calculs est logiquement de premier plan. Dans quelle mesure ? Cette question conserve-t-elle un sens à ce niveau de définition ? Elle est sans aucun doute « suffisante » comme on disait naguère chez Rolls-Royce quand le client venait à s’enquérir de la puissance du moteur.

Dernier détail, la double précision est bien sûr compatible avec la notation scientifique. Dans ce cas, l’exposant est précédé non plus du traditionnel « « , mais de « « .

CASIO College FX-200P

On s’attendrait à trouver dans la FX-200P une FX-180P plus puissante, avec plus de mémoire par exemple.

Eh bien non. La recette pour fabriquer une « College » FX-200P, c’est de prendre une FX-180P, de lui retirer les statistiques à deux variables, la régression linéaire, le calcul programmé d’intégrales et de renoncer à une seconde zone de programme pour n’en offrir qu’une seule, toujours de 38 petits pas de capacité !

Le seul plus apporté par la College est le calcul des racines cubiques, fonction bizarrement absente de la 180.

Le comportement en calcul est en tous points identique sur les deux machines. L’œil avisé aura remarqué le témoin ON en haut à gauche de l’écran. Ce témoin dont l’utilité pourrait légitimement poser question prend tout son sens lors de l’exécution d’un programme, où l’écran demeure vide de toute activité. « ON » informe que la machine ne dort pas, mais travaille !

La College 200 apporte une présentation plutôt unique, avec un aspect métallique très réussi.

Je ne connais pas la période de production de la College. L’inscription « auto power off » en façade ne se rencontre que sur les tout premiers modèles équipés de cette fonctionnalité. La College serait dans ce cas plus ancienne que la très répandue FX-180P … C’est une possibilité mais pas une certitude …

 

 

A titre récréatif, et pour mettre en exergue les différences entre la « College fx-200P » et la fx-180P, je me suis livré à une sorte de jeu de mahjong consistant à faire disparaître visuellement les fonctions identiques deux à deux. Ainsi ne restent à la fin que les différences. Loufoque mais radical …

Au début du jeu, toutes légendes en place :

A la fin du jeu :

CASIO 121MR

Nous trouvons dans la CASIO 121-MR une machine qui fut en son temps réservée à un usage professionnel.

En témoignent les sélecteurs de décimales, d’arrondi et le commutateur de cumul en mémoire. Placé sur la position « Σ », le résultat de tout calcul arithmétique vient se cumuler en mémoire. Placé sur « N », la mémoire redevient un registre indépendant.

De quelle époque date la 121-MR ? Bien que d’aspect plutôt moderne (années 1978-80), deux indices trahissent son grand âge : tout d’abord l’étonnant point rouge qui s’allume pour signaler une valeur négative à l’écran. Le signe MOINS à gauche n’est pas encore connu de la 121.

Autre indice, visible même machine éteinte : La mention en façade «Electronic Calculator», qui ne peut se rencontrer que sur un très vieux modèle, où il était encore nécessaire de préciser ce que nos yeux d’aujourd’hui considèrent comme une évidence. Un peu comme si l’on voyait une ancienne voiture où il serait indiqué « voiture à moteur ».

La CASIO photographiée ici – je le sais de source sûre – fut utilisée quotidiennement par un commerçant plusieurs années durant. Elle avait été achetée pour remplacer une machine de plus grandes dimensions, probablement de technologie électro-mécanique, donc pas encore électronique.

Le fait que celle machine fonctionne toujours parfaitement de nos jours, après des années d’utilisation quotidienne, démontre une réelle qualité de fabrication.

Outre ses quatre fonctions arithmétiques, la CASIO 121-MR propose une touche de racine carrée qui calcule sur les 12 chiffres disponibles, d’échange X/Y, de changement de signe (le fameux point rouge), et de pourcentage. Ce dernier n’est pas complètement intuitif. Par exemple, pour ajouter 5% à 102, la séquence sera : [102] [X] [5] [%] [+] [=]. Avec un peu d’habitude, cela devient naturel.

Machine professionnelle, très large (12 chiffres il est vrai), la CASIO 121-MR reste pourtant de dimensions compatibles avec une (solide) poche. Ce statut de mobilité est confirmé par l’autonomie d’une alimentation classique par 4 piles AA. Un branchement par secteur mural est bien sûr prévu et fut sans doute privilégié au cours de ses années d’utilisation quotidienne.

Un détail supplémentaire qui permet de situer une date de fabrication à proximité immédiate de 1975, le design typique de cette époque, que l’on peut rapprocher notamment de celui de la CASIO FX-17.

 

Un grand merci à Dominique M.

CASIO FX-101

La CASIO FX-101 n’est pas une calculatrice facile à photographier : Des lignes géométriques bien carrées qui ne cherchent guère à séduire, une couleur de façade très sombre qui met surtout en lumière les poussières et peluches.

Pourtant, en usant et abusant du chiffon et des éclairages divers, le charme de la 101 finit par s’exprimer.

Je crois avoir remarqué que les noms anglo-saxons accolés procurent une certaine impression de prestige. Harley-Davidson, Hewlett-Packard, Massey-Fergusson, Borg-Warner, pourquoi pas Briggs & Stratton, sont des marques à la sonorité qui flatte le propriétaire. La magie opère aussi pour cette calculatrice Sperry-Remington, qui donne en mains le sentiment d’être une rare machine d’exception.

C’est pourtant une bien connue CASIO FX-101. Il n’y a aucune différence entre les deux machines. Le même bug se retrouve d’ailleurs sur l’une et l’autre : lors d’une soustraction nn, c’est-à-dire quand on ôte un nombre à lui-même, au lieu d’afficher « « , la CASIO affiche un surnaturel « -0 « . Le signe MOINS est volatile et disparaît à la moindre frappe, privant les apprentis sorciers de toute expérimentation hors des garde-fous.

La CASIO FX-101 date de l’époque 1975. Elle est massive et lourde (300 g avec ses 4 piles AA). La fenêtre d’affichage est particulièrement généreuse. L’écran peut être lu sous des angles d’inclinaison divers et vraiment très prononcés.

Le souci d’un champ de lecture large a longtemps préoccupé les constructeurs. Les diodes rouges par exemple étaient souvent recouvertes d’un dispositif de lentilles qui grossissaient les chiffres, mais amélioraient en même temps la lecture sous angle incliné. Plus tard avec les cristaux liquides, moins à l’aise avec la vision oblique, le principe du champ large avait vécu, sans que cela ait été perçu comme un grand préjudice autant que je sache.

La 101 est une scientifique complète, pouvant notamment afficher l’exposant de 10. Un archaïsme avec la fonction de conversions sexagésimales où l’on doit entrer successivement les degrés, les minutes et les secondes, séparés par des appuis sur la touche o ‘ “. Les machines futures sauront interpréter les valeurs en une fois.

COMMODORE LC925

Cette calculatrice aux couleurs d’automne est en quelque sorte annonciatrice d’un vent qui tourne.

En cette fin des années 70, Commodore, l’immense constructeur présent dès les premières années du phénomène calculatrices tourne les yeux vers d’autres projets, comme les ordinateurs personnels qui s’apprêtent à déferler. Ses calculatrices ne le font plus rêver. Contrairement à plusieurs de ses concurrents, il n’a pas su développer une puissante calculatrice programmable. Il tente comme par réflexe de marier ses anciennes carrosseries imposantes avec la technologie naissante des cristaux liquides.

Quelques modèles LCD extra-plats seront encore produits, mais il est possible de voir dans cette superbe petite LC925 l’illustration d’une impasse, de la fin d’une belle aventure.

La Commodore LC925 ne se rencontre pas facilement. Fabriquée à Hong-kong, il s’agit d’un modèle tardif comme en témoigne le moderne afficheur LCD.

Le boîtier contient deux grosses piles AA, qui devaient conférer à cette calculatrice peu gourmande une autonomie sans limite.

Le modèle est simple, 25 touches, de deux tailles différentes. Celles du clavier numérique sont énormes, aussi grosses que sur la 5R39 de la marque.

 

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BERKEY Keystone 2050

Le mode d’alimentation des calculatrices anciennes était souvent de nature mixte : bloc de batteries rechargeables et raccordement au secteur mural. En cause, la grande consommation des afficheurs, qui ne s’est notablement améliorée qu’à l’avènement de la technologie des cristaux liquides.

Les batteries rechargeables présentaient un défaut : la longévité limitée. Au bout d’un certain nombre de cycles de recharges, leur autonomie devenait nulle. Le propriétaire voulant continuer à utiliser sa machine se trouvait face à plusieurs options : Soit il était un peu bricoleur et se lançait dans la réfection d’un bloc d’accus, soit il n’utilisait sa machine que reliée au secteur mural, soit, en plus de l’option précédente il déposait chirurgicalement le bloc périmé de façon à alléger la machine et se prémunir des souillures liées au vieillissement du bloc (*).

De toutes les machines de cette époque qui me sont passées entre les mains, une seule avait le bloc rénové et deux avaient été allégées de leur bloc périmé.

C’est le cas de cette Keystone 2050 que je fus bien en peine de faire marcher du premier coup. Le branchement secteur ne donnait rien et aucune batterie ne se trouvait à l’intérieur. Mes amis du forum silicium.org m’ont expliqué comment préparer un bloc de deux piles AA qui, branchées au bon endroit, restaurèrent le fonctionnement de cette belle et ancienne Keystone made in USA.

Peu d’éléments sont disponibles sur internet sur cette machine. La fabrication semble antérieure à 1976. La petite éminence argentée au-dessus de la touche SIN correspond à la connexion interne du fil de masse.

L’afficheur est de type Panaplex, soit de grands chiffres couleur de feu.

La 2050 possède des fonctions scientifiques de base, mais pas la notation avec exposant de 10. Le maniement est simple et intuitif, mais si besoin, un condensé du manuel se trouve collé au dos de la machine. La loupe est obligatoire pour déchiffrer les minuscules caractères.

On y apprend tout de même l’usage de la touche unique de mémoire. M doit être suivie de «  » pour stocker, de «  » pour lire, de «  » ou « –  » pour y ajouter ou soustraire des valeurs, et «  » pour la vider. C’est simple et pratique. Ce procédé avait été rencontré dans la petite Rockwell 20R, qui incluait les touches de multiplication et de division.

Les tests de calculs d’arrondis poussés révèlent une certaine parenté de processeur avec des machines aussi diverses que la CANON F5, la ARISTO M75, la PRINZTRONIC SC3001M, la VICTOR 106. Mais aucune n’est vraiment proche de la Keystone 2050.

Machine au caractère incontestable, la BERKEY Keystone 2050 est un magnifique objet qui respire l’authenticité, la qualité et l’originalité inhérente aux modèles les plus anciens.

 

(*) à noter que certaines calculatrices étaient conçues pour fonctionner impérativement avec le bloc en place, même en cas d’usage par branchement secteur, sous peine d’instabilités voire de destruction.

 

 

 

 

 

MONROE 99

Le géant américain de la bureautique a produit très peu de calculatrices de poche. Parmi celles-ci deux machines d’aspect proche, la Monroe 98 de base et la 99, un modèle scientifique.

Produite autour de 1976, la Monroe 99 est dotée de l’afficheur fluorescent typique de cette époque, de couleur verte.

La totalité des digits disponibles s’activent dès qu’on enfonce la moindre touche de fonction. Ce sont donc huit chiffres, plus les deux dédiés à l’exposant qui surgissent à l’écran, même si la valeur entrée n’en nécessite qu’un seul.

A titre d’exemple, si je souhaite multiplier 2.3 par 6.8, dès l’appui sur la touche « X » la Monroe affichera 2.3000000 00. Et le résultat final sera 15.640000 00. Ce mode d’affichage scientifique obstiné est sans doute un archaïsme qui n’avantage guère la lisibilité. On le retrouve sur d’autres machines contemporaines il est vrai.

Sur le plan du calcul, on note le minimum vital en fonctions scientifiques. La précision est faible. C’est du 8 chiffres secs, sans chiffres de garde.

La fonction d’élévation à la puissance mérite sur ce point le qualificatif de « calamiteux ». Non seulement les résultats se montrent imprécis, mais ils sont littéralement trompeurs dans leur expression qui masque le plus souvent les décimales susceptibles de témoigner de l’imprécision d’un résultat.

Une illustration : Lors de l’élévation de 4 à la puissance 11, la Monroe renvoie 4194300 tout rond, une valeur vaguement plausible. Pourtant le résultat exact est 4194304, ce qui n’est évidemment pas la même chose. Aucun chiffre de garde ne vient ici alerter sur l’imprécision, le résultat peut être pris, à tort, pour argent comptant.

La Monroe était construite – au Japon – par l’industriel américain Litton. Le logo Litton précède d’ailleurs celui de Monroe en façade. L’expression de cette dualité est réaffirmée sur la plaque d’identification au dos.

Machine à l’esthétique et aux coloris beiges typiques de Monroe, la belle 99 est une rareté comparée à la petite 98. Si ses insuffisances appartiennent bien au passé, son charme est en revanche toujours intact !

 

MONDIMAT LC 835P

Au cours des années 70-80, le géant français de la vente par correspondance La Redoute commercialisait une partie de ses calculatrices sous la marque Mondimat.

De la simple calculette 4 opérations au modèle scientifique, c’est toute une gamme qui était couverte par la marque. J’ai appris récemment qu’il avait existé un modèle programmable, jusqu’alors complètement inconnu pour ma part.

J’ai cherché puis ai fini par rencontrer la fameuse Mondimat LC835 Programmable.

Première constatation, l’aspect tranche avec celui des machines métalliques extra-plates typiques de la marque.

Seconde constatation, la LC835, quoique très belle, n’est pas originale. Elle est connue sous d’autres noms, comme Philips SBC-1845 ou Privileg LC-814PR. Sur le plan technique, les trois machines sont d’ailleurs une présentation alternative de la Canon F-73P. Fonctions, résultats, légendes de touches, comportement, toutes ces machines ont une électronique commune.

On peut en déduire que la 835 fut probablement la plus tardive des Mondimat. C’est sans doute pour cela que je ne l’ai jamais vue dans aucun catalogue La Redoute de ma jeunesse, n’ayant eu accès qu’aux exemplaires antérieurs à 1983. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’elle y fut visible plus tard, mais comment diable une Mondimat aurait-elle pu ne pas figurer dans un catalogue de La Redoute ? Ce serait un comble. A confirmer un jour. (*)

Concernant le nom LC835P, je précise qu’il figure en couverture du petit manuel. Il n’est pas directement visible sur la machine qui ne reprend que l’inscription « Programmable« .

(*) Un sympathique internaute me témoigne que cette machine figurait bien au catalogue de la Redoute (Ajout du 30/04/2018).

 

Merci à Jean-Claude

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CASIO FX-850P

Cet appareil fut beaucoup diffusé à partir de 1987 et reste apprécié de nombreux utilisateurs. S’il est facile à trouver sur le marché de l’occasion, les prix pratiqués sont en revanche dissuasifs. Il faut ajouter à cet obstacle un mauvais vieillissement de la nappe d’affichage qui a tendance à escamoter des lignes entières de pixels sur de nombreux modèles.

J’ai fini par acquérir un exemplaire abordable, par curiosité, en souvenir de ce mini-computeur que je voyais encore dans les magasins, jouant des coudes avec le SHARP PC-1403, à l’heure où la grande mode des mini-computeurs finissait en France.

Mon modèle est en piètre état, bien abîmé, une touche manque et la ligne supérieure est parsemée de pixels manquants. En jouant de la molette de contraste ou en inclinant la machine, il est possible malgré tout de ne pas trop souffrir de ce défaut.

Le CASIO FX-850P me parait illustrer un jalon dans l’aventure de l’informatique portable de cette époque.

Replaçons-nous au début de l’histoire, dans les années 70, par exemple à l’arrivée des TI-57 58 et 59. La petite TI-57 propose à l’utilisateur de programmer, qu’il s’agisse de problèmes mathématiques ou bien de s’amuser à concevoir des jeux. Le manuel est pédagogique, il dédramatise, encourage, mais le ton reste professionnel, dogmatique presque, on attend de l’utilisateur qu’il programme sérieusement, avec de la structure, des sous-programmes. Ces machines n’ont pas encore un aspect grand public, elle s’adressent aux scientifiques, aux techniciens, aux étudiants. Pour autant, l’utilisateur n’est pas tenu de se débrouiller seul. Des solutions toutes faites lui sont offertes pour les modèles plus puissants : une bibliothèque de cartes magnétiques déjà programmées pour l’ancêtre TI-SR52, les fameux modules de ROM pour les TI-58 et 59. Les calculs à programmer et préprogrammés ont le même statut, il n’y aura pas de honte à ne pas tout programmer soi-même.

Puis arrive les mini-computeurs et leur langage Basic. Cette fois, l’appareil se destine à tous, on programme par besoin autant que pour découvrir ou s’amuser, voire impressionner les amis, se sentir dans le coup. Programmer pour apprendre à programmer est une curieuse démarche, circulaire, tautologique comme disent les amateurs de mots sérieux, qui se retrouvera dans les programmes de l’enseignement où l’utilisation d’ordinateurs sera destinée à l’apprentissage de l’informatique. Comme si on avait acheté une machine à laver pour apprendre à se servir d’une machine à laver ?

Au bout d’un moment, un pavé de calcul scientifique fait son apparition sur certains modèles pour le calcul direct, décidément plus pratique qu’en tapant les mots Basic. Puis apparaît le CASIO FX-850P. Mais que voit-on ? Une solide bibliothèque de programmes y est intégrée. Une boucle est bouclée ? Comme au temps de la TI-58, aurions-nous là une définition de la plate-forme de calcul idéale : machine scientifique programmable épaulée par une large bibliothèque d’excellents programmes ?

Je connais trop mal cet appareil et de vrais utilisateurs en ont dit tellement plus et mieux que moi que j’arrête ici mes bavardages.

Voici en particulier un excellent article du site Les pas perdus qui cerne bien ce puissant appareil:

http://www.emmella.fr/page3836-3323-4722-5340-9435__5949-6564-1819-9072-2343.html

 

PRINZTRONIC Program

Un grand nombre de calculatrices furent commercialisées sous la marque PRINZTRONIC au cours des années 70.

Parmi elles on trouve une famille d’une dizaine de machines connues également sous le label QUALITRON. Une même grosse coque blanche pour des modèles tantôt simples, tantôt scientifiques, un convertisseur métrique, et tout en haut de la gamme, la Program dont on aura deviné que son intérêt est de permettre la programmation.

La PRINZTRONIC Program est loin d’être répandue. C’est une sorte de pièce rare, magnifique, intimidante par la puissance que dégage la richesse de son clavier.

On peut cependant être déçu par les caractéristiques globales de la Program. La période de production, 1976, porte à l’indulgence, les années 80 sont encore loin.

Mais quand même … 8 chiffres de capacité sans aucun chiffre de garde, c’est un mauvais point pour la précision. Et la notation scientifique est inconnue. Concernant la programmation, aucun test n’est disponible. Et comme il n’y a qu’une seule mémoire, le champ des programmes possibles est forcément restreint. Le système de calcul RPN n’a que trois niveaux et souffre de l’absence de fonction de descente de pile.

La programmation montre tout de même quelques points positifs. 102 pas sont disponibles, ce n’est pas rien. Cet espace peut au besoin héberger plusieurs programmes à la suite. La touche SKIP se charge de les sélectionner en sautant de l’un à l’autre. Un mode édition est prévu (commutateur N-STEP), non pour visualiser d’éventuels codes, mais pour une exécution pas à pas. Le cas échéant, un appui sur la touche DELETE supprimera l’instruction indésirable.

Sur le plan de la construction, la Program est robuste. Alors que 40 ans se sont maintenant écoulés depuis sa naissance, le fonctionnement est intact et le clavier aux doux déclics ne connait pas de défaillance, pas plus que le dispositif d’alimentation, à 4 piles AA.

Sans doute le plus beau modèle de cette famille prolifique, les reproches sur les insuffisances techniques que peut lui adresser l’utilisateur exigeant d’aujourd’hui sont bien peu de choses à côté de l’indicible plaisir de manipuler ce rare joyau de connaisseur.

 

ARISTO M75 E

Le modèle M75E n’est pas la calculatrice la plus répandue du constructeur allemand ARISTO.

J’ai appris son existence le jour où un propriétaire m’a contacté. Son Aristo 75E ne fonctionnait plus et il espérait quelques informations précieuses, que je n’avais malheureusement pas.

Bien plus tard, j’eus à mon tour l’occasion d’acquérir ce modèle peu courant, produit autour de 1975. Et de constater qu’au-delà du premier coup d’œil, l’aspect des machines n’était pas aussi semblable qu’imaginé.

Les M75 et M75E présentent des touches et légendes différemment disposées. Mais surtout, la E possède une touche d’exposant, voilà qui est nouveau car la M75 ne connait pas la notation scientifique.

Il existe un site internet consacré aux calculatrices Aristo (*). Il y est indiqué de façon très succincte que la précision de la 75E est « améliorée ».

Il s’agit bien là de sa seconde particularité. Elle concerne plus spécifiquement la fonction d’élévation à la puissance.

L’ARISTO M75E calcule avec 10 chiffres internes ce qui est bien, mais pas exceptionnel pour autant. En revanche, l’élévation à la puissance donne des résultats souvent exacts quand bon nombre de calculatrices se débattent avec les erreurs d’arrondis.

Ainsi ma M75 toute simple (sans « « ) renvoie la valeur 65535,79 pour le calcul de 2^16, au lieu de 65536, et les approximations sont visibles déjà bien avant et sont liées à l’algorithme de calcul, reposant sur les logarithmes.

La M75E donne pour sa part le résultat exact pour 2^16, mais aussi pour 2^ 17 et ceci jusque 2^26, seuil du passage en notation scientifique. Les divisions successives par 2 redonnent bien la valeur initiale, sans jamais montrer aucun chiffre de garde.

Quoique, il y a quand même une exception : dans le seul cas de 2^23, la 75E ne joue pas le jeu, et donne des chiffres de garde, ce qui selon moi disqualifierait l’hypothèse d’un algorithme reposant sur une suite de multiplications. D’ailleurs les exposants non entiers sont gérés. Il est possible que la E gère les arrondis de façon inhabituelle et particulièrement performante.

L’ARISTO M75E mérite sans aucun doute sa qualification de calculatrice précise. A noter que les calculs de trigonométrie montrent une précision standard.

Tout bien pesé, il existe une autre ARISTO présentant en tous points les caractéristiques techniques de la M75E, y compris son dessin des digits « 6 » et « 9 » à cinq segments : le modèle UNILOG, une autre pierre rare signée Aristo.

 

(*) Pour qui veut découvrir tous les modèles ARISTO, il existe ce site très intéressant et complet :

http://www.hh.schule.de/metalltechnik-didaktik/museum/taschenrechner/aristo-taschenrechner.htm

CASIO FX-48

1975, naissance de notre carte à puce à mémoire

1978, des calculatrices, aussi fines que le permettent les piles bouton et l’afficheur, adoptent volontiers ce format, synonyme de modernité et d’une extrême portabilité.

La CASIO FX-48 est une des toutes premières à jouer les cartes à puce. Son écran jaune est minuscule. Le clavier scientifique est à la fois si riche et si ramassé qu’il faut à la petite 48 deux touches secondaires F1 et F2 pour tirer la quintessence des 20 touches restantes, dont une panoplie complète de fonctions statistiques ! Tout cela en 39 grammes …

 

 

 

LEXIBOOK GC2200

J’avais parlé voilà plusieurs années de la GC2000, et m’étais étonné des traits de parenté avec la lointaine et primordiale CASIO FX-7000G de 1985.

La GC2000, comme la GC2200 qui lui est semblable à la couleur près, sont souvent considérées, comme beaucoup d’autres machines peu onéreuses, comme « des clones de Casio« . On pourrait tout autant désigner ces deux-ci « clones de Texas-Instruments » tant leur dimensions et formes – jusqu’au couvercle quasiment interchangeable – sont proches d’une TI-83 par exemple.

Les GC2000 et GC2200 sont pourtant des machines très originales qui ne partagent aucun élément physique avec leurs modèles.

Leur genèse est mystérieuse. Pourquoi des machines apparues après l’an 2000 ont-elles été conçues aussi proches fonctionnellement d’une CASIO FX-7000 de 1985. La copie va jusqu’à l’absence d’une touche de variable x dédiée, lacune pourtant comblée dès 1990. De même une légende « Factor » rencontrée seulement dans cette toute première génération de machines graphiques.

Pourtant, dès l’interrupteur logiciel enfoncé, l’utilisateur est transporté dans un autre univers. Les pavés de menus et les caractères à 6 x 7 points ont une physionomie nouvelle. Le processeur calcule sur 16 chiffres, et tourne plus vite que celui de ses contemporaines CASIO ou TI. La manipulation des environnements de calcul ou de programme – langage identique au Casio Basic au demeurant, le retour à la ligne excepté – est originale, non ces machines ne sont pas des clones.

Les GC2000 et 2200 sont cependant bien des machines « budget ». Elles sont plus accessibles financièrement que d’autres, encore trop chères en regard des possibilités diront certains. Il est clair que l’offre de fonctions de calcul est limitée, que la segmentation de la mémoire de programme est grotesque – 10 zones de 110 pas maximum. Trouver une GC2200 en rayon aujourd’hui relève au moins de l’anachronisme.

La GC2200 semble avoir connu 3 visages, et même 4 si on compte le récent modèle muni du mode examen (mais qui ne s’appelle plus 2200, mais 3000).

Ainsi l’image en couverture du manuel, reproduite ci-dessous, montre une GC2200 munie d’icônes de menus au graphisme très simpliste. Je n’ai jamais vu ce modèle de mes yeux.

Il en existe une autre, plus répandue, qui n’est pas programmable et dont l’écran n’est graphique que sur une petite surface de sa moitié gauche.

Le manuel est de très bonne qualité : 60 belles pages entièrement en français ! Ma 2200 est, il est vrai, une « FR ».

Dans quel vivier LEXIBOOK est-il aller puiser ses 2000 et 2200 ? La carte électronique nous répond, la GC2200 est une TRULY TG202.

http://www.truly.net/html/prod/proddetail.php?id=8#

 

CASIO GRAPH 90+E

En cette année 2017, Casio lance une nouvelle calculatrice graphique, la Graph-90+E.

Positionnée à une marche du haut de gamme, la GRAPH 90 succède aux Graph 75 et 95 Noir & blanc et Fx-CG10 couleur (la fameuse Prizm), mais ne va pas jusqu’à embarquer le système mathématique de calcul formel, chasse gardée du CP-400.

Les premiers échos annonçaient un grand écran couleur, des graphes 3D, et surtout une vitesse de calcul importante, tandis que les captures glanées par ci par là montraient une machine à l’aspect agréable, sans grand caractère, rien à voir avec l’audacieuse « Prizm«  Fx-CG10 de 2010.

Depuis cet été, la GRAPH 90 est dans les rayons des supermarchés. Elle n’y est pas pour autant « visible » au sens strict du mot, son gros emballage en plastique, pourtant transparent, se voyant recouvert d’autocollants de présentation et de promotion qui cachent tout, au bas du clavier près. La voisine de gondole Ti-83 Premium CE ne parait pas mieux lotie sur ce point.

Acquéreur de la Prizm couleur voilà sept ans déjà, je décide de sauter le pas cette fois encore, en dépit des minces présages d’innovation. Ciseaux en mains, l’épais blister en plastique est sacrifié sans pitié, et une machine toute neuve en sort, libérée de sa prison opaque.

Première constatation, quelle finesse ! Un record pour une machine à piles (AAA X 4). Des lignes travaillées, un dessin élaboré avec soin. Une maturité du design, à des lieues d’une massive Graph 80 de 1998 par exemple. L’habillage plastique est à l’avenant. Dur et brillant, il avait été inauguré pour le CASIO CP-400 – en version noire – puis sur la famille des Classwiz. Ici il est blanc, couleur du modèle français. Certaines légendes de touches imprimées en façade ressortent mal, c’est dommage.

Un effet visuel impressionnant : le gris profondément sombre de l’écran éteint. Allumé, un monde de couleurs s’éveille.

L’apport de cette nouvelle Casio Graph-90 ne serait-il qu’esthétique ? Il est clair que les fonctionnalités demeurent extrêmement proches de celles de la Prizm Fx-CG10.

Qu’en est-il de la vitesse de calcul dont on dit ici et là le plus grand bien ?

Casio nous a habitués dès 2005, avec sa Graph 85, à des modèles remarquablement rapides. A cette époque, la vitesse va devenir la préoccupation des constructeurs. HP sortira sa 49G+ dont le processeur ARM clouera sur place les 48 et 49 à classique processeur Saturn. Puis va surgir la Ti N’spire, longtemps demeurée championne de la vitesse de calcul.

Arrive 2010 et une petite HP-30B financière rapide comme l’éclair. Puis on accélère très fort vers des sommets avec la HP-39GII de 2012, puis la HP-Prime un an plus tard, aux chronos inégalés.

Où se situe la nouvelle Casio Graph-90+ dans tout ça ?

En première approche quelques tracés de courbes, l’exécution d’un petit programme, le lancement de l’optimisation mémoire confirment la sensation d’un excellent tonus général.

Reste à l’évaluer aussi finement que possible. Pour ce faire, j’ai soumis la 90 et machines sus-nommées – sans oublier sa consœur Ti 83 Premium CE -, à quelques tests mêlant calculs et tracés. On se souvient des griefs portés à l’endroit de la Prizm CG10, non sur sa vitesse de calcul proprement dite, mais sur celle des tracés, notablement plus lents que sur les modèles CASIO à écran noir & blanc.

Tests pratiqués (*) :

  • Le calcul en boucle. Fidèle à mes habitudes, j’ai chronométré les machines sur le programme classique de cumul des 360 sinus. Sauf que pour de tels bolides, l’étendue de 1 à 7200 s’est montrée plus adaptée.
  • Le tracé en direct de 3 sinusoïdes simultanées.
  • Un tracé programmé : spirale rectangulaire, une suite de « plot » et « line« .
  • Un tracé programmé : le dessin d’une fractale.

A l’issue de ces quelques tests, les conclusions sont simples : En calcul pur et en tracé de simples courbes, la GRAPH 90 bat toutes les CASIO à la course (presque 2 fois mieux que la Prizm CG10), ainsi que la Ti 83 Premium. Elle fait tout bonnement jeu quasi égal avec la Ti N’spire. Mais échoue encore derrière les reines de l’asphalte HP, en particulier la Prime.

Les choses sont différentes en dessin programmé, point noir de la Prizm. Si le progrès réalisé est important, le problème de lenteur en dessin n’est pas résolu pour autant par la 90, les deux Casio couleur se voyant battues à plate couture par leur aînée Graph 85(**) de 2005 (fractale tracée en 23 s contre 41 s pour la 90, et 100 s pour la Prizm). La Ti-83 Premium CE s’en sort mieux, quoique distancée elle aussi par la vaillante 85. L’écran de tracé est par ailleurs notablement plus étroit que celui de la Graph 90.

Au chapitre des différences entre la Casio Graph-90 et son aînée Prizm FX-CG10 : Les icônes de menus sont d’un dessin léger et diffus sur cette dernière, bien rectangulaires et colorés sur la première. Au point qu’on se surprend à poser le doigt dessus. En pure perte car rien de tactile ici.

Le minuscule symbole d’occupation est différent aussi. C’est anecdotique. Ce qui ne l’est pas en revanche, c’est le positionnement revendiqué par les deux machines. La Prizm de 2010 se voulait une double rupture: la technologie couleur et le design, ce dessin hardi qu’aucune Casio récente n’avait osé revêtir avant elle. Tout au contraire, La Graph-90 se veut rassurante, une Casio absolument « normale », bien à sa place dans le rayon du magasin, plus encore dans le panier de l’acheteur dont on sait qu’il n’aime pas beaucoup les expérimentations hasardeuses. Il s’est montré très méfiant envers « l’ovni » Prizm FX-CG10 dans le passé, du moins en France.

On continue sur le jeu des différences : les manuels comparés montrent une consommation moindre pour la nouvelle venue. C’est une bonne nouvelle quoique l’autonomie de la Prizm ne soit pas réellement problématique. Et enfin l’odeur désagréable de composants de la Prizm, partagée par le Casio CP-400, semble éradiquée.

On fait parfois le reproche à Casio de perpétuer un environnement de travail qui n’évolue plus depuis longtemps. La Graph-90 n’est certes pas la calculatrice de l’extrême. En cette fin de décennie 2010, elle pourrait représenter une sorte de synthèse des différentes innovations de cette décennie. Et aussi des pistes prometteuses puis abandonnées : pas de contagion du calcul formel sur l’ensemble des modèles, cela reste réservé au haut de gamme, toutes marques confondues. Pas de généralisation non plus à ce jour de l’écran tactile. Casio et HP savent faire, Ti temporise, le public ne le réclame pas à cor et à cri.

Bienvenue donc à cette belle Casio indéniablement rapide. Je me demande quand même si je ne préfère pas la Prizm, porteuse d’une réelle innovation maintenant entrée dans le rang, et dotée d’un clavier au meilleur toucher selon moi.

 

(*) Les tests pratiqués visent à dessiner une image générale de la performance. Je ne doute pas que les programmes utilisés puissent être adaptés ou optimisés de façon à modifier quelque peu telle ou telle mesure. Par ailleurs, il semble que toutes les Ti N’spire ne soient pas identiques dans leurs résultats en calculs de vitesse. Ici la machine testée est la Ti N’spire CX non CAS, qui m’a semblée moins véloce que la Ti N’spire à écran n&B.

(**) La CASIO GRAPH 85 (Nom international 9860G) utilisée est de version 1, soit la ROM 01.00.00

Pourquoi ce site ?

Voilà quelques années j’ai cherché le support logiciel susceptible de recevoir mes photos de calculatrices ainsi que les commentaires que j’aurais pu y associer.

J’ai essayé des logiciels de gestion de collections, des sites internet hébergeurs d’images. J’ai aussi testé des logiciels bureautiques, de présentation notamment, mais sans grand coup de foudre.

A ce stade il n’y avait pas d’intention de partage. Je voulais juste pouvoir accéder rapidement à l’image de mes machines sans ouvrir les cartons ou les tiroirs. La question d’un site internet ne se posait pas non plus.

Je sentais pourtant que la forme site ou blog était à même de m’offrir ce que je cherchais, avec la liberté d’y agencer les éléments selon mon gré.

J’ai vu qu’il existait des blogs prêts à l’emploi. C’était ce qu’il me fallait. Après un peu d’exploration, j’ai choisi l’hébergeur, gratuit à l’époque, le thème du blog puis me suis lancé à disposer quelques photos assorties de commentaires personnels. J’avais lu qu’il était possible de restreindre le champ des personnes pouvant accéder au blog, en principe limité ici à moi-même, mais ne m’étais pas encore attardé sur les paramétrages.

Quand ma première page m’a semblé terminée, j’ai cherché comment l’enregistrer. Ne voyant que le bouton “publier”, j’ai cliqué. Ma page était bien enregistrée. Certain qu’à ce stade, ma prose n’était pas partie sur le net sans approbations supplémentaires, j’ai malgré tout lancé une recherche sur quelques mots et à ma grande surprise mon article était bel et bien déjà sur le world wide web, au vu et su de tous, ce n’était pas ce que je voulais.

Le lendemain, je lançai le module de statistiques du blog pour m’assurer qu’il n’existait pas une âme sur Terre à ce point perdue qu’elle aurait lu ma page unique. Or une dizaine de personnes différentes s’y étaient rendues.

J’aurais pu cesser l’expérience mais je me suis pris au jeu. J’ai publié deux ou trois articles, bien relus et corrigés. Le lendemain le module de statistiques me montrait encore plus de visiteurs. Que pensaient-ils de ce blog, des commentaires, je n’avais aucun moyen de le savoir. J’ai continué, avec le plaisir d’écrire pour un public dont je ne savais rien.

Puis, au bout d’un moment, j’ai constaté que le chiffre des visites baissait inexorablement. Mon blog ne plaisait plus et cela me procurait une vraie douleur, que je n’aurais pas imaginée quelques semaines auparavant.

Je me suis alors posé de vraies questions : A qui est destiné ce blog quand j’écris ? quel est sa finalité ? Dois-je arrêter l’expérience ou la poursuivre ? J’ai décidé de continuer, en me fixant un but : ce blog devrait dire des choses qu’on ne lit pas ailleurs, même si ce sont des détails ou des anecdotes. Les aspects techniques ne seraient pas listés dans les encarts traditionnels mais évoqués au fil du texte. Des histoires personnelles, témoignant d’une passion sous-jacente viendraient émailler le texte. Enfin les articles seraient davantage dirigés vers les lecteurs profanes que les vrais connaisseurs, souvent érudits en la matière. Au fil du temps, j’ai pu me rendre compte que le monde des enfants est aussi très présent dans mon esprit quand je m’exprime. C’est pour cela que je soigne inlassablement l’orthographe. C’est d’ailleurs difficile, je retrouve des fautes régulièrement, à ma grande honte.

Un autre but fondamental de ce blog devait être de publier des photos de qualité, en particulier de modèles peu connus. J’ai en effet souffert de la terrible aridité du net pour certains modèles anciens et oubliés. Telle devait être ma contribution, montrer, révéler au public l’aspect et souvent la beauté de ces machines d’autrefois, chaque fois que je le pouvais.

Mon blog a maintenant plusieurs années. Je ne surveille pas chaque jour les statistiques. La fréquentation reste confidentielle, de 40 à 50 visiteurs par jour. Mais ces chiffres sont constants. L’idée que ma passion me permette de toucher un public, même restreint suffit à me procurer un vrai plaisir. Si j’avais soif d’un succès plus planétaire, peut-être plus artificiel, je peuplerais ma prose de mots tels que “calculator” ou “vintage” – voilà qui est fait d’ailleurs 😉 – ou des pages en langue anglaise. Ce n’est pas le but.

Le grand Monsieur que fut le philosophe Albert Jacquard disait qu’il y a deux façons, complémentaires, de parler d’une guerre : celle de l’historien qui en possède une approche globale. Et celle du simple témoin qui l’a vécue de son point de vue à lui, avec des histoires chargées d’émotion mais personnelles et déconnectées de la globalité de l’événement.

Dans un registre plus léger, mon blog fonctionne de cette façon, celle du simple témoin qui raconte les choses de son point de vue. Je commence tout juste à progresser dans mon approche globale du phénomène calculatrices. Plus le temps passe, plus cette recherche est difficile car les indices s’enfoncent plus profondément dans le passé. D’où l’utilité de témoigner …

Dominique

 

CASIO FX-5500

La CASIO FX-5500 est une machine singulière. D’un format horizontal qui rappelle à coup sûr les Ordinateurs de Poche des années 80, elle en reprend le long afficheur LCD ainsi que la molette de contraste.

La 5500 n’est pas vraiment programmable, elle est pourtant davantage qu’une simple calculatrice scientifique. Ses spécialités sont la manipulation des formules : factorisation, simplification, développement. Les résolutions d’équations sont aussi au rendez-vous, y compris les systèmes à 2 ou 3 inconnues. Il existe trois mémoires dédiées aux formules (I, II, III), qui peuvent au besoin s’enchaîner les unes aux autres.

Le grand écran de 24 caractères est particulièrement adapté à l’affichage des longues propositions. Les exposants sont représentés comme il se doit en écriture naturelle, grâce notamment à la touche d’entrée dédiée Xn.

Des fonctions spécialisées bien sérieuses, on le voit, pour une machine à l’aspect métallique très agréable. Des couleurs vives, un volume et un poids idéaux en mains, la CASIO FX-5500 est une calculatrice qu’on manipule avec un vrai plaisir. Un couvercle de plastique se clipse en façade sur deux fines charnières qui permettent d’ouvrir et refermer la machine à la demande.

Quand la 5500 fut-elle produite ? Quelques indices placent le curseur à proximité de l’année 1986, sans certitude absolue cependant.

Machine singulière dans sa présentation horizontale et ses spécificités, la CASIO ne me parait pas isolée pour autant dans le paysage du calcul des années 80. Je vois dans le CANON F-300 et la SHARP EL-5100, deux machines au destin voisin : nées en pleine décennie des Pockets Computer programmables en Basic, en ayant hérité l’aspect et l’écran généreux, pourtant non programmables ou presque, et simplement totalement originales.

 

SHARP EL-5001

La SHARP EL-5001 est couramment confondue avec un autre monstre sacré du constructeur, le SHARP PC-1201.

Un aspect assez voisin, une période de production commune, 1977, et une barre très élevée pour les décrocher sur le marché de l’occasion, voilà qui brouille les pistes quand il s’agit de bien différencier ces deux modèles très recherchés.

Des différences il y en a. A commencer par celle-ci : Ces deux machines montrent chacune un visage différent du calcul programmé.

Ainsi, alors que le PC-1201 est une vraie programmable pourvue de mémoire non volatile (qui ne s’efface pas hors tension), la SHARP EL-5001 possède une bibliothèque de programmes gravés en mémoire. Hors ce dispositif, la mémoire de la 5001 est complètement volatile.

La bibliothèque de la SHARP EL-5001 est accédée au moyen d’un dispositif original, une solide molette pilotée avec le pouce, qui sélectionne les programmes un par un, six en tout, en glissant les légendes de commandes sous les quatre ouvertures prévues à cet effet au sommet du clavier.

Les quatre touches grises juste en dessous pilotent les programmes. Un peu comme les cartes qu’on glissait sous l’écran des TI-58 pour expliciter l’usage des touches A B C D E selon le programme du module interne sélectionné.

Que font ces six programmes ? Celui qui porte le numéro 1 se nomme N comme Normal calculations & plot. Placé sur cette position, toutes les touches de la calculatrice sont opérationnelles ainsi que le sélecteur permettant d’opter pour le mode parenthèses ou le couple de mémoires additionnelles. Le programme Plot donne les différents points d’une fonction numérique. On entre pour cela la valeur de départ, celle de l’incrément, et les frappes successives sur la touche de fonction numérique choisie (log par exemple) donneront celles des points successifs qu’il suffit de reporter sur un papier avec son crayon (les calculatrices graphiques feront mieux, mais 10 ans plus tard, c’est encore bien loin).

Un coup de molette et hop ! voilà le programme n° 2 enclenché et ses légendes mobiles bien en place. Nommé Statistical calculation, il offre la panoplie classique des fonctions statistiques : sommes, moyenne, et écarts.

Le programme suivant, Calculation of quadratic equation, donne les solutions, complexes le cas échéant, de l’équation du 2d degré. A ce propos le digit le plus à gauche de l’écran de la 5001 est consacré à la production d’alertes diverses, et ce pour l’ensemble des programmes. C’est l’affichage ici des 3 segments supérieurs qui informe l’utilisateur que le résultat est complexe.

Une nouvelle impulsion sur la molette et nous voilà plongés dans l’univers des intégrales. La EL-5001 n’étant pas programmable, il peut sembler ardu de lui expliciter la fonction à intégrer. Ça n’est cependant pas nécessaire car seules les fonctions formées sur x² sont intégrées. Cela limite selon moi la portée du programme.

Voyons le suivant : le programme 5 se nomme Complex number calculation and coordinate conversion. Il permet l’arithmétique complexe, de façon simple, ainsi que les transformations de coordonnées.

Le dernier coup de molette donne accès aux vecteurs et leur manipulation, de façon aisée là aussi. Une nouvelle impulsion nous ramènerait au programme n°1, la boucle est bouclée.

A noter que selon le programme sélectionné, certaines touches de la calculatrice sont neutralisées.

Le dispositif par molette, qui peut paraître original voire incongru (implantation d’un organe mécanique au sein d’un objet électronique par essence) se révèle une réussite tant l’ergonomie rend les calculs agréables et sûrs. Le principe des touches de menus apparaît peut-être pour la première fois (mais CASIO a su faire aussi, la FX-3 (*) est sans doute plus ancienne encore) mais est promis à un très bel avenir.

La fiabilité n’appelle pas de remarques, l’organe est simple mais parfaitement conçu.

On peut déplorer malgré tout un faible choix de programmes, et un pilotage par quatre touches seulement. Mais certaines légendes sont dédoublées (accès par la touche F).

Sur le plan des simples fonctions scientifiques, la SHARP EL-5001 se montre généreuse : des fonctions trigonométriques, bien sûr, mais aussi hyperboliques, les conversions sexagésimales, les combinaisons et permutations.

Une mémoire de base, auxquelles peuvent s’ajouter deux autres si on renonce aux parenthèses. Dans ce cas, un digit – celui réservé au signe de l’exposant – affichera un segment par mémoire pour en signaler l’occupation. La 5001 est sans doute la machine qui utilise le plus de segments pour signaler diverses situations. Ce qui sera habituel avec les afficheurs à cristaux liquides (LCD) et la multitudes de témoins qu’ils autorisent l’est beaucoup moins avec les affichages fluorescents verts.

La SHARP EL-5001 est une machine de belles dimensions : 164 mm X 87 mm X 26 mm. Comme toute bonne SHARP de cette époque, elle dispose de commutateurs latéraux, pour le mode angulaire et la gestion de la mémoire. Et l’interrupteur général est placé sur le côté gauche.

Mon modèle confirme le défaut des légendes de touches qui ne résistent pas bien au temps, comme je l’avais remarqué sur le PC-1201.

Un dernier mot sur l’afficheur généreux lui aussi, de 10 chiffres plus 2 pour l’exposant, qui rappelle celui de certaines Electronika russes, avec les digits obliques aux segments frêles. Mais c’est complètement fortuit.

 

(*) Source : www.ledudu.com

NOKIA E72

En marge du thème général consacré ici aux calculatrices, voici un objet bien actuel puisqu’il s’agit d’un smartphone. Actuel mais déjà un peu rétro. Le clavier mécanique, l’habillage métallique, le minuscule écran désormais désuet me semblent dans le ton de beaucoup d’objets présentés ici.

A quelle occasion ce NOKIA a-t-il bien pu resurgir dans mon quotidien ? Tout a commencé par une banale et contrariante aventure de smartphone égaré. Mon 5.2 pouces dernier cri gardé en position non verrouillé dans ma serviette de travail disparaît en même temps qu’elle un soir, peu avant de rentrer chez moi.

Je la pense soit égarée, soit dérobée ou sur le point de l’être. D’un coup je mobilise mes souvenirs récents pour comprendre comment cela a pu se produire. Je tente de garder mon calme et agis au plus vite pour neutraliser la SIM de l’appareil. Pas évident dans l’improvisation.

Je repasse au bureau où tout le monde est déjà parti, rallume un PC, me connecte à l’opérateur téléphonique, suis ses instructions et échoue lamentablement à l’étape d’identification car je ne me souviens plus du mot de passe. L’opérateur propose de me le redonner, à condition que ce soit par SMS vers mon portable. Vu qu’il est perdu, cela me fait une belle jambe.

Je tente d’autres alternatives vaines et chronophages et décide, tout en m’épongeant le front, de me rendre en boutique coûte que coûte. Ouf ! le personnel agit efficacement et neutralise l’appareil vulnérable. Je sors avec une petite carte SIM de substitution qui attend de rencontrer mon prochain smartphone.

Voilà un problème résolu, mais à ce moment précis l’achat d’un remplaçant ne me semble absolument pas urgent, bien au contraire. Les émotions récentes viennent de me dégoûter de ces appareils que j’utilise bien peu finalement, et si mal. Je trouve en particulier les dispositifs tactiles bien trop sensibles pour mes doigts qui déclenchent 20 ordres intempestifs dès que je les prends en mains.

Je finis par rentrer chez moi, partagé entre l’idée de me passer de téléphone et le constat que les services qu’il me rend, notamment dans le cadre professionnel me sont désormais précieux. Existe-il aujourd’hui un smartphone puissant et différent des autres ? Cette question tourne dans ma tête toute la soirée.

Puis voilà que me revient l’idée de ce très beau téléphone que ma fille utilisait voilà quelques années. Il doit encore être dans sa chambre. Je monte voir et en effet le NOKIA est bien là et je découvre avec surprise combien aujourd’hui il est devenu rétro.

Je le branche quelques minutes et il s’allume, il répond. Du coup je déballe ma nouvelle carte SIM, et là, nouvelle surprise agréable, ma micro SIM prévue pour un smartphone de 2017 est fondue dans un cadre de taille SIM standard, ce qui permet une parfaite compatibilité descendante. Et voilà le NOKIA qui marche, envoie des SMS, en reçoit, veut aller sur internet se dégourdir les jambes !

Le lendemain, le NOKIA était avec moi au travail, autant par plaisir que par nécessité. On s’en doute, des limites apparurent vite, en particulier l’écran 2.4 pouces trop inconfortable pour qui est habitué au désormais banal 5.2 pouces. Une lenteur bien perceptible également.

Fin du conte de fées, après quelques jours, le NOKIA avait logiquement cédé sa place à un fade 5.5 pouces bien actuel, triste et horriblement cher pour une entrée de gamme.

Pas question d’oublier le NOKIA pour autant. Je sais maintenant que cet appareil n’est pas concerné pas l’obsolescence programmée, qu’il est compatible avec les supports SIM actuels et qu’il rend instantanément des services de base de qualité. Sans parler de sa physionomie originale et soignée, et … son excellent clavier mécanique.

Hewlett-Packard 32S-22S

Les anciennes calculatrices de marque Hewlett-Packard demeurent recherchées par les amateurs.

La gamme « Pioneer » apparue en  1987 ne fait pas exception. Bien qu’aucun de ses modèles ne soit aujourd’hui rare ou introuvable, les prix d’échanges pratiqués peuvent compliquer l’exercice consistant à se les procurer tous.

Le jeu en vaut-il la chandelle ? Existe-t-il une Pionner plus facultative qu’une autre, ou bien les faut-il absolument toutes ?

Que trouve-t-on au sein de cette famille ?

  • Trois financières : la toute simple 10B, la sympathique 14B, la puissante 17B. A noter que les modèles 10 et 17 sont restés commercialisés jusqu’à nos jours sous des versions et formes parfois différentes, tandis que la 14B n’a pas eu de suite. Elle est pourtant agréable et parmi les plus abordables financièrement.
  • des scientifiques, plus ou moins programmables : la 20S à la carrière longue elle aussi, les 21S, 22S à carrière courte, la 32S et ses variantes successives, la 42S, haut de gamme mythique,
  • une hybride, aussi à l’aise dans le monde financier que celui des sciences, la 27S, livrée avec horloge et alarmes !
  • une logique de calcul tantôt algébrique (avec touche EGAL, une première chez HP !) ou en notation polonaise inverse
  • des écrans mono-lignes, à segments ou à points, et des écrans à deux lignes
  • un système de programmation traditionnel pour les 20S, 21S, 32S, 42S ou plus chichement par l’intermédiaire du solveur d’équations pour les 17B, 27S, 22S. Les deux petites financières 10B et 14B ne sont pas programmables.

Je ne dispose pas de tous les modèles Pioneer. Mon idée initiale était de donner vie à petit à petit à un souvenir vieux de trente cinq ans maintenant : la découverte fortuite dans une grande librairie de la toute première famille Pioneer, 5 ou 6 modèles tout au plus ce jour là. Comme ma recherche n’est pas très assidue, certains manquent encore à l’appel (la 20S, la 10B) tandis que d’autres se sont invités tout seuls au fil du temps, comme la 21S et la 42S.

Un modèle me tenait à cœur, la 22S que je tenais pour intermédiaire, puissante, programmable, pas courante. Échangée à des niveaux de prix substantiels, je ne l’ai acquise que récemment. Et pour moi, la 22 est une déception. S’il existe un modèle Pioneer facultatif, je vote pour la 22S. Car elle n’est pas programmable en dehors de son maigre solveur. Son (bel) écran est mono ligne et peu adapté à la logique algébrique qui l’anime, les caractères trop espacés saturant vite sa capacité et donc sa lisibilité. Autant la 32S est directe, franche dans son utilisation, autant la 22 me semble fastidieuse et fonctionnellement limitée. C’est malgré tout une très jolie machine.

J’ai acquis la 32S tout aussi récemment. La 32S a été commercialisée longtemps, elle a connu des versions successives mais c’est bien celle de toute première génération que je voulais, celle de mon souvenir. Et voilà bien une Pioneer incontournable ! Moins étoffée que l’illustre 42S, elle ne démérite pourtant point. L’utilisation est directe, franche, sûre, un régal.

Les Pioneer ont longtemps été synonymes de robustesse. La construction est bonne en effet, on peut pourtant, maintenant que bon nombre d’années sont passées, remarquer un signe de fatigue qui commence à se rencontrer sur plusieurs modèles : des touches qui répondent mal, voire plus du tout (*). Il faut alors exercer une légère pression à la base de l’écran pour que la frappe retrouve son effet. Ce problème se voit aussi au sein de la famille des HP-48.

La photo ci-dessus, montrant côte à côte deux « Pioneer« , met en évidence l’existence de deux afficheurs légèrement différents : Bien que matriciels et mono-ligne l’un et l’autre, il apparaît que deux tailles différentes ont coexisté, possiblement liées à la période de production, voire aux différents sites de fabrication du globe.

Je dois par ailleurs me rendre à l’évidence, ma 32S ici présente est sans doute déjà une évolution de la 32S primitive. En témoigne la bordure d’afficheur renforcée, comme on la rencontre sur les modèles plus tardifs. La 32S de mes souvenirs devait en toute logique présenter un afficheur analogue à celui de la 22S, avec bordure fine et digits mi-hauteur.

La quête peut continuer, mais rien ne presse !

(*) Ma HP-21S, quoique très bien conservée est affectée du problème et ne s’allume plus. Un utilisateur non informé conclurait facilement à une panne définitive. En ce qui me concerne, j’ai simplement maintenu une légère pression à la base de l’afficheur et la touche ON a allumé la machine comme si de rien n’était. Une pression légère est nécessaire pour chaque appui, plutôt sur la gauche pour les touches de gauche, et plutôt à droite pour celles de droite.

C’est un bon truc à savoir en présence d’une Hewlett-Packard récalcitrante de cette famille ou de celle des HP-48.

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