LE TOUR DU PAS

Tentons de faire le tour du PAS

On rencontre la notion de « pas de programme » (on dit aussi « étape » ou « step ») chaque fois qu’il est question d’anciennes calculatrices programmables. Mais qu’est-ce qu’un pas au juste ?

Un pas de programme est un petit emplacement de mémoire ayant vocation à contenir une instruction de base qui sera exécutée parmi d’autres dans le cadre d’un programme. D’une certaine façon le pas est au programme ce que le wagon est au train. Le principe étant qu’une calculatrice ayant une capacité de 40 pas pourrait en théorie mémoriser une séquence de 40 instructions de programme. Une machine proposant 1000 pas pourrait exécuter des programmes plus longs donc traiter des problèmes plus complexes, voire cloisonner plusieurs programmes indépendants au sein de sa mémoire.

Le pas n’est pas une unité universelle, la portion de mémoire qu’il recouvre peut varier d’une machine à l’autre.

Illustration : Lorsqu’on programme une calculatrice ancienne, on se commute en mode programme et on tape les touches comme on le ferait lors d’un calcul manuel. Les codes d’instructions vont aller occuper les pas disponibles au fil de la frappe, du premier vers le dernier. En fin de frappe, pour une même suite d’appuis on aura constaté que certaines machines auront consommé plus de pas que d’autres. Pour en comprendre la raison, il faut distinguer différents types de touches et les instructions qu’elles génèrent.

On peut distinguer des instructions :
– simples
– à appuis multiples
– à adresses, avec appuis multiples ou non.

Une instruction simple fait une chose simple, par appui d’une seule touche. Exemple : élever au carré la valeur affichée par appui sur la touche dédiée du clavier, ce qui consommera toujours un pas unique.

Il existe des fonctions de calcul simples qui exigent cependant plusieurs appuis. En effet une calculatrice puissante possède tellement de fonctions que celles-ci doivent se partager les touches du clavier en leur affectant plusieurs légendes. En général celle gravée sur la touche a un effet direct, l’autre, imprimée au dessus et appelée fonction seconde doit être combinée à la touche d’appel des fonctions secondes 2ndINV ou F, d’où plusieurs appuis pour une seul instruction. Exemple : une même touche qui appuyée seule élèvera au carré, mais qui précédée de 2nd calculera le cosinus, et précédée de 2nd et INV renverra l’arc cosinus soit 3 appuis.

Enfin une instruction à adresse n’est complète que si elle sait où agir. C’est le cas des opérations de mémoire, où chaque instruction est suivie du numéro de la mémoire concernée. Une adresse peut aussi être un numéro de pas (plusieurs chiffres dans ce cas) vers lequel un saut doit être effectué. Exemple : rappeler le contenu de la mémoire 14 (3 appuis, 4 si la fonction de rappel est secondaire, à combiner avec 2nd).

Comme on le voit, dans la frappe d’un calcul les appuis sont souvent plus nombreux que les instructions exécutées. Comment les appuis se répartiront-ils les pas disponibles ? Tout dépend de la machine. Une TI-57 saura placer en un seul pas l’instruction, son adresse le cas échéant, et tout appui de 2nd et INV. La TI-57 est une championne, il faut cependant remarquer que ses capacités de mémoire sont suffisamment restreintes pour que la taille des adresses autorise cette performance. D’autres machines seront souvent obligées de consacrer plusieurs pas d’affilée à ces instructions composées.

En conséquence, le nombre de pas proclamé par un constructeur pour un modèle donné ne peut jamais constituer une unité de comparaison précise. Mais il donne un ordre d’idée précieux.


Une calculatrice programmable sérieuse permet l’édition d’un programme, c’est-à-dire sa relecture pour contrôle et modifications. Dans un tel mode, les contenus des pas sont présentés un à un à l’opérateur. Ce contenu sera principalement le code de la touche pressée à l’origine voire celui de la combinaison de touches (sur TI-57 par exemple). Les machines dotées de capacités alphanumériques afficheront aussi lisiblement que possible ce contenu. Souvent le numéro du pas au sein du programme sera également montré. La relecture permettra de vérifier la bonne saisie du programme mais aussi de supprimer un pas non souhaité ou d’en insérer un nouveau à l’endroit voulu.


Quand les premiers ordinateurs de poche des années 80 sortiront, leur capacité de programmation s’exprimera encore en pas. Mais le langage Basic, la mémoire de plus en plus vaste et la structure des programmes en lignes textuelles trouveront plus naturel de parler en octet ou kilo-octet. Le pas restera l’unité indissociable des seules calculatrices non graphiques programmables par enregistrement de touches, y compris celles produites de nos jours, car leur mémoire disponible reste limitée et leur principe de programmation, similaire à celui des années 70 ou 80.