SINCLAIR Enterprise Programmable
En 1982, le magazine L’Ordinateur de Poche publie un large panorama des calculatrices programmables du moment. Principalement de prestigieuses américaines, des japonaises prometteuses mais pas seulement.
La rédaction se félicite d’avoir pu inviter dans ce comparatif deux improbables modèles anglais, si difficiles à se procurer qu’ils n’y figureront qu’à titre symbolique. Ce sont les SINCLAIR programmables Cambridge et Enterprise.
Ces machines ne furent sans doute jamais vendues en France. Internet permet aujourd’hui de les voir enfin de près.
La SINCLAIR Enterprise Programmable n’est pas la plus répandue ni la plus ancienne. Elle fut produite à partir de 1978. Elle offre en effet des possibilités de programmation, qui ne sont pas anecdotiques.
Les bons points sont la capacité totale de 79 pas, et la possibilité d’une édition efficace. Au passif, l’unique test Go If Neg n’autorise pas une grande souplesse. D’autant que les codes combinés ne sont pas gérés (par exemple, Goto 25 consomme 3 pas, un pour le Goto, un pour le 2, un pour le 5), ce qui fait fondre les réserves de pas à grande vitesse.
Les branchements se font en direct et non par label, voilà qui est acrobatique pour les instructions demandant plusieurs pas. Heureusement, on peut compter sur l’éditeur pour caler les programmes au millimètre. Enfin les codes de touches sont étranges et ne livrent pas facilement leur logique. A noter que sur mon modèle visible en bas d’article, une sérigraphie supplémentaire, de qualité mais pas d’origine, vient épauler l’apprenti programmeur, qui trouve pour chaque touche le code correspondant.
Les SINCLAIR ont une grande réputation d’originalité, voire de génie. La conception de la mémoire programme semble ici en tous cas unique. Comme dit plus haut, la capacité de programme est de 79 pas. Il existe pourtant un pas 00. Pourquoi pas 80 pas alors ? Et bien parce qu’au pas 00, il ne se passe rien. Un programme commencera d’ailleurs au pas 01. Et si avant de le lancer on initialise par un Goto 00 manuel, l’appui sur RUN ne lancera rien du tout. Un second RUN sera nécessaire. En examinant les exemples du manuel, on comprend que le protocole adéquat pour terminer un programme est de le conclure par un Goto 00. Le pas 00 est donc un STOP, bien placé car le programme se trouve ainsi déjà en situation d’être lancé de nouveau.
Si la petite sœur Cambridge n’a pas très bonne réputation en matière de précision, l’Enterprise s’en tire mieux, révélant d’ailleurs une certaine parenté de processeur avec la NOVUS 4650, machine pourtant non programmable. La vitesse de calcul de l’Enterprise n’est pas élevée, mais pas catastrophique pour autant. Elle bat la TI-57 à la course, et se montre 2 fois plus rapide que sa contemporaine Commodore P50.
Au chapitre des caractéristiques, nous avons affaire à une scientifique plutôt complète, sans toutefois les statistiques, et 7 mémoires sont disponibles. L’alimentation est assurée par une pile de 9 Volt. Sur mon modèle, la pile ne suffit plus. Il est nécessaire de lui adjoindre une connexion par câble à la prise murale.
Pour remplacer la pile, point de trappe. On dégage un ergot au sommet de la machine, et celle-ci s’ouvre en deux ! Effet saisissant. Toute la façade se trouve ainsi déposée, tandis que les entrailles sont à nu, et donc aussi le logement de la pile.
Le design très personnel de la Sinclair Cambridge est célèbre. Celui de l’Enterprise est plus conventionnel. C’est incontestablement une très jolie machine, de dimensions plus importantes que sa petite sœur, vraiment minuscule.
Un détail ultime et pittoresque qui montre que nous sommes bien dans l’univers original de Sinclair : la touche au triangle noir en haut à gauche. Une pression donne accès aux fonctions secondes, une deuxième bascule en mode de programmation, une troisième (!) fait apparaitre un « F » donnant accès aux fonctions secondes programmées, tandis qu’une quatrième et dernière pression replace la machine dans son contexte initial.
Merci à kweeky