CANON F-71

 

Posséder une Canon F-71, c’est assurément une grande chance, mais ne pas avoir le manuel, c’est bien embêtant.

Cette magnifique calculatrice de poche de 1977 est une scientifique ambitieuse dont le maniement de certaines touches réclame désespérément le mode d’emploi. C’est le cas des conversions polaires et rectangulaires, mais aussi des statistiques, notamment la régression linéaire.

Nous avons affaire ici à une ancienne calculatrice, dépourvue de la moindre capacité alphanumérique, qui converse avec son utilisateur au moyen de quelques chiffres entrés au clavier et affichés en retour dans une fenêtre étroite. Et voilà que la fonction de conversion de coordonnées exige qu’on entre non pas une mais deux valeurs, qui en renverront deux nouvelles. Comment nous y prendre et dans quel ordre, pour introduire les nombres, et interpréter ensuite les résultats ? La calculatrice ne peut pas nous aider, elle est muette, seule l’ouverture du manuel à la bonne page nous livrerait le protocole exact.

Au chapitre des statistiques et de la régression linéaire, traditionnellement foisonnante de résultats, il faut pourtant s’attendre à un dialogue mécanique dense, une main fébrile, un opérateur concentré fuyant toute distraction intempestive.

Il faut déjà reconnaitre une chose : La Canon F-71 fait tout ce qu’elle peut pour rester claire et cohérente. Par exemple lors des saisies statistiques elle allume un point vert chaque fois qu’une saisie est attendue, c’est peu de chose mais très utile cependant pour ne pas se perdre au fil de la frappe. Ensuite, elle ventile d’un coup ses multiples réponses statistiques dans les différents registres qu’il suffit de consulter ensuite, l’idéal étant de savoir à quoi correspond chaque contenu. Là encore la 71 ne vous abandonne pas, elle transporte sur son dos un petit aide-mémoire qui explique beaucoup de choses mais pas tout. Et malheureusement, ma 71 a perdu cette plaquette, il va me falloir trouver tout seul toutes les réponses, à moins que …

Commençons le travail de décodage de ces mystérieux protocoles, pour cela tournons-nous d’abord vers les conversions de coordonnées.

Sur nombre de machines qui les permettent, la touche dédiée P → R (et sa réciproque R → P) donne une impression trompeuse de simplicité. Car se pose le problème ardu du principe d’entrée d’un couple de données. Certaines machines obligent à passer par la touche x ⇔ t pour glisser angle et hypothénuse (Texas-Instruments), d’autres agissent comme PLUS et ÉGAL en utilisant les registres X et Y, d’autres encore procèdent directement par un échangeur X⇔Y. Mes tatonnements ont permis de lever les incertitudes. Voici donc la marche à suivre pour la Canon F-71, avec l’exemple suivant :

Les données polaires que je souhaite convertir en coordonnées cartésiennes sont une longueur d’hypothénuse de 110 cm et l’angle de 30° qu’elle forme avec l’axe des abcisses.

Positionné en mode degrés (commutateur du sommet) et sur OFF (commutateur OFF n n-1), je vais donc taper 110, puis P → R (sans constater de réaction à ce stade), puis 30 puis de nouveau P → R ce qui provoquera l’affichage de 95,26 (dimension du grand côté du rectangle) puis 55 après une dernière pression sur P → R (le petit côté). La conversion inverse, partant de rectangulaire vers polaire aura un protocole quasi identique, avec juste une pression de INV avant chaque P → R.

Ce qui donne dans ce nouvel exemple : 95 ; INV ; P → R ; 55 ; INV ; P → R qui affchera 109,772… puis 30,0685… après une troisième pression de INV et P → R, soit la longueur de l’hypothénuse d’abord et l’angle ensuite.

On voit que le protocole d’entrée du couple de nombres de la Canon est spécifique et oblige à entrer les deux valeurs à la suite au moyen d’une touche unique. Le premier P → R se borne à l’enregistrement de la première valeur tandis que le P → R suivant prend en compte la seconde et lance le calcul. On notera qu’après l’affichage du premier résultat, un point vert à gauche du premier chiffre indique la présence du second résultat à collecter par une dernière pression de P → R.

J’espère être clair, un manuel aurait fait mieux j’en suis sûr !

Autre chapitre obscur qui oblige à bien tatonner pour comprendre sans aide aucune (à moins que, mais n’anticipons pas …), les statistiques et la régression linéaire.

La machine propose 5 mémoires (de 1 à 5) lorsque le commutateur statistique de gauche OFF n n-1 est sur OFF. Commuté en mode n les mémoires 4 et 5 ne sont plus disponibles. Pour entrer une série de données le commutateur de droite x xy LR doit être positionné sur x (statistiques à 1 variable) ou sur xy (statistiques à 2 variables).

Exemple : pour entrer la liste {5, 15, 7, 13, 18, 2} les données doivent être tapées puis validées l’une après l’autre par la touche SUM. A l’issue, OUT 0 donnera le nombre de valeurs, OUT 1 la somme des valeurs, OUT 2 la somme des carrés, OUT 3 la moyenne et OUT 4 l’écart-type d’une population (se commuter sur n-1 renverrait l’écart-type d’un échantillon).

Pour une série à deux variables, par exemple {5;49, 15;67, 7;70, 13;142} je devrai entrer les couples après m’être commuté sur xy puis taper 5 SUM 49 SUM ; 15 SUM 67 SUM ; 7 SUM 70 SUM ; 13 SUM 142 SUM. On notera là encore qu’un point vert signale pour chaque couple l’attente de la 2e valeur. Tout comme les séquences OUT n décrites ci-dessus pour les données x, OUT suivi du point décimal puis n (OUT.n) renverra pour n = 0 à 4 les séquences pour les données y, tandis que OUT.5 et OUT.6 seront consacrées à somme des xy et écart-type xy.

La touche DLT (=delete) s’utilise à la place de SUM, pour effacer une donnée.

Pour les opérations de régression linéaire, après la longue frappe des couples de valeurs x et y, on bascule le commutateur sur LR et alors pour toute valeur tapée, OUT renverra la prévision de y selon x. Je n’ai pas trouvé comment réaliser la prévision inverse, soit x selon y. Ce n’est peut-être pas prévu, ce serait étonnant.

Juste avant de basculer le commutateur de droite sur LR, j’aurais pu profiter d’être encore sur la position xy pour taper OUT.9 et vérifier ainsi la bonne corrélation de mes données x et y. Et OUT.7 et OUT.8 pour lire l’ordonnée à l’origine et la pente de la courbe de régression.

Je suis content d’avoir trouvé tout cela mais je dois avouer avoir beneficié d’une aide malgré tout. Alors que je cherchais une fois de plus un manuel ou quelques informations, notamment au sujet de la seconde prévision, j’ai croisé un excellent site qui montrait la fameuse plaquette aide-mémoire. Du coup, j’apprenais son existence mais aussi l’usage du point décimal. Avant cela, je m’étais résigné à la conclusion qu’il n’était pas possible d’obtenir les résultats statistiques des séries y, ni même l’indispensable coefficient de corrélation. Eh bien si ! la Canon offre la panoplie complète du calcul statistique à deux variables, donc sûrement aussi la seconde prévision.

Je mets ci-dessous le lien pointant vers le page du site dont je parle, qui présente la CANON F-71 et qui reproduit l’aide mémoire initialement fixé au dos de la machine, et que mon modèle a perdu, merci à l’auteur.

Un dernier mot, cette fois sur la précision de la calculatrice. Elle est de 11 chiffres (sur 10 affichés). Si je compare avec sa contemporaine SHARP EL-5000, aux mêmes caractéristiques, je constate que, comme elle, les fonctions trigonométriques s’exécutent sur 10 chiffres seulement. Mais lors des essais pratiqués par mes soins la CANON fait nettement mieux que la SHARP dont les résultats se montrent très moyens.


CANON X Mark I PRO

Un nom un peu compliqué pour une CANON au design un peu déroutant, sortie aux abords de 2012.

Dessin allongé, extraplat, immaculé, des touches affleurantes tantôt carrées ou rectangulaires, étroitement accolées, tel un quadrillage façon jeu de taquin. En main, la machine respire la qualité. Elle est bien construite, avec un écran matriciel très contrasté, présentant les nombres avec une fonte généreuse de 9X5 points.

Les fonctionnalités de calcul sont situées sur un segment scientifique haut. La CANON connait la sommation, le calcul intégral et différentiel, modules que la notation naturelle rend agréables à utiliser. La Mark Pro sait aussi décomposer en produit de facteurs premiers.

Le processeur semble inédit. Sa précision interne est élevée. Aux 10 chiffres affichés s’ajoutent de nombreux chiffres de garde, découvrables lors d’approches indirectes, dont les 4 plus lointains semblent perdus à la manipulation. Le nombre total de chiffres gérés en interne serait de 20. Le tout dernier peut se voir arrondi de façon inattendue. Ainsi la division de 1 par 3 donne 0,333 333 333 333 333 333 34, faisant penser à un arrondi par excès. D’autres nombres présentant une suite théoriquement infinie de 3 ne se verront pas arrondis. Ces décimales lointaines ont un comportement difficile à cerner et à observer, elles  semblent n’en faire qu’à leur tête sans qu’aucun artefact susceptible d’être attribué à un traitement interne binaire ne se rencontre.

Le manuel se prononce pour 18 chiffres officiels, mais annonce plus loin des valeurs préenregistrées pour Pi et e sur 20 chiffres, retranscrites dans le manuel mais de façon erronée, quand ceux inscrits dans la mémoire de la machine sont justes … Quel brouillard …

Ajoutons que si ∏ – 3.1415926535897932385 (20 chiffres) renvoie bien zéro, c’est aussi le cas si on lui soustrait 3.141592653589793238 (19 ch.) ou 3.14159265358979323 (18 ch.) ou 3.1415926535897932 (17 ch.) et encore 3.141592653589793 (16ch.). Ce n’est qu’une fois arrivé à ∏ – 3.14159265358979 (15 chiffres) que la Canon renvoie 3.2385E-15. Des chiffres de garde au comportement logique à n’en pas douter mais étrange tout de même.

Ci-dessous, une capture du manuel (page 99). Les 2 derniers chiffres y sont identiques pour e et Pi. et faux tous les deux comme l’indiquent deux autres captures, cette fois de l’écran, montrant les valeurs correctes.

 

De nouveau un extrait du manuel présentant en page 80 la précision interne.

Le test « Forensics » est logiquement excellent avec une valeur de : 9,000 000 000 000 313 888 8.

La CANON se débrouille bien sur cet autre test qui donne souvent du fil à retordre : tan(355/226 radians), et renvoie 11 premiers chiffres justes.

Côté vitesse de calcul, les performances sont modérées, avec l’avantage de voir apparaître l’impressionnant message PROCESSING lors de longs calculs.

Point toujours intéressant : les propositions incluent les variables, avec la possibilité de juxtaposer plusieurs propositions (le symbole « : » est géré), ce qui revient à créer dans la ligne de saisie des suites d’entrées pouvant agir comme le ferait un programme simple.

Calculatrice au design chic, bien construite, précise, la CANON Mark 1 PRO est une CANON puissante, restée sans doute trop méconnue. Elle existe aujourd’hui sous une forme plus traditionnelle : la CANON_F-792SGA, très implantée sur le marché canadien, et qui partage sans doute les mêmes secrets que la X PRO. Les manuels, grandement similaires le laissent entrevoir.

 

CANON F-62

 

La Palmtronic F-62 n’est certes pas la plus connue des calculatrices Canon.

Quels mystères peut receler ce modèle rare ? Bien peu je le crains. Il s’agit d’une scientifique 10 chiffres produite en fin des années 70. Elles est donc, comme beaucoup d’autres, mue par le processeur Nec D1856G, comme cela semble avoir été la règle à cette époque. Et par conséquent, il s’agit d’un « clone » technique de plus de ma toute première machine scientifique achetée à La Redoute en 1980.

Il exista quelques modèles scientifiques à 10 chiffres développés sur la base d’autres processeurs que le 1856.

Casio saura le faire, avec la FX-3100 par exemple. Canon aussi avec les F-63 et F-72. Mais ce constructeur prolifique se paiera le luxe de proposer en plus deux modèles à cœur NEC D1856G : la F-64 et cette F-62. Un autre géant, PANASONIC avait lui aussi proposé deux « Nec machines« , les JE-1432U et 1433.

Canon sut toutefois se démarquer. Les dispositifs d’alimentation sont originaux : La F-64 renonce au format extra-plat et reçoit deux piles AA, tandis que la F-62 fonctionne bien avec des piles plates, mais d’un type étrange et peu répandu : deux imposantes CR2430.  Pourquoi ces deux cœurs énormes dans une si petite calculatrice (11.5 cm de haut pour 7 de large), je ne connais pas la réponse.

Si l’écran de la F-62 est bien le classique d’une « Nec-Machine » à processeur 1856G, la présentation de la machine est typique de Canon, notamment le clavier et ses couleurs et légendes immuables, comme RV quand les autres gravent X<>Y ou EX, les « CI« , « SM« , et toujours un « a » élevé à la puissance « x » et jamais le « y » de tant d’autres …

 

Dernière minute …

Voici une autre calculatrice qui utilise également une CR-2430. Et ce n’est pas étonnant, car les boîtiers sont absolument identiques. Il s’agit de la SANYO CZ-1204 :

 

 

 

 

CANON X-07

En préambule, comment arrête-t-on le bip à la pression des touches ? Quand on ressort son X-07 qu’on n’a pas utilisé depuis longtemps, on risque bien d’être gêné par ces bips pleins de santé qui accompagnent vos premières tentatives de réapprivoiser l’appareil. Et commencent alors toutes sortes de manipulations empiriques et ratées pour retrouver le sésame qui apportera le silence. Un mot vous revient, celui de « console » qui intervient dans le processus, vous en êtes sûr. Vous le tapez, suivi d’un zéro par exemple, ou de 1, mais rien ne marche. Vous ne trouvez plus le manuel, vous cherchez sur le net, vous lisez des questions sans réponses d’autres utilisateurs désemparés, vous perdez du temps, peut-être vous agacez-vous. Un manuel est trouvé sur le net mais il vous faut le parcourir. A un moment vous tombez sur la bonne page, il faut en effet taper le mot « console », bravo pour la mémoire, mais aussi 3 virgules à la suite puis un zéro, tout cela sans espaces. On essaie  et voici la commande acceptée, et un X-07 qui ne dit enfin plus rien, quel bonheur … L’exploration peut commencer.

En résumé, le bip qui accompagne la frappe des touches est désactivé par :

CONSOLE,,,0


Au petit jeu consistant à citer les marques japonaises s’écrivant en 5 lettres, dont un A, et ayant produit des ordinateurs de poche dans les années 80, il est coutume de citer SHARP, CASIO et d’en oublier un troisième (*) : CANON qui n’en produisit il est vrai qu’un seul, mais combien original.

Fin 1983, CANON entre dans l’arène et défie les SHARP PC-1500 et CASIO PB-700 avec cet objet moderne et multicolore à grand écran (4 lignes de 20 caractères), muni d’un clavier d’ordinateur et d’un pavé directionnel d’aspect ludique. Le succès sera important et nombreux aujourd’hui sont ceux qui ne l’ont pas oublié.

Si au fil du temps j’ai fini par me procurer un certain nombre d’ordinateurs de poche de la grande époque, je n’ai fait que croiser des années durant cet appareil sans jamais le rencontrer.

Le X-07 peut-il être assimilable d’une quelconque manière à une calculatrice ? en particulier de poche ? C’est bien entendu bien plus que cela, mais qu’en est-il concrètement sur ce point ? L’absence de pavé numérique ne plaide pas en faveur d’une pratique aisée, même si la touche NUM aide un peu, mais n’anticipons pas.

Je viens enfin de me procurer un exemplaire du X-07 et vais pouvoir me faire une idée plus précise. De nombreuses pages de grande qualité existent sur le net sur cet appareil aux performances multiformes dont on ne peut pas faire le tour en une soirée. Je me suis intéressé ici aux possibilités de calcul, en particulier scientifiques de l’appareil.

En pratique : On commute l’interrupteur et l’écran répond, après avoir émis un bip et déroulé le message de copyright du Basic Microsoft. Le X-07 nous tend maintenant la main, c’est le moment de tenter une opération simple,  2 x 3  par exemple.

Cela commence mal, une légende d’erreur est retournée aussi sec. Pas vaincu pour autant, on cherche un symbole de racine carrée pour un autre essai, et il est introuvable.

Un peu plus tard, nous voilà maintenant convenablement documentés, c’était la moindre des choses, et nous savons que l’ordinateur X-07 doit être au préalable interrogé par le symbole pour toute demande de calcul manuel (le ? peut être remplacé par l’ordre PRINT).

Dans mes exemples, la syntaxe devient 2 * 3 RETURN et SQR(2) RETURN (parenthèses obligatoires). Les opérateurs arithmétiques sont disponibles sur le clavier mais tantôt en saisie directe (le  et le /) tantôt en fonction seconde (* et +).

Ce n’est pas très encourageant tout ça. Sauf que les réponses retournées se montrent précises à 14 chiffres, et là on se dit que le X-07 est à coup sûr un as du calcul.

Comme il est doté d’un langage BASIC de bon niveau, on devine que les fonctions trigonométriques seront présentes. Et en effet le X-07 exécute les classiques SINUS, COSINUS, et TANGENTE. Mais uniquement dans le mode RADIANS. Quant à la fonction ARC, seul l’ARC tangente est géré. Pour changer le mode angulaire on peut passer par PI, mais tiens, la fonction PI n’existe pas non plus sur le X-07. Et seuls les logarithmes à base e sont disponibles.

Bon, ne baissons pas les bras, on doit bien pouvoir tout calculer quand même, il va juste falloir se contorsionner, et toujours jouer du SHIFT pour les parenthèses et les opérateurs, cela augure quelques menues difficultés.

Afin de tester la précision de calcul, j’ai choisi de soumettre le X-07 aux tests du cumul des sinus, et aussi au fameux test Forensics.

Mais aïe, pour ce dernier test, en plus de devoir convertir les radians en degrés, l’ARC cosinus et l’ARC sinus sont nécessaires, pourtant tous deux absents comme remarqué plus haut. Comme je tiens à exécuter le test dans les règles de l’art il me reste à tirer la quintessence de la seule fonction ARC tangente offerte.

Après avoir bien trituré la formule classique (programme ci-dessous **), le X07 me gratifie d’un excellent résultat : 8,9999999955737.

Pour le test du cumul des sinus de 1 à 359, j’ai dû procéder en deux fois. Ce test réalisé par programme donne classiquement deux indications, celle de précision – l’écart au zéro attendu – et la vitesse de déroulement du programme effectuant 359 itérations de calcul trigonométrique.

Pour m’adapter au seul mode RADIANS disponible, chaque itération s’est vue alourdie d’une conversion en degrés, ce qui impacte forcément le temps de calcul global. Dans quelle mesure ? Pour le savoir, en plus de ce premier programme, qui a donné en l’occurrence un excellent écart à zéro de -5.096E-12 en 56 secondes, j’ai lancé une version analogue, travaillant sur une valeur d’angle arbitraire et unique, et ce sur les 359 itérations. La structure du programme est la même, le résultat ne présente pas d’intérêt, seul le temps de calcul est important. Débarrassé des conversions, le X-07 boucle cette fois en 50 secondes, ce qui n’est pas ridicule du tout (72 s. pour le SHARP PC-1500 et 56 s. pour le CASIO PB-700).

Quant aux 14 chiffres de précision, ils ne se rencontreront sauf erreur de ma part – et hormis les modèles à double précision (***) – pas avant la décennie 90.

Le CANON X-07 est un ordinateur qui sait calculer on le voit. Mais le calcul manuel est pénible et réclame ici, plus que jamais, une parfaite symbiose entre l’objet et son utilisateur.

Pour aller (beaucoup) plus loin qu’ici sur le X-07:

Silicium.org

La page du Canon X-07 de Guillaume TELLO

Obsolete-tears.com

Le musée des Ordinateurs de poche

(*) Il y eut aussi SANYO dont le PHC-8000 semble avoir définitivement disparu des radars.

(**) Le listing de programme présenté provient d’un Casio FX-702P

(***) A noter que le X-07 connaît les simple et double précisions. C’est cette dernière qui est active par défaut et donne les 14 chiffres de capacité. A contrario, les modèles SHARP à double précision (20 chiffres pour les PC-1475, PC-1280, PC-E500) travaillent par défaut en simple précision de 10 chiffres.

CANON F-300P

canonF300P

Canon a incontestablement produit beaucoup de calculatrices originales. Des Pocket Computer aussi, enfin juste un seul, le X-07, qui a toujours ses fans aujourd’hui.

Et entre les deux, Canon signe en 1983 le F-300P, une calculatrice scientifique programmable, d’une conception peu banale, qui se donne l’aspect d’un Pocket Computer.

Les performances et caractéristiques ne sont pas époustouflantes pour autant, bien que les fonctions statistiques soient étoffées. Idem pour l’aspect programmation qui peut décevoir, avec notamment 336 pas de programme, c’est peu, point de langage Basic, ni de boucles.

Continuons notre exploration. Je constate qu’à l’instar du Ti-95 Procalc, le F-300P a su exploiter sa disposition horizontale pour déployer un écran de belle taille. Et ici, c’est du 20 caractères sur 4 lignes de haut. Précisons que la ligne supérieure est réservée à l’affichage des statuts et codes d’erreur, la ligne inférieure est dédiée aux entrées tandis que les deux du milieu montrent opérandes et résultats du calcul précédent. A noter des caractères affichés au format 6 X 5 points, une singularité de plus.

Les caractères alphabétiques sont disponibles, dont un « O » étonnant qui ressemble à une pomme, comme celui du SHARP PC-1211. La convention d’écriture du zéro intégrant une barre diagonale n’est pas encore appliquée sur ces deux modèles, qui rappellent du coup leur âge vénérable.

La frappe d’un calcul au clavier serait plutôt naturelle si la manipulation des mémoires n’était pas aussi littérale. Les variables n’ont pas encore de transcription symbolique et la ligne est donc un mélange d’écriture naturelle et de blocs comme RM04 (par exemple « 6 x ( 8 + RM04 ) ». Au sujet des mémoires, elles sont au nombre de 6 par défaut (01 à 06). Comme elles peuvent être étendues à 48, leur adresse comporte toujours deux positions. Gare au 0 de RM04, oublié, la réponse sera dans ce cas l’affichage d’un « ?« , symbole d’erreur du F-300P.

La programmation se résume à une simple mémorisation de formules. Les caractères alphabétiques sont acceptés pour l’insertion de messages, c’est bien mais reste décevant pour un appareil de cette allure.

Pour finir, une dernière étrangeté : quand on regarde derrière le F-300P, tout est à l’envers ! légendes, n° de série, etc. ont la tête en bas …

On le voit le Canon F-300P est une machine originale. Des fonctions courantes, plutôt simples, un maniement peu intuitif (manuel indispensable), l’aspect d’un Pocket Computer, pas seulement par la disposition ou l’écran, la taille est aussi imposante, la surface est à peu près celle du SHARP PC-1500. Et aussi la présence d’un port pour une sympathique imprimante.

300F

La partie que je préfère dans un manuel est celle des annexes où l’on peut apprendre des choses très intéressantes. Exemple l’annexe du manuel du 300P où il est question de la gestion interne des opérations en attente :

CANON F-720i

 

Les calculatrices scientifiques CANON ne sont pas toujours faciles à trouver en France.

Celle-ci a été achetée en Finlande en 2009, dans un des grands centres commerciaux de la capitale.

La 720i est une scientifique très complète, et ultra précise (précision interne d’une vingtaine de chiffres). Nous trouvons dans la 720i un système de représentation des nombres original, pas unique cependant. Il s’agit de la représentation binaire, rencontré sur la HP-30S et quelques rares autres machines, quand l’immense majorité des calculatrices travaillent en « décimal codé binaire ». Dans ce dernier mode, chaque chiffre constitutif d’un nombre se voit individuellement codé en binaire puis recodé en décimal après calcul. Une machine purement binaire peut faire surgir des bizarreries, comme ici la valeur PI exprimée par 20 chiffres corrects puis une longue suite de chiffres faux.

Ouvrons une parenthèse hardie et demandons-nous si cette ribambelle de chiffres faux est pour autant un préjudice de calcul pour l’utilisateur ? Si la machine était capable d’effacer ces chiffres intempestifs, cela ne reviendrait-il pas à les remplacer par des zéros, qui seraient finalement tout autant faux. Peut-être trouvons-nous là une illustration des mystères du vide et du zéro, je quitte cette petite parenthèse hors-sujet.

Admettons bien volontiers que ces bouts de nombres bizarres font néanmoins désordre.

Enfin, une caractéristique visuelle souvent rencontrée chez le constructeur : des chiffres droits et non italiques.

CANON F-802P

CANON802

Machine en forme de un couteau suisse : fonctions scientifiques, statistiques, bases de numération, conversions, 10 mémoires, 10 chiffres, programmation.

Ses capacités de programmation sont tout de même chiches avec 128 pas disponibles et les GOTO n’agissant que par sauts de 10 pas en avant ou en arrière.

Machine de la fin des années 80, fabriquée en chine, la 802P est l’équivalente verticale de la CANON F-800P, modèle plus diffusé me semble-t-il.

CANON FP-10

CANON_FP10

J’ai longtemps cru cette calculatrice définitivement inaccessible. Je n’en connaissais que quelques rares photos. Et voilà qu’un jour, l’occasion se présente d’acquérir à mon tour cette singulière machine.

La CANON FP-10 n’est pas qu’une simple calculatrice scientifique. Elle est munie d’un dispositif d’impression. Elle est donc membre d’une famille très fermée de six machines tout au plus, conçues sur le principe de la calculatrice scientifique de poche à imprimante intégrée.

Les autres membres du club très fermé sont : PANASONIC JE-611P, SHARP EL-550, CANON FP-11, HP-19C, TI-45MSP. Je parle bien ici de calculatrices scientifiques et non financières ou commerciales. A noter que la CANON FP-11, et surtout la HP-19C sont aussi programmables.

Si la PANASONIC et la TI intègrent parfaitement le dispositif d’impression, préservant un design fin et élégant, cela devient plus dur pour la SHARP et la CANON FP-11, plutôt épaisses, et plus encore pour les HP-19C et la FP-10 ici présente, cette dernière dissimulant mal son volume général. A sa décharge, elle est la seule à embarquer un rouleau standard de 58 mm, comme les machines de bureau. Du coup, le rouleau se fixe à l’extérieur de la coque, seul le dispositif d’impression se trouvant réellement embarqué.

Produite au début des années 80, l’alimentation de la FP-10 est assurée par un bloc accus. Les fonctions disponibles sont classiques pour une scientifique, excepté la touche LA (comme Last) qui renvoie le dernier résultat.

Calculatrice de dimensions importantes (10 cm de large, 4 d’épaisseur, 18.5 de haut et 415 g sans rouleau), la FP-10 est-elle encore une machine de poche, ou bien occupe-t-elle une position intermédiaire, aussi à l’aise en usage nomade que posée sur un bureau ? Elle est en tous cas indéniablement puissante, ultra portable et autonome, ses batteries lui ôtant le fil à la patte des machines de bureau classiques. Pour trancher définitivement, il faudrait connaître le type de tâche que lui destinait son constructeur. De façon générale, pour quel usage spécifique ont bien pu être conçues ces atypiques scientifiques à imprimante en nombre si restreint ? à coup sûr j’aimerais le savoir.

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CANON F-54

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La CANON Card F-54 est une calculatrice scientifique du début des années 80 dotée de fonctionnalités classiques.

Ce qui interpelle, ce sont les dimensions minuscules, en particulier l’épaisseur, inférieure à 4 mm (CANON revendiquait 3.5 mm dans son prospectus de présentation). L’impression en main est étonnante. Il s’agit ni plus ni moins d’un objet privé de sa troisième dimension.

On pourrait croire qu’une machine si fine sera fragile. Ce n’est pas le cas, la rigidité est impressionnante. La CANON F-54 respire l’acier, et le grand nombre de vis au dos parle en faveur d’une armature interne sophistiquée.

L’alimentation est assurée par une simple pile plate de 3V CR2032, logée dans un compartiment typique de CANON : le couvercle évoque l’univers de la montre, il donne accès à la pile par pression et rotation d’un quart de tour.

Quelle peut être la période exacte de production de cette calculatrice ? Les indices parlent: l’absence d’auto shut off et de mémoire permanente, les commutateurs physiques indiqueraient la fin des années 70. Mais l’afficheur LCD gris et non plus jaune va dans le sens du début des années 80. Le numéro de série, qui commence par 2, pointerait alors de manière plausible l’année 1982 comme millésime de mon modèle.

Objet magnifique, d’un design abouti et d’une qualité de construction indéniable, la CANON F-54 est en revanche peu agréable à utiliser. Je trouve les touches trop serrées, et la zone inférieure du clavier est sombre donc peu lisible. Tant pis pour la perfection qui comme on le sait est impossible ici bas. La CANON F-54 est une des plus belles calculatrices jamais construites et c’est une excellente raison de se réjouir d’en avoir une chez soi …

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CANON F-64

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La F-64 n’est pas la plus courante des calculatrices scientifiques de Canon. Elle semble toute simple. Mais à y regarder de plus près, c’est une machine puissante, offrant toutes les fonctions qu’on pouvait attendre en 1980.

Outre les fonctions trigonométriques et logarithmiques, la F-64 offre les conversions de coordonnées polaires/rectangulaires, les combinaisons et permutations, la trigonométrie hyperbolique, et les statistiques, les probabilités sous la courbe en cloche (ND = Normal Distribution).

L’afficheur est un 10 chiffres calé à gauche, avec capacité maximale de <1E107. Cette dernière caractéristique signe l’électronique qui équipe plusieurs autres modèles d’autres marques. Point commun à toutes ces machines : l’affichage de la factorielle de 73, et l’affichage de 11 chiffres significatifs dans certaines situations. La CANON se distingue cependant,  car c’est la seule de cette famille qui ne soit pas une extra-plate. La F-64 est alimentée par 2 piles AA. Autre différence, point ici de touche F, de sorte que les conversions angulaires, pourtant forcément implémentées, semblent inaccessibles.

La F-64 possède une physionomie typique des calculatrices CANON, notamment les couleurs, l’ambiance. Beaucoup de CANON lui ressemblent, dont la F-43 de cet autre article.

Autre détail typique de certains modèle CANON, la fragilité des légendes de touches, qui s’effacent à la longue. Ici, la touche d’effacement (sous la touche log) est complètement effacée …

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CANON F-73P

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L’identité de marque est très forte sur cette CANON de 1982 : les touches CI, RV, les couleurs vertes et oranges sur les touches et légendes, la rangée de 5 touches entre le pavé numérique et le pavé scientifique.

Sur le plan technique, la F-73P est un couteau suisse. En plus des fonctions scientifiques classiques, elle offre : Statistiques à 2 variables, régression linéaire, conversions anglo-saxonnes, bases numériques 16 et 8, et capacités de programmation.

Sur ce dernier point, peu d’ambition cependant : 45 pas, pas d’édition possible, pas de visibilité du programme entré, et si les sauts conditionnels existent, ils sont peu pratiques à mettre en oeuvre. Le goto ne peut en effet sauter plus loin que 10 pas, d’où l’obligation de placer des goto en ricochets pour les sauts plus longs … Autant dire que pour programmer cette machine, il sera nécessaire d’être motivé.

Côté performances, la Canon n’est pas rapide en exécution de programme. La précision (sur 11 chiffres internes) est correcte.

Une particularité : on remarque une touche OFF en haut à droite. Pourtant, un interrupteur mécanique est également présent. Ce dernier éteint et vide les mémoires de la machine. La touche OFF éteint, mais préserve les données.

CANON F-7

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Peut-être la plus belle des machines crées par le géant CANON.

Produite en 1974, la F-7 est incontestablement une antiquité. Elle est pourtant moderne tant par le design, déjà typiquement Canon, que par ses possibilités techniques.

Parmi ces dernières, on peut souligner :
– la gestion des priorités d’opérateurs
– une précision interne de 10 chiffres
– une fonction d’élévation à la puissance qui masque les calculs intermédiaires
– le gestion de la notation avec exposant de 10
– une touche permettant de manipuler des nombres sous forme de fraction
– des conversions d’unités …

Avec des traits pittoresques, comme la présence de deux mémoires travaillant chacune selon sa propre philosophie : l’une est un registre de stockage et rappel, l’autre est un registre d’accumulation, avec totalisateur affiché et vidé par le « T » bien connu des additionneuses de bureau. Et aussi une factorielle maximale de 70, bloquée cependant en erreur, avec un exposant inexact. Et aussi sur les touches, tantôt le x tantôt le a

L’afficheur est un confortable et large LED, à 8 + 2 chiffres rouges. Les 7 segments des digits sont constitués de micro-points.

Une autre caractéristique non rendue par la photo est la taille de la F-7, absolument énorme. A titre de comparaison, elle dépasse en hauteur la corpulente TI SR-52, et égale la CASIO Graph 100, une machine graphique !

Au delà des caractéristiques, la qualité de conception et de fabrication de la CANON s’impose aux yeux. Tout y est parfait, naturel, beau, fonctionnel. C’est aussi le cas de la cassette des piles (AA X 4), dispositif qu’on ôte pour y placer les piles et qui s’enclenche avec un clic rassurant.

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Ci-dessous la F7 aux côtés des très verticales TI Nspire et HP-48. Une taille inhabituelle.