SHARP PC-1211

Le tout premier ordinateur de poche Basic.

Tout a été dit sur le PC-1211. Sharp a réussi un pari inattendu et incroyable avec un modèle qui a lancé une nouvelle génération de calculatrices-ordinateurs ayant perduré tout au long des années 80 et plus, grâce à l’émulation suscitée au sein des constructeurs concurrents.

En quoi consistait ce pari ? : « nous sommes en 1980, tournons la page des calculatrices qui peuvent se programmer, et passons aux ordinateurs qui peuvent aussi calculer ». Quel était le concept ? Des machines au format horizontal, un écran LCD alphanumérique à faible consommation, se déployant sur toute la largeur offerte, un langage de programmation évolué, puissant, conversationnel, ouvert à tous. Et un design à la fois travaillé et dépouillé, ne laissant apparaître que les claviers alpha et numérique. Réussite totale. De cette recette surgiront des dizaines de machines aux possibilités toujours accrues.

A noter que le Sharp PC-1211 me semble avoir un statut spécial. Contrairement à ses successeurs, il n’est pas un « ordinateur de poche », ce terme désignant juste après lui cette nouvelle génération d’appareils. Le Sharp PC-1211 est un « ordinateur », tout simplement. C’est comme cela qu’il était vécu, comme l’ultime incarnation d’une informatique en pleine effervescence, devenue portable, aussi puissant qu’un gros ordinateur de l’année passée, et enfin accessible au grand public.

Mon tout premier contact avec le SHARP PC-1211 : Des catalogues de composants électroniques que mon frère consultait régulièrement. Dans certains encarts minuscules, on distinguait le PC-1211. Les petites descriptions évoquaient l’univers du calcul et de la programmation (notamment le terme non équivoque 1424 pas). Bref, cet appareil m’intriguait, mais je ne disposais pas d’informations.

Mais voilà qu’un jour, au lycée, le professeur principal entre dans la salle de cours en tenant un petit objet mystérieux au creux de ses mains. D’un air solennel il nous annonce que ce minuscule objet a 10 fois plus de capacité que tout le matériel informatique qu’on pourrait trouver dans cette école (notamment l’Olivetti P203 de la classe de comptabilité). S’ensuit une présentation de l’objet, du programme de jeu que le professeur a entré en mémoire. Puis l’appareil passe de mains en mains, moment inoubliable, qui ne répond pas encore à mes interrogations sur la nature de cet appareil, ses possibilités, sa raison d’être. Le précieux magazine « L’Ordinateur de Poche » m’apportera les réponses.

C’est bien plus tard, en mai 2006, que j’aurai enfin mon PC-1211 à moi. A cette occasion, une petite frayeur, étant convaincu d’un défaut de l’affichage. Le « O » ressemblait en effet à une pomme, avec une queue qui dépasse en haut. Pas de quoi avoir peur cependant, le « O » en forme de pomme, c’est normal, juste une bizarrerie de sa Majesté le PC-1211(*). D’ailleurs le zéro est lui aussi spécifique. Il est rectangulaire et ne comporte pas encore la barre diagonale qui se généralisera par la suite pour différencier les « O » des Ø.

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Le PC-1211 est particulièrement vulnérable au mal de « l’huile noire ». On voit ici l’écran dont le noircissement a déjà commencé sur le pourtour. Cette altération affecte la lisibilité mais reste heureusement sans effet sur le fonctionnement de l’appareil.

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Peu de 1211 demeurent intacts aujourd’hui, mais tout n’est pas perdu : il a existé une version tardive du PC-1211, à écran gris et nommée PC-1212.

Le PC-1212, machine non rare, pour l’instant à l’abri de l’huile noire, permet de retrouver toute la magie du 1211. Pas complètement cependant car l’écran jaune fait partie de mon point de vue de la personnalité du PC-1211. En gris ce n’est plus tout-à-fait pareil.

[ajout de 2023]

Il existe aujourd’hui des prestataires qui proposent des écrans de remplacement, strictement identiques à l’original (**). Le très populaire SHARP PC-1251, désormais concerné lui aussi, peut également recevoir son écran de remplacement.

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(*) Caractéristique partagée avec le CANON F-300P

(**) La couleur de l’écran est d’un ton sensiblement différent de l’original malgré tout

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