TEXAS-INSTRUMENTS TI-57

La mythique TI-57.

Cette machine fut très diffusée entre la fin des années 70 et le début des 80. C’était une programmable à prix étudié. Et quelle programmable !

Nombre d’informaticiens d’âge mûr désormais avouent avoir débuté et découvert leur vocation sur cette machine. Au menu des possibilités: des sauts conditionnels, des sous-programmes, une touche PAUSE magique, un compteur de boucles. De quoi se faire plaisir.

Mais une contrainte : la taille mémoire minuscule de 50 pas. Les ardeurs étaient vite refrénées et le maître-mot était « optimisation », ou comment, à force d’astuce et de connaissance intime de sa machine, faire entrer un programme de 70 pas sur le papier dans les 50 disponibles. C’était du sport.

Ce qu’on oublie souvent de mentionner quand on parle de ses limitations, c’est qu’à la différence des 58 et 59, la 57 permettait les codes combinés. Ce qui signifie qu’un seul pas était suffisant pour stocker à la fois l’instruction (stockage mémoire par ex.) et l’adresse (mémoire n° 5 par ex.). Si l’on ajoute l’arithmétique directe en mémoire et le recours aux sous-programmes pour sous-traiter les redondances, tout cela permettait de ne pas voir arriver trop vite l’ultime pas n° 49.

Une autre limitation, la mémoire volatile : la machine se vidait complètement à chaque extinction. Certains explorateurs talentueux découvrirent qu’il était possible de tromper la machine par un petit programme en principe invalide, qui ouvrait en fait une porte vers des manipulations secrètes. On pouvait ainsi n’éteindre que l’affichage, procurant une autonomie plus décente à la machine (autonomie native de 3 heures seulement). Il était aussi possible par ce moyens de faire apparaître les lettres A B C D E F, de quoi enflammer les neurones des programmeurs en herbe.

Deux dernières particularités de la 57 : lors de l’exécution d’un programme, l’afficheur montre le déroulement de celui-ci à grande vitesse … sur fond de vocalises de grésillements, bien audibles en collant l’oreille au dos de la machine.


J’achetai ma TI-57 au printemps 81, dans une librairie qui soldait toutes ses calculatrices 25%. C’était encore très cher pour moi, mais 224 Francs, c’était le meilleur prix que j’aie pu voir en deux ans.

De retour chez moi, je constate un problème. Le ressort de l’interrupteur n’est pas bien en place, de sorte que la machine s’allume quand je l’incline à droite, et s’éteint si je la penche à gauche (ou le contraire je ne sais plus) … Déception. Je la reporte chez le marchand, qui reconnait le problème et me remplace la 57, dont je vérifie sur place le clic de l’interrupteur. De retour chez moi, ça ne va toujours pas. Cette fois, la machine s’allume mais aucune touche ne répond. Que se passe-t-il donc ? En fait, la touche RST est complètement bloquée et ne peut s’enfoncer. Ce blocage rend inopérantes les autres touches. Je visite à nouveau le marchand qui, cette fois fait la grimace. Il me donne une troisième machine, sa dernière. Heureusement, c’est la bonne et cette TI fonctionnera à merveille pendant … un an. Après cela viendra le problème des touches qui rebondissent, énorme défaut des claviers TI de cette époque. Quel dommage.


J’ai eu  l’occasion d’ouvrir beaucoup de TI de cette génération présentant un clavier défaillant, pour tenter de comprendre et remédier aux rebonds pénalisants. J’y ai souvent vu un rectangle de mousse fortement usé. Cette mousse s’interpose entre les picots du clavier et les dômes métalliques pour établir le contact avec la carte électronique. Son rôle unique me semble être de repousser uniformément les touches côté utilisateur.

J’ai remplacé ce rectangle de mousse toutes les fois où il tombait en morceaux, parfois avec des supports divers découpés aux ciseaux, d’autres fois avec le rectangle idoine provenant d’autres machines. Je n’ai pas vu d’amélioration.

J’ai observé les dômes métallique de près, ils étaient toujours impeccables et n’expliquaient pas les rebonds. De tels dômes, visiblement un peu différents mais fonctionnellement identiques équipaient la génération précédente, les SR-52, SR-56, SR-50 etc. qui n’étaient pas victimes des rebonds intempestifs.

J’en suis venu à imaginer qu’un composant électronique mystérieux, gérant spécifiquement les appuis multiples n’ait pas été implanté sur les TI-57 et contemporaines. Je n’ai aucune idée de la validité d’une telle conclusion, mais elle expliquerait le problème.

 

TI-57-2

 


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