TI-nspire -Version TI-84

Je me demandais depuis longtemps comment ça pouvait marcher.

Parmi les nombreux visages que présenta la TIspire jusqu’à nos jours, il en fut un, peu banal, qui en 2007 offrait en série une parfaite comptabilité avec une autre calculatrice de la marque, la TI-84, et ce dans un but de compatibilité avec les salles d’examens.

Deux claviers interchangeables étaient disponibles pour transformer l’une en l’autre. Il faut noter à ce sujet que contrairement à la SHARP EL-9900 au clavier réversible ayant requis l’étude d’un boîtier spécifique, les spire, du moins celles à piles AAA ont structurellement un clavier amovible, les piles s’insérant clavier déposé.

L’énigme est ailleurs : Une spire, c’est rapide comme l’éclair et ça affiche des caractères fins et définis. Tandis qu’une TI-84 montre des pixels de taille classique et des chronos plus modérés. A quoi va ressembler cette drôle de 84 une fois le clavier idoine en place ? Héritera-t-elle de la vélocité, de la mémoire, de la définition de la machine hôte ? Et sera-t-elle seulement programmable ?

Ayant acquis récemment cette machine à double personnalité, je vais pouvoir chercher les réponses.

Je mets en place le clavier 84 et appuie sur ON. La spire affiche alors une barre de progression indiquant le chargement du système d’exploitation (message identique pour l’un et l’autre clavier). L’écran nous informe furtivement que nous sommes en présence d’une TI-84 Silver Edition puis ajuste l’écran en le bordant de fines bandes sombres. Nous voilà face à une TI-84 à la mine – du moins l’écran – parfaitement authentique, avec de gros chiffres de 5 X 7 pixels et une vitesse de calcul qui n’est pas celle, bien plus élevée, de la machine hôte mais bien d’une classique TI84 Silver Edition. La mémoire libre affichée est de 24,317 K plus 1540 K d’archivage, soit loin des 27.8 méga-octets du mode spire.

La schizophrénie semble totale. Mais comment cela marche-t-il ? Avons nous affaire à deux électroniques spécifiques embarquées dans le même boîtier, à savoir deux processeurs, deux puces mémoires … Ces puces 84 ne seraient-elles d’ailleurs pas implantées sur le clavier 84 lui-même ?

Démontons pour regarder.

Comme on peut le voir sur les photos, le clavier amovible n’embarque aucun processeur ou puces de mémoire. Quant au PCB de la machine, c’est celui d’une spire, sans rien d’additionnel qui frappe l’œil. La partie TI-84 serait dans ce cas une émulation purement logicielle, un programme inscrit en ROM, tournant sous le puissant processeur de la spire.

Loupe en mains, l’émulation est aussi à l’oeuvre côté afficheur, celui-ci segmentant pour l’occasion sa dalle LCD en zones de 21 X 15 pixels consacrés à l’affichage des caractères, soit 3 X 3 = 9 pixels pour l’émulation d’un point. Le tour de passe-passe est parfaitement invisible à l’œil nu.

Cette TI-84, ici en version 2.46 est pleinement programmable, présentant notamment les fonctions d’entrée / sortie et de tracé programmé que le mode spire ne gère pas encore à ce stade de son existence, c’est un comble.

Avec l’écran géant et le clavier confortable, la TI-84 émulée révèle une vraie qualité bien involontaire: elle est parfaite pour qui n’a plus ses yeux de lynx d’antan.

En conclusion, ayant trouvé trop peu d’éléments sur le net concernant cette machine peu commune, la description à laquelle je me livre ici est tirée de mes observations et peut pâtir de mes faibles connaissances en électronique. Je remercie par avance le lecteur qui en saurait davantage de me corriger le cas échéant.

 

Les photos :

La matrice 15 x 21 simulant celle de 5 x 7 de la TI-84

Des pixels de 9 « sous-pixels »

Le clavier amovible « TI-84 » ouvert

Le PCB de la nspire

 

 

 

 

 

 

CASIO Classpad 300

Sorti au début des années 2000, le CASIO Classpad 300 apparaît  aujourd’hui bien rétro après avoir incarné la modernité, en particulier depuis l’arrivée de son successeur CP400 à écran couleur.

Sorti en pleine vogue du Palm Pilot et autres appareils pilotés par stylet, la philosophie du Classpad était en rupture avec celle, bien tranquille, des calculatrices programmables de l’époque.

Je me souviens l’avoir découvert dans un encart publicitaire du magazine Tangente, et avoir été étonné par cet appareil étrange, au clavier réduit à sa plus simple expression, laissant toute la place à un grand écran interactif, d’où pouvait surgir au besoin un clavier virtuel ultra complet.

La pensée qui me vint à ce moment précis fut, à tort ou à raison, celle du plagiat : « Casio serait dans le secret allé au bout d’un concept, initié par Hewlett-Packard et abandonné un an avant la date de sortie prévue en 2002″.

Le Xpander de HP avait un aspect et une philosophie approchants : un grand écran, vertical, bien adapté aux fonctions graphiques, de géométrie en particulier, un clavier physique atrophié, le fameux stylet. Mais différences importantes : le CASIO est pleinement programmable et son système d’exploitation est propriétaire, quand HP avait choisi d’implanter une version mobile de Windows.

L’écran du Classpad 300 d’origine n’a pas toujours eu bonne réputation en matière de contraste. Les versions ultérieures comme ce 330S s’en sortent mieux, bien que le ressenti visuel apparaisse aujourd’hui anachronique.

Si l’usage d’un stylet, obligatoire tant il existe de zones interactives minuscules, est désormais déroutant, c’est un vrai plaisir que d’aller à la découverte de toutes ces fonctions implantées dans une interface graphique riche et originale.

L’usage d’un écran vertical n’est pas forcément intuitif. On est bien plus habitué aux écrans plus larges que haut. Du coup, malgré une surface importante, les yeux sont tentés de ne remarquer au début que l’étroitesse toute relative de l’écran. Le Classpad ne s’utilise pas tout-à-fait comme les autres machines, il faut acquérir un geste.

Que penser de ce slogan visible sur la brochure d’époque reproduite ci-dessous ?

Casio semblait méconnaître en 2003 la production des autres constructeurs car, au sens strict du terme, la première calculatrice graphique à écran tactile fut la SHARP EL-9600, sortie 6 ans plus tôt.

CASIO GRAPH 100

CASIO_GRAPH1008

Cette calculatrice de haut de gamme CASIO me paraît importante, entre autres raisons, pour sa réussite esthétique. Et ceci n’engage que moi bien évidemment.

Il me semble qu’avec cette machine est atteint un aboutissement du concept de calculatrice graphique, apparu en 1986, avec la Casio FX-7000G.

Souvenons-nous que la FX-7000G tournait la page de l’ère « basic » en proposant des calculatrices à possibilités graphiques : afficher le tracé et l’analyse des courbes. L’aspect de la FX-7000G était étrange : un retour brutal à la verticalité, avec une hauteur impressionnante, quasi dérangeante, un écran très carré, et beaucoup de touches multicolores. Une gamme s’était rapidement constituée, avec la FX-8500G pour évolution ultime.

Puis arriva la FX-7700G qui présentait la première mutation esthétique importante, démontrant qu’une machine graphique pouvait être belle : cette fois le design incorporait naturellement l’écran (toujours bien carré) dans le prolongement du clavier.

Avec la GRAPH 100, le concept initial de la FX-7000 est abouti : ainsi la coque, d’un seul bloc, intégre de façon harmonieuse l’écran graphique qui semble enfin devenu rectangulaire, donc plus agréable à l’œil que le carré d’origine. On constate que la Graph100 possède un dessin pur et travaillé, avec des galbes discrets, quasi sensuels. Quel que soit l’angle sous lequel on regarde, l’œil est flatté. A titre de comparaison, la toute proche GRAPH 80 a un aspect autrement plus fruste et lourd.

Enfin, l’afficheur monochrome est de grande qualité : superbement fin, magnifiquement contrasté, et sans le moindre reflet.

 
CASIO_GRAPH100

TI-89 TITANIUM

TITANIUM

Lancée voilà maintenant plus de 25 ans, cette calculatrice haut de gamme que fut la TI-89 a bien marqué son époque et restait encore récemment commercialisée sous les traits de la TI-89 Titanium.

La révolution avait commencé en 1995 avec une machine d’aspect et de dimensions inhabituels. La TI-92 n’était pas seulement une calculatrice scientifique programmable, elle inaugurait le calcul formel, dans une présentation horizontale favorisant un large écran de grande définition et permettant une prise en mains étonnamment efficace.

La TI-89 en fut une traduction au format calculatrice plus conventionnel. Une machine davantage amie et complice de l’étudiant quand les plus récentes d’aujourd’hui me semblent devenues l’auxiliaire froid et sourcilleux du professeur.

Que dire de ses caractéristiques techniques, retrouvées intactes dans la Titanium ? Une puissance énorme, de très nombreuses fonctions mathématiques poussées. Et des capacités de programmation de premier plan. On peut tout programmer avec la 89, du plus simple au plus complexe, y compris en langage assembleur. Le langage TI-Basic est naturel et aisé à mettre en œuvre. Et une mémoire disponible vaste.

Un des points forts de la TI-89 est son écran, nettement plus défini que sur les modèles concurrents de l’époque HP-50G, SHARP EL-9900G, CASIO. Depuis l’arrivée des actuels écrans couleur, initiés par CASIO mais aussi des nSpire et HP-39GII, la 89 a cessé d’être la référence sur ce point.

Si la première TI-89 ne montrait pas une personnalité particulièrement affirmée dans sa présentation, la TITANIUM osera des formes rondes et indéfinissables. D’aucuns la trouvent laide, d’autres se préoccupent moins de l’aspect esthétique, pour ma part je la trouve magnifique. Une couleur brune claire en deux tons caractérise la plus ancienne, le ton brun brillant plus profond drapant la TITANIUM ultime de 2007.

La Titanium n’est pas la plus rapide des TI. La 83+SE de l’an 2000 l’était presque 4 fois plus. Deux tests de vitesse de calcul pratiqués au sein de la famille 89 sont proposés ci-dessous.

La Titanium est une machine impressionnante en mains : Grandes dimensions, écran d’une grande finesse supérieurement contrasté. Un clavier aux touches travaillées au toucher excellent. Une interface de navigation agréable elle aussi.

Un seul défaut selon moi, l’écran trop petit, où les petits caractères requièrent de bons yeux. La famille 89 est il est vrai la version « de poche » de la TI-92 dont l’écran est naturellement plus confortable.

Ci-dessous, la TI-89 dans sa version tardive et européenne de 2003 avec coloris spécifique et invite d’accueil retrouvée plus tard sur la Titanium. Ce modèle fut aperçu dans les rayons français de cette époque. Je pense qu’il était inscrit sur les emballages « Edition spéciale » ou « Special edition » car j’ai continué à l’appeler ainsi alors que je réalise que ce nom ne se rencontre ni gravé sur la machine ni dans les manuels de TI-89. Il est vrai que je ne dispose pas du manuel livré avec l’édition européenne. Il m’est parfois arrivé de lire ce terme sur Internet voire l’abréviation TI-89 SE. Cette appellation est donc un petit mystère …

 
La TI-92, sortie dans sa toute première version en 1995. Une machine totalement nouvelle pour l’époque.
 
Une échelle du temps montrant les dates de lancement des différents visages de la 89/92, avec une n’SPire qui pointe son nez en 2006

La TI-Titanium de couleur sombre est-elle plus rapide que la Titanium claire ? Et qu’en est-il des anciennes TI-89 ? Le tableau ci-dessous donne un chronométrage des 4 évolutions matérielles qu’on retrouve dans cette famille de machines : HW1 à HW4. On s’attend à trouver la plus ancienne TI-89 sur la marche la plus basse du podium. C’est bien le cas. Pour les 3 autres évolutions, ce sera plus subtil, avec une Titanium sombre dépassée par l’ancienne plus claire. Et une 89 « Edition Spéciale » d’antan qui arrive en tête des deux tests.

Autre test, consistant en l’exécution d’un programme simple sur la base de calculs trigonométriques sur les valeurs 1° à 89° pour le mode approximatif, 1° à 12° pour le mode de calcul exact. Le rang de sortie est le même que pour le premier test.

SHARP EL-9900

SHARP, flamboyant constructeur des années 70 et 80 semble s’être un peu endormi mais est resté présent malgré tout dans l’épopée des calculatrices graphiques, avec des modèles parfois originaux. On pense à la EL-9600 et son écran tactile, mais aussi à la EL-9900 munie d’un clavier réversible.

En comparaison de la EL-9600 dont elle est une simple évolution sur le plan des fonctionnalités, la 9900 réserve deux belles surprises : La première est visible à la première pression sur la touche ON : un afficheur généreux, contrasté, doux, sans reflet.

Deuxième surprise : une belle vitesse d’exécution, avec un tracé de courbes plein de tonus. La vitesse me semble comparable à celle de la sous-famille des TI-83 Silver Edition.

La 9900 est une machine moderne, simple et rassurante à utiliser, dotée de 48 Ko de mémoire. Le langage de programmation intègre maintenant différents contrôles de boucles. Aucune fonction de traitement de chaînes de caractères par contre, c’est dommage.

Examinons le dispositif de clavier réversible. Certains trouveront le dispositif intéressant, d’autres y verront une piste d’innovation abandonnée, au pire un artifice de marketing. Une face ne donne accès qu’à l’essentiel des fonctions, l’autre est enrichie. La première se destine aux débutants ou simples utilisateurs de programmes créés par d’autres, la seconde conviendra aux utilisateurs exigeants. Le dispositif agit directement sur le contenu des menus affichés à l’écran. En revanche le catalogue général des fonctions comporte le même nombre d’entrées d’un côté ou de l’autre. Il est à noter que ce catalogue général ne liste aucune fonction liée à la programmation. Comme évoqué ci-dessus, en mode clavier simple, il ne sera pas possible de programmer ou éditer, on pourra juste exécuter.

Sur le plan mécanique la conception du dispositif est bonne et le clavier se fixe facilement.

Deux petits reproches pour la 9900 : elle est exigeante sur le niveau de fraîcheur des piles. Et exit l’écran de la 9600, fin de l’expérience. Le clavier réversible en sera une autre, pour peu de temps.

Depuis 2004, deux évolutions ont vu le jour. Une minime, la EL-9900G SII vers 2012 et davantage adaptée à l’utilisation scolaire, et la EL-9950G en 2015. Celle-ci est une 9900G SII sans clavier réversible, sans écran tactile, et revêtue d’un habillage blanc nacré.

La EL-9900 présente une caractéristique très discrète et partagée avec certains modèles de marque Texas-Instrument : la fonction factorielle agit autant sur les entiers que sur les demi-entiers. Ainsi la factorielle de 12,5 est affichée mais pas celle de 12,6.

En conclusion, une machine très agréable, puissante, rapide, et munie d’un langage de programmation bien naturel et relativement complet.

Les deux faces du clavier :

La carte électronique de la EL-9900

HEWLETT-PACKARD HP-49G

 

 

HP49

La genèse de cette Hewlett-Packard : Fin des années 90, Hewlett-Packard semble s’être détourné du marché des calculatrices, au désespoir des utilisateurs émerveillés trois décennies durant par ce constructeur hors-normes.

Depuis quelques années, l’offre s’était figée. La prestigieuse et très coûteuse HP-48SX de 1989 s’était vue complétée par la S, puis remplacée par les GG+, et GX qui en étaient de simples évolutions. Puis un dernier sursaut en 1995 avec une HP-38G en demi-teinte, puis plus rien pendant une éternité.

Et voilà qu’un jour, alors qu’on n’y croyait plus, une bonne nouvelle est annoncée. Je ne tarde pas à découvrir la toute nouvelle HP-49G à travers un reportage complet du magazine PC-Palmtops, supplément du mensuel PC-Team. J’y vois un objet magnifique d’un bleu acier, évoquant de façon subliminale l’univers de l’iMac, appareil alors très tendance. On nous parle d’une machine toute puissante, à l’affichage bien contrasté, d’une grande rapidité, dotée d’une mémoire flash, d’un choix de polices, d’un mode pas à pas, de manipulations secrètes activant des fonctions inédites, et même d’un éditeur de polices. Enfin, HP s’est réveillé.

Je la rencontre assez vite dans les rayons des marchands, mais je ne suis pas encore prêt pour l’achat. Le prix est pourtant doux (1500 Francs pour un haut de gamme si puissant, c’est inespéré). Je me déciderai finalement en avril 2002. A cette date, elle est devenue introuvable, même à Paris, et je n’ai pas encore Internet.

Mais il me la faut absolument et je la trouve dans un magasin DARTY pas tout proche. C’est un « modèle expo », plus le choix … mais on m’affirme qu’il n’a pas été manipulé, ni touché etc. Je signe un chèque de 1246 Francs et rentre chez moi impatient de manipuler la machine.

Mais tout ne sera que déceptions. Au déballage d’abord, je décèle quantité de rayures sur l’écran de mon modèle expo, ce qui trahit un afficheur vulnérable. Autre déconvenue immédiate : le contraste est moyen, très en deçà des HP-38G ou encore CASIO Graph 100. Et pourquoi une police 7 X 5 si commune, au lieu des belles 9 X 5 des 48. J’ai le choix de deux autres polices mais elles sont plus petites encore. Je suis déçu, même s’il est vrai qu’en pratique le langage RPL s’accommodera mieux des polices les plus petites.

Et quelle lenteur à l’usage. Les écrans se succèdent avec la pénible inertie des 48 que j’espérais éradiquée. J’ajoute l’écran « véritable rétroviseur » (on se voit dedans), la touche    en fonction seconde, qui pénalise l’utilisateur RPN, le clavier dur, la disparition incompréhensible du port infra-rouge, le manuel de base très insuffisant … inadmissible.

Pourtant quelque chose me pousse à tout lui pardonner. Son esthétique sublime peut-être, son statut éphémère de nouvelle bombe HP. J’ai tenté à plusieurs reprises de la réapprivoiser et à chaque fois elle a regagné énergiquement son tiroir. Il m’est aussi parfois arrivé de craquer en croisant sur internet des modèles présentés neufs. Ces machines avaient toujours l’écran rayé, le contraste faible et parfois une large auréole irisée dans la zone supérieure (*).

Ce qui me touche dans cette calculatrice, c’est l’aspect « erreur de jeunesse » du constructeur. C’est paradoxal vu la considérable expérience de HP, mais après une si longue absence, c’est un peu comme si tout repartait de zéro.

La HP-49G ne serait-elle qu’un chant du cygne, un sursaut ultime et médiocre scellant le sort du secteur calculatrice du constructeur historique. Non, Hewlett-Packard devenu HP s’apprête à corriger toutes ces erreurs de conception avec le modèle HP-49G PLUS de 2003. Écran magnifique, meilleur clavier, retour du port IR, réelle vélocité. La GPlus restera perfectible au niveau de son clavier qui ne retrouvera le toucher maison légendaire que dans la dernière incarnation de cette série, la HP-50G.

L’aventure n’est pas terminée, puisque actuellement, c’est la HP PRIME, représentante d’une nouvelle dynastie, qui culmine.

Je possède trois HP-49G. En cette année 2024, un des 3 est devenue défectueuse, avec les touches de la colonne de droite qui ne produisent plus d’action. Par ailleurs, une fragilité partagée par 2 machines est apparue depuis plusieurs années dans le logement des piles, avec les contacts métalliques qui se décollent de leur support en mousse et se promènent librement voire tombent au sol à l’ouverture de la trappe. La mise en place de piles dans ce logement peu pratique hérité des HP-48 n’en est que plus acrobatique encore.

Dans 20 ans, quand nos enfants s’intéresseront aux anciennes calculatrices (pourquoi pas), je parie que la HP-49G bleue acier de l’an 2000 sera prisée, alors que sa remplaçante dorée 49G+ sera injustement oubliée.

(*) A la limite, ces points peuvent être résolus radicalement par la dépose de la façade plastique protectrice de l’afficheur. A l’aide d’une solide ventouse, il sera possible de décoller cette fenêtre pour retrouver un écran enfin mieux contrasté, sans rayure ni reflets ni irisation. Il restera à ôter les quelques traces de colle résiduelles. Agrément assuré mais traitement à réserver à votre vieille HP-49, car un inévitable préjudice esthétique subsistera.

Ci-dessous, la carte électronique de la HP-49G

 

 

 

HP 39GII

Une très intéressante HP-39GII sortie en 2012 annonçait la HP Prime, sortie l’année suivante et qui l’a depuis quasiment totalement éclipsée.

Le nom de 39GII ne cache pas sa filiation avec l’originelle HP-38G de 1995, machine lente au langage de programmation compliqué et peu documenté. La 38G, première machine de HP à logique exclusivement algébrique, avait été suivie des 39G, 40G, et plus récemment des 39 GS et 40GS. Les plus récentes évolutions abandonnent le processeur Saturn pour une technologie ARM. La vitesse décolle …

Quelle évolution nous apporte la 39GII ? Un écran hautement défini (256 X 127 points) en premier lieu. Quoique sombre sous faible éclairage, sa finesse permet l’affichage de détails inaccessibles aux TI-89, HP-50G ou CASIO Classpad 300. Mais il est vrai que d’autres écrans HD ont vu le jour récemment, chez les Ti N’SPIRE, puis dans sa version couleur CX, couleur également pour les CASIO Prizm, Ti-83CE, mais pas pour la 39GII, qui demeure en niveaux de gris, sans rétro éclairage.

La révolution, c’est aussi une vitesse de calcul inédite. La HP-39GII pulvérise les chronos, notamment ceux de la Ti N’SPIRE longtemps référence sur ce point. Seule la Prime fera mieux encore.

Ce n’est pas tout. La 39GII possède un nouveau langage de programmation. Plus que le langage lui-même, hérité des 38G, c’est la décision de le pérenniser en l’enrichissant qui constitue l’innovation. La nouvelle Prime sera d’ailleurs programmable exclusivement sous ce langage. La page du RPL, et ses HP 48, 49 et 50 se voit quant à elle refermée.

La HP-39GII est une graphique très puissante. Pas autant que la Prime ou la HP-50G car elle revendique l’entrée de gamme graphique. Elle ne dispose pas de fonctions de calcul formel. Le catalogue de fonctions mathématiques est cependant très riche.

L’alimentation de la machine constitue un point particulier. Alors que d’autres ont choisi la batterie rechargeable pour nourrir leurs machines modernes à écran couleur rétro éclairé, ici seules 4 piles AAA suffisent. Et encore, avec seulement 3 piles la machine accepte de fonctionner. Et même avec 2 ou 1 ! La 39GII est capable de moduler ses efforts (et donc sa vitesse) en fonction de l’énergie disponible. C’est unique.

La ligne de la machine est désormais connue. On l’a rencontrée dans les financières HP-20B et 30B, et aussi dans la Smartcalc 300S. Les courbes, la couleur blanche font de la 39GII une belle machine, peut-être un peu épaisse (30 mm).

Le clavier a un toucher un peu déroutant – décevant ? – qui produit des petit clics assez peu mélodieux. Sa fiabilité ne semble pas en cause.

Aujourd’hui, le haut de gamme HP Prime a pignon sur rue et a déjà fait oublier au plus grand nombre – y compris le constructeur qui a très tôt arrêté de publier des mises à jour – les caractéristiques vraiment originales de la HP-39GII.

 

HP-30B

HP30B

Grande soeur de la belle HP-20B, la HP-30B est une calculatrice financière programmable moderne.

Design élégant, nombreuses possibilités financières et scientifiques, la HP-30B partage au moins deux caractéristiques avec sa petite sœur : le choix entre une logique RPN ou algébrique, avec ou sans priorités. Ainsi qu’une incroyable rapidité.

Si un tel moteur de course est moins utile pour une 20B non programmable, il en va différemment pour la HP-30B.

Ainsi, soumise à un test de rapidité, la HP-30B pulvérise tous les résultats obtenus par les autres machines du moment qui me sont passées sous la main (*). Cependant, quel dommage que les capacités de programmation soient si limitées : seulement 300 pas mémorisables. Une misère à une époque où on compte en giga-octet.

Un vrai regret, les fonctions de programmation ne sont pas gravées sur le clavier. Pour les visualiser, il faut apposer u masque en cellophane que je trouve peu pratique. Il n’y a pourtant pas tant d’ordres de programmation.

Les HP-30B et HP-20B sont pourvue d’un port de branchement par lequel il est possible d’importer un firmware de substitution. Ainsi la WP-34S, création d’une équipe d’informaticiens passionnés et inspirés, sublime la sage financière HP-30B en une calculatrice scientifique programmable de rêve, d’une puissance inégalée.

(*) ajout de 2017 : Depuis, les HP-39GII et Prime sont arrivées et font encore mieux sur ce plan.

CASIO PRIZM FX-CG10

PRIZM-2

La Prizm de Casio est la première calculatrice à écran couleur haute définition.

Casio avait déjà conçu voilà quelques années des écrans 3 couleurs pour certaines de ses machines. Initiative originale non suivie par la concurrence, et abandonnée par Casio après quelques années.

L’œil de 2010 est largement habitué aux écrans fins et colorés, ceux des GPS, des smartphones … Il était temps de tenter aussi la HD couleur pour les calculatrices.

Jusqu’à présent la contrainte de portabilité, donc l’autonomie, n’encourageait pas un tel dispositif, réputé dévoreur d’énergie, d’autant qu’il pouvait sembler peu crucial, s’agissant d’afficher des nombres ou des courbes simples.

Et à l’usage en effet, l’utilité de la couleur de la Prizm ne semble pas providentielle, même si l’agrément d’utilisation est bien présent.

En revanche la haute définition apporte un confort et une modernité incomparables. Dorénavant, les menus ne sont plus grossièrement pixelisés, de nouveaux témoins font même leur apparition.

Le tracé d’une courbe est extraordinairement fin et précis. Quelques minutes passées en compagnie d’une PRIZM suffisent à démoder méchamment une simple Casio Graph 35+ à écran traditionnel.

Et une bonne nouvelle, la consommation, et donc l’autonomie de la PRIZM se révèlent bien maîtrisées. Et ce malgré le rétroéclairage quasi permanent.

Les performances de vitesse et précision de calcul sont identiques aux toutes dernières CASIO (excepté l’affichage de points qui se montre lent). Les fonctionnalités sont traditionnelles, la PRIZM n’est donc pas une calculatrice aussi puissante que les Ti-89 ou HP-50G. En contrepartie l’utilisateur ne sera pas déconcerté par le maniement de cette machine, au design par ailleurs novateur.

En conclusion : La Prizm me parait être une réussite : un afficheur couleur HD sublime, un design travaillé et inédit, un bon toucher de clavier, une machine simple et rassurante à utiliser.

Une page vient de se tourner et cette fois la concurrence emboîte le pas. Texas-Instruments a en effet sorti récemment une réplique, la Ti N’spire CX, avec écran HD couleur. Le progrès est moins brutal car la N’Spire bénéficiait déjà d’un écran très défini, mais noir & blanc.

Espérons que d’autres modèles vont maintenant surgir …

Ajout du 13.09.2017. Quelques années après la rédaction de cet article, la remplaçante 90+ de la Prizm vient d’entrer dans les rayons. Texas-instruments a produit entretemps la Ti-84C, remplacée elle aussi depuis par la fine Ti-83 Premium CE, tandis que HP sortait la Prime. La piste de la couleur n’a pas été abandonnée, elle est désormais dans les rayons ! 

Comme on le voit ci-dessous, l’expression « écriture naturelle » est bien à prendre ici au pied de la lettre.

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Un tableau périodique des éléments de premier ordre
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HP-49G+

Très belle machine, remplaçante de la HP-49G.

Début des années 90, HP lance les HP-48, d’abord les S puis les G. En 1995 apparaît la limitée et compliquée HP-38G. Puis plus rien pendant une éternité. A l’aube de l’an 2000, Hewlett-Packard se réveille et lance sa magnifique bombe bleue HP-49G. Celle-ci se révélera handicapée par plusieurs défauts de conception : disparition du port infrarouge, mode RPN placé en secondaire, clavier dur, touches gomme pas toujours appréciées, afficheur recouvert d’une fenêtre de protection vulnérable aux reflets et aux rayures, machine plutôt lente.

HP n’a pas dit son dernier mot. En 2003 la 49G + est lancée et, sous un aspect plus classique que son aînée, de livrée dorée, elle en corrige tous les défauts : la 49G+ est maintenant animée par un processeur moderne ARM émulant le processeur Nec Saturn d’origine. Elle est donc cette fois rapide. L’écran est un modèle de contraste, de douceur, sans reflets. Le port de communication infrarouge est de retour, le mode RPN est ramené au premier plan, et le clavier est enfin bon (mais un peu bruyant, la future HP-50G fera mieux).

Cette calculatrice est donc une bombe : scientifique surpuissante, possibilités de programmation limitées par la seule imagination, connectique, sauvegarde par carte SD, vélocité, agrément d’utilisation … Et j’oubliais le compartiment des piles, enfin rationnel, comme savent d’ailleurs le faire les concurrents depuis longtemps.

Le langage RPL, à l’instar du moteur Boxer de Porsche, est incontournable pour toutes ces machines. Puissant, très original, bâti sur une symbiose serrée avec la pile opérationnelle fleuron de HP, beaucoup l’apprécient pour sa puissance et sa souplesse. D’autres peuvent le trouver peu intuitif, peu aisé à relire et particulièrement exigeant sur le niveau de pratique de l’utilisateur. En pratique, un ordinateur muni du kit de connexion se révèle un bon moyen pour concevoir un programme un peu lourd qu’il suffit d’injecter ensuite.

A noter que la 49G+ est déjà une ancienne. Avant l’avènement récent de la HP Prime, la calculatrice phare de la marque sera longtemps la HP-50G, machine grandement similaire à la 49+, de couleur sombre, avec un clavier cette fois de qualité ultime, un port de connexion de plus et la librairie mathématique de la HP-48G.

Texas-Instruments TI-84 C

TI84C

En 2011 sortait la CASIO PRIZM. Une page se tournait dans l’histoire des calculatrices. Rappelons que la PRIZM fut la première calculatrice dotée d’un écran haute définition couleur, tel celui qu’on trouve depuis des années sur les téléphones portables, les GPS …

Or pendant tout ce temps, les calculatrices n’avaient eu droit qu’à quelques niveaux de gris et de gros pixels, voire l’écran aux trois couleurs pâles signé par Casio dans les années 90. Plus récemment, des écrans mieux définis étaient apparus : les CASIO Classpad 300, TI-89 et surtout TI nSPIRE. Mais la PRIZM apportait une richesse inédite de couleurs, et une plus grande définition encore.

Aujourd’hui en 2013 qu’en est-il ? La page est-elle réellement tournée ? Les écrans HD couleur ont-il supplanté les gros pixels N&B ?

Une chose est claire, la PRIZM a fait école. Du moins dans le secteur du haut de gamme : Texas-Instruments n’a pas tardé à présenter sa TI N’SPIRE CX dotée d’un magnifique écran couleur. Puis ce fut le tour de HP de présenter son premier écran haute définition, avec sa 39GII d’une redoutable finesse.

Plus récemment, le CASIO CLASSPAD II (CP-400) est arrivé. HD couleur lui aussi, et tactile, ce qui colle bien à l’air du temps. (Mais n’oublions pas que le CLASSPAD I précédent était déjà tactile). A ce jour l’ultime création HD couleur vient de s’incarner avec la HP-Prime. Et ici aussi, l’écran est tactile.

Qu’en est-il du bas de gamme ? Point de révolution ici. Nous avons toujours affaire, et sûrement pour un bon moment, aux pixels traditionnels. Ils ont l’avantage de consommer peu d’énergie. Et de fonctionner sur piles classiques. Car l’inconvénient des écrans HD couleur est la consommation. TEXAS-INSTRUMENTS et HP (pour sa PRIME) ont pallié le problème en équipant leur machine d’une batterie rechargeable, procédé économique en cas de consommation élevée (la nSPIRE épuise sa batterie en quelques jours d’utilisation régulière, or les piles coûtent cher). En revanche, ces batteries spécifiques, à durée de vie limitée, ne se trouveront sans doute plus dans quelques années, contrairement aux piles classiques. Et donc HP-PRIME ET TI nSPIRE n’auraient dans ce cas d’autre destin qu’être jetées prématurément dans la poubelle.

En marge des modèles phares ci-dessus cités, on note tout-de-même chez TEXAS-INSTRUMENTS une volonté d’étendre la technologie HD Couleur à quelques modèles de milieu de gamme. C’est le cas de la TI-84C Silver Edition. A quel public se destine-t-elle ? Son écran est réellement magnifique. Lors d’un tracé cependant, la fenêtre se voit quelque peu réduite. Et la vitesse de tracé est indéniablement très inférieure à son homologue N&B. Mais la finesse est spectaculaire. Hors tracés, on retrouve la vitesse de calcul propre au niveau Silver Edition.

L’alimentation est logiquement confiée à une batterie rechargeable. Dommage que la TI-84C ait du coup conservé son épaisseur substantielle, car le procédé aurait permis, à l’instar des TI’NSPIRE CX et HP-PRIME, un design plus plat.

Une page est bien tournée dans le petit monde des calculatrices, après les victoires récentes sur la vitesse de calcul, ce sont les écrans qui viennent de faire le grand saut.

Il n’y a pas vraiment eu de calculatrices « de l’an 2000 », mais il fallait juste attendre un peu, celles de 2010 existent bien !

PSION 5

PSION5

Que fait donc ici cet étrange appareil ? Ce n’est pourtant pas une calculatrice …

Sorte d’ancêtre éloigné du smartphone, le PSION fut en 1997 le compagnon high-tech des cadres supérieurs fortunés et chefs d’entreprises.

Le PSION était un ordinateur de voyage, doté d’un système d’exploitation multitâche et de bons logiciels bureautiques, une mémoire de masse auxiliaire par carte Compact-Flash, ainsi qu’un clavier mécanique d’une grande qualité et efficacité.

Le PSION était aussi doté de fonctions de calcul, et c’est bien sûr la raison de sa présence ici. Il dispose d’un émulateur de calculatrice scientifique, mais est aussi pleinement programmable dans un langage agréable et ultra puissant.

J’ai fait subir au PSION de 1997 mes tests de calculs habituels et en voici les résultats :

Comme on peut le constater le PSION est bien une véritable calculatrice scientifique performante : 12 chiffres affichés pour 15 de précision interne.

Logiquement une excellente précision : valeur résiduelle après cumul des 360 premiers sinus : -1,58484336765E-14, soit le meilleur classement de mon parc, juste devant la moderne CASIO FX-9750GII; et deuxième au test Forensics, juste après la CANON F-720i, machine de 24 chiffres internes.

Rapidité : 4 secondes pour exécuter le test des sinus, soit 1 seconde de plus que la puissante CASIO FX-9750GII, et à 2 secondes seulement de la HP-30B, machine la plus véloce en 2010, soit un chiffre excellent (TI-89 TITANIUM : 16 sec.).

Le plus grand nombre exprimable par le PSION est <1E309.

En conclusion le PSION 5 mérite incontestablement le respect sur le plan du calcul : puissance (toutes fonctions scientifiques), rapidité incroyable (pas seulement en regard de son âge), précision de premier plan.

J’ajoute que le PSION est alimenté par deux simples piles AA, que son écran est tactile (stylet ou doigts) et que sa définition d’écran est d’un extrême finesse.

Si beaucoup de smartphones proposent aujourd’hui des fonctions de calcul, le PSION a un statut à part, notamment en raison de ses belles capacités de programmation, de sa parfaite autonomie aujourd’hui (les Palm contemporains à batterie spécifique ont depuis longtemps disparu), en un mot de la pertinence de son concept. En ce sens, il se rapproche selon moi des Ordinateurs de Poche Basic des années 80.

Machine de rêve en 1997, son prix d’environ 6000 Francs (+/- 1000 Euros) la réservait aux VIP fortunés. Heureusement on peut encore se procurer le PSION de nos jours en occasion pour un prix intéressant (+/-100 €). J’ai lu mais n’ai point vérifié que le modèle 5 MX offre un meilleur contraste d’écran. Le mien en tous casn’est vraiment utilisable qu’avec le rétro-éclairage.

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CASIO GRAPH 65

En 2002, CASIO tenta une nouvelle carrosserie pour ses calculatrices graphiques.

Ici point d’arête vive, tout est courbes dans cette GRAPH 65. Peut-être un peu trop, cette forme n’ayant pas perduré.

Sur le plan des fonctions, c’est une très classique CASIO, avec cependant, une dernière fois, le superbe écran à trois couleurs.

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