SHARP EL-5103S

Une calculatrice qu’on cherche longtemps. Cette sublime petite SHARP a été produite dans sa première version à partir de 1980 voire 1979.

Il est d’ailleurs bien difficile de trouver des informations permettant une datation fine de ces vielles calculatrices, comme une date sur un prospectus d’origine par exemple, non trouvé malgré mes recherches assidues. Le numéro de série d’un modèle peut aider mais là aussi peu de photographies dévoilent cette information, la plus ancienne machine que j’ai pu observer ayant été fabriquée en 1981.

Une chose est certaine, il existe une étroite parenté fonctionnelle avec les EL-5100 et EL-5101 qu’il est plus facile de relier à cette lointaine époque, les encarts publicitaires étant nombreux dans les magazines spécialisés d’alors.

Plus de quarante ans plus tard la EL-5103 montre encore souvent un bon fonctionnement, mais altéré par un afficheur jaune ravagé par l’huile noire, le mal récurrent de nombre de ces vieux modèles.

Une version ultérieure verra le jour autour de l’année 1985, conservant le nom suivi cette fois d’un « S », c’est le cas de la 5103S représentée ici (dont soit dit en passant le numéro de série commence par « 7 » comme 1987). La seule différence que je décèle entre les deux versions est la présence d’un afficheur de couleur grise, qui semble cette fois immunisé contre le mal de l’huile noire.

On pourrait penser que les mentions modernes « Memory safe guard » et « Auto power off » visibles dans la zone de l’afficheur sont réservées à la tardive 5103S, mais ce n’est pas le cas, la primordiale 5103 offrant déjà ces fonctionnalités alors qu’on était à l’aube de la décennie 80. Pour mémoire ces mentions signifient une préservation du contenu de la mémoire à l’extinction, celle-ci survenant de façon automatique après quelques minutes d’inactivité.

La SHARP EL-5103 est une perle convoitée du calcul de poche. D’où provient cet engouement ? Serait-ce la puissance, les possibilités de programmation, une pléthore de fonctionnalités ?

A priori rien de tout ça. La EL-5103 est certes une scientifique complète, en particulier sur le plan des statistiques, à deux variables avec en prime la régression linéaire.  Mais est-elle seulement programmable ? Je l’ai cru longtemps avant de me rendre à l’évidence, la position AER du commutateur permet une simple mémorisation de formules, à l’intérieur d’un espace de 48 pas, c’est tout petit.

Si la terme programmable est généralement économisé dans le cas de simples mémorisations de formules, je constate qu’il est malgré tout possible, au sens strict, d’automatiser par ce moyen l’exécution de séquences d’instructions pour un usage répété et ultérieur. Il s’agit donc bien de création de programme, certes au niveau le plus étroit, car là point de tests logiques ni de boucles automatiques, encore moins d’adressage indirect ou de gestion de chaînes de caractères.

La juxtaposition de plusieurs formules indépendantes est autorisée, par exemple pour incrémenter un compteur en cas d’itérations, compteur bouclé de façon manuelle bien sûr.

Une formule mémorisée peut être éditée après coup, ce n’est pas courant dans les machines offrant une programmation embryonnaire. Il est ainsi possible de relire et de modifier la formule de façon pratique et naturelle.

Le point fort de la EL-5103 est sans doute l’excellente lisibilité de l’écran, non seulement grâce à la taille généreuse des caractères mais aussi par la manipulation symbolique des expressions où les variables interviennent sous leur nom alphabétique A, B, C, D, E, M, agrément rare pour une simple calculatrice.

Revers de la médaille, la 5103 ne dispose pas encore de la désormais bien connue touche ANS (Answer), permettant de manipuler commodément le dernier résultat, indispensable dans un mode symbolique où les touches de racine carrée, sinus, logarithme etc. sont toujours enfoncées avant la frappe de la valeur. En l’absence de ANS, si l’on veut afficher par exemple le cosinus du nombre affiché par le calcul précédent, la manipulation passe par un stockage en mémoire de la valeur affichée, puis la frappe de la touche COS puis le rappel du contenu de la mémoire. Cela parait lourd aujourd’hui.

Pour terminer, je partage un lien pointant vers un superbe article découvert lors de mes recherches sur cette machine, montrant une longue amitié entre une utilisatrice et sa calculatrice, une Sharp EL-5103S.

www.lastwordonnothing.com/2015/01/06/guest-post-the-mars-rover-of-calculators

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