CASIO √121-E
Un aspect sans doute banal, mais une personnalité incomparable. Cette simple additionneuse de bureau est, en ce jour de 2021, âgée de 48 ans. Elle est si robuste que son fonctionnement est demeuré intact et fiable.
Quels sont les traits de caractère qui témoignent de son âge ? Un poids important, un afficheur souligné par une réglette mobile, montrant un ZÉRO en demi-hauteur bien peu lisible pour l’œil contemporain, un QUATRE croisé et un splendide signe MOINS constitué d’une barre rouge lumineuse. Signe des premiers temps, des zéros bien inutiles peuplent la gauche de l’écran par défaut. Et pour l’anecdote une belle longueur du fil d’alimentation, générosité qui n’est plus de mise de nos jours.
La √121 est plus qu’une additionneuse. Sinon, pourquoi crânerait-elle à arborer le symbole de racine carrée dans son nom ? Elle dispose bien de la fonction, dont la mise en oeuvre est particulièrement originale. À bien regarder, sur le clavier sa légende voisine avec celle de la division, sur une touche unique. Mais comment indiquer à la machine quelle fonction on souhaite utiliser quand on l’enfonce ?
Une division agit sur deux valeurs tandis qu’une extraction de racine agit sur une seule, voilà la clef.
Si l’on entre un second nombre après avoir enfoncé la touche aux deux légendes, le résultat retourné par ÉGAL sera classiquement celui de la division du premier par le deuxième. Si l’on tape ÉGAL sans entrer de seconde valeur, la √121-E calculera la racine carrée de la première au rythme d’une danse endiablée de chiffres intermédiaires.
Démarche inverse, si l’on appuie sur la touche de multiplication juste avant celle de division, la manœuvre décrite ci-dessus renverra systématiquement des carrés jusqu’à l’appui sur AC.
Concernant le fonctionnement de la mémoire, le stockage et l’accumulation sont assez intuitifs (M+ ou M- inscrits en gros et en gras sur leur touche). C’est moins le cas pour la lecture du contenu mémorisé. Comment s’y prendre ? Il faut se référer aux couleurs des touches pour comprendre que T, habituellement dédiée à la totalisation de PLUS ou MOINS sur les machines de table est ici entièrement consacrée à la lecture (avec remise à zéro) de la mémoire.
Fait coutumier chez CASIO – et par conséquent déjà en 1973 – un fin film protecteur recouvre les parties métalliques de la machine. J’ai ôté ce film, qui n’avait pas vieilli, n’était ni sale ni ondulé, restituant ainsi l’aspect d’origine ultime de la machine.
Un outrage du temps qu’on ne peut soupçonner sur la photo est l’imprégnation de l’odeur de tabac dont souffrait la √121-E lorsque j’en ai fait l’acquisition voilà quelques années. Quoi de plus normal pour une machine ayant traversé les âges depuis le début des années 70 ? Après avoir abandonné la machine à l’air libre dans mon garage pendant deux semaines, l’odeur de tabac – qui n’est donc pas une fatalité – a fini par disparaître complètement et pour toujours.