SHARP EL-556

Le modèle EL-556 est parmi les plus tardifs des petites SHARP métalliques de la décennie 80, très semblable aux coloris près à la EL-506A. Son millésime : 1988.

Soumis aux mêmes tests de précision, on y devine deux processeurs distincts à l’oeuvre.

Concernant le test de cumul des sinus des 360 premiers degré entiers),

nous sommes dans les deux cas proches de la valeur théorique zéro, avec une 506A qui s’en approche davantage.

Autre test, le bien connu Forensics (*)

       

Cette fois, nous devrions retrouver la valeur théorique 9. Nous en sommes proches (capture de gauche) mais, soustraction de 9 faite (capture de droite), nous constatons que l’écart renvoyé par la 556 est plus petit, donc meilleur. Un partout.

Un dernier test, avec la fonction Factorielle, qui se borne classiquement à renvoyer le résultat d’une chaînes de multiplications.

Comme attendu, les deux machines calculent les factorielles jusqu’à la valeur 69, au delà de laquelle on assiste à l’apparition du témoin d’erreur dû au dépassement de capacité de calcul. Le comportement semble tristement habituel pour les deux machines mais l’œil attentif décèle quand même une différence : La 556 refuse tout net de calculer la factorielle de 70 et interpose sans délai le témoin d’erreur. Tandis que la 506 lance sans broncher le long calcul, qui aboutira au même témoin d’erreur, mais en fin de calcul.

Le micro programme de la 556 a su repérer une valeur hors domaine et pas la 506. Pour être honnête, reconnaissons que la 506 fait bien la vérification, mais seulement à partir de 100.

(*) https://www.rskey.org/~mwsebastian/miscprj/forensics.htm

TEXAS-INSTRUMENTS TI-74 BASICALC

Quand on regarde loin derrière, l’année 1986 évoque la décennie où régnèrent les ordinateurs de poche, en particulier les nombreuses machines lancées par Sharp et Casio dès 1980. Texas-Instruments qui n’avait présenté jusqu’alors que le CC-40, puissant mais à la carrière trop courte revient à la charge, quoique tardivement, avec le TI-74 Basicalc.

Doté d’une ligne matricielle de 31 caractères, ce nouveau mini computeur a une mémoire de 8 Ko et un langage Basic directement apparenté au micro-ordinateur TI-99 et au CC-40. Il est conçu dans une intention hybride, à la fois calculatrice scientifique aux fonctions pléthoriques et mini ordinateur programmable en Basic, dualité revendiquée par le nom BASICALC et la touche MODE qui bascule sur l’un ou l’autre usage.

Le TI-74 est proche cousin du CC-40. Il partage l’affichage de 31 caractères, des légendes d’erreur exprimées à la fois en clair et avec un code. On retrouve la richesse de son langage Basic, la limite des grands nombre de <1E128, mais aussi la purge des variables après extinction. Le TI-74 accepte les modules de mémoire ou d’applications, et peut se connecter à quelques périphériques, pour l’impression notamment.

La filiation est incontestable, mais le 74 n’est pas une simple présentation rajeunie du CC-40. C’est une machine originale.

Puissant, le TI-74 est de présentation austère et sombre. Un bon éclairage révélera une façade constituée de toute une palette de couleurs.

Une taille par ailleurs qui, quoique plus compacte que celle du CC-40, n’en reste pas moins imposante. Le corps de l’appareil est conçu pour apparaître légèrement incliné. Le CC-40 offrait cette possibilité par une patte rabattable.

Le Basicalc se voulait un modèle grand public. Son prix de vente avoisinant les 900 Francs était compétitif et le succès fut cette fois au rendez-vous.

J’encourage le lecteur voulant en savoir plus à consulter l’article bien plus complet de Silicium.org

 

SHARP PC-1262

Le SHARP PC-1262 a tout pour lui.

le PC-1262 reprend l’aspect de son aîné de 4 ans, le PC-1251. Mais il affiche désormais deux lignes de 24 caractères. Il a bien plus de mémoire aussi (10Ko au lieu de 4Ko), une meilleure rapidité. Et aussi un langage Basic plus puissant et une gestion plus efficace des variables.

Objet minuscule mais très pratique d’emploi, le PC-1262 se reconnaît à la couleur orange de la zone de sélection.

TEXAS INSTRUMENTS TI-59

La TI-59 est sans doute une des plus belles calculatrices de tous les temps. Elle est aussi emblématique de l’âge d’or, période charnière entre la fin des années 70 et le début de la décennie 80.

Calculatrice toute puissante et très chère, je la contemplais en 1978 dans le rayon Calculatrices de la FNAC de Belfort, en franche-Compté où je résidais alors. J’étais déjà habitué au maniement des calculatrices usuelles, mais restais vraiment intimidé devant cette machine, dont je ne devinais rien. Je la savais programmable. En quoi cela consistait-il précisément ? Et que signifiaient les impénétrables légendes de touches SST STO SBR LRN … 3 lettres inintelligibles.

Mes moyens limités ne me permirent d’acquérir que bien plus tard la TI-57 (1982), machine habitée par le même mystère, et quelques interrogations furent levées. Il me restait à comprendre la signification de CMs, Op, St Flg … Un élément du mystère résidait dans le caractère violemment rétrograde de la bête. Ainsi alors que les calculatrices de 1980 devenaient extra-plates, avec des afficheurs LCD à faible consommation, la TI-59 perpétuait une technologie ancestrale, à afficheur LED à chiffres rouges minuscules extraordinairement gloutons en énergie, une mémoire encore volatile, et des dimensions énormes, en particulier l’épaisseur. Les proportions étaient cependant équilibrées et conféraient à la 59 un aspect cohérent, compact, brutal, magnifique.

La TI-59 recelait une puissance monstrueuse, qui s’exprimait en nombre de pas de programmes enregistrables : 960 … Moins d’un kilo-octet dirait-on aujourd’hui, mais en 1978, c’était une abondance insolente.

La bête compensait la perte des données liée à l’extinction par un dispositif réservé aux machines de très haut de gamme : Le lecteur-enregistreur intégré de cartes magnétiques. La TI-59 était aussi du coup une lourde machine.

En 1981, le magazine « L’Ordinateur de Poche« , dans son premier numéro, avait établi un comparatif entre les 3 machines de haut de gamme du moment : TI-59, HP-41, SHARP PC-1211. La HP-41, modèle alors récent, était pourvue d’un afficheur moderne LCD alphanumérique, Le PC-1211 inaugurait un concept novateur : calculatrice-ordinateur, dotée d’un afficheur LCD 24 caractères et langage conversationnel tout-puissant, le BASIC. Cette confrontation au sommet mettait cruellement en lumière le caractère archaïsant de la vieille TI-59 : technologie LED ancienne génération, aucune capacité alphanumérique, hormis par l’intermédiaire de l’imprimante PC-100C, taille mémoire désormais dépassée.

L’aura du lecteur de carte magnétique était diluée par les dispositifs de sauvegarde des concurrents, en option cependant. Les fidèles de la TI-59 appréciaient encore le module de base contenant 25 programmes divers, et beaucoup d’autres modules optionnels.

La TI-59 a-t-elle eu une descendance ? La TI-88 devait assurer la relève: machine moderne, rappelant dans sa ligne la 59, afficheur LCD alphanumérique, vaste mémoire constante, modules, imprimante. Mais la TI-88 n’a jamais été produite. On ne la connaît que par une petite dizaine de prototypes soigneusement conservés dans des musées ou universités. La TI-66 fut présentée en 1983 comme une remplaçante, mais plutôt de la TI-58C, de par ses caractéristiques. La 66 a cependant une philosophie différente, sage, limitée, et elle est très lente. Personnellement j’ai tendance à voir dans le volumineux TI-95 Procalc, sinon le remplaçant, du moins un hommage tardif à la 59 (produit en 1986). Il en corrige les défauts et en reprend grandement l’esprit, dans une présentation certes très différente.

Outre ses caractéristiques quelque peu archaïques, la TI-59 souffrait d’un défaut, comme ses sœurs 57 et 58 : la fragilité du clavier. Après un an, des rebonds apparaissaient, qui entravaient lourdement l’utilisation de la machine. Problème pourtant inconnu de la gamme antérieure (TI-SR52, SR-56). Les rebonds répliquaient de façon intempestive tout appui (on pensait avoir tapé « 1 », « 111 » était affiché).

Pour expliquer l’origine de ces redondances, beaucoup ont incriminé la sensibilité à l’usure de la pellicule de mousse qui recouvrait les contacts. D’autres ont mis en cause les contacts, en forme de dômes métalliques déformables, soupçonnés de se fendre avec le temps. Personnellement j’ai vu des pellicules de mousse tomber en charpie, mais leur remplacement ne changeait rien. J’ai ouvert beaucoup de machines et y ai vu des dômes et pellicules de mousse intacts, tandis que les machines, parfois jeunes, étaient déjà infestées de réplications. j’ai fini par incriminer une électronique ayant peut-être fait l’économie lors de sa conception de dispositifs de contrôle anti-rebond. Cela expliquerait bien de choses. Car autant je crois bien cerner la cause des problèmes de clavier d’une future  TI-57 LCD, très critiquée à son tour sur ce point, autant je ne suis convaincu par aucune explication pour les 57,58,59.

Au delà de cet aspect, alors que la TI-59 se trouve facilement d’occasion aujourd’hui, ses organes internes ont souvent mal vieilli : batteries mortes bien évidemment, mais aussi lecteur de cartes souvent HS. Les pattes de contact d’alimentation sont une fois sur deux corrodées ou cassées, or la présence du bloc en contact est indispensable à la stabilité de fonctionnement de la machine, même en usage secteur 220V.

N’ayant pu acquérir cette calculatrice fabuleuse en son temps, j’ai profité ces dernières années de la facilité providentielle offerte par Internet pour remédier à cette situation. J’apprécie énormément cette machine, et regrette de ne pouvoir pleinement l’utiliser, en raison de ses nombreux caprices. Je me rends à l’évidence : la TI-59 n’a pas su vieillir, contrairement à beaucoup de ses contemporaines, c’est dommage.

TI59-2

TEXAS-INSTRUMENTS TI-30

La très belle et bien connue TI-30. Peut-être la première calculatrice conseillée par les professeurs de collège, je l’ai découverte pour ma part en 1979. Un camarade de classe avait la sienne. Beaucoup d’élèves avaient déjà leur calculatrice. C’était l’objet technologique à la mode, devenu abordable Des modèles héroïques, AGILIS, CASIO FX-80TI-30

Je me souviens l’avoir manipulée. J’étais étonné par la profusion des fonctions. Mais aussi par l’affolement du digit de droite lors des calculs, ainsi que par le dispositif économiseur d’énergie : après quelques instants d’inactivité, un curseur balaye l’affichage à grande vitesse en lieu et place des segments, mis en sommeil pour épargner la pile 9 Volt.

La TI-30 se voit couramment appelée TI-30 LED afin de la distinguer au sein des nombreux numéros 30 de toutes formes et couleurs qui suivirent.

Un très grand classique.

Mes remerciements à Badaze

CASIO FX-550 CASIO FX-570

TANDY-EC499

Sur l’image du haut, ma vieille TANDY EC-499, en fait une CASIO FX-550.

Achetée le 1er octobre 1983 dans une boutique d’électronique de CAMBRAI au prix de 299 Francs. Scientifique 10 chiffres sans surprises, je l’ai beaucoup utilisée, ce qui peut expliquer son état. La EC-499 fonctionne mais son interrupteur est devenu capricieux.

A noter une mémoire permanente seulement en cas d’extinction automatique. Si extinction par interrupteur, les données sont perdues.

J’ai toujours su que ma TANDY était une CASIO mais j’ai mis beaucoup de temps à en découvrir la référence précise. J’ai pu acquérir récemment, en souvenir de la Tandy, la CASIO FX-570 ci-dessous, en bien meilleur état et pleinement fonctionnelle (mais là aussi un interrupteur capricieux).

Ce sont les mêmes machines, la 570 proposant des conversions, les opérateurs booléens et nous projetant discrètement dans l’esthétique générale de la future petite bombe CASIO : la FX-4000P

CASIOFX-570

IBICO 094

L’IBICO 94 est une rareté.

On trouve peu d’informations sur les calculatrices de poche produites par ce géant davantage spécialisé dans la machine de bureau.

L’IBICO 094 est une scientifique extra-plate. Elle date du tout début des années 80, à en juger par son afficheur LCD jaune. Une esthétique originale, tout en verticalité, les touches étant rassemblées sur le bas de la calculatrice.

Pas de surprises du côté des fonctions disponibles : du scientifique de base, avec les logs, la trigonométrie, les conversions sexagésimales (DMS), et les statistiques (sommes, moyenne, écart-type). Détail pittoresque : commutée en statistiques (la position SD du commutateur principal), la rangée de touches supérieure est inopérante.

Machine lente et de précision très moyenne, cette IBICO semble avoir bénéficié d’une très bonne qualité de fabrication. Elle est aujourd’hui pleinement fonctionnelle, et son clavier est d’un excellent toucher.

L’IBICO 94 a une cousine très proche : la COMMODORE LC43SR construite de toute évidence sur la même électronique.

CITOH ESR 87

Calculatrice visible dans les pages du catalogue des « 3 Suisses » en 1979/1980 (au prix de 195 Francs) sous la marque TECHNICO, cette C.ITOH (ne pas oublier le point après le C) est une calculatrice scientifique LCD extra plate, typique de cette période.

A noter que le catalogue commettait une erreur – révélant un photomontage – car la ESR-87 n’offre que 8 chiffres et en aucun cas 10 (voir page du catalogue ci-dessous). Pour preuve: les 3 derniers chiffres affichés sont « 8.12 ». Or le « 1 » colle de trop près au « 8 », il manque la place pour la matrice entière à sept segments !

Ci-dessous, un autre montage, le mien cette fois, qui donne, à droite, une représentation correcte d’un afficheur à 10 chiffres (soit 10 matrices de 7 segments). On y voit un « 1 » calé comme il se doit sur la droite de sa matrice. Parions que le montage initial, involontairement trompeur à n’en pas douter (le texte descriptif n’était aucunement équivoque) a pu induire des acheteurs en erreur.

3suisses19802

Ci-dessous le très beau logo de C.ITOH, en forme de crayon.

SHARP EL-508A

Micro-calculatrice de 28 touches, dotée de fonctions scientifiques et statistiques !

Machine produite en 1979, c’est une 8 chiffres (9 en interne). L’afficheur est très typé début des années 80, avec ses indicateurs M, -, E rassemblés à gauche.

Minuscule concentré de technologie, cette perle de l’âge d’or made in Japan reste pleinement utilisable de nos jours, en particulier grâce à son alimentation très classique à 2 piles AA.

Je pensais la 508A jumelle de la 508S. Contemporaine, oui, jumelle non !

La 508S qui offre les mêmes fonctions que la 508A, à une près, est plus longue et son afficheur est différent. Les résultats de calculs poussés révèlent une électronique identique. L’accès aux piles se fait par trappe et non en ôtant toute la paroi arrière.

Deux très belles machines d’aspect voisin mais différent, tout comme le poids, de 50g plus élevé pour la 508S, cela se sent tout de suite en mains.

Merci à kweeky !

CITIZEN 122LC

CITIZEN122

Une très belle calculatrice de table du début des années 80 ou fin de la décennie 70, l’afficheur LCD jaune attestant cette période.

Beaucoup de touches et commutateurs parfois d’allure mystérieuse. On retrouve outre l’incontournable « double zéro », le sélecteur de décimales avec option A, la gestion des arrondis, le cumul. Sans oublier le généreux afficheur à 12 chiffres.

CITIZEN122-2

CASIO FX-702P

Le CASIO FX-702P est en 1981 la réponse de Casio au mythique SHARP PC-1211, premier né de tous les ordinateurs de poche. La capacité de Casio à relever le défi fut une excellente et prometteuse surprise.

Esthétiquement, le 702 est différent : les touches du clavier alphabétique sont rangées de A à Z. On trouve beaucoup de fonctions scientifiques. Et les ordres Basic sont inscrits en clair au dessus des touches.

D’un point de vue technique, les caractéristiques sont assez calquées sur le PC-1211 : 1680 pas (contre 1424), 20 caractères affichés (contre 24). Presque trois fois plus rapide quand même.

Un regret : le 702 est conçu pour recevoir un module enfichable de mémoire supplémentaire, qui n’est cependant jamais arrivé sur le marché. Heureusement le 702 peut se connecter à la petite imprimante FP-10.

Premier ordinateur de poche de Casio, le FX-702P sera suivi de dizaines de modèles au cours des années 80. Beaucoup seront plus conventionnels, mais pas tous …

TEXAS-INSTRUMENTS TI-58C

TI58C

Produite à partir de 1979, il s’agit de la version à mémoire permanente de la TI-58, grande sœur de la TI-57.

D’un point de vue technique, la TI-58 offrait une mémoire totale de 480 pas (240 pas + 30 mémoires réductibles au besoin en mémoire-programme à raison de 8 pas par mémoire), quand la petite 57 n’avait que « l’équivalent » de 114 pas (50 pas + 8 mémoires, non réductibles). La TI-58 offrait l’adressage indirect, les indicateurs binaires, et la grande bibliothèque ROM de 25 programmes pré-enregistrés, mais n’acceptait plus les codes condensés de la TI-57, avec pour conséquence la sensation d’une consommation plus élevée de mémoire-programme.

Les 57, 58 et 59, perdaient leur contenu à chaque extinction, ce qui était contraignant, surtout en regard de leur autonomie. Ce n’était plus le cas de la TI-58C (le C signifiant mémoire Constante ou Continue) qui conservait les contenus au delà de toute extinction.


La TI-58C fut ma quatrième machine, juste après la TI-57. Elle coûtait horriblement cher pour mes pauvres moyens. Déjà ce n’avait pas été facile d’acheter la 57, il m’avait fallu attendre des mois alors qu’elle ne coûtait que 300 Francs. Ici, c’était 750, mais il me la fallait coûte que coûte. Cette machine m’hypnotisait toutes les fois que je passais devant les vitrines. Et j’avais un peu d’argent après un premier emploi de quelques mois.

Je choisis de me rendre à Paris, au printemps 1982 pour réaliser l’achat. Les prix pratiqués dans mes boutiques locales étaient en effet prohibitifs. Je descendis ainsi pour la première fois seul dans la capitale. J’avais étudié le plan du métro pour me rendre à la FNAC Montparnasse. Pas si facile en fait, car si le métro s’est bien arrêté à la station prévue, je n’avais pas imaginé tant d’issues pour en sortir, avec des sorties côté pair ou impair, côté rue truc, ou côté gare … bref j’en ai emprunté une au hasard, et ai réussi à me perdre dans le quartier. Il y avait bien la Tour qui me permettait de ne pas m’éloigner, mais je n’en étais pas moins perdu. Je finis par remonter le courant des personnes munies d’un sac FNAC et atteignis mon but.

Après l’achat, sur le quai du métro du retour, je ne pus m’empêcher d’entrouvrir la boîte. La machine était bien là, tout près, toute neuve, magnifique, ce n’était pas un rêve.

J’ai vénéré cette machine tout le temps que je l’ai utilisée, c’est-à-dire un peu moins d’un an. En effet, en raison de la piètre qualité des claviers TI de l’époque, ma 58C a rapidement montré des signes de faiblesse : les touches avaient un effet redondant, qui répliquait un appui de « 1 » en « 111 » ou déclenchait pour un rien le clignotement d’affichage après ce qui n’était pourtant intentionnellement qu’un appui unique sur un « +« . Effet désastreux. Ne parlons pas de la programmation en de telles circonstances. Comment entrer correctement un programme, sachant que sur ces machines, l’instruction disparaît de la vue une fois tapée (la TI-66 saura faire mieux), qu’une même instruction requiert souvent plusieurs appuis et plusieurs pas, et que les touches SST et BST permettant la relecture sont affectées du même hoquet …

Ajoutons que lors d’un geste malheureux, j’ai arraché une patte de contact du module enfichable. Machine HS, quel dommage. Je l’ai conservée année après année, plus sentimentalement que par espoir d’une réparation future.

Bien m’en a pris car bien plus tard, Internet est arrivé et m’a permis de remédier à cette situation. J’ai pu me procurer une machine en état de marche, puis y ai puisé l’électronique qui est venue prendre place dans ma TI-58C, qui a pu de nouveau fonctionner.


J’ai pu réaliser certaines belles choses avec ma TI-58C, notamment un programme professionnel qui me permit, accessoirement, de tester en réel l’accueil de l’informatique par les populations « vieille école ». Je m’explique : en 1983, je venais d’obtenir mon premier vrai emploi (de bureau, dans une banque). Chaque jour en milieu d’après-midi, il était nécessaire de dresser un inventaire très précis de valeurs en caisse après fermeture des guichets (billets et pièces selon tous conditionnements. Il fallait, pour une soixantaine de références, relever les quantités restantes, tenir compte des conditionnements (par 25, 30, 50 pour certaines, par 500, 1000 pour d’autres, par bracelets, sacs, rouleaux …) et traduire tout en valeur monétaire. Opérations longues, purement arithmétiques, rarement justes du premier coup en raison des erreurs de calculs des uns ou des autres, qui me tentèrent d’en faire un programme pour TI-58.

Toute une soirée, je tentai de me replacer en situation et me remémorai toutes les étapes du processus pour en faire une traduction informatique. Quand les essais me parurent probants, j’allai me coucher, impatient de lancer mon programme en situation réelle.

Le lendemain, en milieu d’après-midi, je sortis fébrilement ma TI-58 et proposai de me charger de l’inventaire. La réaction de mes collègues, pourtant ordinairement joyeux et sympathiques, fut d’emblée hostile. En résumé, voici ce que j’entendis : « tiens voilà le petit nouveau qui nous prend pour des demeurés, qui se la joue avec une machine façon James Bond, et puis d’abord seuls les imbéciles ont besoin d’une machine à calculer etc. » Ambiance imprévue et détestable. Je me lançai quand même. Mais mon programme se révéla bogué, comme c’est souvent le cas lors d’une première utilisation. Donc sous le regard rassuré et narquois de mes gentils collègues, je dus tout recommencer en manuel.

Les bugs étaient faciles à corriger et dès le lendemain, j’aurais pu mettre à profit la justesse et la rapidité du programme. Mais j’étais écœuré par l’incompréhensible réaction que je venais d’essuyer et plus jamais par la suite, je n’amenai ma 58 au bureau … Ce qui ne m’empêcha pas d’utiliser des calculatrices plus simples, entraînant systématiquement les allusions réductrices des anciens, qui calculaient toujours à la main, crayon sur l’oreille et bombant le torse, faisant sans arrêt toutes les erreurs possibles. Combien de fois ai-je entendu : « ne cherchez plus, vous allez rire, c’est juste une erreur de report ». Juste une erreur qui avait fait perdre 30 minutes à chacun, comme cela se produisait 3 fois par semaine. Moi aussi je savais calculer avec un crayon, et depuis la classe de CP. Mais j’étais protégé de toute erreur avec ma calculatrice, mais pas des remarques stupides. Lointaine époque que je ne regrette pas, de ce point de vue …

TEXAS INSTRUMENTS TI-57 LCD

Printemps 1982, le magazine L’Ordinateur de Poche annonce dans son numéro de mai-juin la remplaçante en titre de la vénérable TI-57 à chiffres rouges de 1977.

Ce coup de jeune est attendu. La gamme 57 58 et 59 à chiffres rouges commence à manquer de souffle face à une concurrence dynamique et novatrice.

La 57LCD ne vient pas seule, une TI-88 est annoncée pour le haut de gamme. Pas de chance, cette dernière ne sera finalement jamais lancée.

Revenons à la TI-57LCD. Un écran LCD, une vraie autonomie, une mémoire permanente, voilà pour la modernité bienvenue. En revanche les spécifications techniques la placent très en retrait de l’ancêtre TI-57, c’est un comble.

Les possibilités de programmation sont toujours là. Mais la taille mémoire a fondu, avec 48 pas seulement, et en absorbant tous les registres disponibles par dessus le marché, quand la TI-57 primordiale ne faisait aucune concession sur ses 8 mémoires.

Désagrément supplémentaire, le clavier est raté, de très mauvaise qualité : Rapidement les touches requièrent un appui de plus en plus fort, notamment les plus utilisées comme « ON« . La 57 LCD devient vite complètement inutilisable. Comparativement aux claviers des TI-57 58 59 qui provoquent des répétitions parasites, ici s’y ajoute la dureté croissante. Le picot interne des touches, à l’usure prématurée, peut être incriminé selon moi. L’examen visuel de l’arrière d’une touche « ON » fatiguée montre sans équivoque l’usure voire la disparition totale du picot de contact.

La TI-57 LCD n’a donc jamais vraiment remplacé l’ancêtre malgré ses ambitions. Une nouvelle 57II au meilleur clavier sera lancée en 1985 mais il faudra attendre 1986 et la TI-62 pour se sentir enfin en présence d’une vraie TI-57 moderne et sans concessions.

A signaler la disparition des légendes SUM et PROD (respectivement ajouter ou multiplier en mémoire). Les fonctions existent bien cependant, SUM devient STO+ et STOx pour le produit. Et les inverses STO- et STO/ sont disponibles.

Un dernier grief que la 57 LCD va partager avec beaucoup de futures TI scientifiques : la trappe à piles. Ce petit dispositif va se montrer très fragile. Il ne peut s’ouvrir qu’en force, avec un objet contondant. Comme les ergots de la trappe sont très fins et que le ressort des piles bouton appuie continûment dessus, la trappe lâche facilement et la machine devient inutilisable, les piles n’étant plus maintenues. Seule solution, laisser la calculatrice définitivement enchâssée dans son étui rigide à couvercle.

Ai-je dit que la TI-57LCD est une très mignonne machine ? Alors voilà qui est fait. 🙂

Pour aller plus loin,

http://www.silicium.org/site/index.php/24-catalogue/ordinateurs-de-poche/66-texas-instruments-ti-57-lcd

 

MBO Alpha 5001

MBP5001-2

Une extra-plate à grande autonomie, mémoire encore volatile, et dépourvue d’AUTO SHUT OFF

Je l’ai trouvée tout récemment. Je devrais dire retrouvée. Car je l’avais vue en 1980, en vente dans une papeterie, à Soissons, et sous la marque Sanyo, à un prix bien plus élevé (400 Francs) que celui de ma Mondimat scientifique d’alors, extra plate elle aussi. Par la suite, je ne l’avais plus jamais vue nulle part ailleurs. Je crois me souvenir que les couleurs étaient un peu différentes.

Calculatrice peu répandue, mais bénéficiant d’une électronique courante à l’époque, qui équipait d’ailleurs ma Mondimat. En fait il s’agissait de la même machine et je ne pouvais m’en douter, la présentation du clavier étant très différente.

Un argument qui explique peut-être le prix élevé : le clavier, qui procure un excellent toucher et semble très fiable.

TEXAS-INSTRUMENTS TI-58

Grande  sœur de la TI-57.

Tout comme elle, la TI-58 ne savait pas conserver ses données après extinction ou panne sèche. Le préjudice était ici plus grand car la taille mémoire est supérieure : 240 pas de mémoire-programme contre 50 pour la 57.

La mémoire de la 58 était partitionnable, de façon à privilégier selon les nécessités le nombre de mémoires de données ou bien la place laissée aux instructions de programmes.

Par ailleurs un programme sur 58 consommait davantage de place que sur 57, car les adresses (de mémoires ou de branchements) ne pouvaient plus être combinées aux instructions. Ainsi, l’instruction INV SUM 7 (soustraction en mémoire n° 7) est traduite sur TI-57 par le code unique « -SUM7 » sur un seul pas, tandis qu’elle en mobilise trois sur TI-58 (INV  SUM  007).

Compte-tenu de ce décompte différent, on peut dire que la TI-58 avait grosso-modo 3 fois plus de mémoire que sa petite sœur et pas plus.

Quelles étaient les autres différences ? L’adressage indirect pour la grande, permettant des choses interdites à la 57. La notion de drapeaux ou indicateurs binaires. Et les cinq touches supérieures pour appeler ou piloter les programmes du module.

Et donc un autre atout : les modules enfichables de mémoire morte (ROM). Ces modules contenaient des bibliothèques de programmes spécialisés. La 58 était livrée avec son « Master Library« , soit le module de base, contenant 5000 pas de programmes divers y compris un jeu, le HI-LO game. La plupart des programmes pouvaient être transférés en mémoire principale, ou appelés en tant que sous-programmes.

L’examen en mémoire d’un programme de module avait une très intéressante valeur pédagogique.

Les modules spécialisés proposés en option étaient axés sur les statistiques, l’aviation, la navigation, l’électricité, etc.

La puissance apportée par les modules explique l’intérêt que pouvait malgré tout présenter une calculatrice dépourvue de toute sauvegarde mémoire. La 58 sera d’ailleurs beaucoup utilisée par diverses sociétés ou entreprises, pour qui Texas-Instruments concevra des modules sur mesure.

Texas-Instruments lancera aussi une 58 à mémoire permanente : la TI-58C, machine fabuleuse qui connaîtra un grand succès, et sera d’ailleurs ma quatrième machine, mais ceci est une autre histoire.

Une interrogation franco-française pour finir : Le catalogue de La Redoute proposait ses TI-58 avec un second module, à choisir dans une liste de modules spécialisés. Or, sur le marché de l’occasion, où la TI-58 est très présente, on ne voit jamais de TI-58 avec deux modules. C’est soit le Master Library tout seul, soit accompagné d’une collection de modules divers, mais jamais deux modules. J’en conclus faute de mieux que La Redoute a vendu fort peu de ces machines ? Mystère.

redoute19811

BROTHER 848L

La 848L n’est pas une scientifique, c’est une semi-scientifique. Elle n’a pas les fonctions trigonométriques et logarithmiques ni les puissances, et ne connait pas non plus l’affichage en exposant de 10. Capacité limitée à <100.000.000. Juste une mystérieuse fonction DPS, en fait un sélecteur de décimales.

SHARP PC-1500

 

Un des premiers ordinateurs de poche, le deuxième de SHARP.

Je me souviens avoir vu surgir le tout premier, le PC-1211, en 1980. Tout le concept des ordinateurs de poche était dans cette machine, d’une nouveau type.

Au cours du premier semestre 1982 apparaissait le PC-1500. Le même génie avait œuvré. Le 1500 n’était pas une déclinaison du 1211, mais une « réplique », comme disent les géologues, d’un principe fondateur initial. Le PC-1500 et le 1211 semblent tous deux émaner d’un prototype fabuleux, chimérique, portant en son génome toute une décennie de machines prodigieuses.

Le PC-1500 est une volumineuse machine qui tient difficilement dans une poche. Son langage Basic est très puissant et son afficheur désormais graphique et non plus matriciel, mais sa mémoire est à peine plus étendue que celle du 1211. Il est possible d’enficher des modules de mémoire optionnels. Il existera une variante du 1500, appelée 1500A, de couleur plus sombre, qui offrira en standard nettement plus de mémoire.

Point pratique intéressant, la ligne de touches dédiées au Basic sous l’écran, qui rendent la saisie plus confortable et efficace.

Le PC-1500 bénéficie d’une imprimante fabuleuse, capable de piloter 4 stylos de couleurs.

Le PC-1500 n’est pas tout-à-fait une machine du passé. Il continue de nos jours d’alimenter la réflexion d’informaticiens passionnés, étudiant toujours plus profondément les tréfonds de sa mémoire, développant des utilitaires toujours plus transcendants … Que nous préparent-ils ?

TEXAS-INSTRUMENTS TI-66

Après la toute-puissante TI-59 de 1977 et le projet sans suite TI-88, Texas-Instruments modernise son offre et lance en 1983 cette machine simple et de présentation horizontale, d’un esprit resté proche des TI-58C (à l’exclusion des modules enfichables, principe inconnu de la 66).

L’affichage, désormais de technologie LCD, montre le pas de programme en cours et en clair sous une forme alphanumérique, quand les précédentes ne montraient qu’un code chiffré non visible au moment de la frappe. Le progrès est réel.

La consommation et l’autonomie sont devenues bien plus satisfaisantes. La logique de programmation reste très proche de celle des modèles TI-58 et 59.

Je me souviens qu’à l’époque où je la voyais en magasin (1984 ?), la TI-66 me semblait chère, 400 Francs de mémoire, pour un modèle regardant vers le passé sans le panache des modèles remplacés, c’était beaucoup. La taille mémoire disponible était restée à peu de choses près celle de la TI-58, le partage entre mémoire de programme et registres de donnée s’effectuant désormais au registre près si besoin et non plus à la dizaine. Quant à la rapidité de calcul, franchement en retrait, cela n’était pas indiqué sur la boîte et l’utilisateur, forcément déçu, la découvrait par lui-même.

Pour l’anecdote, un détail m’inquiétait : les deux interrupteurs rouge et gris qui me semblaient fragiles. Ce n’est pas le cas, quarante ans après, la qualité de construction de ce modèle a fait ses preuves.

Le processeur est de marque Toshiba. Le manuel rappelle une précision de calcul interne de 13 chiffres, arrondis à 10 pour l’affichage. Une précision identique sur le papier à celles des 58 et 59. Pourtant je m’étonne des résultats souvent excellents fournis par la TI-66 lors de tests de précision poussés.

Il existe un port de connexion pour périphérique d’impression : la PC-200.

Une machine à ne pas oublier, solide, très fiable. Avec malgré tout une fragilité telle une épée de Damoclès, partagée par beaucoup de TI de cette époque : Une trappe des piles à ouvrir et fermer avec les plus grandes précautions, car se verrouillant par un ergot très fin. S’il casse, la machine peut être jetée car plus rien n’exercera la pression nécessaire sur les piles.

Ci-dessus la trappe des piles où l’on voit un ergot particulièrement vulnérable aux manipulations trop énergiques. La conception d’un logement, où la trappe assure elle-même la compression des piles, est partagée par beaucoup de modèles Texas-Instruments de cette époque.

 

TEXAS-INSTRUMENTS TI-65

TI65

Même carrosserie que la TI-62 sur cette TI-65 de 1986. L’affichage est plus traditionnel, avec des digits classiques 7 segments. Beaucoup de fonctions qualifiées de « techniques », dont un original chronomètre, à la seconde, fonctionnant aussi à rebours.

Programmable avec conversion automatique des mémoires utilisateurs à raison de 7 pas gagnés pour 1 mémoire perdue, et ce jusqu’à 100 pas. Alors que la TI-62 ne dispose que de 10 mémoires et d’un espace programme irréductible de 42 pas, la TI-65 descend jusque zéro et offre dans ce cas 16 mémoires, de 0 à F. L’arithmétique en mémoire est possible mais à la différence de la 62, elle consomme un pas supplémentaire. Il en résulte que son espace mémoire de programme est plus étroit que celui de la 62. Quand aux tests, fini le registre t, les tests de comparaison portent ici sur n’importe quelle registre.

Voici le plan de la mémoire, issu du manuel.

Pour résumer, une machine originale et puissante. Le clavier est sans défaut même pour la longue touche EGAL qui répond où que le doigt se pose.

TEXAS-INSTRUMENTS TI-62 Galaxy

La vraie remplaçante de la fameuse Ti-57 à chiffres rouges ?

La TI-62, de présentation horizontale, tendance Galaxy oblige, née en 1986, se manipule à l’ancienne et le nostalgique de la TI-57 n’est pas vraiment dépaysé. La mémoire programme de 42 pas peut absorber les mémoires disponibles et gonfler à raison de 7 pas par mémoire, jusqu’à culminer à 100 pas. Il ne reste alors plus qu’une seule mémoire disponible. Grosso modo, la mémoire globale n’est pas supérieure à celle de la vieille TI-57.  Par contre, on a droit désormais à un éditeur de programmes alphanumérique (digits 14 segments) et à une autonomie confortable.

La TI-62 est une championne de la lenteur, laissée sur place par nombre de machines bien plus archaïques, vénérable TI-57 compris.

A sa décharge, les programmes s’exécutent en affichant brièvement en clair chacune des instructions. On ne peut pas dans ces conditions pulvériser les chronos.

La construction est bonne et le clavier excellent.

Le plan de la mémoire, issu du manuel :

TEXAS-INSTRUMENTS TI-95 PROCALC

TI-95 et TI-59 sont des machines de philosophie proche sous des aspects très différents.

Un contexte compliqué pour le TI-95 : En plein raz-de-marée des ordinateurs de poche, où rivalisent Sharp et Casio, Texas-Instruments n’a pas préparé ce type de réponse et cherche sa solution. Le fameux projet de calculatrice alphanumérique TI-88 qui devait aboutir en 1982 est arrêté. Depuis, Texas-Instruments hésite et couche sur sa page blanche le très original ordinateur de poche CC40, puissant, original, qui ne rencontrera pas son public.

En 1986, quatre longues années après, arrive le couple TI-74 Basicalc et TI-95 Procalc. Peut-on regarder ces deux machines comme le concept maison de l’ordinateur de poche ? : des machines au format paysage, à clavier « qwerty », à la fois bases de programmation évolutives alphanumériques et calculatrice ? L’une se programme en langage Basic, l’autre en classique enregistrement de touches. Les deux machines partagent la même carrosserie.

Qu’est-ce donc que le Procalc ? Cette calculatrice à la physionomie brutale est totalement dans l’esprit de l’ancienne TI-59. Et elle en corrige tous les défauts.

La 59 a +/- 1000 pas de mémoire, le 95 en a 7 fois plus
La 59 n’a que 3 heures d’autonomie, le 95 en a beaucoup plus
La 59 a une mémoire volatile, le 95 a une mémoire permanente
La 59 est fragile (clavier, contacts …), le 95 est robuste
La 59 est exclusivement numérique, le 95 est alphanumérique

La 59 pilotait ses programmes au moyens de touches A à E couplées à de fines cartes à enficher juste au dessus, le 95 propose – est-il le premier ? – le principe des touches de menus promis à un bel avenir.

Pour le reste, le TI-95 permet lui aussi l’ajout de modules (tous optionnels cependant quand la 59 était livrée en standard avec son « Master Library« . La TI-59 embarquait une sauvegarde par cartes magnétiques mais la mémoire du 95 est segmentée dans cet esprit. Quant aux programmes conçus pour TI-59, ils peuvent facilement être transposés pour TI-95.

Les fonctions de calcul du TI-95 sont nombreuses et sa programmation puissante et riche. Les capacités alphanumériques ne vont cependant pas aussi loin qu’espéré. On peut enrichir les programmes de messages en minuscules et majuscules. Il est possible de stocker et rappeler des messages d’une longueur allant jusqu’à 80 caractères, avec caractères spéciaux. Mais il manque le traitement de chaînes, l’extraction de caractères, comme le fait si bien le Basic.

A noter aussi que le 95 est une des très rares calculatrices à avoir su tirer parti du format horizontal pour offrir un afficheur de taille généreuse.

Un petit reproche : l’énorme touche CLEAR placée là où on aimerait trouver une touche ENTRÉE. D’où parfois des effacements intempestifs.

En conclusion le TI-95 est une machine puissante – dans laquelle certains décèlent le fantôme de la TI-88 – qui n’a cependant pas connu le succès car probablement en décalage avec le marché de l’époque (1986).

Le fait qu’on le trouve régulièrement sur le marché de l’occasion vient sans doute tempérer ce sentiment d’insuccès.

TI95MODULE

TEXAS-INSTRUMENTS TI-57

La mythique TI-57.

Cette machine fut très diffusée entre la fin des années 70 et le début des 80. C’était une programmable à prix étudié. Et quelle programmable !

Nombre d’informaticiens d’âge mûr désormais avouent avoir débuté sur cette machine. Au menu des possibilités: des sauts conditionnels, des sous-programmes, une touche « pause » magique, un compteur de boucles. De quoi se faire plaisir.

Une contrainte : la taille mémoire minuscule de 50 pas. Les ardeurs étaient vite refrénées et le maître-mot était « optimisation », ou comment, à force d’astuce et de connaissance intime de sa machine, faire entrer un programme de 70 pas sur le papier dans les 50 disponibles. C’était du sport.

Ce qu’on oublie souvent de mentionner quand on parle de ses limitations, c’est que la 57, à la différence des 58 et 59, permettait les codes combinés. Ce qui signifie qu’un seul pas était suffisant pour stocker à la fois l’instruction (stockage mémoire par ex.) et l’adresse (mémoire n° 5 par ex.). Cela permettait de ne pas voir arriver trop vite l’ultime pas n° 49.

Une autre limitation, la mémoire volatile : la machine se vidait complètement à chaque extinction. Certains explorateurs talentueux découvrirent qu’il était possible de tromper la machine par un petit programme en principe invalide, qui ouvrait en fait une porte vers des manipulations secrètes. On pouvait ainsi n’éteindre que l’affichage, procurant une autonomie plus décente à la machine (autonomie native de 3 heures seulement). Il était aussi possible de faire apparaître les lettres A B C D E F.

Deux dernières particularités de la 57 : lors de l’exécution d’un programme, l’afficheur montre le déroulement de celui-ci à grande vitesse … sur fond de vocalises de grésillements, bien audibles en collant l’oreille au dos.

J’achetai ma TI-57 au printemps 81, dans une librairie qui soldait toutes ses calculatrices 25%. C’était très cher pour moi, mais 224 Francs, c’était finalement le meilleur prix que j’aie pu voir en deux ans.

De retour chez moi, je constate un problème. Le ressort de l’interrupteur n’est pas bien en place, de sorte que la machine s’allume quand je l’incline à droite, et s’éteint si je la penche à gauche … Déception. Je la reporte chez le marchand, qui reconnait le problème et me remplace la 57, dont je vérifie sur place le clic de l’interrupteur. De retour chez moi, ça ne va toujours pas. Cette fois, la machine s’allume mais aucune touche ne répond. Que se passe-t-il donc ? En fait, la touche RST est complètement bloquée et ne peut s’enfoncer. Ce blocage rend inopérantes les autres touches. Je visite à nouveau le marchand qui, cette fois fait la grimace. Il me donne une troisième machine, c’est sa dernière. Heureusement, c’est la bonne et cette TI fonctionnera à merveille pendant … un an. Après cela viendra le problème des touches qui rebondissent, énorme défaut des claviers TI de cette époque. Quel dommage.

A ce jour, ma 57 fonctionne toujours, si on accepte les rebonds décourageants des touches qui écrivent 111 au lieu de 1 et qui déclenchent le clignotement d’erreur quand on appuie sur le + (la TI-57 ne gère pas plusieurs appuis successifs sur les touches d’opérateurs).

TI-57-2

 

SHARP PC-1251

Mon premier ordinateur de poche : le SHARP PC-1251. Acheté en grande surface en septembre 1983. Je n’oublierai jamais l’étonnement de l’hôtesse qui me vendit le minuscule appareil, quand elle vit l’énorme manuel qui l’accompagnait. « Si si, c’est normal » lui glissa sa collègue. La jeune personne n’avait visiblement aucune idée de ce que pouvait être un Pocket Computer.

Détail amusant : l’achat était motivé par le souvenir du déjà vieux SHARP PC-1211, qui m’avait produit une impression considérable deux ans auparavant. Pas assez fortuné pour en acquérir un à l’époque. Deux ans après, le PC-1211 était déjà regardé, et avec respect, comme un ancêtre complètement dépassé.

Ayant maintenant un premier emploi, je pouvais me financer son modernissime successeur, le PC-1251, rapide, au langage puissant, une taille mémoire large, des instructions PEEK/POKE et un dessin irrésistible. J’ai adoré cet appareil que j’ai pourtant revendu après quelques mois. Pourquoi ? Il faut se souvenir qu’à l’époque, il régnait encore une certaine méfiance à l’égard des petits appareils électroniques, regardés à tort (on le constate maintenant), comme des objets nécessairement fragiles. Ainsi, j’étais vraiment dubitatif au sujet du commutateur général, ayant également fonction de sélecteur et constamment sollicité, que je pensais être un point faible, une véritable erreur de conception.

Erreur totale de jugement, les PC-1251 fonctionnent toujours très bien 40 ans plus tard, même s’ils montrent désormais une vulnérabilité au mal de « l’huile noire », tout comme l’aîné PC-1211.

Note au 28 avril 2021 : Il existe aujourd’hui des artisans capables de produire des écrans de remplacement tout-à-fait identiques à l’original.

SHARP PC-1211

Le tout premier ordinateur de poche Basic.

Tout a été dit sur le PC-1211. Sharp a réussi un pari inattendu et incroyable avec un modèle qui a lancé une nouvelle génération de calculatrices-ordinateurs ayant perduré tout au long des années 80 et plus, grâce à l’émulation suscitée au sein des constructeurs concurrents.

En quoi consistait ce pari ? : « nous sommes en 1980, tournons la page des calculatrices qui peuvent se programmer, et passons aux ordinateurs qui peuvent aussi calculer ». Quel était le concept ? Des machines au format horizontal, un écran LCD alphanumérique à faible consommation, se déployant sur toute la largeur offerte, un langage de programmation évolué, puissant, conversationnel, ouvert à tous. Et un design à la fois travaillé et dépouillé, ne laissant apparaître que les claviers alpha et numérique. Réussite totale. De cette recette surgiront des dizaines de machines aux possibilités toujours accrues.

A noter que le Sharp PC-1211 me semble avoir un statut spécial. Contrairement à ses successeurs, il n’est pas un « ordinateur de poche », ce terme désignant juste après lui cette nouvelle génération d’appareils. Le Sharp PC-1211 est un « ordinateur », tout simplement. C’est comme cela qu’il était vécu, comme l’ultime incarnation d’une informatique en pleine effervescence, devenue portable, aussi puissant qu’un gros ordinateur de l’année passée, et enfin accessible au grand public.

Mon tout premier contact avec le SHARP PC-1211 : Des catalogues de composants électroniques que mon frère consultait régulièrement. Dans certains encarts minuscules, on distinguait le PC-1211. Les petites descriptions évoquaient l’univers du calcul et de la programmation (notamment le terme non équivoque 1424 pas). Bref, cet appareil m’intriguait, mais je ne disposais pas d’informations.

Mais voilà qu’un jour, au lycée, le professeur principal entre dans la salle de cours en tenant un petit objet mystérieux au creux de ses mains. D’un air solennel il nous annonce que ce minuscule objet a 10 fois plus de capacité que tout le matériel informatique qu’on pourrait trouver dans cette école (notamment l’Olivetti P203 de la classe de comptabilité). S’ensuit une présentation de l’objet, du programme de jeu que le professeur a entré en mémoire. Puis l’appareil passe de mains en mains, moment inoubliable, qui ne répond pas encore à mes interrogations sur la nature de cet appareil, ses possibilités, sa raison d’être. Le précieux magazine « L’Ordinateur de Poche » m’apportera les réponses.

C’est bien plus tard, en mai 2006, que j’aurai enfin mon PC-1211 à moi. A cette occasion, une petite frayeur, étant convaincu d’un défaut de l’affichage. Le « O » ressemblait en effet à une pomme, avec une queue qui dépasse en haut. Pas de quoi avoir peur cependant, le « O » en forme de pomme, c’est normal, juste une bizarrerie de sa Majesté le PC-1211(*). D’ailleurs le zéro est lui aussi spécifique. Il est rectangulaire et ne comporte pas encore la barre diagonale qui se généralisera par la suite pour différencier les « O » des Ø.

SHARP_PC-1211-2

Le PC-1211 est particulièrement vulnérable au mal de « l’huile noire ». On voit ici l’écran dont le noircissement a déjà commencé sur le pourtour. Cette altération affecte la lisibilité mais reste heureusement sans effet sur le fonctionnement de l’appareil.

SHARP_PC-1211-1SHARP_PC-1211-3

Peu de 1211 demeurent intacts aujourd’hui, mais tout n’est pas perdu : il a existé une version tardive du PC-1211, à écran gris et nommée PC-1212.

Le PC-1212, machine non rare, pour l’instant à l’abri de l’huile noire, permet de retrouver toute la magie du 1211. Pas complètement cependant car l’écran jaune fait partie de mon point de vue de la personnalité du PC-1211. En gris ce n’est plus tout-à-fait pareil.

[ajout de 2023]

Il existe aujourd’hui des prestataires qui proposent des écrans de remplacement, strictement identiques à l’original (**). Le très populaire SHARP PC-1251, désormais concerné lui aussi, peut également recevoir son écran de remplacement.

SHARP_PC1212

(*) Caractéristique partagée avec le CANON F-300P

(**) La couleur de l’écran est d’un ton sensiblement différent de l’original malgré tout

SHARP EL-546

Peu de gens ont vu la SHARP EL-546. La production du constructeur japonais est si colossale que nombre de modèles passent souvent inaperçu.

J’ai acheté la mienne en octobre 1987. De toutes mes machines, la 546 fut une des rares à être utilisée au quotidien durant plusieurs années. Cette calculatrice est une petite merveille : solaire, je n’ai jamais remplacé la pile de secours. Deux mémoires, des fonctions préprogrammées de résolution de 3 équations simultanées, les complexes, les bases de numération, les constantes physiques, les probabilités … Et un magnifique afficheur dénommé 10DIGIT99.

La SHARP EL-546 s’appelle aussi EL-506SLR dans certains pays.

Une carte électronique si plate qu’elle semble privée de sa 3e dimension, logée derrière l’afficheur.

SHARP EL-512

Un beau jour de 1984, j’ai craqué pour cette belle petite calculatrice, vendue alors dans l’hypermarché « RADAR Géant » de Cambrai. Ces petites SHARP m’étaient familières car assez répandues dans les vitrines, mais de mémoire elles étaient plutôt chères.

La SHARP EL-512, produite à partir d’octobre 1981, disposait d’une fonctionnalité très moderne et pratique : la flèche à droite (sous la touche rouge C-CE). Jusqu’alors, en cas d’erreur de frappe, il fallait taper CE puis retaper entièrement la valeur. Avec la flèche, les derniers caractères étaient effacés l’un après l’autre.

A noter le point pâle affiché tout à gauche, qui renseigne sur la vigueur des 2 piles.

MONDIMAT LC 5801

La Mondimat fut ma deuxième machine. Commandée à La Redoute en août 1980. Elle coûtait 159 Francs, ce qui était fort raisonnable. Le commentaire disait : « scientifique 100 fonctions » … Tout un programme.

A la première mise en route, une originalité : le zéro est à gauche. Elle en présentait deux autres, uniques. En affichage scientifique, elle ne peut théoriquement dépasser l’exposant 99. Cependant, elle est encore capable de décaler le point décimal vers la droite pour atteindre la capacité réelle de <1E107, et peut donc afficher la factorielle de 73. Autre bizarrerie, en demandant la conversion de degrés décimaux vers le mode sexagésimal d’un nombre de 7 chiffres + 3 décimales, la Mondimat affiche 4 décimales, soit en tout 11 chiffres significatifs : du jamais vu par ailleurs.

Cette machine a été commercialisée sous les marques Prinztronic, Privileg, APF, Electro Calcul et sous des habillages différents sous les marques NSC, Aristo, PanasonicMBO, Antares, Canon, Olympia et sûrement plein d’autres. Ah oui tiens, aussi une Philips, identique en tous points à la Mondimat, mais avec des LCD gris, et un prix de 399 Francs (!) au magasin Radiola de Cambrai où je vis cet exemplaire unique voilà bien longtemps …

Ma Mondimat s’est définitivement éteinte après un an, jour pour jour. A cet époque, la confiance en la fiabilité des petits appareils électroniques était faible, de sorte que je n’ai pas été étonné de cette panne définitive, quoique très attristé. Trente ans plus tard, grâce à Internet, j’ai remis la main sur une Prinztronic identique (mais d’aspect très fatigué) et ai opéré un transfert de l’électronique.

Ma Mondimat s’est enfin réveillée de son long sommeil.

Sur le catalogue la Redoute de 1979, soit l’année précédente, la LC5801 avait un autre nom, elle s’appelait 3800. Un numéro également usité pour la SYSTEMA 3800, autre clone parfait de ma Mondimat.

La Mondimat LC-3800 de 1979, ci-dessous :

Et en 1983, La Redoute décidera de donner le nom de LC-5801 à une nouvelle calculatrice, triste, basique et totalement impersonnelle …

Ci-dessous, l’extrait du catalogue de 1983 :

HEWLETT-PACKARD HP-41CV

La HP-41 fut produite de 1979 à 1990 soit pendant plus de 10 ans, tenant brillamment tête aux ordinateurs de poche programmables en Basic qui marquèrent cette époque.

Elle avait nettement plus de mémoire que son aînée HP-67, un langage de programmation propriétaire puissant. Aussi des capacités alphanumériques, sublimées par l’afficheur à digits de 14 segments, reconnaissable entre tous. Et quatre emplacements pour accueillir des modules additionnels.

La HP-41 disposait de son imprimante optionnelle. On pouvait aussi se procurer un lecteur de cartes magnétiques, ou bien un lecteur de codes-barre pour saisie éclair de programmes publiés sous cette forme. Et belle cerise sur le gâteau, une mise en réseau de plusieurs machines et périphériques était possible, au moyen du périphérique HP-IL, vendu très cher à l’époque. Un concept abouti, une machine performante, évolutive, un prix relativement accessible, tout cela bien né, au moment où il faut.

CASIO FX-602P

Machine mythique pour qui s’intéresse à la période des années 80.

En 1981, dans un comparatif publié par le magazine « L’ORDINATEUR DE POCHE« , les testeurs saluaient les qualités de la discrète et prometteuse FX-502P, tout en s’interrogeant sur le potentiel réel et la pérennité des ambitions de Casio sur ce marché.

L’avenir tout proche va montrer que Casio allait tenir la dragée haute à son concurrent Sharp tout au long de la décennie, produisant des ordinateurs de poche de tout premier plan.

Mieux, en plein séisme de la révolution Basic, Casio n’oublie pas les calculatrices et sort, comme pour la plaisir, la FX-602P, succession de la 502P.

La 602P offre 512 pas de mémoire programme (deux fois plus que la 502), mais surtout elle est devenue alphanumérique. Un confort incroyable pour la programmation. La machine peut aussi afficher des messages de façon très efficace.

Elle dispose de l’adressage indirect, gère la partition programme/variables, et peut se connecter à un périphérique de sauvegarde ainsi qu’à la petite imprimante FP-10 (tout comme la 502 et le 702). Ce sera une machine incomparablement confortable et efficace à utiliser, sans autre contrainte que la taille mémoire, un peu chiche dans un paysage où le kilo-octet devient l’unité de base.

Le langage de programmation est tout simple et d’ancienne génération à la fois. Les variables ne sont pas encore manipulées de façon symbolique, le listing de programme se voyant peuplé de mnémoniques de rappels mémoire (MRxx).

De nos jours la CASIO FX-602P se trouve encore facilement sur le marché de l’occasion, mais c’est une machine appréciée, que les connaisseurs repèrent de loin et se disputent à coups d’enchères meurtrières.

Je commandai la mienne à l’automne 1984, mais une suite de péripéties logistiques m’empêcha de la recevoir avant 4 mois.

J’ai beaucoup apprécié cette machine, qui me fit le caprice de tomber en panne un beau jour. Je l’ouvris … pour commettre l’irréparable. En quelques minutes de manipulations maladroites, la carte électronique se trouvait définitivement endommagée. La 602 fut refermée pour de longues années.

Bien plus tard, grâce à Internet il me fut permis d’acquérir un modèle de substitution, en piteux état, mais fonctionnant. La carte électronique fut remplacée et ma 602 rouvrit les yeux.

ADLER LS1002

Cette ADLER est rare aujourd’hui. La signature du prestigieux constructeur se reconnait bien : l’obsession des trois couleurs sur les touches + C, une caractéristique toujours présente sur les modèles d’aujourd’hui.

Si l’ADLER LS1002 est peu courante, son électronique est en revanche commune aux Mondimat, Prinztronic, Aristo, Antares, NSC …, autres extra-plates à LCD jaune à 10 chiffres de l’époque, capables de montrer la factorielle de 73.

L’ADLER LS1002 a une petite sœur la TRIUMPH LS822A.

CASIO FX-180P

La Casio FX-180P fut un best-seller, visible des années durant dans les rayons des commerçants. Elle s’est  rencontrée dans de nombreuses versions. L’exemplaire ci-contre me paraît  représenter la 180P typique.

Cette machine est programmable, dans un langage peu performant et inconfortable.

La capacité de mémoire-programme plafonne à 38 pas, et l’absence d’éditeur n’aide pas à se lancer.

L’affichage de la 180P est sur 10 chiffres, plus une nuée de témoins LCD. Lors de l’affichage d’un nombre de 10 chiffres, il ne reste plus de place pour un signe MOINS, et donc décalage obligatoire d’une position vers la droite si nécessaire.

PRIVILEG SR-54NC

PRIVILEG_SR54N

Marque du géant allemand de la vente par correspondance QUELLE, PRIVILEG proposait en 1975 une superbe calculatrice positionnée en concurrente de la fameuse Hewlett-Packard HP-45.

La logique de calcul est donc ici postfixe, c’est-à-dire sans touche ÉGAL. Avec son processeur Mostek, la PRIVILEG s’utilise comme une HP, la pile comportant quatre niveaux, les fonctions LastX, R Flèche bas, et bien sûr ENTER, symbole de la notation posfixe. Les fanas des HP ont une petite surprise : les doigts, cherchant le ENTER, trouvent par erreur le EE, touche de saisie d’un exposant, le vrai ENTER étant disposé à la base du clavier.

La PRIVILEG SR-54NC est une très belle machine. La sensation qu’elle procure en main est très agréable, son poids notamment est mesuré, l’alimentation étant assurée par seulement trois piles de type AA.

Disposant d’un minimum de fonctions scientifiques, plus 4 conversions anglo-saxonnes et une pincée de statistiques, on est surpris en revanche de trouver un afficheur généreux à 12 chffres ! tiens tiens … Et lors d’un (long) calcul de trigonométrie, les digits entrent dans un délire visuel. Tiens tiens … Ces caractéristiques rappellent étrangement au moins deux autres machines : l’OMRON 12SR, à chiffres verts et l’APF MARK 55, à chiffres rouges.

La PRIVILEG partage en effet son électronique avec plusieurs modèles. Outre les deux machines citées ci-dessus, on trouve aussi une SANYO CZ2901, et deux autres perles bien difficiles à dénicher, d’aspect proche de la PRIVILEG : la CORVUS 500 et l’EMERSON E12.

Tous ces modèles sont très prisés des collectionneurs. Les prix pratiqués sont à l’avenant, et j’estime quant à moi avoir beaucoup de chance de posséder cette superbe PRIVILEG, en parfait état de marche de surcroît.

PRIVILEG_SR54N-2

CASIO FX-17

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Sublime représentante de la gamme CASIO du milieu des années 70. L’objet, compact, présente un dessin désormais typique de CASIO, avec notamment cette curieuse absence d’une touche en bas de façade. Pourquoi ? Il me semble bien qu’on aurait pu y loger au moins une touche ÉGAL en double largeur, ou bien le classique pourcentage. Il se pourrait que ce vide soit intentionnel, pour guider le doigt qui frappe, à un moment où les yeux sont occupés à lire les chiffres à saisir.

La FX-17 présente quelques archaïsmes : Le zéro est en demi-hauteur. Et du coup peu lisible pour l’œil de l’utilisateur du 21e siècle. Autre remarque, la notation avec un exposant de dix bloqué à 39.

Et à ce sujet, détail amusant, la touche EXP n’accepte qu’une saisie d’exposant à deux chiffres. C’est en théorie tout-à-fait normal, sauf que l’immense majorité des calculatrices acceptent habituellement une suite sans fin de chiffres, les seuls deux derniers étant retenus en tant qu’exposant. Et bien là non, si l’on s’est trompé dans la saisie de l’exposant, point de salut qu’effacer le nombre et tout recommencer.

Mis à part ces petites particularités, le comportement de la CASIO FX-17 est sans histoires. Et une longévité une fois encore qui surprend, cette calculatrice se révélant totalement fonctionnelle, sans la moindre faiblesse malgré les années.

DITTEL GMF 608

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A l’image de l’ARISTO M85, allemande elle-aussi, la DITTEL est très colorée. Pas moins de cinq couleurs de touches, et un écran tout rouge !

Poursuivons l’examen du design : des touches presque carrées aux belles légendes, de drôles de commutateurs latéraux qui déportent le clavier vers la droite sans plus de façons, de gros logos, dont l’énigmatique DIR qui orne plusieurs modèles de la marque bavaroise.

Cette belle calculatrice de 1975 est une scientifique accomplie : toutes les fonctions usuelles sont disponibles, mais aussi la notation avec exposant de 10 pour une capacité de calcul allant jusqu’à <1E+100. Mais bizarrement, pas de touche de changement de signe.

En regardant de près, on remarque que cette machine partage son électronique avec au moins deux autres petites machines à chiffres rouges : la RADOFIN 1660 et la SINCLAIR Cambridge Scientific. A noter que la DITTEL offre en façade le commutateur de choix angulaire. La SINCLAIR le permet aussi, mais va nicher son commutateur à l’intérieur de la trappe à piles !

Parmi les fonctions offertes, le Chg Not, appelé souvent CN sur d’autres machines. CN bascule le mode d’affichage de classique à scientifique. Dans les cas où les nombres (trop grands ou trop petits) ne peuvent être exprimés que sous forme scientifique, CN escamote l’exposant, montre tous les chiffres possibles, et éteint le point décimal, sans signification dans ce cas.

La DIR GMF 608 fonctionne avec 3 piles AA. Le clavier est devenu capricieux avec les années mais produit toujours des petits clics de bon aloi. Cinquante ans plus tard, la DITTEL fonctionne …

DITTEL_608

REALTONE SC-44

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On rencontre cette REALTONE également sous la marque KINGSPOINT. C’est une très grosse bête, aussi haute que les premières calculatrices graphiques. Cette reine du calcul d’un autre temps semble dater de 1974.

Son épais profil (4 cm !) permettait d’accueillir des batteries rechargeables. Ces dernières ne tiennent plus la charge depuis longtemps. La REALTONE fonctionne donc, mais obligatoirement reliée au secteur. Et ceci fait, elle se révèle complètement opérationnelle.

C’est une vraie scientifique, puissante, calculant sur 10 chiffres en interne. Elle n’a qu’une seule mémoire. Le ∑+ visible en bas est trompeur. Il suggère des possibilités de calcul statistiques.  Ça n’est pas le cas, le SIGMA jouant ici le rôle d’un accumulateur en mémoire (le M+ ou SUM chez d’autres).

L’overflow (= dépassement de capacité) se signale par un Γ à gauche, tout en affichant la mantisse de la valeur trop grande pour être représentée avec l’exposant correct. Ainsi, l’algorithme de calcul de factorielle prolonge le calcul jusqu’à la factorielle de 99, affichée alors avec le symbole d’overflow actif, quand la capacité de calcul réelle ne permettrait pas de dépasser la factorielle de 69.

Je trouve l’afficheur magnifique, avec ses 6 et 9 à 5 segments, et ses témoins (un point décimal) qui signalent le mode RADIANS et, plus rare, l’appui sur ARC.

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LLOYD’S ACCUMATIC 603

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Dans un précédent article consacré à la NSC 201R, il était question de la transition des machines volumineuses vers un design davantage miniaturisé. La LLOYD’S 603, ainsi que la NSC 201R sont extraplates, et insérées dans un carnet protecteur annonçant les fines calculatrices LCD qui vont bientôt montrer leur nez (nous sommes encore ici en 1976 ou 77).

Les machines de marque LLOYD’S ont bien souvent un air de famille, en particulier la couleur jaune sombre de plusieurs touches. La 603 est très chic dans sa présentation.

Sur le plan technique, la machine est basique. La seule fonction un peu mystérieuse se nomme GPM. Que peut donc bien faire cette touche ? En retournant la machine on peut y lire un aide-mémoire qui fournit le renseignement. Les 3 lettres sont l’abréviation de Gross Product Margin. Il s’agit donc d’un calcul de marge brute, donc un type particulier de pourcentage.

Une bête calculette dépourvue du moindre intérêt la LLOYDS 603 ? Et bien non pas vraiment, car je retrouve en elle une caractéristique fort curieuse rencontrée sur mon AGILIS, ma toute première calculatrice : certaines fonctions, en principe non disponibles sur le clavier, peuvent être appelées en combinant deux touches ensemble. Il faut pour cela frapper de façon absolument simultanée, et ne pas tenter de maintenir une touche enfoncée tandis qu’on enfoncerait l’autre car ça ne marcherait pas dans ce cas.

Je livre les couples magiques de touches :

– Le couple (8,2) provoque l’échange des registres MÉMOIRE et AFFICHAGE

– Le couple (9,3) calcule l’INVERSE, c’est-à-dire 1/X

– Le couple (7,1) provoque l’échange des registres X et Y (c’est inutile ici puisque la touche EX sert précisément à cela)

– Le couple (6,0) provoque le changement de signe (inutile également puisque touche dédiée).

Je n’ai rien trouvé d’autre. J’ignore combien de machines font cela mais c’est la première fois que je retrouve cette caractéristique. Je remarque sans en comprendre la raison que pour chaque couple (a,b) de touches, la différence ab donne 6.

A noter que la LLOYDS 603 et l’AGILIS acceptent l’exécution de la racine carrée d’un nombre négatif sans sourciller – comme si elle interprétaient l’ordre comme étant -(√n) et non pas √(-n). Cette « anomalie » concerne peu de machines, et surtout des anciennes. Ce peut être une piste : une calculatrice ayant ce comportement facile à vérifier connaîtra peut-être le principe de la double frappe secrète.

Pour terminer, je dirais que la LLOYDS 603 peut sans problème être emmenée partout vu son format, et peut sans attendre entamer une deuxième vie tant son fonctionnement est resté intact et sûr …

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PANASONIC JE-1403U

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Calculatrice scientifique typique de l’époque 1976.

Avec ses chiffres verts bien sûr. il y en a 10 sur ce modèle, ce qui n’est pas courant. Machine facilement démontable : une seule vis à ôter et la bête s’ouvre en deux. A l’intérieur un processeur pas tout-à-fait ordinaire : un Matsushita MN5753A 66, peu référencé, et donnant logiquement des résultats spécifiques lors de calculs d’arrondis poussés. Malgré son âge, la 1403 a un comportement des plus classiques.

Une petite réflexion générale sur l’overflow, ou dépassement de capacité : Sur cette machine, comme beaucoup d’autres, le dépassement de capacité (ici >9.9999999 E 99) provoque l’apparition du symbole d’erreur, avec blocage de la machine jusqu’à l’appui sur CE.

Cependant seuls les nombres à exposant positif déclenchent l’erreur. Les valeurs « infiniment » petites sont simplement considérées en tant que zéro après dépassement de la limite de plage (ici 9.9999999 E -99) et ne déclenchent pas d’alerte d’erreur …

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NSC 201R

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La NSC 201R n’est pas une calculatrice tout-à-fait comme les autres. Elle constitue une sorte de transition entre les grosses calculatrices à chiffres verts (technologie VFD) et les extra-plates à cristaux liquides (LCD).

Cette transition s’est faite si rapidement en cette fin de décennie 70 qu’on a vu d’un seul coup surgir des machines au format extrêmement mince (8 à 10 mm), et pourvues d’une formidable autonomie procurée par la technologie des cristaux liquides (LCD).

L’autonomie justement était le point faible des afficheurs lumineux. Les machines devaient s’alimenter de grosses piles AA, souvent 4, parfois plus, qui leur donnaient une épaisseur conséquente.

Or la NSC 201R, pourtant encore pourvue de l’afficheur vert, tente ici le design extra-plat. Et elle y parvient brillamment puisque munie de ses trois fines piles AAA, elle ne mesure plus que 13 millimètres d’épaisseur ! (voir plus bas la comparaison des profils avec l’UNISONIC 796, sa jumelle sur le plan technique).

La preuve qu’une mutation est en marche : la NSC est présentée dans son carnet protecteur, le même qui équipera tous les modèles extra-plats LCD par la suite.

La NSC 201R semble avoir bénéficié d’une conception soignée. Les matériaux sont de qualité, de l’alu brossé aux touches inusables et légèrement bombées, en passant par l’afficheur aux digits affleurants, ceux-ci pouvant être lus sous des angles inhabituels.

Côté technique, la NSC est une scientifique sans grandes prétentions.

Ci-dessous le NSC 201R (en haut) comparée à une VFD typique, la UNISONIC 796 (en bas).

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Et la présentation en étui « portefeuille », typique des calculatrices extra-plates

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NSC 118

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Extra-plate LCD typique du début des années 80, commercialisée également par PHILIPS  sous le nom SBC-158.

Mais c’est sous les couleurs de NSC que cette machine révèle le mieux son design métallique splendide.

Sur le plan technique, c’est une 8 chiffres scientifique avec fonctions statistiques. Elle partage la plupart de ses caractéristiques avec sa cadette TRIUMPH LS-826, y compris le sélecteur de décimales (touche DIG).

Ce poids plume est alimenté par une seule pile, de type CR2032.

CASIO FX-102

Imposante calculatrice à chiffres verts produite à partir de 1976. Le nombre de touches n’est pas élevé. Casio a pourtant voulu la machine énorme. Touches espacées, gros bords noirs, puis épaisse coque blanche, cette machine scientifique simple atteint 10 cm de large !

L’aspect est typique de la marque. L’écran affiche 10 chiffres, 9 pour certaines fonctions. Comme cela se rencontre sur les machines anciennes, la fonction puissance ne sait cacher le logarithme utilisé en interne pour le calcul. Cet artefact montre une précision d’un chiffre plus précis que celui renvoyé par la touche dédiée au logarithme népérien (Cette caractéristique a priori saugrenue ayant déjà été rencontrée par ailleurs, se pourrait-il que deux règles de calcul internes et spécialisées soient à l’oeuvre ? Je n’ai pas la réponse).

Les calculs statistiques sont proposés. Les données s’empilent par la touche ÉGAL.

L’alimentation est assurée par 4 piles AA.

Et comme souvent chez Casio, un « blanc » entre deux touches, ici EXP et EGAL. Cela me parait disgracieux mais aide incontestablement le doigt à se repérer quand le regard est pris par ailleurs pour lire les données à saisir.

ELITE 5001T

ELITE5001T

L’ELITE 5001 constitue en quelque sorte le tout premier degré dans la classification des calculatrices scientifiques.

Seulement 29 touches à légende unique, pas de mémoire, pas de changement de signe, des fonctions trigonométriques certes, mais pas de fonction ARC réciproque.

L’ELITE 5001T est une machine produite en 1975 au plus tard. L’archaïsme le plus visible est l’affichage du zéro sur une demi-hauteur. Ce drôle de zéro montre des nombres plutôt illisibles pour l’œil d’aujourd’hui. L’afficheur est à 8 chiffres verts, sans chiffre de garde. Et nous n’avons pas droit non plus à l’exposant de 10, le plus grand nombre manipulable restant inférieur à 100.000.000.

Plus encore : l’affolement désuet de tous les digits lors d’un calcul, et pas de résultat de plus de 7 chiffres pour les racines carrées, et de 6 pour les fonctions trigonométriques.

Pour la fonction d’élévation à la puissance l’exposant doit être entier et inférieur à 10. Et c’est la frappe de l’exposant qui affiche le résultat final et non pas la touche ÉGAL.

Sur le plan physique, l’objet est massif, carré, épais, sans design perceptible. On n’y voit pas encore le charme des futures ELITE toutes proches, plus matures à mon avis, mais déjà plus conventionnelles dans leur comportement.

SHARP COMPET PC-1100

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Une machine insolite et bien rare.

A ne pas confondre avec le PC-1100 tout court, ordinateur de poche programmable en Basic. « PC » signifie dans le cas présent Pocket Calculator et pas encore Pocket Computer.

La Compet 1100 est une calculatrice scientifique dont l’année de production semble remonter à 1975. Elle tire sa singularité du petit écran secondaire, de technologie LED, qui affiche l’exposant de 10 ainsi que le symbole d’occupation de la mémoire.

Deux modes d’affichage coexistent donc ici, le classique VFD à chiffres verts, et le LED rouge. Pourquoi ce procédé hybride ? Une piste sans suite apparemment, la Compet 1100 restant sans doute la seule calculatrice de poche jamais produite sur ce principe.

Si d’un point de vue esthétique, cette solution flatte l’œil, d’un point de vue pratique la lecture des résultats n’est pas évidente. Faut-il s’habituer ? En tous cas, l’œil oublie vite de consulter l’écran d’exposant pour se focaliser principalement sur la généreuse ligne verte. Et ce d’autant plus que l’exposant s’active en permanence, dès qu’on enfonce une touche d’opérateur. Ce n’est qu’en cas de dépassement de capacité de la ligne principale que l’exposant rouge joue pleinement son rôle, mais sans toutefois attirer l’œil.

En cas de saisie d’une entrée dépassant 10 chiffres, l’exposant s’incrémente automatiquement en conséquence. A noter enfin que la ligne verte montre en permanence toutes les décimales possibles, même quand ce sont des zéros.

L’alimentation de cette calculatrice hybride est classique : 4 piles AA. Les tests d’arrondis que j’ai pu pratiquer révèlent une électronique spécifique, avec des résultats non rapprochés d’autres modèles (valeur du test forensics = 9.0276286).

La machine ne possède qu’une seule mémoire et propose des fonctions statistiques pilotables par une seule touche, procédé acrobatique et sans doute moyennement sûr en terme de manipulations.

Une petite piste d’ordre « archéologique » : ce modèle magnifique et en parfait état de marche me vient de Turquie.

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RADIO SHACK EC-495

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Une belle grosse calculatrice scientifique à chiffres verts typique du paysage de la fin des années 70.
Beaucoup de fonctions, plusieurs mémoires avec arithmétique complète, et une touche HYP qui, en plus du calcul de trigonométrie hyperbolique, fait office de sélecteur de décimales à afficher. Plusieurs autres machines possèdent cette caractéristique.

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TOSHIBA BC-1217

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Cette TOSHIBA a existé sous différentes versions. La BC-1217 est parmi les plus anciennes, produite dès 1974.

Ce n’est pas une machine de poche, ses dimensions (1300 g) et fonctions de calcul la destinent à un usage de bureau. Et point de compartiment à piles, juste une alimentation par prise murale.

La manipulation de cette machine de 1974 n’est pas évidente. Les multiplications et divisions demandent une logique classique, avec usage de la touche ÉGAL, tandis que addition et soustraction se font à la mode postfixe, la touche d’opérateur achevant le calcul. Et un commutateur K provoque l’accumulation automatique en mémoire.

Une caractéristique remarquable est le grand afficheur à 12 chiffres verts. Cet afficheur contient la marque de son ancienneté : la graphie du chiffre 4, « croisée », spécifique de cette période où l’on passait de la représentation courbe des chiffres à une représentation rectangulaire et schématique à sept segments, exigée par les afficheurs électroniques modernes.

Qu’on s’en souvienne, les tout premiers afficheurs électroniques (Nixie-tubes, Itron-tubes) s’efforçaient de restituer la forme courbe des chiffres. Par ailleurs les dispositifs d’impression ont toujours reproduit fidèlement les courbes. Ce n’est plus le cas dans les afficheurs à segments, ceux-là mêmes qui équipent 99 % des calculatrices non graphiques présentées dans ce site. L’afficheur à sept segments nous est si familier qu’il nous est difficile de concevoir qu’il ait pu heurter les yeux des utilisateurs de 1974.

En particulier, c’est la transcription du 4 qui semble avoir posé le plus de problèmes de lisibilité. Car sinon, comment expliquer qu’on ait balafré chaque digit de cette TOSHIBA en son segment du milieu, coupé en deux, juste pour permettre l’apparition d’une ligne verticale supplémentaire, imposée par le seul chiffre 4 ? (illustration 1 ci-dessous)

Une autre tentative contemporaine, non plus à 10 segments mais à 8, consista à créer un micro segment en prolongement de la barre horizontale du 4, lui restituant son aspect « croisé » (illustration 2).

Puis rapidement la graphie moderne du 4 à 4 segments s’imposa définitivement, et plus jamais par la suite on ne rencontra de 4 « croisé » sur un afficheur à segments (illustration 3).

Plus tard sont apparus les afficheurs à matrices de points (illustration 4) et les courbes sont revenues. A noter qu’il n’y eut pas de problématique du 7. Ce chiffre, croisé lui aussi (en France du moins) n’eut jamais le moindre scrupule à abandonner sa barre intermédiaire (inusitée chez les anglo-saxons).

A noter aussi que l’afficheur à 10 segments de la TOSHIBA BC-1217 profite plus discrètement à un autre chiffre : le 1, qui emprunte du coup la longue barre verticale du milieu, le positionnant ainsi à mi-chemin des digits adjacents, ce qui n’est jamais le cas avec les afficheurs à 7 ou 8 segments.

Pour aller plus loin dans cette réflexion sur le 4, il faut aussi prendre en compte la composante géographique. En effet les premiers afficheurs à segments étaient construits sur des LED rouges. Et jamais on n’a vu de 4 rouge « croisé ». Or les LED rouges étaient abondamment utilisées par les américains. Ainsi on a vu les calculatrices Hewlett-Packard dotées d’afficheurs rouges jusqu’au début des années 80. Et jamais aucune HP à chiffres verts ne fut commercialisée.

Texas-instruments de son côté fit un usage très mesuré du digit vert pour ses machines de poche. Comportement contraire chez les japonais Sharp, Casio et d’autres qui introduisirent très tôt l’afficheur fluorescent vert (VFD), et très peu de machines en diodes rouges chez ces constructeurs. Les américains se passèrent donc facilement du 4 au graphisme croisé. Ce fut plus long pour les japonais. Pour quelles raisons ? Je n’ai pas la réponse.

En conclusion, la belle TOSHIBA BC-1217, sous ses airs austères et fonctionnels, nous conte une tranche d’histoire, montrant la piste éphémère que constitue l’afficheur à 10 segments, et par là même l’évolution conjointe des procédés technologiques et des esprits.

Illustration 1 : afficheur à 10 segments montrant le 4 « croisé », et le 1 à mi-chemin des digits adjacents (cas de la TOSHIBA ici représentée)

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Illustration 2 : afficheur à 8 segments, montrant lui aussi un 4 « croisé » (Cas de la PANASONIC JE-885U de 1973). Le « 1 » n’est plus à mi-chemin des digits adjacents.

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Illustration 3 : afficheur traditionnel à 7 segments (ici une BOHN INSTANT). Le 4 a désormais sa forme définitive à 4 éléments.

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Illustration 4 : afficheur à matrices de points (ici CASIO FX-602P de 1981). La matrice de points permet de restituer une physionomie plus naturelle des chiffres.

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Le 7 français : Pour nous amuser, imaginons ci-dessous ce qu’aurait pu donner la représentation en matrice sept segments d’un 7 « français », porteur d’une barre supplémentaire. Parions que la représentation aurait laissé maints esprits perplexes car l’œil y est frustré, il manque de toute évidence quelque chose (chiffre de gauche). Avec un huitième segment à droite (chiffre de droite), le 7 se révèle.

La TOSHIBA BC-1217 de profil

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Ci-dessous côte à côte la BC-1217 et la non moins splendide BC-1215 de 1971, variante à chiffres plus petits et de format « plat ».

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SANYO CZ-2172

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L’originalité de la SANYO CZ-2172 provient incontestablement de son afficheur.

Ici point de chiffres fluorescents verts ni de courantes diodes électroluminescentes et leurs fins filets rouges. Non, nous trouvons là un type particulier de LED avec d’épais et magnifiques grands digits rouges.

SANYO a produit plusieurs modèles sur ce schéma : la volumineuse CZ-2171 par exemple, ou encore la CZ-0111. Cette dernière présente un aspect très proche de la CZ-2172. Mais bien qu’elles soient aussi splendides l’une que l’autre, ce ne sont pas des jumelles, les circuits sont différents. Pour preuve, un affichage calé à gauche pour la 2172 Scientific 102, et calé à droite pour la 0911 Scientific 84.

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La forme des digits 6 et 9 est également différente, ainsi que le symbole d’erreur, un petit carré (sans doute le « O » de Overflow) à gauche pour la 2172).

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La CZ-2172 ne possède pas la mise en veille d’affichage automatique de la CZ-0911, ni sa touche de changement de mode angulaire. Elle doit donc être un peu plus ancienne, et produite vraisemblablement autour de 1976.

La différence la plus visible entre les deux machines concerne le nombre de chiffres affichables : 8 pour la 0911, et 10 pour cette 2172. Point de chiffres de garde et donc 10 chiffres réels, mais une précision somme toute intéressante.

Dans l’article consacré à la SANYO CZ-0911, je m’étais interrogé sur la signification de « Scientific 84 » mentionné en façade. La CZ-2172 se prétendant quant à elle une « Scientific 102 » je puis désormais y voir un peu plus clair : le 8 de 84 signifie 8 chiffres, tandis que le 10 de 102 en évoque 10.

Recentrons-nous sur la CZ-2172. On peut constater que les fonctions scientifiques disponibles constituent un minimum. Point de parenthèses, et même pas d’élévation au carré. C’est une 35 touches et rien de plus. Concernant le petit carré montrant la condition d’erreur, celle-ci n’est pas bloquante, ce qui est plutôt inhabituel. Par exemple tenter de calculer l’inverse de 0 (touche 1/x) placera bien la machine en situation d’erreur. Mais point besoin d’en sortir par appui sur la touche C. Il suffit juste de reprendre les calculs comme si de rien n’était. En procédant au test Forensics, qui permet de déceler une « signature » des circuits, on trouve la valeur de 8,999670079. C’est exactement celle d’une autre machine fort différente d’aspect, et pourtant de parenté plus que probable : l’OLYMPIA CD 603. Outre le résultat au test, l’OLYMPIA possède les mêmes fonctions, le même nombre de touches, et a la même manie de fonctionner en permanence en format scientifique, affichant toutes les décimales possibles, même s’il s’agit d’une ribambelle de zéros.

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TEXAS-INSTRUMENTS SR-50

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En 1974 les calculatrices de poche scientifiques sont encore toutes jeunes. Alors que Hewlett-Packard sortait deux ans plus tôt sa fameuse HP-35, suivie par la HP-45 un an après, Texas-Instruments présente dès janvier 1974 sa riposte : la SR-50, machine dotée elle aussi des fonctions trigonométriques et des logarithmes.

Les HP ont une prédilection pour la logique de calcul postfixe, le RPN. Texas-Instruments est pour sa part fidèle à la touche ÉGAL. Il enrichit même sa logique dite algébrique d’un dispositif de gestion des priorités des opérateurs, qu’il appelle AOS.

L’afficheur de la SR-50 est un généreux 10 + 2 digits à LED (13 chiffres de précision interne).

Machine robuste, la SR-50 est aussi dotée d’un clavier de qualité et de bon toucher.

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