TEXAS-INSTRUMENTS TI-66
Après la toute-puissante TI-59 de 1977 et le projet sans suite TI-88, Texas-Instruments modernise son offre et lance en 1983 cette machine simple et de présentation horizontale, d’un esprit resté proche des TI-58C (à l’exclusion des modules enfichables, principe inconnu de la 66).
L’affichage, désormais de technologie LCD, montre le pas de programme en cours et en clair sous une forme alphanumérique, quand les précédentes ne montraient qu’un code chiffré non visible au moment de la frappe. Le progrès est réel.
La consommation et l’autonomie sont devenues bien plus satisfaisantes. La logique de programmation reste très proche de celle des modèles TI-58 et 59.
Je me souviens qu’à l’époque où je la voyais en magasin (1984 ?), la TI-66 me semblait chère, 400 Francs de mémoire, pour un modèle regardant vers le passé sans le panache des modèles remplacés, c’était beaucoup. La taille mémoire disponible était restée à peu de choses près celle de la TI-58, le partage entre mémoire de programme et registres de donnée s’effectuant désormais au registre près si besoin et non plus à la dizaine. Quant à la rapidité de calcul, franchement en retrait, cela n’était pas indiqué sur la boîte et l’utilisateur, forcément déçu, la découvrait par lui-même.
Pour l’anecdote, un détail m’inquiétait : les deux interrupteurs rouge et gris qui me semblaient fragiles. Ce n’est pas le cas, quarante ans après, la qualité de construction de ce modèle a fait ses preuves.
Le processeur est de marque Toshiba. Le manuel rappelle une précision de calcul interne de 13 chiffres, arrondis à 10 pour l’affichage. Une précision identique sur le papier à celles des 58 et 59. Pourtant je m’étonne des résultats souvent excellents fournis par la TI-66 lors de tests de précision poussés.
Il existe un port de connexion pour périphérique d’impression : la PC-200.
Une machine à ne pas oublier, solide, très fiable. Avec malgré tout une fragilité telle une épée de Damoclès, partagée par beaucoup de TI de cette époque : Une trappe des piles à ouvrir et fermer avec les plus grandes précautions, car se verrouillant par un ergot très fin. S’il casse, la machine peut être jetée car plus rien n’exercera la pression nécessaire sur les piles.
Ci-dessus la trappe des piles où l’on voit un ergot particulièrement vulnérable aux manipulations trop énergiques. La conception d’un logement, où la trappe assure elle-même la compression des piles, est partagée par beaucoup de modèles Texas-Instruments de cette époque.
Un petit jeu pour finir : comment déterminer très simplement les 25 premiers chiffres de pi à l’aide de votre TI-66 ?
Pour y parvenir, nous devons d’abord nous commuter en mode radians (2nd + Rad) puis entrer manuellement les premiers chiffres de PI. La touche correspondant au calcul du sinus (2nd + sin) nous montrera alors les chiffres suivants ou du moins une approximation qu’on espèrera la plus juste possible.
1er étape : Je tape « 3.1415 » puis 2nd et sin et la TI-66 répond « 9.265359E-05 ». Or « 92653 » sont bien les chiffres de pi qui suivent naturellement « 3.1415 ».
Allons plus loin.
2e étape : Je tape maintenant les deux séries de chiffres à la suite « 3.141592653 » puis 2nd et SIN et j’obtiens cette fois « 5.897932E-10 ». Avec cette nouvelle série, je dispose désormais de PI avec 17 chiffres, soit 3.1415926535897932.
3e étape : jusqu’où peut-on aller ? La TI-66 pouvant gérer des nombres de 13 chiffres au plus, je vais maintenant entrer les 12 premiers chiffres de PI afin d’en calculer le sinus une fois encore. Pour entrer un nombre aussi grand il va falloir ruser. Je vais d’abord taper « 3.141592653 » puis ajouter les 2 chiffres suivants sous la forme 5.8E-10. Je tape donc 3.141592653 + 5.8 EE +/- 10 INV EE (après avoir sollicité la touche EE pour la saisie de l’exposant, il est nécessaire de sortir du mode scientifique qu’on vient d’appeler, au moyen de INV EE). Nous constatons que l’ajout des deux chiffres non visibles a provoqué à juste titre l’arrondi qui montre maintenant 3.141592654. La pression de la touche sin montre alors « 9.793238E-12 ». Après une nouvelle juxtaposition manuelle, c’est maintenant 19 chiffres dont nous disposons, soit 3.141592653589793238 !
Ce n’est pas tout-à-fait fini car le résultat encore présent à l’affichage ne montre pas les chiffres masqués qui par définition sont invisibles. Il faut donc les révéler et pour cela, ôter manuellement 9.793238E-12 à ce résultat, ce qui donne « 4.62643 »E-19. Concaténons ces ultimes décimales et nous pouvons dire maintenant que connaissons PI exprimé en 25 chiffres soit 3.141592653589793238462643. Pas mal pour une calculatrice de 10 chiffres.
Ce tour de passe-passe qui fonctionne avec n’importe quelle machine se montre particulièrement performant sur la TI-66, qui donne beaucoup de décimales particulièrement justes quand d’autres s’arrêtent bien avant. Logiquement nous aurions pu poursuivre avec un tout dernier chiffre, le treizième, mais dans ce cas, en partant de la valeur 3.141592653589 la calculatrice ne joue plus et renvoie zéro.