LEXIBOOK GC2200

J’avais parlé voilà plusieurs années de la GC2000, et m’étais étonné des traits de parenté avec la lointaine et primordiale CASIO FX-7000G de 1985.

La GC2000, comme la GC2200 qui lui est semblable à la couleur près, sont souvent considérées, comme beaucoup d’autres machines peu onéreuses, comme « des clones de Casio« . On pourrait tout autant désigner ces deux-ci « clones de Texas-Instruments » tant leur dimensions et formes – jusqu’au couvercle quasiment interchangeable – sont proches d’une TI-83 par exemple.

Les GC2000 et GC2200 sont pourtant des machines très originales qui ne partagent aucun élément physique avec leurs modèles.

Leur genèse est mystérieuse. Pourquoi des machines apparues après l’an 2000 ont-elles été conçues aussi proches fonctionnellement d’une CASIO FX-7000 de 1985. La copie va jusqu’à l’absence d’une touche de variable x dédiée, lacune pourtant comblée dès 1990. De même une légende « Factor » rencontrée seulement dans cette toute première génération de machines graphiques.

Pourtant, dès l’interrupteur logiciel enfoncé, l’utilisateur est transporté dans un autre univers. Les pavés de menus et les caractères à 6 x 7 points ont une physionomie nouvelle. Le processeur calcule sur 16 chiffres, et tourne plus vite que celui de ses contemporaines CASIO ou TI. La manipulation des environnements de calcul ou de programme – langage identique au Casio Basic au demeurant, le retour à la ligne excepté – est originale, non ces machines ne sont pas des clones.

Les GC2000 et 2200 sont cependant bien des machines « budget ». Elles sont plus accessibles financièrement que d’autres, encore trop chères en regard des possibilités diront certains. Il est clair que l’offre de fonctions de calcul est limitée, que la segmentation de la mémoire de programme est grotesque – 10 zones de 110 pas maximum. Trouver une GC2200 en rayon aujourd’hui relève au moins de l’anachronisme.

La GC2200 semble avoir connu 3 visages, et même 4 si on compte le récent modèle muni du mode examen (mais qui ne s’appelle plus 2200, mais 3000).

Ainsi l’image en couverture du manuel, reproduite ci-dessous, montre une GC2200 munie d’icônes de menus au graphisme très simpliste. Je n’ai jamais vu ce modèle de mes yeux.

Il en existe une autre, plus répandue, qui n’est pas programmable et dont l’écran n’est graphique que sur une petite surface de sa moitié gauche.

Le manuel est de très bonne qualité : 60 belles pages entièrement en français ! Ma 2200 est, il est vrai, une « FR ».

Dans quel vivier LEXIBOOK est-il aller puiser ses 2000 et 2200 ? La carte électronique nous répond, la GC2200 est une TRULY TG202.

http://www.truly.net/html/prod/proddetail.php?id=8#

 

NOKIA E72

En marge du thème général consacré ici aux calculatrices, voici un objet bien actuel puisqu’il s’agit d’un smartphone. Actuel mais déjà un peu rétro. Le clavier mécanique, l’habillage métallique, le minuscule écran désormais désuet me semblent dans le ton de beaucoup d’objets présentés ici.

A quelle occasion ce NOKIA a-t-il bien pu resurgir dans mon quotidien ? Tout a commencé par une banale et contrariante aventure de smartphone égaré. Mon 5.2 pouces dernier cri gardé en position non verrouillé dans ma serviette de travail disparaît en même temps qu’elle un soir, peu avant de rentrer chez moi.

Je la pense soit égarée, soit dérobée ou sur le point de l’être. D’un coup je mobilise mes souvenirs récents pour comprendre comment cela a pu se produire. Je tente de garder mon calme et agis au plus vite pour neutraliser la SIM de l’appareil. Pas évident dans l’improvisation.

Je repasse au bureau où tout le monde est déjà parti, rallume un PC, me connecte à l’opérateur téléphonique, suis ses instructions et échoue lamentablement à l’étape d’identification car je ne me souviens plus du mot de passe. L’opérateur propose de me le redonner, à condition que ce soit par SMS vers mon portable. Vu qu’il est perdu, cela me fait une belle jambe.

Je tente d’autres alternatives vaines et chronophages et décide, tout en m’épongeant le front, de me rendre en boutique coûte que coûte. Ouf ! le personnel agit efficacement et neutralise l’appareil vulnérable. Je sors avec une petite carte SIM de substitution qui attend de rencontrer mon prochain smartphone.

Voilà un problème résolu, mais à ce moment précis l’achat d’un remplaçant ne me semble absolument pas urgent, bien au contraire. Les émotions récentes viennent de me dégoûter de ces appareils que j’utilise bien peu finalement, et si mal. Je trouve en particulier les dispositifs tactiles bien trop sensibles pour mes doigts qui déclenchent 20 ordres intempestifs dès que je les prends en mains.

Je finis par rentrer chez moi, partagé entre l’idée de me passer de téléphone et le constat que les services qu’il me rend, notamment dans le cadre professionnel me sont désormais précieux. Existe-il aujourd’hui un smartphone puissant et différent des autres ? Cette question tourne dans ma tête toute la soirée.

Puis voilà que me revient l’idée de ce très beau téléphone que ma fille utilisait voilà quelques années. Il doit encore être dans sa chambre. Je monte voir et en effet le NOKIA est bien là et je découvre avec surprise combien aujourd’hui il est devenu rétro.

Je le branche quelques minutes et il s’allume, il répond. Du coup je déballe ma nouvelle carte SIM, et là, nouvelle surprise agréable, ma micro SIM prévue pour un smartphone de 2017 est fondue dans un cadre de taille SIM standard, ce qui permet une parfaite compatibilité descendante. Et voilà le NOKIA qui marche, envoie des SMS, en reçoit, veut aller sur internet se dégourdir les jambes !

Le lendemain, le NOKIA était avec moi au travail, autant par plaisir que par nécessité. On s’en doute, des limites apparurent vite, en particulier l’écran 2.4 pouces trop inconfortable pour qui est habitué au désormais banal 5.2 pouces. Une lenteur bien perceptible également.

Fin du conte de fées, après quelques jours, le NOKIA avait logiquement cédé sa place à un fade 5.5 pouces bien actuel, triste et horriblement cher pour une entrée de gamme.

Pas question d’oublier le NOKIA pour autant. Je sais maintenant que cet appareil n’est pas concerné pas l’obsolescence programmée, qu’il est compatible avec les supports SIM actuels et qu’il rend instantanément des services de base de qualité. Sans parler de sa physionomie originale et soignée, et … son excellent clavier mécanique.

NTC-1003

NTC1

C’est sans doute injuste mais les faits sont là, le prof de français vient de me flanquer une punition : Décrire en 60 lignes une calculatrice extraordinairement banale, tellement impersonnelle qu’on a le sentiment qu’on aura fini avant même de commencer …

Je me livre donc à cet exercice aride dont je sais qu’il ne sortira rien de miraculeux, de la banalité ne surgira aucune pépite cachée.

A première vue, la NTC-1003 serait une sorte de Casio. La position de l’afficheur, ainsi que l’allure générale, le dos, la trappe à piles rappellent la Casio Fx-80 par exemple. Pourtant après vérification, le dos est une imitation. La Fx-80 possède un dos similaire mais pas rigoureusement identique dans ses proportions. La trappe de cette dernière s’ouvre d’ailleurs par un mouvement latéral et non du bas vers le haut. La partie qui surplombe l’afficheur, avec sa dizaine de stries horizontales, témoigne d’une solide volonté de ressembler à une CASIO coûte que coûte.

Le détail ultime qui montre que ce n’est pas une CASIO : les quatre touches arithmétiques ne sont pas disposées en carré mais en ligne.

Nous avons donc très vraisemblablement affaire à une machine construite sous licence SHARP. L’examen des légendes de touches montre une grande familiarité avec la gamme de calculatrices scientifiques SHARP. Le test Forensics donne d’ailleurs le même résultat que pour la SHARP EL-531, et beaucoup d’autres machines issues de cette sphère prolifique.

Avec une particularité quand même, la fonction CN (Change Notation) capable de traduire un affichage avec exposant, en affichage avec tous les chiffres possible. Cette fonction n’est pas répandue chez les SHARP. On la trouve sur une EL-5805, figurée par deux flèches opposées disposées horizontalement, et aussi la EL-531. Plus inattendu, le CANON F-300P, de signature Forensics quasi identique présente une touche CN lui aussi.

D’autres particularités apparaissent quand on observe de près le clavier. Si le témoin LCD « 2ndF » existe, il est en revanche activé par une touche « F » inhabituelle chez SHARP. Idem pour la commutation en mode statistiques repérée par un « σSET » inédit.

D’où peut donc bien provenir cette machine ? Quel constructeur l’a produite ? Quand ? Mon prof de français est décidément machiavélique, pour ne pas dire plus, car rien, aucune inscription ne peut m’aider dans cette recherche.

En particulier, cette calculatrice ne montre pas de marque commerciale apparente. Elle s’appelle juste NTC-1003. NTC n’est pas une marque, c’est plutôt un simple préfixe dont le « C » signifierait sans doute « calculatrice » ou quelque chose comme ça. NTC est de toute façon un acronyme inconnu dans le monde des calculatrices. Pas d’inscription non plus au dos, rien de rien. Pas de numéro de série non plus, bien qu’un emplacement soit prévu sur la coque.

Alors, ouvrons la machine et regardons ce que les circuits peuvent nous apprendre. L’ouverture ne présente pas de difficultés. Deux vis à ôter, la coque à déclipser avec un objet style carte bancaire ou analogue. Et là encore, un désert informatif. La puce est carrée, noire, totalement muette. Le PCB (la carte mère) ne souhaite pas en dire plus, le seul indice visible est une minuscule et laconique inscription perdue au milieu des circuits, en quelques lettres et chiffres, dont je ne sais tirer quoi que ce soit.

J’ôte les 5 ou 6 vis qui relient le PCB à la face avant. J’ai maintenant accès à la nappe caoutchouc, en un seul morceau, chargée d’établir la liaison entre les doigts et les circuits. Je note un inhabituel relief, les touches ont en effet une course longue, avec un toucher un peu dur et imprécis. Avant de remonter l’ensemble, j’en profite pour passer un coup de chiffon sur la face interne de l’afficheur, quelque peu poussiéreux.

Faisons un point à ce stade sur la progression de cette méchante punition. A peine 30 lignes écrites, qui ne font guère avancer l’étude. Je pourrais changer la taille de la police de l’article, de façon à arriver plus vite aux 60 lignes. Mais si l’artifice était découvert en fin de compte, et qu’il conduise à 60 lignes supplémentaires, je m’en mordrais les doigts … Donc décrivons encore.

Allumons la calculatrice. Pas de problème, tout fonctionne malgré l’âge perceptible de la machine. Quel âge au fait ? Une nappe caoutchouc en un morceau, un afficheur gris, une mention « Auto power off » en façade permettent de placer le curseur sur une période de production allant de 1980 à 1985. Avant 80, les machines n’avaient pas encore l’arrêt automatique, après 85, c’était devenu si naturel qu’il n’y avait plus lieu de le rappeler en façade. La nappe caoutchouc fait office de touches « gomme », pas si anciennes que ça non plus. Et l’afficheur gris colle avec la datation lui aussi. Et on peut ajouter l’interrupteur, logiciel et non plus mécanique, et la boucle est bouclée.

Dix chiffres s’offrent à l’utilisateur. C’est toujours appréciable. Ce qui l’est moins, c’est l’extrême finesse du point décimal, quasi invisible pour qui n’a pas un oeil de lynx. Quant aux témoins LCD ils sont, sans surprise, ceux de nombreuses SHARP.

Ce clone technique de SHARP et visuel de CASIO, comme il en existe tant, fut-il construit en Europe de l’Est ? En Allemagne ? En Argentine ? En Australie ?

Ce modèle a été déniché dans un dépôt de l’association Emmaüs du Nord de la France. C’est donc sans doute en France que fut achetée cette machine à l’origine. Et longuement utilisée, car les patins sont très usés. La calculatrice était par ailleurs couverte de poussière quand elle a quitté le dépôt.

Sachant qu’un clone est forcément vendu moins cher qu’une machine de marque, j’en déduis que la NTC 1003 était une calculatrice de faible prix. Ce point est corroboré par les légendes de touches dont certaines semblent littéralement avoir été gravées à main levée !

J’arrive au terme de cette sévère punition, mon éditeur de textes me montre 54 lignes, et je dois en produire 60. Je n’ai plus rien à dire … Je n’ai donc pas le choix, je dois rendre mon article tel quel, en espérant que le prof comprendra finalement qu’il est impossible de tirer plus d’eau en pressant du sable …

Mais miracle !  au moment où j’appuie sur « publier mon article », celui-ci se voit proprement et automatiquement reformaté en un texte de … 68 lignes … Ouf

Merci au lecteur de m’avoir accompagné durant cette triste présentation. Bon OK, je n’ai pas de professeur, et ceci depuis plus de 30 ans maintenant, mais des punitions comme celle-là, et même pire que celle-là, leur souvenir m’accompagne encore parfois. Le caractère remarquablement sobre de la NTC-1003 les a fait ressurgir une fois encore, mais juste pour rire cette fois.

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Montre à Quartz « JAZ »

 

D’accord, ce n’est pas une calculatrice, mais cette montre Jaz a en commun avec elles d’illustrer la formidable explosion de l’électronique dans notre quotidien, à la fin des années 70. Les toutes premières montres à quartz avaient cet aspect, alors très futuriste.
 
En ces temps là, les montres classiques possédaient un mécanisme à ressort. On devait donc les « remonter » quotidiennement par une petite molette latérale, appelée remontoir. La précision était proportionnelle à la qualité du mécanisme en oeuvre – et donc à son prix –  sans jamais atteindre celle du quartz.
 
Parmi les montres classiques il en existait de prestigieuses : les « automatiques », sans remontoir, des capteurs mécaniques de mouvement entretenant continûment le mécanisme. L’horloger de quartier ne vendait pas seulement les montres, il savait les ouvrir, les réparer, remplacer des organes minuscules. On le voyait souvent en blouse blanche, portant des lunettes spéciales formées de multiples loupes.
 
Puis on entendit parler des montres à quartz. Le quartz apportait une précision diabolique. Mais pas seulement. C’est aussi le futur. Avec un écran et non plus un cadran, des chiffres qui apparaissent crûment, des boutons poussoir.
 
A titre d’anecdote, je mentionne une série TV américaine de 1976 : « Le nouvel homme invisible ». Le héros, capable d’invisibilité à la demande, basculait en mode invisible par appui sur le bouton poussoir de sa montre : le geste typique de la montre à quartz. Je pense possible que cette série populaire ait influencé la diffusion rapide de cette technologie sur nos poignets.
 
J’avais 15 ans à cette époque. Je vins à remarquer au poignet de mon grand oncle une chose étrangement moderne : une montre à quartz toute neuve. « Je ne la mets que le dimanche », précisa-t-il. Vu le geste du bouton poussoir, il n’était pas possible de ne pas remarquer une telle montre.
 
Décidément, les montres à quartz m’intriguaient. Je me demandais d’où elles tiraient leur énergie, car aucune communication ne faisait état de piles internes.  Le quartz était-il un principe éternel ?
 
Lors des vacances scolaires de 1977, quelques menus travaux d’été allaient bientôt me permettre d’en acquérir une à mon tour. Un ami de la famille travaillait chez un horloger commercialisant la marque Jaz.  Une marque connue, sérieuse, le futur rassurant. C’est là que je fis l’achat, accompagné de ma mère, emballée depuis le début. C’est drôle car de mémoire, l’électronique était facilement perçue en tant que gadget périssable par les adultes. Mais les montres à quartz, c’était différent, elles avaient conquis cette génération.
 
L’horloger, en blouse blanche, réalisa quelques réglages mystérieux avant de placer l’objet dans son écrin.  Je ne me souviens pas du prix de la montre, qui ne devait pas être énorme, peut-être 300 Francs.
 
Ma montre Jaz indiquait l’heure par une simple pression du bouton. Deux pressions montraient la date, le mois. Une simple pression prolongée faisait défiler les secondes, ce qui me semblait inouï. J’étais très fier de cette fonctionnalité. Enfin deux pressions prolongées montraient le « Fr » de « friday », le « Su » de « sunday », etc. J’espère ne pas trop me tromper dans ces descriptions car les souvenirs sont loin.
 
Ces premières montres à quartz affichaient les informations au moyen de diodes électro-luminescentes rouges (LED). Le dispositif étant gourmand en énergie, l’écran était éteint par défaut. Il fallait appuyer sur le bouton pour afficher l’heure, qui ne restait à l’écran que quelques secondes.
 
J’avais aussi ma réponse quant à la source d’énergie. Et là, cela ressemblait plutôt à une mauvaise farce : deux piles « bouton », qui ne tenaient que deux semaines, vu la voracité des diodes rouges. Le remplacement des piles coûtait 45 Francs à chaque fois, C’était tout simplement énorme.
 
Chez l’horloger, j’avais vu le vendeur manipuler le minuscule commutateur latéral. A l’aide d’une pointe de stylo, je parvins à l’actionner, et à mettre instantanément une vraie pagaille dans les réglages de ma montre. Des sueurs froides, avant que je comprenne l’usage du module de réglage des heures et des dates … Plus de peur que de mal.
 
Quelques mois plus tard, je vis un gars à l’école avec un type inconnu de montre. Lui aussi était fier. Les chiffres de l’écran ne s’éteignaient jamais. S’il le voulait, une pression sur un des boutons (il en avait deux) montrait un défilement sans fin des secondes. C’était une montre LCD, donc à cristaux liquides. Les chiffres n’étaient plus lumineux, et consommaient bien moins d’énergie que mes LED rouges. Le 2e bouton allumait une petite lampe interne pour visualiser les informations de nuit.
 
Les montres LCD furent la première mutation des montres à quartz. On assista ensuite à quelques évolutions, comme la cellule solaire pour certaines, l’affichage mixte pour d’autres : un écran LCD se partageant entre des chiffres à segments et de fausses aiguilles simulant un parcours sur un cadran. Puis de vraies aiguilles, encore couplées à un petit écran LCD.
 
Puis on arrive à la maturité du concept, avec un retour au cadran classique, seul le mouvement par quartz étant conservé, avec sa précision désormais indispensable, et aussi sa pile, capable de tenir un an.
 
La montre Jaz, mon tout premier objet électronique ne fut pas utilisée très longtemps. Le coût des piles m’encouragea à l’utiliser parcimonieusement, voire ne plus l’utiliser du tout.
 
Quelques années plus tard, la remplaçante de ma montre Jaz aura une philosophie bien différente : ce sera une montre-calculatrice … 

OLYMPIA LCD 380

OLYMPIA380

OLYMPIA est un géant de la bureautique. Ses calculatrices de poche sont pourtant plutôt conventionnelles.
 
Témoin cette LCD 380 où il sera difficile de dénicher quelque caractéristique inhabituelle.
 
Le design est simple mais cohérent. L’aspect « tout métal » donne une impression de poids, mais vérification faite, les 70 grammes tout habillé (une pile LR44) confirment des mensurations standard.
 
Machine produite vers 1981, fabriquée au Japon, cette scientifique est l’entrée d’une gamme de machines plus étoffées, quoiqu’à l’allure aussi tristement utilitaire que cette 380

SANSHI SS-508

SANSHI

Etrange calculatrice en provenance directe de l’Empire du Milieu, la Sanshi s’est inspirée de l’univers Sharp de toute évidence. En témoignent les légendes TAB, F-E, COMP, le jaune de la touche 2nd

L’afficheur est inédit. De très beaux digits, des indicateurs rassemblés sur la gauche, un signe MOINS surbaissé, le point décimal aussi …

Les dimensions sont exactement celles de la SHARP EL-556, et l’habillage est là aussi métallique. Mais plutôt en fer blanc, très réfléchissant, surtout au dos, ce qui fait assez toc.

Les légendes de touches n’ont rien de mystérieux. Et plutôt peu de fonctions pour une machine d’aujourd’hui … Question rapidité et précision, c’est très moyen. Une consolation, le prix : j’ai payé cette machine neuve 0,01 dollar !

TEXAS-INSTRUMENTS 1025

TI1050

La première fois que j’ai allumé cette ancienne Ti de 1977, l’affichage vert m’a dérangé. On est en effet plus accoutumé à voir les vieilles Ti avec de minuscules chiffres rouges.

Mais on s’habitue rapidement, et cette petite machine se révèle vite très agréable.

TI-1025 est la référence que je peux enfin mettre sur un souvenir vieux de 38 ans (1980). Cette année là, j’étais adolescent et ma famille venait d’emménager dans un nouveau logement, suite à mutation professionnelle. Le logement était grand, mon frère avait sa chambre, moi la mienne, ainsi que ma sœur. Dans la chambre de mon frère, un placard contenant quelques objets divers laissés par les précédents occupants. Parmi ces objets, une moitié (la façade) d’une vieille calculatrice. Pas de doutes, c’était bien elle !

LEXIBOOK SC700

LEXIBOOK-LC700

Il peut arriver, lors de grands moments de solitude, de craquer pour une chose de ce genre …
 
Fin novembre 2010, je suis en déplacement en région parisienne. Le soir venu, j’erre seul dans les allées d’un grand centre commercial de NOISY-le-GRAND en attendant l’heure du dîner.
 
Il est 18 heures à peine, beaucoup trop tôt. Je pourrais aller voir un film au cinéma en attendant … Bof … rien ne me tente.
 
Je perds volontiers du temps dans les rayons du Carrefour local, traîne dans le secteur des calculatrices, y vois cette LEXIBOOK qui ne souhaite pas y demeurer une heure de plus.
 
Son aspect est très bon marché, elle est munie d’un exotique anneau porte clé en plastique. A priori je ne suis pas tenté. Sauf que j’y vois la touche PROG. Elle doit donc être programmable. Pourquoi pas ?
 
Et donc pour à peine plus cher qu’un billet de cinéma, je sors du magasin avec ce nouvel objet à explorer … Je me présente à l’entrée du resto à proximité qui accepte de m’accueillir bien qu’il soit encore très tôt.
 
Et voilà qu’entre le tartare de tomates au thon et le steak frites, je vais tenter pendant 20 minutes de scier aussi discrètement que possible l’épais blister avec mon couteau à viande. Je finis par en venir à bout et en sors religieusement l’objet que je trouve finalement magnifique, le plastique est noir brillant, les touches multicolores.
 
Pensant avoir entre les mains un des nombreux clones de CASIO, je tente d’entrer un programme. Cela ne marche pas. Certaines fonctions de programmation semblent absentes. Le clavier est peu lisible, les touches sont minuscules, les légendes encore davantage.
 
Je dois m’aider du petit mode d’emploi. Hélas, point de mode programmation ici, juste une mémorisation de formules. Dommage.
 
L’exploration continue, ponctuée de visites du sympathique serveur. La SC700 est une scientifique très complète offrant beaucoup de fonctions notamment pour les statistiques et les probabilités.
 
L’afficheur est très agréable. L’écran est un Entrée-Sortie avec police 5X7 en entrée, et 7 segments en sortie. Et sur le plan de la rapidité et de la précision, rien de bien folichon … Un modèle bon marché, pour des prestations modestes.
 
Reste le souvenir d’un repas acrobatique … Tiens je ne me souviens plus du dessert …
 

ADLER L812

ADLER812

Cette petite ADLER est une transposition moderne (tout début des années 80) des anciennes 81CS.

On y trouve un afficheur LCD, à faible consommation. Donc exit les grosses piles AA et bienvenue à « l’extra-platitude ». Ce terme peut être étendu aux caractéristiques générales de cette bien tristounette calculatrice. A noter que la pile bouton, de faible épaisseur, n’est pas facile à se procurer.

Elle ne fait rien de plus ni mieux (et en moins vite) que les ancêtres qu’elle remplace. Elle en reprend cependant l’ambiance : façade métallique, les 3 touches bleu rouge jaune, des commutateurs sans lequel une ADLER n’en serait plus une.

DECIMO VATMAN

VATMAN

Une basique calculette 4 opérations ? Oui, quoique … ici la particularité porte sur la touche de pourcentage.

Dans l’univers des calculettes, si les touches arithmétiques ou la fonction racine s’utilisent presque toujours de la même façon, il en va autrement de la compliquée fonction pourcentage, dotée d’une logique différente d’une machine à l’autre.

Ainsi pour ajouter 30 % à 125, il faudra selon la machine taper « 1 2 5 + 3 0 % = « , ou bien « 1 2 5 X 3 0 % + » …

J’ignore combien de personnes utilisent régulièrement la touche % de leur machine. Une chose est sûre, il faut bien connaître sa machine si on veut avoir confiance dans les résultats.

Cela est si vrai que nombre d’utilisateurs renoncent à se frotter à cette touche revêche, finalement facile à remplacer. En effet, ajouter 30 % à 125 revient bien à taper « 1 2 5 X 1 . 3 =« , ce qui est tout-de-même plus simple, non ? Il est d’ailleurs fréquent de rencontrer des calculatrices scientifiques tout bonnement dépourvues de la touche de pourcentage.

Tout au contraire, la VATMAN érige le pourcentage en une véritable philosophie. Dans son nom déjà (VAT = TVA), dans la puissance de la touche % ensuite, dont la souplesse permet de faire face à différents aspects du calcul des pourcentages … Une touche pratique ? ou bien au contraire plus compliquée que jamais ?

TEXET SCIENTIFIC 2001

TEXET

La TEXET 2001 est un clone de la fameuse TI-30, mais la qualité ici est vraiment légère, tout comme la sensation de poids d’ailleurs.

Les plastiques sont tristes, l’assemblage bon marché, l’ensemble couine, les touches du clavier sont dures et peu réactives … bref je n’aime pas cette machine qui a failli partir à la poubelle. C’est alors que j’y ai vu un détail peu ordinaire.

Comme dit plus haut, il apparaît nettement que la TEXET est un clone de la TI-30 LED de Texas-Instruments. Même afficheur, le clavier est identique, mêmes fonctions, même disposition des touches. Eh non ! Regardons bien, 4e rangée, 2e colonne, entre PI et (

Et oui, une touche Factorielle, que je défie de trouver sur le modèle TI-30. D’ailleurs les TI de cette époque faisaient l’impasse sur la touche factorielle. Introuvable sur TI-30 TI-57 TI-58 TI-59. Et pourtant la fonction est implémentée sur le clone TEXET. Mais alors quelle est la fonction de la TI-30 non retrouvée sur la TEXET ? Le pourcentage bien sûr ! non disponible ici.

 

TEXET-2

OFFICE INTERNATIONAL12

OFFICE1

Jouons sur les mots : cette machine n’est pas une calculatrice, c’est une calculette !

Et d’abord, d’où vient le mot calculette, apparu un beau jour et prenant inexorablement la place de la calculatrice ?

Pour tenter de trouver une explication, transportons-nous au début des années 70. Les premières calculatrices de poche apparaissent. Elles sont imposantes, épaisses. Leur prix est élevé. La puissance de calcul est fabuleuse en regard du simple papier et du crayon. Et le maniement semblera mystérieux aux profanes plusieurs années durant.

Puis à partir de 1976, les prix fondent, les dimensions aussi, l’objet devient accessible et familier à tous. Après la découverte de l’objet et l’émerveillement de pouvoir tutoyer l’immense univers des nombres, chacun va réaliser que les besoins de calculs de la vie courante sont finalement plus faibles qu’escomptés : la consommation d’essence de la voiture, les courses au supermarché (pour autant qu’on puisse tenir la machine en mains tout en remplissant le chariot), la tenue du budget familial.

Et une constatation pas anodine : la calculatrice n’est pas un outil totalement fiable. Non pas que la calculatrice commette des erreurs de calculs, les résultats seront toujours exprimés avec de nombreuses décimales rigoureusement justes. Mais c’est la phase d’entrée des nombres qui pose un vrai problème. Les yeux de l’utilisateur, ses doigts sont imparfaits. Comment être sûr, quand on lit un résultat, qu’on a bien tapé les bons chiffres ? Ils ont disparu au profit du résultat. A quoi sert un outil de calcul infaillible, si les doigts ne le sont pas ?

Les calculatrices de poche n’entreront jamais sérieusement dans l’univers professionnel. Le comptable, le commerçant aura besoin de preuves de saisie, donc de listings d’impression, ou bandes de frappe, permettant la relecture, le contrôle.

Une simple calculatrice sans périphérique d’impression n’est pas complètement digne de confiance en toute situation, a fortiori quand le calcul demande la frappe de nombreuses valeurs successives.

Après quelques temps, l’objet calculatrice est démystifié. Son pouvoir s’est fané. La calculatrice traîne sur le coin du bureau, on se la passe sans grand ménagement, juste pour vérifier un calcul, ou se donner un ordre d’idée. La belle innovation d’antan n’a pas tenu ses promesses, la calculatrice est devenue une calculette.

L’impressionnante et très commerciale OFFICE 12 illustre cette interprétation. Elle possède deux puissantes fonctions de traitement des opérations de masse, auxquelles donnent accès les commutateurs et ADD. Le premier permet l’accumulation de valeurs totalisées en mémoire. Le second est précieux dans la saisie « en rafale » de nombreux documents comportant des décimales (chèques par ex.) en affranchissant l’utilisateur de la frappe du point décimal. Mais où sont les traces des calculs en fin de traitement ? La OFFICE 12 ne possède aucun organe d’impression, et ses 2 fonctions vouées au traitement de masse paraissent donc bien dérisoires. Quel professionnel les utilisera ? A moins de retaper une seconde fois pour vérification, ou une troisième.

Cette belle OFFICE 12 me semble pour cette raison ne receler aucune utilité « sérieuse ». C’est une calculatrice à qui on ne confiera pas un vrai travail rigoureux. C’est une calculette.

Cette machine pourrait bien dater des années 80. Son afficheur à chiffres verts est de grande qualité, avec des chiffres qui surgissent avec douceur de l’obscurité. Cela rappelle les cristaux liquides, sauf qu’ici les chiffres sont verts, doux et lumineux.

Et pour épuiser le thème du glissement sémantique de la calculatrice vers la calculette, je crois constater, depuis le passage du Franc à l’Euro, une sorte de résignation à l’approximation. Depuis l’Euro, il n’a plus été possible à personne de convertir de tête précisément le prix des marchandises familières. Et on s’y est vite habitué. Ce qui semblait une vraie difficulté (la division par 6.55957) a finalement amené à substituer à la notion d’exactitude celle du simple ordre d’idée : diviser par 6, diviser du mieux qu’on peut par 7 puis regarder à peu près au milieu …

  
OFFICE3

Pour revenir encre sur le mot calculette, il fut popularisé en fin des années 70 et début des 80 par le magazine scientifique « Science et Vie » et sa rubrique La calculette de l’astronome. On y trouvait à chaque numéro un programme élaboré pour les Texas Instruments 57, 58, 59 et HP 33, 34, peut-être d’autres. Le terme n’y était pas encore réducteur, car les machines utilisées étaient alors puissantes et les programmes scientifiques et sérieux.