SHARP PC-1201

Qui pourrait deviner en regardant cette image que 2 ans et demi seulement séparent ces deux machines ?

Celle de gauche est typiquement une calculatrice scientifique des années 70 : un afficheur fluorescent vert strictement numérique, des commutateurs latéraux, un interrupteur mécanique.

La machine de droite est l’ultra moderne et célèbre PC-1211 de 1980, mini-computeur programmable en langage structuré, pourvu d’un clavier de type ordinateur et d’un écran alphanumérique LCD à faible consommation.

Malgré ces différences qui frappent l’œil, il semble bien qu’un lien de filiation rapproche ces deux machines.

Dans leur nom tout d’abord. Ici l’acronyme PC-1201 ne signifie plus Pocket Calculator comme pour les précédentes calculatrices SHARP, mais bien pour la première fois Pocket Computer. Car le SHARP PC-1201 est lui aussi programmable. Il offre 128 pas de capacité, et gère les codes combinés, c’est-à-dire qu’un pas lui suffit pour stocker à la fois l’instruction et son adresse le cas échéant.

L’éditeur est confortable, on peut relire en avant, en arrière, insérer, effacer. Les instructions sont constituées de codes formés sur les numéros de ligne et de colonne. Les sauts, conditionnels ou non, les appels de sous-programmes sont disponibles ainsi qu’une batterie de 4 tests. Et détail insolite : un buzzer qui fait bip à la frappe de chaque instruction. Mais pas de bip possible en dehors de ce contexte.

Ajoutons une caractéristique importante, d’avant-garde : la mémoire continue ! L’extinction n’efface pas la mémoire. Le logement classique des 2 piles « bâton » AA comporte un petit compartiment contigu qui abrite à cet effet deux petites piles « bouton ».

On peut penser qu’en 1977, année de lancement du PC-1201, une calculatrice dotée de tel atouts était assimilable à un ordinateur, à l’instar de l’étonnante CASIO FX-201P, solide programmable de 1976 (sans oublier la FX-202P identique à la FX-201P mais pourvue de mémoire continue elle-aussi). Tout comme elles, le SHARP PC-1201 fut inconnu du marché français de cette époque.

Du côté des fonctions de calcul, le PC-1201 présente des caractéristiques plutôt classiques, des fonctions scientifiques, une touche d’accumulation statistique pour les moyennes, de bien pratiques Int et Frac (partie entière / partie décimale). Douze mémoires, dix chiffres (12 en interne). La rapidité de calcul n’est pas élevée (447 secondes pour cumuler les sinus de 0 à 360) mais pas ridicule pour l’époque.

Il s’est murmuré çà et là sur le net que le PC-1201 permettrait l’adressage indirect, c’est à dire l’utilisation d’une adresse qui serait elle-même le contenu d’un registre. Rien n’est avéré et personne ne semble avoir pu mettre en évidence cette possibilité. Le manuel est d’ailleurs muet sur ce point. Il est vrai qu’il y est indiqué qu’une instruction de saut (GTO) ou de sous-programme (GTS) peuvent pointer vers une étiquette (LBL) numérotée de 0 à 9, adresses auxquelles s’ajoutent « s » et « t« . Il est alors facile d’imaginer que ces dernières variables contenant une adresse de 0 à 9 pourraient opérer un adressage indirect. Il n’en est rien, « s » et « t » suivant un GTO ou GTS sont considérés comme de simples caractères et non comme des variables.

Sur le plan esthétique, le SHARP PC-1201 est une très jolie machine. Un bémol cependant sur la sérigraphie des légendes de fonctions. Outre le fait que certaines d’entre elles ont tendance à s’effacer avec le temps, l’usage qui y est fait de minuscules et majuscules peut donner un aspect un peu étrange au clavier.

La construction est solide, le PC-1201 s’allume sans souci malgré les années et fonctionne de façon absolument normale, et la mémoire continue est un vrai atout. Deux années après le lancement de ce calculateur-ordinateur, SHARP dévoilera le PC-1211, qui n’aura plus rien à voir avec lui. L’âge d’or des années 80 vient de s’ouvrir.

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