Hewlett-Packard 32S-22S

Les anciennes calculatrices de marque Hewlett-Packard demeurent recherchées par les amateurs.

La gamme « Pioneer » apparue en  1987 ne fait pas exception. Bien qu’aucun de ses modèles ne soit aujourd’hui rare ou introuvable, les prix d’échanges pratiqués peuvent compliquer l’exercice consistant à se les procurer tous.

Le jeu en vaut-il la chandelle ? Existe-t-il une Pionner plus facultative qu’une autre, ou bien les faut-il absolument toutes ?

Que trouve-t-on au sein de cette famille ?

  • Trois financières : la toute simple 10B, la sympathique 14B, la puissante 17B. A noter que les modèles 10 et 17 sont restés commercialisés jusqu’à nos jours sous des versions et formes parfois différentes, tandis que la 14B n’a pas eu de suite. Elle est pourtant agréable et parmi les plus abordables financièrement.
  • des scientifiques, plus ou moins programmables : la 20S à la carrière longue elle aussi, les 21S, 22S à carrière courte, la 32S et ses variantes successives, la 42S, haut de gamme mythique,
  • une hybride, aussi à l’aise dans le monde financier que celui des sciences, la 27S, livrée avec horloge et alarmes !
  • une logique de calcul tantôt algébrique (avec touche EGAL, une première chez HP !) ou en notation polonaise inverse
  • des écrans mono-lignes, à segments ou à points, et des écrans à deux lignes
  • un système de programmation traditionnel pour les 20S, 21S, 32S, 42S ou plus chichement par l’intermédiaire du solveur d’équations pour les 17B, 27S, 22S. Les deux petites financières 10B et 14B ne sont pas programmables.

Je ne dispose pas de tous les modèles Pioneer. Mon idée initiale était de donner vie à petit à petit à un souvenir vieux de trente cinq ans maintenant : la découverte fortuite dans une grande librairie de la toute première famille Pioneer, 5 ou 6 modèles tout au plus ce jour là. Comme ma recherche n’est pas très assidue, certains manquent encore à l’appel (la 20S, la 10B) tandis que d’autres se sont invités tout seuls au fil du temps, comme la 21S et la 42S.

Un modèle me tenait à cœur, la 22S que je tenais pour intermédiaire, puissante, programmable, pas courante. Échangée à des niveaux de prix substantiels, je ne l’ai acquise que récemment. Et pour moi, la 22 est une déception. S’il existe un modèle Pioneer facultatif, je vote pour la 22S. Car elle n’est pas programmable en dehors de son maigre solveur. Son (bel) écran est mono ligne et peu adapté à la logique algébrique qui l’anime, les caractères trop espacés saturant vite sa capacité et donc sa lisibilité. Autant la 32S est directe, franche dans son utilisation, autant la 22 me semble fastidieuse et fonctionnellement limitée. C’est malgré tout une très jolie machine.

J’ai acquis la 32S tout aussi récemment. La 32S a été commercialisée longtemps, elle a connu des versions successives mais c’est bien celle de toute première génération que je voulais, celle de mon souvenir. Et voilà bien une Pioneer incontournable ! Moins étoffée que l’illustre 42S, elle ne démérite pourtant point. L’utilisation est directe, franche, sûre, un régal.

Les Pioneer ont longtemps été synonymes de robustesse. La construction est bonne en effet, on peut pourtant, maintenant que bon nombre d’années sont passées, remarquer un signe de fatigue qui commence à se rencontrer sur plusieurs modèles : des touches qui répondent mal, voire plus du tout (*). Il faut alors exercer une légère pression à la base de l’écran pour que la frappe retrouve son effet. Ce problème se voit aussi au sein de la famille des HP-48.

La photo ci-dessus, montrant côte à côte deux « Pioneer« , met en évidence l’existence de deux afficheurs légèrement différents : Bien que matriciels et mono-ligne l’un et l’autre, il apparaît que deux tailles différentes ont coexisté, possiblement liées à la période de production, voire aux différents sites de fabrication du globe.

Je dois par ailleurs me rendre à l’évidence, ma 32S ici présente est sans doute déjà une évolution de la 32S primitive. En témoigne la bordure d’afficheur renforcée, comme on la rencontre sur les modèles plus tardifs. La 32S de mes souvenirs devait en toute logique présenter un afficheur analogue à celui de la 22S, avec bordure fine et digits mi-hauteur.

La quête peut continuer, mais rien ne presse !

(*) En ce qui me concerne seule la HP-21S est concernée à ce jour. Ma 21S quoique très bien conservée ne s’allume plus. Un utilisateur non informé conclurait facilement à une panne définitive. En ce qui me concerne, j’ai simplement maintenu une légère pression à la base de l’afficheur et la touche ON a allumé la machine comme si de rien n’était. Une pression légère est nécessaire pour chaque appui, plutôt sur la gauche pour les touches de gauche, et plutôt à droite pour celles de droite.

C’est un bon truc à savoir en présence d’une Hewlett-Packard récalcitrante de cette famille ou de celle des HP-48.

SHARP EL-586

En 1986 le constructeur SHARP donne un habillage surprenant à sa classique EL-546.

Le manuel précise qu’il s’agit d’une machine étanche. Il ne s’agit pas pour autant d’une machine « molle ». La finesse est pour le moins extrême – 3.1 mm selon le manuel, on jurerait beaucoup moins – et sa rigidité ne semble assurée que par sa seule carte électronique.

Pour le reste, les caractéristiques sont exactement celles de la EL-546. Cellule solaire, pile de secours et les 20 constantes sont bien au rendez-vous. L’afficheur de la 546, pourtant généreux en surface et possibilités d’affichage est nativement d’une telle finesse qu’on le voit reconduit tel quel dans la 586.

La pile de secours est déchargée sur mon modèle, et je ne sais pas y accéder. Le manuel précise que seul un agent SHARP serait habilité à la remplacer. Sont-ils toujours formés quarante ans plus tard, je ne pense pas. J’ai bien tenté pour ma part, mais je ne vois aucun moyen d’ouvrir la machine. J’ai pu découvrir la carte électronique en ôtant délicatement le clavier qui est une simple pellicule collée. Mais je n’ai rien pu – ni osé – désassembler, ni voir la fameuse pile.

Il existe un détail sympathique dans cette calculatrice hors normes : les légendes (sur les boutons de mémoire) qui font un clin d’œil aux SHARP historiques. Les touches aux coins arrondis se voient ainsi partagées en deux au moyen d’une barre horizontale (photo ci-dessous, avec à droite une vieille PC-1100).

 

Ci-dessous, les jumelles techniques 546 (*) et 586.

 

Quelques extraits du manuel (manuel en de nombreuses langues dont le français)

 

Ci-dessous, un extrait d’une brochure de 1989 précise que la EL-546 possède une fonction de plus (133 fonctions contre 132 pour la 586). Pourtant les décomptes officiels présents dans les manuels listent bien 132 fonctions pour l’une et l’autre.

L’examen de la brochure semble par ailleurs montrer qu’une fonction F↔E (switch volatile alternant les notations flottante et scientifique) est attribuée, à tort, à la 586. Cette fonction typique chez SHARP ne se rencontre sur les machines dépourvues de la fonction plus générale FSE (switch des notations Flottant-Scientifique-Ingénieur). La 586 possède cette dernière, qu’elle ne cumule visiblement pas avec une F↔E supplémentaire qui n’apporterait rien de plus. La brochure présente donc manifestement des confusions. EL-546 et EL-586 sont bien fonctionnellement des machines identiques.

Un extrait du manuel de la SHARP EL-546 qui donne bien 132 fonctions.

Ci-dessous la brochure dans son intégralité

SHARP_Brochure_1989

 

(*) la SHARP EL-546 représentée dans cet article est en fait une 506SLR. Les 546 et 506SLR sont pour autant exactement les mêmes machines, dont seul le nom diffère, selon les pays où elle est vendue probablement.

TECXON LC-670

Dans un article précédant je mettais en lumière une calculatrice quasi inconnue d’un constructeur qui ne l’est pas moins.

Une magnifique LC-650 venait de surgir de l’anonymat. Aujourd’hui c’est au tour de la LC-670, qui confirme l’existence d’un solide air de famille au sein du catalogue TECXON.

Calculatrice programmable, la LC-670 est manifestement la jumelle technique, comme d’autres, de la célèbre CANON F-73.

[ajout de mars 2024]

Machine en parfait état de marche et à l’électronique intacte en 2024

 

Un détail de la carte électronique, gravée PCB 084A

Le mystère SHARP des touches croquées

Au cours de la première moitié des années 80, plusieurs calculatrices SHARP et même des ordinateurs de poche ont présenté des touches à la mine énigmatique.

Je reproduis ci-dessous deux images de claviers, d’une EL-506P (à gauche) et d’une EL-545H (à droite).

En regardant de près comment ne pas être intrigué par la surface tourmentée des touches de gauche ? Alors que celles de droite sont régulières, plates et d’aspect plastifié, les premières semblent dures comme de la pierre et présentent des marques profondes sur un côté comme si elles avaient été usinées sans ménagement.

Ce détail esthétique n’est pas facilement perceptible mais il est répandu et reste en ce qui me concerne sans explication.

 

SHARP PC-1350

SHARP_1360

Je l’ai vu arriver en 1984. Je pensais avoir compris ce qu’était un PC-1211 ou un 1251 : des calculatrices programmables de nouvelle génération, ultra modernes. Mais je ne comprenais pas le PC-1350. Sans doute montrait-il la direction que prenait désormais le phénomène Ordinateur de Poche, avec une inflation galopante des caractéristiques, dont cet écran vu comme hypertrophié, surplombant un clavier chétif, purement fonctionnel, sans âme. Mais pourquoi un si grand écran ? pourquoi autant de mémoire ?

Voilà comment mes yeux tout neufs de 1984 percevaient cet objet, une sorte d’alien-Computer, une dérive inexorable à un moment où tout à été dit et que seul un accroissement obstiné des performances peut encore retenir les acheteurs.

C’était une erreur. Mon regard d’aujourd’hui est tout autre. Le PC-1350 est une vraie évolution des mini-computeurs initiaux. Il n’est évidemment plus une calculatrice. Il en possède encore des fonctions mais c’est désormais plus que cela. Son écran graphique, sa mémoire vaste, ses nombreux périphériques le destinent à des tâches plus sophistiquées et créatives.

Tenir un PC-1350 en mains est un vrai plaisir. L’appareil est lourd, les lignes métalliques nettes. L’écran est confortable et 30 ans plus tard ses proportions ne me choquent plus.

Commodore SR-4921

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L’archétype de la grosse Commodore typique des années 70, avec son afficheur à diodes rouges et ses nombreuses et magnifiques touches scientifiques.

Quoiqu’en regardant bien, on se rend compte que celle-ci n’est pas comme les autres.

Vraiment vous ne voyez pas ? Cherchez un peu du côté de la touche EGAL. Eh oui la Commodore 4921 ne possède pas cette touche, elle a, à la place, le « ENTER » (ENT ici) caractéristique de la notation polonaise inverse (RPN en anglais).

On croit souvent à tort que Hewlett-Packard fut le seul constructeur à implémenter ce mode particulier de calcul. En fait, de nombreuses marques s’y sont essayées à un moment ou un autre, y compris Commodore avec ce modèle qui autant que je sache, est unique sur ce point dans le vaste catalogue de la marque.

Il est inhabituel de tenir en main une Commodore à logique RPN, au point que le naturel veut reprendre le dessus, et qu’on se trouve vite face à une machine indomptable. Et on mesure du coup les déboires que peut rencontrer une personne non initiée à ce mode d’entrée des données : il est alors impossible de tirer quoi que ce soit de sa machine.

Comment utilise-t-on une calculatrice RPN ? comment initier la personne ci-dessus ? C’est là que cela se corse car une telle initiation commence toujours par un petit discours sur l’intimidante touche ENTER, puis sur le concept abscons de « notation polonaise inverse », avec peut-être une tentative audacieuse de prononcer le nom compliqué du logicien polonais qui en fut le promoteur. A ce stade de l’initiation, on a face à soi une personne qui vous écoute encore poliment, mais qui a déjà compris que jamais de sa vie elle n’utilisera une calculatrice aussi inutilement compliquée. Avant qu’elle se sauve, on se dépêche d’attaquer le chapitre de la syntaxe d’entrée mais c’est trop tard, la personne est déjà loin.

Selon mon expérience, c’est tout le contraire qu’il faudrait faire. Ainsi, je fais le pari qu’en deux indications, je puis réconcilier n’importe quel public avec une machine RPN. Tout d’abord, on peut établir une comparaison entre la touche de racine carrée de n’importe quelle calculette, et les 4 touches arithmétiques de ma RPN : ça marche pareil, dans les deux cas, on entre d’abord la valeur, et ensuite on tape la touche de fonction. Ici les touches + – × ÷ ne sont plus les éléments d’une syntaxe mais de simples touches de fonctions : la fonction [SOMME de 2 nombres], la fonction [DIFFÉRENCE entre 2 nombres], la fonction [PRODUIT de 2 nombres] et la fonction [RAPPORT de 2 nombres]. Comme ces fonctions agissent non sur une seule valeur, mais sur un couple de valeurs, le ENTER vient séparer les deux au moment de l’entrée.

La seconde indication à fournir est l’existence de niveaux sur lesquels les valeurs s’empilent jusqu’à dégringoler par au-dessus quand on dépasse le quatrième. Et voilà, en évitant soigneusement les mots qui ferment, on transmet en quelques instants la base indispensable pour comprendre et apprivoiser sans appréhension les réactions de la machine ! C’est du vécu 😉

La notation polonaise inverse est appelée aussi notation postfixe. Cela consiste comme on l’a vu à entrer d’abord les valeurs, puis la touche arithmétique à la fin. Toutes les machines RPN font comme cela. En revanche l’aspect manipulation de la pile (ce que j’appelle les niveaux au paragraphe précédent) peut présenter des spécificités d’une machine à l’autre. Disons-le tout net, le spécialiste Hewlett-Packard est sans soute celui qui en a très tôt offert la version la plus aboutie : tout y est pour piloter cette pile du bout des doigts : la touche FLECHE BAS qui défile en boucle les 4 valeurs de la pile, la touche X<>Y qui permute les deux premiers niveaux, le LAST X qui rappelle la dernière valeur affichée. On peut aussi ajouter une duplication systématique du 3e niveau sur le 4e, à mesure que les valeurs descendent, ça n’a l’air de rien, mais quand ça manque, on le remarque à l’usage.

Et c’est le cas pour la Commodore 4921. Sa pile dispose de 4 niveaux comme une HP, c’est bien car d’autres n’en donnent que 3, mais elle ne connait pas la duplication automatique du dernier niveau. Pour les curieux qui se demandent quel processeur tourne dans la 4921, en voici la photo.

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Hormis la spécificité de la notation polonaise inverse, la 4921 est une Commodore très classique sur le plan des possibilités. La panoplie des fonctions scientifiques est plutôt riche mais on est tout de même en 1978 : la trigonométrie, les logarithmes et leurs réciproques, des touches statistiques bien pratiques, les conversions polaires / rectangulaires.

Trois mémoires sont disponibles, accessibles en faisant suivre la touche mémoire de 0, 1 ou 2. Le souci, c’est qu’on peut tout aussi bien taper n’importe quel chiffre de 0 à 9, ce sont les mêmes mémoires qui seront adressées, chaque mémoire pouvant être atteinte par plusieurs adresses, voilà qui ne peut qu’embrouiller.

Un dernier point, concernant le nom exact de ce modèle. Doit-on dire SR-4921 ou bien RPN4921 ? SR est abondamment utilisé chez Commodore (=Slide Rule) . Une réponse est donnée quand on retourne la machine, la plaque est sans équivoque, on y lit RPN4921.

 Mais comme le manuel indique SR-4921, c’est finalement comme on veut. Et moi je préfère SR-4921

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Commodore LC4512

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Une calculatrice Commodore qui pour une fois n’est pas une épaisse machine à petits chiffres rouges.

Le géant Commodore, très présent sur le marché des calculatrices tout au long des années 70 a parfois laissé de côté ses gros afficheurs à diodes rouges pour de modernes et fins dispositifs LCD. Ce sera le cas avec les LC4512 et LC43SR. Rencontrer ces modèles discrets et peu répandus n’est pas chose facile.

Voici donc la LC-4512, une Commodore scientifique tardive (1978), légère et extra-plate, du moins pour la partie clavier.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ses formes ne sont pas habituelles. Est-ce en raison de la tradition maison du profil biseauté ? ou de la nécessité de caser les deux lourdes piles AA ? Toujours est-il que le profil est inédit, avec une zone clavier étonnamment mince qui se termine par un afficheur fortement incliné à 40°. L’originalité se poursuit avec de larges dentelures sur tout le pourtour.

Pour être complet, il m’a été donné de voir récemment une calculatrice embarquant une imprimante intégrée qui utilisait précisément le corps de cette 4512, et alors on comprend mieux. Je n’ai malheureusement pas gardé trace de cette image.

Côté technique, la LC-4512 est une scientifique complète, non programmable, animée par un processeur Toshiba, le même sans doute que dans la Toshiba SLC-8300, sa jumelle technique. L’afficheur, jaune, typique de cette période, est à 8 positions avec zone d’exposant dédiée et un splendide témoin « Error » qui donnerait envie de tenter les frappes interdites juste pour le plaisir de le faire surgir. La précision est basique et la vitesse de calcul vraiment tranquille.

Le clavier est d’excellente qualité, les touches quasiment affleurantes. Leur courte course produit un déclic souple et net qui accompagne chaque appui dans la douceur.

Avec ses touches de couleur vives, l’écran jaune, le design unique, une belle qualité de construction, la Commodore LC-4512 est une machine de caractère, qui en met plein les yeux, et restera sans doute et c’est dommage l’une des toutes dernières calculatrices produites par le géant Commodore.

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SHARP PC-1201

Qui pourrait deviner en regardant cette image que 2 ans et demi seulement séparent ces deux machines ?

Celle de gauche est typiquement une calculatrice scientifique des années 70 : un afficheur fluorescent vert strictement numérique, des commutateurs latéraux, un interrupteur mécanique.

La machine de droite est l’ultra moderne et célèbre PC-1211 de 1980, mini-computeur programmable en langage structuré, pourvu d’un clavier de type ordinateur et d’un écran alphanumérique LCD à faible consommation.

Malgré ces différences qui frappent l’œil, il semble bien qu’un lien de filiation rapproche ces deux machines.

Dans leur nom tout d’abord. Ici l’acronyme PC-1201 ne signifie plus Pocket Calculator comme pour les précédentes calculatrices SHARP, mais bien pour la première fois Pocket Computer. Car le SHARP PC-1201 est lui aussi programmable. Il offre 128 pas de capacité, et gère les codes combinés, c’est-à-dire qu’un pas lui suffit pour stocker à la fois l’instruction et son adresse le cas échéant.

L’éditeur est confortable, on peut relire en avant, en arrière, insérer, effacer. Les instructions sont constituées de codes formés sur les numéros de ligne et de colonne. Les sauts, conditionnels ou non, les appels de sous-programmes sont disponibles ainsi qu’une batterie de 4 tests. Et détail insolite : un buzzer qui fait bip à la frappe de chaque instruction. Mais pas de bip possible en dehors de ce contexte.

Ajoutons une caractéristique importante, d’avant-garde : la mémoire continue ! L’extinction n’efface pas la mémoire. Le logement classique des 2 piles « bâton » AA comporte un petit compartiment contigu qui abrite à cet effet deux petites piles « bouton ».

On peut penser qu’en 1977, année de lancement du PC-1201, une calculatrice dotée de tel atouts était assimilable à un ordinateur, à l’instar de l’étonnante CASIO FX-201P, solide programmable de 1976 (sans oublier la FX-202P identique à la FX-201P mais pourvue de mémoire continue elle-aussi). Tout comme elles, le SHARP PC-1201 fut inconnu du marché français de cette époque.

Du côté des fonctions de calcul, le PC-1201 présente des caractéristiques plutôt classiques, des fonctions scientifiques, une touche d’accumulation statistique pour les moyennes, de bien pratiques Int et Frac (partie entière / partie décimale). Douze mémoires, dix chiffres (12 en interne). La rapidité de calcul n’est pas élevée (447 secondes pour cumuler les sinus de 0 à 360) mais pas ridicule pour l’époque.

Il s’est murmuré çà et là sur le net que le PC-1201 permettrait l’adressage indirect, c’est à dire l’utilisation d’une adresse qui serait elle-même le contenu d’un registre. Rien n’est avéré et personne ne semble avoir pu mettre en évidence cette possibilité. Le manuel est d’ailleurs muet sur ce point. Il est vrai qu’il y est indiqué qu’une instruction de saut (GTO) ou de sous-programme (GTS) peuvent pointer vers une étiquette (LBL) numérotée de 0 à 9, adresses auxquelles s’ajoutent « s » et « t« . Il est alors facile d’imaginer que ces dernières variables contenant une adresse de 0 à 9 pourraient opérer un adressage indirect. Il n’en est rien, « s » et « t » suivant un GTO ou GTS sont considérés comme de simples caractères et non comme des variables.

Sur le plan esthétique, le SHARP PC-1201 est une très jolie machine. Un bémol cependant sur la sérigraphie des légendes de fonctions. Outre le fait que certaines d’entre elles ont tendance à s’effacer avec le temps, l’usage qui y est fait de minuscules et majuscules peut donner un aspect un peu étrange au clavier.

La construction est solide, le PC-1201 s’allume sans souci malgré les années et fonctionne de façon absolument normale, et la mémoire continue est un vrai atout. Deux années après le lancement de ce calculateur-ordinateur, SHARP dévoilera le PC-1211, qui n’aura plus rien à voir avec lui. L’âge d’or des années 80 vient de s’ouvrir.

sharp_pc1201

 

 

 

 

AGILIS ESR-222

 

Qui se souvient d’AGILIS ?

Toute une gamme de calculatrices furent commercialisées sous cette marque au cours des années 1976-1978, ou du moins à l’automne 1977, quand je fis l’acquisition de ma toute première calculatrice, une AGILIS.

J’ai conservé cette machine un an. Au cours des années suivantes, je n’ai plus jamais vu ou entendu parler d’AGILIS.

Plus récemment, internet a pu m’apporter de maigres éléments, les informations se révélant malgré tout rarissimes pour cette marque qui n’a fait que passer sans imprégner les mémoires. Comble de malchance, sur internet le nom Agilis est abondamment associé à une certaine espèce de lézard et aussi à un type de pneu d’automobile, d’où des requêtes qui empestent le caoutchouc et renvoient des tonnes de reptiles. Forcément cela n’aide pas à progresser.

Au fil du temps j’ai tout de même pu reconstituer une ébauche du catalogue AGILIS (à défaut d’avoir les modèles). D’abord les plus petites : 101111111-A121 141. Puis de plus puissantes : 505515525535545. Et un haut de gamme scientifique dont je ne connais qu’une vignette minuscule, pour ainsi dire rien : la 555. On trouve aussi la trace d’une 808, et aussi celle d’une 212.

Le catalogue comporte peut-être encore des trous. C’est même certain car qui connaît l’AGILIS ESR-222 ? Ce modèle n’est référencé par aucune base de données. Pourtant il existe, puisque j’en détiens un. Ce modèle ne fonctionne malheureusement pas, c’est dommage car le modèle est scientifique, cela signifie qu’il n’y a pas que la 555 qui le soit dans le catalogue AGILIS.

Il existe malgré tout un moyen d’en savoir plus sur ce modèle mystérieux. L’ESR-222 me parait être la jumelle technique d’une autre calculatrice qui, elle, fonctionne toujours : ma KOVAK P-82. Les touches, légendes et appariements ne laissent pas la place au doute, en particulier le « F » qui possède sa propre fonction secondaire, en l’occurrence « x² ». Les commutateurs de façade de l’AGILIS se retrouvent sur la KOVAC, en position latérale, ce sont les mêmes machines.

Ci-dessous les deux calculatrices, d’aspect fort différent mais de circuits identiques.

 

Merci à gege 

 

CASIO FX-201P

casio_201p

Comment expliquer que l’existence d’une telle pépite ait pu m’échapper pendant tant d’années ?

Quand je lisais l’Ordinateur de Poche au début des années 80, deux marques se partageaient l’essentiel du marché des machines programmables puissantes, en France du moins : Hewlett-Packard et Texas-Instruments. Leurs chevaux de course se nommaient HP-65, HP-67, HP-41, HP-29C, HP-34C ou TI-SR56, TI-SR52, TI-57, TI-58, TI-59 …

Des marques japonaises comme CASIO ou SHARP étaient surtout renommées pour des machines simples, à quatre opérations ou scientifiques peu originales.

Dans son grand article portant sur les machines programmables du moment, le magazine nous faisait assister à ce qui ressemblait aux débuts prometteurs des deux japonais, enfin décidés à jouer des coudes avec les constructeurs américains. SHARP, avec un PC-1211 dernier cri, qui recueillait tous les superlatifs des rédacteurs, et CASIO, qui ne montrait encore qu’une classique mais très moderne calculatrice programmable LCD, la FX-502P, dont les auteurs de l’article se montraient prudents à prophétiser l’impact.

Sauf que les deux grands japonais n’étaient pas complètement novices. Ils brillaient depuis quelques années, mais ailleurs. SHARP, avec un très intéressant PC-1201 ainsi que l’étonnant combiné (presque de poche) PC-1300, et CASIO avec une gamme d’énormes machines, la 201P ici présente, la 202P à mémoire permanente, et le PRO FX1 (*), équipé d’un lecteur de cartes magnétiques, à l’instar des reines HP-67 et TI-59.

Voilà que trente ans plus tard, je découvre la CASIO FX-201P, machine très originale, produite en 1976.

L’aspect est étonnant, les dimensions inhabituelles : 17,2 cm de haut, 10,4 de large, 3,4 d’épaisseur, 364 g en ordre de marche, 6 rangées de touches en bas, 7 en haut, c’est du hors-norme. La machine est belle, l’esthétique n’est pas brute mais soignée, avec des courbes discrètes qui en font un très bel objet.

Bien que machine de poche, la prise en main nécessite un peu d’habitude. A ce sujet, nous trouvons peut-être ici l’explication des touches absentes du clavier, fait coutumier chez CASIO. Pourquoi en effet laisser un trou en bas entre les touches EXP et =, et en haut à droite sous START ? Pourrait-il s’agir d’une aide à la préhension, le pouce d’une personne droitière trouvant tout naturellement sa place dans cet emplacement libre. Idem pour l’espace du bas qui permet d’attraper fermement la machine sans appuyer sur aucune touche. C’est spéculatif mais je parie dans ce sens.

Point paradoxal, la FX-201p ne possède pas un grand nombre de fonctions préprogrammées, contrairement à ce que suggère la profusion des touches. Nous trouvons les racines, les logs, la trigonométrie et c’est à peu près tout. Les touches aux légendes les plus mystérieuses sont réservées à la programmation de ce qui, en 1976, se classait davantage comme un ordinateur qu’une calculatrice. Témoin, la position « manuel » du sélecteur de programmation qui sous-entend que la règle est avant tout ici le calcul programmé.

La documentation est indispensable pour s’approprier le protocole de programmation. On découvre alors un système souple, puissant, et finalement simple. L’affichage n’étant pas alphabétique, les touches ont leur code, souvent un mélange de chiffres et de caractères étranges. Les codes sont gravés sous les touches correspondantes, ce qui facilite la relecture des programmes. Les données d’entrée et de sortie bénéficient de leur propre touche : ENT pour introduire les paramètres et ANS pour afficher les valeurs de sortie. A noter que deux lumières rouges à la base de l’afficheur fonctionnent de concert avec ces touches. Le test IF, très particulier, porte sur trois statuts à la fois : inférieur, égal, supérieur, et effectue les branchements en conséquence. Les sous-programmes et l’adressage indirect sont gérés.

Les défauts dont souffre la 201P sont la limitation de la mémoire de programme : 127 pas seulement, c’est peu, et elle n’est pas permanente. La vitesse de calcul n’est pas vertigineuse, on s’en serait douté pour une machine de 1976. Le test du calcul programmé de cumul des 360 sinus est exécuté en 11 minutes, soit 660 secondes. Les futures HP-41, TI-59 ou SHARP PC-1211 tourneront entre 290 et 400 secondes. Mais les suivantes, HP-15C ou TI-66 feront pire que la 201P.

Que manquait-il à ce superbe calculateur, que les machines modernes apporteraient quelques courtes années plus tard ? Une imprimante, une interface cassette ? Rien de tout cela ici. la CASIO 201P n’offre aucune connectivité, excepté le cordon mural d’alimentation 220V.

A bien regarder, il existe pourtant un compartiment mystérieux, accessible en ôtant une vis au dos, qui montre ce qui ressemble fort à un port de connexion. Mais je ne sais pas encore à quoi.

(*) Cette famille de calculatrices comprend aussi la PRO-101, absolument introuvable et connue par 2 ou 3 photographies de prospectus (japonais) d’époque.

AJOUT DU 1ER NOVEMBRE 2019 : Tout peut arriver à notre époque. Voici que la légende PRO-101 vient de prendre forme. La PRO-101 existe bien, elle a été aperçue par un collectionneur que je connais bien (ce n’est pas moi malheureusement) qui est parvenu à se la procurer. Ce modèle est maintenant chez lui et les premières photos ont été prises. Félicitations à lui !

SHARP EL-531

SHARP_EL531-10

Chez SHARP, le numéro 531 fut abondamment décliné au fil des âges.

Il se pourrait bien que le modèle ci-dessus soit un des tout premiers, produit dès 1983 ou 1984.

Comme dans d’autres versions de 531, nous trouvons une fonction qui mérite d’être décrite, il s’agit de la double flèche horizontale visible au dessus de la touche F↔E.

La double flèche horizontale ⇐ ⇒ permet de visualiser à la demande et de façon volatile l’ensemble des chiffres composant une valeur partiellement masquée par un exposant de 10. Par exemple, un résultat affiché -2.6013 -54 qui montrera -2.6013729 après sollicitation de ⇐ ⇒ puis reprendra l’affichage initial après toute nouvelle pression. Si aucun exposant n’est affiché, la touche sera sans effet constatable puisque aucun chiffre n’est masqué.

Quant à la touche F↔E, généralement présente sur les machines privées du switch FSE (notations Fixe-Scientifique-Ingénieur), elle alterne à la demande et de façon volatile un affichage avec et sans exposant de 10. Si la valeur n’est exprimable qu’avec un exposant de 10 (cas d’un nombre supérieur à 99999999. ou inférieur à 0.0000001), F↔E sera sans effet. Par exemple, un résultat affiché 0.0000243 révélera 2.4325 -05 après sollicitation de F↔E et reprendra son expression initiale après toute nouvelle pression.

Si F↔E ne modifie que l’affichage de la valeur sans la modifier, la double-flèche montrera non pas une valeur, mais la simple information d’une liste des chiffres constitutifs de la mantisse d’une valeur. Privée de l’exposant de 10, celle-ci n’a pas le statut de nombre.

La EL-531 est alimentée par deux piles AA, qui vont lui procurer sans aucun doute une autonomie énorme. Pour les remplacer le jour venu, point de trappe à ouvrir : Dans l’idéal, on appuie sur la languette du haut et c’est tout l’arrière du boîtier arrière qui s’ouvre. Sauf qu’à défaut d’un ongle long et rigide, un outil sera nécessaire, d’autant plus qu’après avoir enfoncé la languette, quelques clips internes fragiles s’opposeront encore à une ouverture facile. Un badge plastique usagé peut constituer cet outil universel et non destructeur.

La EL-531 s’éteint au bout d’une dizaine de minutes en l’absence d’activité. En revanche elle ne sait pas conserver de valeur en mémoire après extinction, que celle-ci soit déclenchée par OFF ou bien automatique.

 

Texas Instruments nSpire CX

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L’exemplaire photographié ici est un modèle tardif : nSpire à batteries et écran couleur.

Quelle drôle de machine que la TI nSpire. Rien que son nom est déjà une curiosité. Parions que personne n’est certain de savoir bien l’écrire. Faut-il une apostrophe ? une majuscule ? à quel endroit …

La TI nSpire initiale est apparue vers 2007 sous la forme d’une machine de grandes dimensions évoquant l’univers professionnel de la technique. Cette calculatrice graphique de haut de gamme à destination incomparablement scolaire innovait dans quatre directions :

  • Un écran remarquablement défini : dans les rayons des magasins, l’écran était systématiquement recouvert d’un film cellophane figurant un affichage type. On devinait une définition inouïe, presque incompréhensible. Le film cellophane était-il un tantinet optimiste ? Machine en mains, les pixels devenaient perceptibles quoique minuscules, l’écran étant incontestablement défini, et tout en niveaux de gris.
  • Une vitesse de calcul alors inconnue dans le calcul de poche. La nSpire sera la calculatrice la plus rapide des années durant.
  • Un système d’exploitation de type ordinateur bureautique : On peut aimer cet environnement bureautique très organisé ou bien au contraire trouver de la lourdeur dans cette logique de type ordinateur familial.
  • Un arrêt pur et simple de l’offre de programmation. Les premiers prototypes ne sont tout bonnement pas programmables, c’est une première pour une calculatrice de haut de gamme. Doit-on y voir une conception inaboutie ou bien un choix délibéré de tourner une page, le pari d’une programmation qui n’intéresse plus, qui n’est plus utile ? Quelles qu’en soient les raisons, les premiers modèles commercialisés intégreront tout de même un module de programmation, mais moins puissant qu’attendu, ne sachant notamment gérer l’aspect graphique, il faudra attendre pour cela la CX-II-T de 2019. La Ti-89 Titanium de conception plus ancienne, mais plus brillante sur ce point et plus ouverte, ne perdra pas facilement son public.

Plusieurs évolutions de nSpire se succéderont au fil du temps. Alors que la toute première disposait d’un clavier alphabétique composé de petites touches parsemées sur toute la surface du clavier, le modèle suivant dédiera la zone inférieure de la machine au clavier alphabétique. Puis l’écran couleur fera son apparition avec la n’Spire CX, modèle à batterie à la physionomie fine et légère. A ce jour, aucune nSpire n’offre la technologie tactile. Pourtant, le touchpad, dispositif pilotant le pointeur par l’index à la manière d’une souris, semble la légitimer depuis longtemps.

De tous temps, deux offres de nSpire furent disponibles : Avec système mathématique CAS ou pas. Une version à clavier interchangeable exista au tout début. Elle permettait de transformer sa nSpire de base en une parfaite TI-84.

 

TI-83 PREMIUM CE

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La TI-83 PREMIUM CE est la version actuelle de la prolifique TI-83, lancée en 1996. Les fonctions de calcul sont aujourd’hui plus nombreuses, mais la philosophie générale est restée similaire, la vraie nouveauté étant ici l’afficheur lumineux, en couleurs, HD, une merveille. Depuis la CASIO Prizm (2010 déjà), quelques écrans couleur ont vu le jour ici et là, sans jamais inquiéter le moins du monde le classique LCD gris à gros pixels, un peu moins cher, plus pratique avec ses piles classiques, davantage passe-partout aussi, car c’est un fait que le marché des calculatrices se montre frileux à l’égard des innovations depuis plusieurs années.

Exceptée la toute dernière : le mode examen. La PREMIUM en est pourvue, tout comme les récentes CASIO. Pour l’explorateur de calculatrices, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. En quoi consiste le mode ? L’étudiant en salle d’examen est tenu de commuter sa machine en mode examen. Dès lors, la mémoire interne susceptible de contenir de supposées antisèches n’est plus accessible. Une diode rouge montrera à l’examinateur que le mode est bien actif. Et impossible pour un tricheur de sortir du mode à sa guise : on ne sort du mode examen qu’en se branchant par câble à une autre TI analogue. C’est d’ailleurs là que les ennuis commencent pour qui commute par erreur sa machine.

Cela dit et ce n’est que mon avis, d’un point de vue scolaire, il semble sain de neutraliser la tricherie, et de préserver les étudiants de la tentation de tricher, ce qui était si facile avec les machines précédentes. Toutes les fois qu’il m’est arrivé de parler calculatrices avec mes collègues, j’ai entendu les mêmes choses sur les antisèches, systématiquement utilisées par toutes et tous. Ce ne pouvait être satisfaisant. Naturellement, on n’empêchera pas un as du bricolage d’ajouter une diode fictive, mais au moins on n’est pas plus dans la tricherie institutionnalisée.

Et puis après tout, les calculatrices de poche ne sont pas faites aujourd’hui pour les nostalgiques de la grande époque, mais bien majoritairement pour la sphère scolaire.

Ce ne fut pas toujours le cas. Un glissement s’est opéré, plus ou moins naturellement. Tentons de nous remémorer comment les choses sont arrivées, quand et pourquoi. Retraçons de façon simplifiée les grands épisodes du phénomène calculatrice :

La calculatrice de poche apparaît au tout début des années 70. L’objet est alors réservé aux utilisateurs fortunés, aux entreprises. Les premiers modèles scientifiques arrivent vite (HP-35), puis les programmables. Puis en 1976, le phénomène explose, les prix baissent, la calculatrice est l’objet magique que tout un chacun veut avoir, pour des besoins sans doute surévalués. Ainsi les calculatrices s’invitent au supermarché où le client contrôle en temps réel le montant du caddy, dans la voiture pour la consommation d’essence, dans le meuble secrétaire pour le suivi du relevé bancaire ou des impôts.

Les calculatrices programmables seront volontiers assimilées à des ordinateurs, parlant le même langage informatique et réservées aux techniciens, informaticiens, ingénieurs … Les machines programmables, puissantes, hors de prix, subiront une mutation importante au cours de la première moitié des années 80, avec l’arrivée des ordinateurs de poche qui en bouleverseront le concept.

Mais la mode s’essouffle, l’utilisateur lambda s’est lassé de programmer. Quant à la calculatrice, elle est devenue au fil des mois une calculette, outil banal qui a également cessé d’étonner. Au milieu d’un creux de vague, Casio innove et sort la calculatrice graphique, capable de traduire en tracés toutes sortes de fonctions mathématiques. Les autres suivent, une mode est lancée. Elle va comme un gant à la sphère étudiante. Les calculatrices ne séduisent plus, transformons-les en amis de l’étudiant. Calquons les fonctionnalités des machines sur les différents programmes scolaires, lançons des modèles adaptés aux classes, aux filières, organisons des formations d’enseignants, des partenariats commerciaux, rendons-nous incontournable dans l’acquisition du savoir mathématique …

Pari réussi. Depuis trente ans maintenant, les calculatrices sont dans les cartables. Les rayons des supermarchés ont leur « mur » de calculatrices, avec des dizaines de références pour un usage en grande partie scolaire. Une offre pléthorique, des constructeurs prospères. On peut juste rester perplexe sur cette survie miraculeuse, qui ressemble fort à un tour de passe-passe commercial, d’autant qu’elle est obtenue au prix d’un renoncement à toute innovation ou originalité qui feraient monter les prix, donc gréver le budget toujours serré des fournitures de rentrée scolaire.

On peut imaginer qu’ailleurs, sur d’autres planètes par exemple, dans d’autres univers parallèles, des scénarios différents ont pu apparaître :

Embarquons dans notre astronef et allons voir … Alors que sur la majorité des planètes survolées, les calculatrices de poche évoluées ont quasiment disparu sitôt la grande mode passée, sur la planète Tritonia, on trouve un GPS qui a connu le destin des calculatrices terriennes : D’abord petit appareil de navigation qu’on fixe au pare-brise de la voiture, avec son fil qui se tortille joyeusement et vendu par 2 ou 3 sociétés innovantes, le GPS s’est rapidement trouvé fondu dans l’équipement de série des véhicules. Les constructeurs de GPS portables ont décidé de ne pas mourir et, moyennant l’ajout de cartes géographiques et de bases de données encyclopédiques, se sont invités dans les cartables en tant qu’ami indispensable de l’étudiant en géographie.

Histoire équivalente sur l’astéroïde habité Zébulus, où ce sont les appareils traducteurs nomades qui sont devenus le conseiller spécial en langues étrangères du lycéen, quand les traducteurs en ligne les ont dépouillés de leur utilité.

Et pour continuer notre voyage spatial, jetons un œil au hublot vers la comète habitée Voolcania où les étudiants comblés disposent d’un assistant personnel combinant géographie, langues, sciences, économie, tous les modules de l’enseignement.

Sur Terre les élèves n’ont que leur obligatoire ami mathématique, qui ne peut désormais plus rien faire pour eux en cas de panne de mémoire en salle d’examen.

Pour nous recentrer sur la TI-83 PREMIUM, saluons un bel objet, recouvert d’un plastique nacré de qualité, au design aussi fin et léger que sa batterie rechargeable le permet, celle-ci montrant une bonne tenue, même après plusieurs semaines d’extinction.

Le clavier de la 83 possède de mon point de vue un excellent toucher. On peut y noter la disparition de la classique séquence « sin cos tan« . Les fonctions trigonométriques sont regroupées sous une unique touche « trig » appelant un menu bien complet. Cela existait aussi sous l’ancienne HP-28S.

Affichage couleur et définition d’écran sont splendides. Toutefois, les tracés se déroulent à l’intérieur d’une sous-fenêtre nettement plus réduite que l’écran principal, c’est dommage. Et ils ne sont pas des plus rapides. De même, la vitesse de calcul ne restera pas la meilleure de son époque. A contrario les dessins programmés ne souffrent d’aucune lenteur excessive.

La programmation de cette TI typique est vraiment aisée. Et la relecture des programmes est rendue confortable par une bonne lisibilité du code. Programmer est un plaisir avec cette belle TI 83.

MBO ALPHA 4000

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On jurerait l’avoir déjà vue quelque part.

La MBO A 4000 est le type même de calculatrice extra-plate de la fin des 70e. La 4000 est la petite soeur de la 5001, membre de la grande famille des machines à processeur NEC-1856G.

La 4000 est plus simple, plus ancienne aussi. Elle est d’ailleurs la parfaite jumelle technique de l’archaïque SEARS LC-87.

Les deux MBO, 4000 et 5001 présentent un aspect quasi identique. Il y bien longtemps, en 1980, j’avais vu dans un magasin de matériel de bureau de Soissons une calculatrice qui ressemblait beaucoup à cette 4000. Elle était vendue très chèr (399 Francs), sous la marque SANYO. Quand j’ai trouvé bien plus tard la MBO 5001, j’avais cru la reconnaître. Mais du coup avec cette 4000 que je découvre, je ne sais plus laquelle des deux est la SANYO de mes souvenirs. Et je ne le saurai jamais.

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LLOYDS ACCUMATIC 650

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La LLOYDS E650 est une impressionnante calculatrice de 1976, tant par l’austère classicisme de sa façade métallique que par le grand nombre de fonctions disponibles.

Tel l’œil d’un cyclope, l’afficheur vous fixe avec acuité. Sa disposition inclinée permet indéniablement un bon confort d’utilisation.

Le poids de la machine, les assemblages donnent l’image d’une construction sérieuse, très robuste.

Les fonctions sont abondantes. Scientifiques, statistiques, et une arithmétique complète en mémoire. La LLOYDS 650 ne cache pas sa parenté technique étroite avec d’autres modèles stars de son époque : CITIZEN SRII, ELITE 7004SR, MBO ALPHA 3000, RADIO-SHACK EC-495, TOSHIBA SC-7500, et sûrement d’autres.

Ici aussi, 5 mémoires. La N° 4 est préemptée par les fonctions statistiques, et se vide d’un simple C/CE !

A l’allumage, la 650 montre toujours 4 décimales par défaut. Le pilotage des décimales et de la notation avec exposant de 10 est assuré par la touche HYP, pourtant bien dédiée par ailleurs aux calculs de trigonométrie hyperbolique.

Les touches carrées, notamment celles de couleur jaune sont typiques de la marque LLOYDS. Tout comme la désignation ACCUMATIC. Quelle peut en être l’origine sémantique ? Suggère-t-elle la présence d’accus, et donc une portabilité qui restait un luxe en 1976 ? ou bien doit-on entendre Accuracy, c’est-à-dire précision, exactitude ? Peut-être les deux …

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TI-30 Galaxy

Un emblème de la ligne Galaxy, cette gamme de calculatrices de format horizontal lancée par Texas-Instruments au début des années 80.

La TI-30 fut décidément un modèle de toutes les époques, énormément diffusé, décliné sous toutes formes et couleurs. La toute première était une grosse calculatrice à chiffres rouges. Des milliers d’exemplaires plus tard, la TI-30 poursuivait sa carrière avec un afficheur moderne à cristaux liquides. Plus tard encore, la TI-30 prenait une disposition horizontale, en pleine mode des Pockets Computers. Hewlett-Packard faisait de même avec ses modèles « Voyager« .

La TI-30 Galaxy n’a pas été ma TI-30 préférée. Son allure me heurtait : une disposition horizontale dont je ne voyais pas l’utilité, un petit afficheur standard perdu dans les quinze centimètres disponibles – surtout qu’en notation scientifique la mantisse ne dépasse jamais 5 chiffres ! -, de grosses touches carrées pleines de points antidérapants … Cela me faisait l’effet d’un gros jouet en plastique.

Mon petit frère en son temps eut sa TI-30 Galaxy, qu’il a bien usée. Aujourd’hui je constate que cette version reste très appréciée, recherchée par les amateurs, elle a bien marqué les esprits.

En cherchant sur le net, j’ai appris qu’il avait existé deux TI-30 Galaxy distinctes, l’une produite en 1984 au Japon (c’est la mienne), une autre en 1987 en Italie. Bien que d’aspect identique, elles n’ont pas les mêmes circuits, et pas le même nombre de piles.

Machine originale, la TI-30 Galaxy montre les quatre niveaux d’opérations en attente grâce à des témoins apparaissant sur la gauche de l’écran au gré des priorités d’opérateurs ou de l’usage de parenthèses.

Par exemple, la capture ci-dessous montre, en haut et de gauche à droite, les symboles d’addition, de multiplication et d’élévation à la puissance. Au milieu nous avons les symboles de soustraction, de division et d’extraction de racines.

Au sujet de cette dernière opération, l’ordre d’entrée des données est inhabituel. Ainsi pour extraire la racine 5e de 100, au lieu de la séquence classique où l’on tape [« 5 »; « touche d’extraction »; « 100 »; « = »], il convient de taper ici le contraire [« 100 »; « touche d’extraction »; « 5 »; »= »].

Machine bien construite, solide, inusable, la 30 Galaxy est dotée d’un bon clavier, en particulier – fait habituel chez Texas Instruments – les touches en double ou triple hauteur dont la frappe sera toujours efficace, où que le doigt se pose.

Pour aller plus loin, le Datamath Museum

CANON F-300P

canonF300P

Canon a incontestablement produit beaucoup de calculatrices originales. Des Pocket Computer aussi, enfin juste un seul, le X-07, qui a toujours ses fan-club aujourd’hui.

Et entre les deux, Canon signe en 1983 le F-300P, une calculatrice scientifique programmable, d’une conception peu banale, qui se donne l’aspect d’un Pocket Computer.

Les performances et caractéristiques ne sont pas époustouflantes pour autant, bien que les fonctions statistiques soient étoffées. Idem pour l’aspect programmation qui peut décevoir, avec notamment 336 pas de programme, ce qui est un triste minimum. Point de langage Basic, et une notion de boucle automatique qui semble inconnue. La décrémentation est bien prévue mais le bouclage doit être réalisé à la main autant de fois que nécessaire, que c’est bizarre.

Continuons notre exploration. Je constate qu’à l’instar du Ti-95 Procalc, le F-300P a su exploiter sa disposition horizontale pour déployer un écran de belle taille. C’est rarissime. Et ici, c’est carrément du 20 caractères sur 4 lignes de haut. Précisions que la ligne supérieure est réservée à l’affichage des statuts et codes d’erreur, la ligne inférieure est dédiée aux entrées tandis que les deux du milieu montrent opérandes et résultats du calcul précédent. A noter des caractères affichés au format 6 X 5 points, une singularité de plus.

Les caractères alphabétiques sont disponibles, dont un « O » étonnant qui ressemble à une pomme, comme celui du SHARP PC-1211. La convention d’écriture du zéro intégrant une barre diagonale n’est pas encore appliquée sur ces deux modèles, qui rappellent du coup leur âge vénérable.

La frappe d’un calcul au clavier serait plutôt naturelle si la manipulation des mémoires n’était pas aussi littérale. Les variables n’ont pas encore de transcription symbolique et la ligne est donc un mélange d’écriture naturelle et de blocs comme RM04 (par exemple « 6 x ( 8 + RM04 ) ». Au sujet des mémoires, elles sont au nombre de 7 par défaut (00 à 06). Comme elles peuvent être étendues à 48, leur adresse comporte toujours deux positions. Gare au 0 de RM04, oublié, la réponse sera dans ce cas l’affichage d’un « ?« , symbole d’erreur du F-300P.

La programmation se résume décidément à une simple mémorisation de formules. Les caractères alphabétiques sont acceptés pour l’insertion de messages, c’est bien mais reste décevant pour un appareil de cette allure.

Pour finir, une dernière étrangeté, un peu saugrenue celle-là : quand on regarde derrière le F-300P, tout est à l’envers ! légendes, n° de série, etc. ont la tête en bas …

On le voit le Canon F-300P est une machine difficile à classer. Des fonctions courantes, plutôt simples, un maniement très original, peu intuitif (manuel indispensable), l’aspect d’un Pocket Computer, pas seulement par la disposition ou l’écran, la taille est aussi imposante, la surface est à peu près celle du SHARP PC-1500. Et aussi la présence d’un port pour une sympathique imprimante, voilà qui serait inhabituel pour une simple calculatrice.

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LOGITECH LC-838R

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Une toute petite et joufflue calculatrice semi-scientifique de 1976 ou peut-être même avant (la présence d’une courroie est souvent signe d’ancienneté).

Logitech a créé quelques modèles où l’abondance de plastique ne va pas forcément de pair avec l’élégance. Mais ici, cela sied bien à la petite 838 qui reste bien sympathique et tient bien en mains.

Deux petites bizarreries : un interrupteur qui possède un arrêt à mi-course non repéré. Sans doute une position autorisant la charge d’accus. A ce sujet, la 838 se nourrit de 4 piles AA. Du lourd. Et pas de batterie, contrairement à ce que laisserait penser le R (comme Rechargeable) de LC-838R.

L’autre bizarrerie saute aux yeux : on a le choix entre deux touches de racine carrée, c’est comme on veut !

Et que signifie donc la légende inédite CANC au-dessus du F ? Cancel bien sûr (Annuler en anglais) : si on a appuyé sur (pour atteindre une fonction seconde) et qu’on le regrette déjà, le 2e appui annulera cet ordre.

 

TECXON LC-650

Tecxon

 

J’ai eu la chance d’acquérir cette rare et fort jolie TECXON, qui m’est venue de Bulgarie.

Une marque peu connue, peu étoffée (moins de 5 modèles référencés à ce jour), peu assumée avec son manuel de 6 pages minuscules mentionnant juste Slide Rule en couverture, signe d’une TECXON vraisemblablement bon marché.

Comme la Logitech LC90S, la TECXON s’orne en façade d’une illustration de la courbe de Gauss. Le calcul des probabilités selon la distribution normale était en fin des années 70 le signe d’une machine puissante, le nec plus ultra des fonctionnalités scientifiques de poche.

La 650, en parfait état de marche et aux contact métalliques intacts en 2024, souffre cependant d’un mal nouveau. La nappe caoutchoutée chargée d’établir la liaison interne entre les touches et la carte électronique se dessèche et se désagrège petit à petit, avec pour conséquence une réponse difficile des touches aux emplacements concernés. Un mal probablement appelé à se développer sur les modèles les plus anciens.

Ci-dessous à gauche, détail de la nappe, à droite la très répandue puce NEC D1856G

        

Ci-dessous : les LS-650 et LC-670 programmable : un solide air de famille

Un détail de la carte électronique porteuse de la puce NEC D1856G.

 

 

 

CASIO FX-790P

CASIO_FX-790P

Il est bien souvent difficile de situer précisément l’année de lancement d’un modèle de la décennie 80 tant il s’en est produit. C’est le cas pour la famille très nombreuse des FX-770P à 795P. Le prospectus reproduit ci-dessous permet de situer l’arrivée du FX-790P au cours de l’année 1986.

Lorsque sort le 790, les tout premiers Pockets Computers sont désormais loin. CASIO semble muer en raison la passion qu’ils avaient suscitée. La présentation sombre, sans couleurs vives, le concept pliable de ce 790 évoquent le sérieux, le rationnel, le professionnel.

Après l’avoir vu dans des magazines, je le découvris de mes yeux à la FNAC de l’Avenue de Ternes à Paris. Il se trouvait placé bien en valeur, et j’étais étonné du succès de cette machine qui semblait indiquer un nouveau cap. De jeunes cadres encravatés, bien sérieux eux-aussi, papillonnaient autour cherchant à le prendre en main, le toucher, avec un sourire non contenu de convoitise.

Le FX-790P était high tech, ce qui se faisait de plus actuel en matière de Pocket basic programmable. Son design fonctionnel faisait mouche. Replié en deux, il entrait dans n’importe quelle poche, pour en surgir au bon moment et estomaquer les collègues.

L’ultime version de cette famille sera le FX-795P. Son aspect, quoique identique au premier coup d’œil à celui du 790, allégera discrètement le cadre métallique dans lequel ce dernier semble emprisonné.

Ci-dessous le prospectus, daté du mois d’août 1986

 

Petit comparatif de petites calculettes

PCOMP

Elles sont minuscules, on les voit partout, certains les destinent parfois aux écoliers des classes primaires. Il est vrai que le nombre de fonctions de ces calculettes est réduit. Ces petites machines sont-elles pour autant similaires et insipides ou bien peut-on leur trouver de la personnalité à revendre ? Penchons-nous sur trois modèles bien actuels, la CASIO Petite FX, la TI-106 Écolier et une moins connue, la SIGN dénichée dans les rayons d’une grande librairie lilloise.

PCASIO

Les trois machines ont déjà en commun un design coloré et agréable. La plus large des trois, la CASIO Petite FX, possède aussi le plus grand écran. Les touches sont larges et confortables. Mais la CASIO est la seule à ne pas offrir l’alimentation solaire, c’est dommage. Le clavier est bon, les touches gomme n’appellent pas de remarques. Peut-on déjà entrevoir la CASIO comme vedette du comparatif ? Pas tout-à-fait, en raison d’un couvercle à charnière, solidaire de la machine et plutôt encombrant en mains.

PSOLVEIG

Voyons maintenant la SIGN, déjà rencontrée sous le label Solveig. Ici le design est roi, cette toute petite machine est très jolie avec ses belles couleurs et ses formes biseautées. L’afficheur, un cran plus petit ici, dévoile des digits au dessin splendide – ce sont d’ailleurs ceux de sa grande soeur, en miniature. La SIGN dispose d’une minuscule cellule solaire, c’est un bon point. Des touches gommes et un clavier au toucher hélas imprécis et peu agréable … c’est dommage. Et aucun dispositif de protection, pas de housse ou de couvercle. La SIGN est cependant la calculatrice la moins chère de ce palmarès.

PTI

La TI-106 montera-t-elle sur la plus haute marche du podium ?  Le design s’inscrit sans détour dans l’ambiance scolaire des tout premiers âges. Avec une mention Écolier, écrite comme il se doit en pleins et déliés. Un petit panneau solaire, avec sans doute une pile de secours à l’intérieur car la TI, tout comme la SIGN, fonctionnent sous un faible éclairage. Le clavier, avec ses touches en matériau dur offre le meilleur toucher. La TI est quant à elle protégée par un couvercle amovible et réversible.

 Donc verdict personnel, une TI-106 en tête, mais suivie de tout près par ses attachantes comparses.

KOVAK P-82 « Scientific Friend »

KOVAC_SF

Mignonne petite scientifique d’un constructeur japonais prolifique de la fin des années 70.

Sous des airs conventionnels la KOVAK recèle une petite particularité : avec ses 25 touches seulement, elle doit en dédoubler les fonctions, comme c’est souvent le cas sur les calculatrices scientifiques. La touche F, nommée ailleurs 2nd ou Shift, parfois INV donne accès, au prix d’un appui préalable, à la seconde fonction des touches.

C’est classique. Mais la KOVAC, fait quasi unique, présente un F doté lui-même de sa fonction seconde, en l’occurrence l’élévation au carré. Pour mettre un nombre au carré, il faut donc appuyer deux fois sur F. Pourquoi pas, mais cette disposition est indéniablement rare, le F ayant d’ordinaire une touche pour lui tout seul.

Cette KOVAC se rencontre sur le Net sous le nom complet de KOVAK P-82. La mienne ne mentionne que le sous-titre Scientifique Friend, c’est-à-dire l’amie du scientifique, rien de moins.

 

SINCLAIR Enterprise Programmable

En 1982, le magazine L’Ordinateur de Poche publie un large panorama des calculatrices programmables du moment. Principalement de prestigieuses américaines, des japonaises prometteuses mais pas seulement.

La rédaction se félicite d’avoir pu inviter dans ce comparatif deux improbables modèles anglais, si difficiles à se procurer qu’ils n’y figureront qu’à titre symbolique. Ce sont les SINCLAIR programmables Cambridge et Enterprise.

Ces machines ne furent sans doute jamais vendues en France. Internet permet aujourd’hui de les voir enfin de près.

La SINCLAIR Enterprise Programmable n’est pas la plus répandue ni la plus ancienne. Elle fut produite à partir de 1978. Elle offre en effet des possibilités de programmation, qui ne sont pas anecdotiques.

Les bons points sont la capacité totale de 79 pas, et la possibilité d’une édition efficace. Au passif, l’unique test Go If Neg n’autorise pas une grande souplesse. D’autant que les codes combinés ne sont pas gérés (par exemple, Goto 25 consomme 3 pas, un pour le Goto, un pour le 2, un pour le 5), ce qui fait fondre les réserves de pas à grande vitesse.

Les branchements se font en direct et non par label, voilà qui est acrobatique pour les instructions demandant plusieurs pas. Heureusement, on peut compter sur l’éditeur pour caler les programmes au millimètre. Enfin les codes de touches sont étranges et ne livrent pas facilement leur logique. A noter que sur mon modèle visible en bas d’article, une sérigraphie supplémentaire, de qualité mais pas d’origine, vient épauler l’apprenti programmeur, qui trouve pour chaque touche le code correspondant.

Les SINCLAIR ont une grande réputation d’originalité, voire de génie. La conception de la mémoire programme semble ici en tous cas unique. Comme dit plus haut, la capacité de programme est de 79 pas. Il existe pourtant un pas 00. Pourquoi pas 80 pas alors ? Et bien parce qu’au pas 00, il ne se passe rien. Un programme commencera d’ailleurs au pas 01. Et si avant de le lancer on initialise par un Goto 00 manuel, l’appui sur RUN ne lancera rien du tout. Un second RUN sera nécessaire. En examinant les exemples du manuel, on comprend que le protocole adéquat pour terminer un programme est de le conclure par un Goto 00. Le pas 00 est donc un STOP, bien placé car le programme se trouve ainsi déjà en situation d’être lancé de nouveau.

Si la petite sœur Cambridge n’a pas très bonne réputation en matière de précision, l’Enterprise s’en tire mieux, révélant d’ailleurs une certaine parenté de processeur avec la NOVUS 4650, machine pourtant non programmable. La vitesse de calcul de l’Enterprise n’est pas élevée, mais pas catastrophique pour autant. Elle bat la TI-57 à la course, et se montre 2 fois plus rapide que sa contemporaine Commodore P50.

Au chapitre des caractéristiques, nous avons affaire à une scientifique plutôt complète, sans toutefois les statistiques, et 7 mémoires sont disponibles. L’alimentation est assurée par une pile de 9 Volt. Sur mon modèle, la pile ne suffit plus. Il est nécessaire de lui adjoindre une connexion par câble à la prise murale.

Pour remplacer la pile, point de trappe. On dégage un ergot au sommet de la machine, et celle-ci s’ouvre en deux ! Effet saisissant. Toute la façade se trouve ainsi déposée, tandis que les entrailles sont à nu, et donc aussi le logement de la pile.

Le design très personnel de la Sinclair Cambridge est célèbre. Celui de l’Enterprise est plus conventionnel. C’est incontestablement une très jolie machine, de dimensions plus importantes que sa petite sœur, vraiment minuscule.

Un détail ultime et pittoresque qui montre que nous sommes bien dans l’univers original de Sinclair : la touche au triangle noir en haut à gauche. Une pression donne accès aux fonctions secondes, une deuxième bascule en mode de programmation, une troisième (!) fait apparaitre un « F » donnant accès aux fonctions secondes programmées, tandis qu’une quatrième et dernière pression replace la machine dans son contexte initial.

SINCLENT1

SINCLENT2

Merci à kweeky

SEARS LC-87

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Connue aussi sous le nom de APF 5602, et sûrement d’autres, la SEARS LC87 est une des premières extra-plates LCD de la fin des années 70.

J’ai bien cru que jamais je ne pourrais voir cette petite machine fonctionner. Quand je l’ai prise en mains, elle ne s’allumait pas. J’ai alors pensé aux piles. J’ai ôté les deux vis au bas du panneau arrière puis ai constaté de gros dégâts au niveau du logement des 3 piles LR-44, celles-ci recouvertes d’une sinistre mousse verte du plus mauvais augure.

Deux autres choses me contrariaient : l’écran LCD traversé par une large auréole interne, comme si un liquide s’y était écoulé. Et la façade en alu, présentant de sérieuses déformations latérales dues à une probable tentative de la décoller de son châssis en plastique.

Dans un premier temps, j’ai ôté les piles puis nettoyé le logement à l’aide d’une brosse à dents. Le vert de gris a été détaché aussi délicatement que possible des contacts. Mais ceux-ci, fragilisés, se sont cassés en plusieurs endroits pendant l’opération, tout en conservant une certaine capacité de contact malgré tout. Je me suis aussi efforcé de désolidariser complètement la pellicule en alu de la façade, comme avait tenté de le faire le précédent propriétaire. Ceci fait j’ai pu redresser les parties tordues avec un petit marteau, puis ai remis en place la façade, non sans avoir placé de petits points de colle ici et là. L’aspect était redevenu plus flatteur.

J’ai placé ensuite 3 piles LR-44 puis ai fébrilement basculé l’interrupteur sur ON. Sans succès. En exerçant une pression ferme sur la pile dont le contact était le plus abîmé, j’ai enfin obtenu l’affichage d’un magnifique zéro. Plus qu’à espérer que le couvercle revissé exerce la bonne pression. Ce fut bien le cas, la machine était revenue à la vie. J’ai pu constater que l’auréole du LCD restait sans effet sur l’affichage. Machine réparée !

La SEARS apparaît comme une extra-plate LCD archaïque, charnière entre deux époques. Si les fonctions qu’elle propose sont strictement celles qu’on retrouvera sur quantités de modèles jusqu’au début des années 80, en revanche plusieurs détails signent une ancienneté qui la ferait remonter selon moi à l’année 1977. Parmi ceux-ci et non le moindre, la fausse platitude du profil. L’épaisseur est encore d’un centimètre, et les champs latéraux, loin de se cacher, sont habillés d’une belle couleur sombre qui rappelle le chic de certaines grosses machines plus anciennes. On peut aussi s’étonner du peu de témoins LCD disponibles sur l’écran.

Des calculs poussés d’arrondis révèlent un processeur d’ancienne génération, avec une précision inférieure à celle des modèles analogues qui s’apprêtent à déferler.

Le manuel désigne ce modèle sous deux noms différents : LC-87 et 711.58321. Ce second nom très bizarre est rappelé au dos de la machine. En revanche pas d’inscription LC-87 visible, mais à première vue seulement. Pour une raison que j’ignore, l’usure peut-être, le logo SEARS LC-87 n’est visible qu’en vision rasante, sous l’écran.

Une caractéristique intéressante : un clavier de qualité, d’un bon toucher. Et aussi le signe d’appartenance à toute cette génération de calculatrices : la capacité d’afficher des nombres aussi grands que l’afficheur le permet, la factorielle de 72 par exemple, affichée 61234. 99, soit en décalant le point décimal aussi loin que possible sur la droite.

 

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KINGS POINT SC60

Une des reines du calcul en 1975.

L’énorme Kings Point SC60 est une très puissante calculatrice scientifique 10 chiffres, particulièrement pointue dans le domaine des probabilités et des statistiques.

L’afficheur à diodes rouges (LED) de grande taille permet d’exprimer des valeurs au format scientifique sur 10 chiffres de mantisse et 2 pour l’exposant.

Une diode supplémentaire s’allume pour signaler un calcul en cours, ou lors de la charge de l’accumulateur. Idem pour le choix du mode RADIANS. A noter les inscriptions nombreuses sur l’écran, signalant l’exposant, l’état (signe), les positions des chiffres …

Parmi les fonctions traitées, on trouve notamment la Gamma, la distribution normale 1-Q(X), la fonction ||x|| (racine de la somme des carrés), les combinaisons et permutations …

Concernant ces dernières et le couple d’arguments qu’il est nécessaire d’entrer : chose curieuse, l’introduction n’a pas lieu, comme souvent, au moyen des registres X et Y, mais par la touche de stockage dédiée  STOk , qui n’accepte qu’une valeur entière inférieure à 100. En pratique on entre l’argument k par STOK, on tape l’argument n, puis la touche de fonction nPk (permutations) ou nCk (combinaisons).

Une seule mémoire. La fonction STO∑ peut en constituer une seconde pour dépanner, si aucun calcul statistique n’est en cours.

La SC60 marche encore très bien malgré les années, à la condition de la relier au secteur mural par le bloc chargeur. La machine s’éveille alors et se montre complètement opérationnelle. Les touches ont une course longue et spongieuse. Celle du « 1 » a tendance à se dupliquer à la frappe (elle voudrait écrire 11 ou 111), mais rien de grave cependant, il suffit de garder le doigt léger.

En revanche, la disposition du zéro et de Pi me semble source d’erreurs, ou pour le moins d’agacement. Il aurait été sans doute préférable que ces deux touches soient permutées sur le clavier.

La Kings Point existe aussi sous le nom de Realtone SC60. Une Realtone SC6010 a existé, plus puissante encore notamment sur le nombre de mémoires (une dizaine). Mais bien plus rare encore que la 60.

Avec le temps, il arrive qu’on reconnaisse la SC60 sous d’autres marques et aspects, dont une chez Melcor.

Kingspoint60

SPERRY-REMIGTON 663

SPR663

Qu’y avait-il avant le Big bang ?

A-t-il existé des pyramides avant celle de Kheops ?

Y avait-il un calendrier avant l’ère chrétienne ?

A-t-il existé des calculatrices de moins de 8 chiffres ? Enfin une question à laquelle je peux répondre !

Sortie en décembre 1972, cette calculatrice aux fonctions encore minimales a la particularité d’un afficheur à seulement six positions !

Ne nous fions pas aux apparences, la capacité totale est de douze chiffres, l’affichage de tout grand nombre se voyant scindé en deux parties, affichées alternativement par la touche au symbole triangulaire. Le point décimal joue un grand rôle dans cet exercice et permet de bien déterminer la taille des nombres manipulés.

L’afficheur vert de type VFD est bien rétro lui aussi, chaque digit ayant encore sa propre ampoule individuelle. Les digits y sont prévus pour 8 segments (un de plus disponible pour le 4) mais la Sperry 663 ne l’utilise pas et se contente d’afficher un 4 moderne à quatre segments.

A noter que le zéro est tout petit et qu’il n’utilise lui aussi que quatre segments. La consolation, c’est que plus le nombre de segments allumés est faible, et plus petite sera la consommation, et donc plus grande sera l’autonomie.

Pour alimenter cette vénérable calculatrice, point de miracle, il faut sortir les quatre piles AA. Le poids atteint 330 g. Cela peut paraître énorme pour une si petite machine. Sauf que la Sperry Remington 663 est une fausse petite. Placée à côté d’une calculatrice usuelle, ou regardée de côté, les dimensions nous renvoient bien à l’aube des calculatrices.

Côté maniement, l’indicateur de dépassement n’existe pas (du moins sur mon modèle) il est remplacé par le gel de la machine, qui nécessite alors un appui sur C. Le symbole d’erreur est constitué de six zéros à la suite. Un signe MOINS est bien accolé à tout nombre négatif, à condition que le nombre ait moins de six chiffres, dans le cas contraire, point de signe (ma machine serait-elle en cause ?).

Et une valeur dépassant les six chiffres, donc découpée en deux sections ne peut être réutilisée pour le calcul suivant.

Un indice qui permet de replacer à coup sûr cette calculatrice dans son contexte : l’attache pour dragonne, la portabilité est alors le symbole ultime de la modernité.

 

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CASIO FX-7500G

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Née du même élan créateur que la CASIO FX-7000G, la CASIO FX-7500G est une machine que j’ai tendance à oublier quand je pense à la toute première génération de calculatrices graphiques.

Il faut dire que sa présentation est originale. Ici, point de verticalité exacerbée, mais un souci de compacité, de mobilité, avec un dispositif à charnière qui permet de la replier en deux pour mieux l’emmener partout.

Les fonctionnalités et le comportement – pas la mémoire – sont en tous points ceux de l’aînée 7000 de 1986. Pour autant, la 7500G ne lui est pas exactement contemporaine. Elle daterait de l’année 1988, si j’en crois ce qui se murmure sur le net, ainsi que mon prospectus de rentrée des classes 1988 où elle est représentée avec un petit panonceau « nouveau« .

Si je devais proposer une chronologie précise au sein de la première gamme graphique Casio, je verrais bien une 7500 qui s’intercale entre les 8000 et 8500. L’ordre d’apparition des modèles serait donc  : Dans un premier temps (1985) les 7000, 6000 et 6500, puis un peu plus tard (1986 ?) la 8000, puis la 7500 en 1988, et enfin la 8500 qui clôt ce tout premier âge. A moins que la 8500 soit de quelques mois antérieure à la 7500. C’est dommage de ne pas savoir.

La CASIO FX-7500G présente quelques différences avec la 7000G d’origine : la taille mémoire d’abord, bien plus confortable, de 4000 octets. Ouf, on est enfin moins serré aux coudes. Le clavier ensuite, reprenant exactement les légendes de la 7000, mais en les dispersant sur les deux parties de la façade. L’utilisateur de 7000 se trouve face à une machine nouvelle qu’il doit ré apprivoiser.

Le clavier à effleurement n’est pas le trait le moins original. Ainsi, contrairement aux claviers classiques où les touches s’enfoncent à des degrés divers, le simple contact du doigt sur la zone de touche est ici suffisant. Le dispositif est efficace, plutôt sûr. L’absence totale de réponse mécanique déroute cependant. La sensation est très semblable à celle d’un émulateur embarqué sur notre smartphone d’aujourd’hui.

Une devinette : l’écran de ce modèle repliable est-il de mêmes dimensions que celui des cousines verticales ? Eh bien non. Il est plus petit. Deux millimètres en moins pour la largeur et presque un centimètre pour la hauteur. Les caractères sont donc assez petits et réclament de bons yeux.

Consacrons un instant à l’examen des performances de la FX-7500G, vitesse et précision, qu’on peut imaginer identiques à celle des autres modèles de la gamme, très homogène sur ce point. Je précise que je mesure toujours ces deux caractéristiques au moyen d’un programme simple(*). J’utilise en complément le test Forensics(**) qui permet de révéler la « signature » du processeur.

Et concernant la gamme des premières CASIO graphiques, ce dernier test est formel, nous avons bien affaire au même processeur, on s’en serait d’ailleurs douté. Le plus logiquement du monde, la précision montrée par mon test des sinus se révèle identique sur tous ces modèles, FX-7500G compris … sauf pour les 6000 et 6500, machines à écran 4 lignes, qui se permettent la fantaisie de donner, pour une valeur Forensics absolument identique, un résultat différent à ce test (***). Un autre article sur la CASIO FX-6000G apporte des éléments de réponse sur ce point.

La précision de la 7500G, on le voit, est bien celle de la gamme, du moins celle des écrans à 8 lignes.

Pour la vitesse, la 7500 se démarque, elle exécute le test en 18 secondes, ce qui est remarquable pour son époque, contre 25 pour l’ensemble de ses cousines verticales, qui se débrouillaient déjà bien.

En conclusion la FX-7500G est une machine originale par sa philosophie compacte, discrète, soignée. Elle ne renie pas sa filiation au sein d’une gamme davantage exubérante, colorée, toute en verticalité.

Promis, après avoir découvert la jolie et puissante Casio FX-7500G, aucune chance que je l’oublie dorénavant quand j’évoquerai les toutes premières calculatrices graphiques de l’histoire.

(*) programme calculant et cumulant chacun des sinus des valeurs entières des angles 1° à 360°. L’écart au résultat théorique (zéro, rarement atteint en pratique) permet de caractériser la précision de calcul. Par ailleurs le temps requis pour dérouler le programme permet de caractériser la vitesse de calcul.

(**) http://www.rskey.org/~mwsebastian/miscprj/forensics.htm

(***) la série 6000 retourne la valeur 1.1812E-10, les séries 7000 et 8000 retournent la valeur -4.883E-11. Les 3 séries retournent unanimement la valeur 5.90443E-07 au test Forensics.

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Merci à kweeky
 

SANTRON 565

SANTRON565

Très belle petite machine que la SANTRON 565  ! Les couleurs de touches, l’afficheur, l’habillage en aluminium, l’élégant carnet marron très classique, tout cela fait de la SANTRON une merveille de sa génération (fin des années 70).

Par malchance, mon modèle refuse de fonctionner, sans que j’en devine la raison.

L’examen du clavier et de l’afficheur (notamment les témoins LCD) montrent assez nettement une forte parenté avec l’IBICO 94.

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Montre à Quartz « JAZ »

 

D’accord, ce n’est pas une calculatrice, mais cette montre Jaz a en commun avec elles d’illustrer la formidable explosion de l’électronique dans notre quotidien, à la fin des années 70. Les toutes premières montres à quartz avaient cet aspect, alors très futuriste.

En ces temps là, les montres classiques possédaient un mécanisme à ressort. On devait donc les « remonter » quotidiennement par une petite molette latérale, appelée remontoir. La précision était proportionnelle à la qualité du mécanisme en oeuvre – et donc à son prix –  sans jamais atteindre celle du quartz.

Parmi les montres classiques il en existait de prestigieuses : les automatiques, sans remontoir, des capteurs mécaniques de mouvement entretenant continûment le mécanisme. L’horloger de quartier ne vendait pas seulement les montres, il savait les ouvrir, les réparer, remplacer des organes minuscules. On le voyait souvent en blouse blanche, portant des lunettes spéciales formées de multiples loupes.

Puis on entendit parler des montres à quartz. Le quartz apportait une précision diabolique. C’était aussi le futur. Avec un écran et non plus un cadran, des chiffres qui apparaissent crûment, des boutons poussoir, parfois multiples.

A titre d’anecdote, je mentionne une série TV américaine de 1976 : « Le nouvel homme invisible ». Le héros, capable d’invisibilité à la demande, basculait en mode invisible par appui sur le bouton poussoir de sa montre : le geste typique de la montre à quartz. Je pense possible que cette série populaire ait influencé la diffusion rapide de cette technologie sur nos poignets.

J’avais 15 ans à cette époque. Je vins à remarquer au poignet de mon grand oncle une chose étrangement moderne : une montre à quartz toute neuve. « Je ne la mets que le dimanche », précisa-t-il. Vu le geste du bouton poussoir, il n’était pas possible de ne pas remarquer une telle montre.

Décidément, les montres à quartz m’intriguaient. Je me demandais d’où elles tiraient leur énergie, car aucune communication ne faisait état de piles internes. Le quartz était-il un principe éternel ?

Lors des vacances scolaires de 1977, quelques menus travaux d’été allaient bientôt me permettre d’en acquérir une à mon tour. Un ami de la famille travaillait chez un horloger commercialisant la marque Jaz.  Une marque connue, sérieuse, le futur rassurant. C’est là que je fis l’achat, accompagné de ma mère, emballée depuis le début. C’est drôle car de mémoire, l’électronique était facilement perçue en tant que gadget périssable par les adultes. Mais les montres à quartz, c’était différent, elles avaient conquis cette génération.

L’horloger, en blouse blanche, réalisa quelques réglages mystérieux avant de placer l’objet dans son écrin. Je ne me souviens pas du prix de la montre, qui ne devait pas être énorme, peut-être 300 Francs.

Ma montre Jaz indiquait l’heure par une simple pression du bouton. Deux pressions montraient la date, le mois. Une simple pression prolongée faisait défiler les secondes, ce qui me semblait inouï, j’étais très fier de cette fonctionnalité. Enfin deux pressions prolongées montraient le « Fr » de « friday », le « Su » de « sunday », etc.

Ces premières montres à quartz affichaient les informations au moyen de diodes électro-luminescentes rouges (LED). Le dispositif étant gourmand en énergie, l’écran était éteint par défaut. Il fallait appuyer sur le bouton pour afficher l’heure, qui ne restait visible que quelques secondes.

J’avais aussi ma réponse quant à la source d’énergie. Et là, cela ressemblait plutôt à une mauvaise farce : deux piles « bouton », qui ne tenaient que deux semaines, vu la voracité des diodes rouges. Le remplacement des piles coûtait 45 Francs à chaque fois, C’était tout simplement énorme.

Chez l’horloger, j’avais vu le vendeur manipuler le minuscule commutateur latéral. A l’aide d’une pointe de stylo, je parvins à faire comme lui, et à mettre instantanément une vraie pagaille dans les réglages de ma montre. Des sueurs froides, avant que je comprenne l’usage du module de réglage des heures et des dates.

Quelques mois plus tard, je vis un gars à l’école avec un type inconnu de montre. Lui aussi était fier. Les chiffres de l’écran ne s’éteignaient jamais. S’il le voulait, une pression sur un des boutons (il en avait deux) montrait un défilement sans fin des secondes. C’était une montre LCD, donc à cristaux liquides. Les chiffres n’étaient plus lumineux, et consommaient bien moins d’énergie que mes LED rouges. Le 2e bouton allumait une petite lampe interne pour visualiser les informations de nuit.

Les montres LCD furent la première mutation des montres à quartz. On assista ensuite à quelques évolutions, comme la cellule solaire pour certaines, l’affichage mixte pour d’autres : un écran LCD se partageant entre des chiffres à segments et de fausses aiguilles simulant un parcours sur un cadran. Puis de vraies aiguilles, encore couplées à un petit écran LCD.

Puis on arrive à la maturité du concept, avec un retour au cadran classique, seul le mouvement par quartz étant conservé, avec sa précision désormais indispensable, et aussi sa pile, capable de tenir un an.

La montre Jaz, mon tout premier objet électronique ne fut pas utilisée très longtemps. Le coût des piles m’encouragea à l’utiliser parcimonieusement, voire ne plus l’utiliser du tout.

Quelques années plus tard, la remplaçante de ma montre Jaz aura une philosophie bien différente : ce sera une montre-calculatrice …

Texas-Intruments TI-45MSP

Une perle rare. La TI-45 MSP est une machine qu’on cherche longtemps.

Le concept est rare en lui-même : MSP signifie « micro scientific printer« . Des MSP, on en compte sur les doigts d’une main, ou un peu plus. Ainsi on connait, outre la TI-45,  la PANASONIC JE-611P, la SHARP EL-550, la CANON FP-10, machines que j’ai la chance de posséder, et d’autres que je cherche et espère bien trouver un jour : la CANON FP-11, la HP-19C … ces deux dernières étant programmables.

La TI-45 MSP, machine de 1984, est une scientifique plutôt complète. Son clavier est très bon, ce qui n’a pas toujours été le cas chez TI. L’imprimante réagit vite. A noter que le module d’impression s’insère parfaitement dans la machine, rouleau de papier compris, sans que le design soit en aucune façon pénalisé. Bien au contraire la TI-45 est une très fine et jolie machine.

Cette fois encore, je cherche les motivations qui ont pu conduire les grands constructeurs à concevoir leur propre modèle de MSP.  Pour quel usage ? et pourquoi un nombre si limité de modèles ?

  
TI-45MSP2
TI-45MSP3
TI45MSP0

CASIO RM-9800 RM-9850Ga

CASIO-TWINCOLOR

Depuis 2010, les calculatrices de haut de gamme ont franchi l’étape de l’écran HD couleur.

Les représentantes de cette technologie sont aujourd’hui les Casio « Prizm »Fx-CG10, Graph-90+E, Ti n’Spire CX, Ti-83 Premium CE, Casio CP-400, HP Prime

Une excellente définition d’écran au prix d’une consommation élevée, jusqu’à un watt entier pour le CP-400. Mais comment revenir aux gros pixels noir & blanc après avoir goûté ce luxe ?

On se souvient que dans les années 90, Casio avait inventé un écran à 3 couleurs. Le principe ne rencontra pas un succès durable et resta cantonné à une dizaine de modèles. Les constructeurs concurrents restèrent à l’écart de cette innovation. Si l’utilité des trois couleurs n’était pas bien démontrée, au moins, la consommation n’était pas pénalisée.

Ce que j’ignorais jusqu’à présent, c’est que deux types d’écrans étaient concernés : celui de 16 caractères de largeur et celui de 21.

J’ai eu la chance de mettre la main tout récemment sur deux magnifiques machines équipées de ces écrans. Elles sont couleur crème, marque des modèles équipés de l’interface vidéo.

La RM9800, la plus ancienne, possède l’écran de 16 caractères, contre 21 pour la RM9850Ga. Cette dernière est une Graph 65 recarrossée, et ne se rencontre sous cette forme que munie de l’interface vidéo.

Vingt ans après, je redécouvre avec un vrai plaisir ces écrans aux couleur étranges et désormais complètement rétro …

 

 

Ordning & Reda

Calculatrice orientée vers un usage commercial, bénéficiant d’un design extra-plat, sombre et brillant.

Un afficheur généreux à 12 positions, l’usage commercial est confirmé par la touche de double zéro. Aucune fonction compliquée ne viendra troubler la manipulation de cette machine simple et sûre.

Le témoin MINUS indique qu’une valeur exprimée sur douze chiffres – donc emplissant l’écran – est négative. Pour des valeurs laissant une petite place, le classique signe MOINS à gauche du nombre remplira cette fonction. Le témoin MINUS permet de ne pas céder un chiffre au profit du symbole négatif.

Ce modèle provient de Suède. ORDNING & REDA y est spécialisée en articles de papeterie, sacs et bagages et propose dans son catalogue cet unique modèle.

CASIO FX-8000

CASIOFX8000
 

Tout à la fois calculatrice scientifique, chronomètre et gestionnaire d’alarmes la CASIO FX-8000 reste typique de la production de la fin des années 70 : extra-plate, afficheur LCD jaune, et façade métallique.

Mon modèle est dans un état moyen. Le grand commutateur en particulier est devenu trop instable pour une utilisation confortable des chronomètres.

L’aspect calculatrice est très classique. Une particularité d’affichage cependant : sachant que la mantisse d’une valeur ne peut avoir qu’au plus 6 chiffres sur cette machine, mais que rien ne bloque une saisie de 7 ou 8 chiffres, au moment de l’appui sur la touche d’exposant la mantisse se verra tronquée à 6 chiffres, tandis que le point décimal restera affiché à sa position actuelle.

Par exemple, si je veux taper la valeur 78945612. E 26, l’écran affichera dans un premier temps 78945612. (la position du point est normalement à droite par défaut), puis à l’appui de EXP, il passera à 789456  0.0 soit en conservant la position initiale du point décimal sur l’afficheur, puis 789456  2.6 après l’entrée de l’exposant de 10. Une pression sur EGAL restituera la valeur dûment mise en forme 7.89456  33.

Le point décimal au sein de la zone d’exposant ne se rencontre qu’à l’entrée de la valeur, jamais à l’affichage d’un résultat.

Grâce à ma CASIO FX-8000, je peux enfin mesurer la rapidité de mes machines programmables avec un redoutable chronomètre !

 

CASIO FX-7000GA

CASIOFX7000GA

La CASIO FX-7000GA est très similaire à la 7000G de 1986. Elle est probablement sortie quelques mois plus tard mais je ne dispose pas d’informations précises à ce sujet.
 
Quelques différences : le coloris de la façade et des touches. Et aussi les légendes secondaires des touches × et ÷ qui de sont déplacées vers le bas sur la GA.
 
CASIOFX7000-G-GA
 
Pour le reste, les caractéristiques sont identiques. La 7000 GA est donc logiquement aussi attachante que son aînée 7000G !
 
Cette machine m’a été gentiment procurée par un collègue de retour d’une brocante.
 
 
Merci à Christophe

SANTRON 626

SANTRON_626

SANTRON a produit plusieurs grosses machines scientifiques au milieu des années 1970.

Point commun entre cette 626 et les 624 ou 625, l’énorme carcasse, d’aspect brutal et superbement primitif. La 626 est le haut de gamme. Modèle programmable, avec une capacité de 72 pas de programme, dix mémoires avec arithmétique complète.

Jouons une fois de plus à débusquer des indices susceptibles de rapprocher cette SANTRON d’une autre machine dont l’électronique serait commune. On remarque déjà des touches très colorées, qui rappellent l’univers des Commodore. L’examen des digits verts montre un « 6 » et un « 9 » privés de leur 6e segment … Tiens, Tiens …

Une Commodore programmable, présentant des digits de forme analogue, dotée d’une arithmétique complète en mémoire, il en existe bien une : la COMMODORE PR100.

Il ne reste plus qu’à exécuter le test Forensics pour comparer les résultats et le verdict tombe (temporairement mais n’anticipons pas …) nous sommes en présence de deux machines « clones ».

Sauf que beaucoup de fonctions de la Commodore manquent ici à l’appel. La SANTRON en serait donc une copie incomplète, revisitée … Et s’il y avait autre chose ? Et si la parenté des modèles était plus éloignée que prévu ?

C’est bien le cas, sans aucun doute. Mais pour le révéler,  il faut  se lancer dans la programmation de la bête. Et là on découvre une différence d’importance ; la Santron gère, partiellement du moins, les codes combinés, ce que la Commodore ne sait pas faire. Concrètement, si les adresses mémoire restent séparées des instructions, en revanche la touche F, appelant les fonctions secondes, est fondue dans un code commun avec la fonction appelée.

En conséquence, certains programmes écrits pour SANTRON 626 ne pourront jamais être introduits dans la COMMODORE PR100, dont le protocole de programmation est plus gourmand en ressources, moins efficace, que dans la SANTRON.

Nous voilà face à un processeur spécifique, qu’il serait intéressant de découvrir. Démontons la bête et vérifions. Il n’y a pas photo, comme le montre d’ailleurs la photo. Les processeurs, d’origine Mostek, sont voisins, mais distincts. A la lecture des légendes, le 7529 de la SANTRON apparaît pourtant plus ancien (1976) que le 7530 de la COMMODORE (1978), ce qui n’est pas logique vu les meilleures performances du 7529. Ces dates correspondent cependant à la période de fabrication du processeur, non à celle de sa conception, ce qui est peut-être l’explication.

SANTRON_PROC
 

Quoi de mieux pour rendre compte de la taille d’une machine que de la représenter aux côtés d’un modèle connu ? La voici photographiée en compagnie d’un modèle de classe mondiale … Et pourtant absolument rarissime.

 
SANTRON626-88
 

Un œil exercé aura reconnu à gauche la mythique TI-88, véritable guest star de ce blog, dont les exemplaires dans le monde se comptent sur les doigts des deux mains. Je confesse ne pas détenir une telle machine dans ma collection, celle-ci appartenant à un ami, un des rarissimes et bienheureux propriétaires de cette machine dont Texas-Instruments avait annulé la vente au tout dernier moment, laissant des milliers d’amateurs sur leur faim, plongés dans la déception et l’incompréhension.

Cela se passait en 1983.

 
SANTRON_626-H
 

La SANTRON 626 est elle-même un objet bien peu courant. Et puisqu’on évoque ici les modèles de légende, citons la SANYO CZ-0911PG, magnifique et rare objet, d’un aspect proche de cette autre SANYO, qui partage l’électronique de cette étonnante SANTRON 626, et que j’espère bien trouver un jour (sans compter la TI-88, il faut bien rêver …).

Ajout du 18/9/2019 : La SANTRON 626 semble être fortement parente avec la PRIVILEG PR56D-NC

 
 Merci à Gilles
 
 

ARISTO Unilog

 

ARISTO_UNILOG4

L’ARISTO Unilog n’est pas la plus facile à rencontrer au sein de l’offre du prestigieux constructeur allemand des années 70.

Cette scientifique accomplie, alimentée par une pile 9V devait être produite selon toute vraisemblance autour de l’année 1977. De présentation différente, elle semble techniquement similaire en tous points à une autre pépite : l’ARISTO M75E.

TRIUMPH LS822A

Calculatrice extraplate de la fin de années 70 ressemble en tous points à une TRIUMPH 822 qui serait carrossée telle une ADLER LS1002.

On retrouve les marqueurs temporels : les chiffres « jaunes », les commutateurs mécaniques, l’absence de mémoire permanente et d’extinction automatique.

Et aussi le symbole indéfectible de la marque : le bleu du PLUS, le rouge du MOINS, le jaune du C/CE.

 

SANYO CZ1205

Machine extra-plate du début des années 80 produite par le géant du calcul SANYO. l’indication « Power guard System » rappelle que nous avons affaire ici à une des toutes premières calculatrices pourvues de l’extinction automatique au bout de quelques minutes d’inutilisation.

SANYOCZ1205

NATIONAL SEMICONDUCTOR NSC 4640

4640

Une impressionnante calculatrice scientifique à chiffres rouges.

Les digits ne sont pas constitués de segments continus mais de lignes de points, procédé peut-être plus économique en énergie que des lignes continues.

Quand fut-elle produite ? Son air gentiment archaïque suggérerait l’année 1975 ou 1976.

La logique de calcul, à la différence de la 4650, est la notation polonaise inverse, donc sans touche ÉGAL.

Connait-on aujourd’hui l’utilisateur de ce type de calculatrice ?

J’ai la chance de disposer du manuel, non pas de la 4640 mais de la 4615, une cousine programmable de la 4640. Tout à la fin du manuel on peut trouver un petit questionnaire consciencieusement rempli par le propriétaire initial. On peut y lire son âge, sa profession, la date de l’achat, ses motivations etc.

Pour tenter de répondre à la question ci-dessus, voici la synthèse du questionnaire : La machine avait été achetée le 6 octobre 1977 pour un usage professionnel, à l’usine (factory dans le texte) de Sunnyvale en Californie, par un homme âgé de 35/49 ans. Son domaine d’activité était l’ingénierie ou le domaine scientifique. A la question « qu’est-ce-qui vous a particulièrement attiré dans ce modèle« , le monsieur a coché « features and capabilities » mais aussi « Price« .

Ce dernier point éclaire à sa façon le positionnement de l’offre NSC dans le marché de l’époque : des machines financièrement abordables.

HP 33S

HP33S

La HP 33S est la petite sœur peu connue et plutôt mal aimée de la moderne HP-35S.

On lui reproche souvent une esthétique futuriste un peu bizarre. A son lancement, en 2004, je me souviens avoir été choqué par cette ligne compliquée aux arêtes fuyantes, aux touches inclinées.

Puis j’ai eu l’occasion d’en tenir une en mains, et j’ai été agréablement surpris. La 33S est bien une HP. On y retrouve vite ses repères : les touches XEQ, R/S, PRGM, les SHIFT de couleur. La 33S est agréable et efficace. Sous l’aspect fouillis des touches aux légendes innombrables se trouve un clavier pas trop mal pensé, avec les touches principales bien placées. Le toucher est par ailleurs sans reproches.

La 33S offre le choix entre les modes RPN et ALGébrique. Et il ne faut pas hésiter : RPN ! L’afficheur à deux lignes est le meilleur argument pour se lancer dans ce mode.

Rappelons qu’en RPN, les 4 touches arithmétiques agissent de façon analogue à la touche de Racine carrée d’une calculette toute bête : on entre le couple de valeurs et on tape la touche de fonction arithmétique. Les deux lignes qui visualisent les valeurs sont particulièrement adaptées à un tel usage et renforcent le sentiment de sûreté.

Seul bémol ici la touche ENTER est située en bas à droite, quand les puristes la réclament au milieu du clavier. Cette disposition a cependant son avantage : elle permet d’utiliser plus facilement la machine de la seule main droite si besoin.

La position du ENTER au sein du pavé numérique appelle une autre remarque. D’une façon générale, quand on évoque le RPN, on assimile, parfois inconsciemment, deux notions pourtant distinctes :

(1) Le protocole d’entrée des données précédant la touche d’opérateur (notion de notation inversée)

 ET

 (2) La notion de Pile, avec ses niveaux (4 dans les modèles HP non graphiques), et les lois associées aux niveaux.

Une fois qu’on est familiarisé avec la gymnastique des niveaux de pile, qui se pilotent du bout des doigts avec ENTER, R-flèche bas, LastX, X<>Y, et autorisent astuces, souplesse, économie d’appuis de touches, on tire pleinement parti du RPN.

Le fait qu’on trouve le ENTER tantôt au milieu du clavier (cas de la HP 35S) tantôt au sein du pavé numérique (33S) me semble refléter les deux aspects de la philosophie RPN. Dans le premier cas, on s’adresse au public connaisseur, les « sorciers » de la pile, dans le second cas on préfère voir avant tout un mode à la fois simple et sûr d’entrée des données, ENTER se bornant ici à séparer les 2 valeurs entrées, et ce quand bien même les outils de gestion de pile sont bien présents. L’analyse de la position de la touche ENTER à laquelle je me livre ici est toute personnelle.

La HP 33S est affublée d’un énorme défaut, impardonnable pour une calculatrice. Le point décimal porte trop bien son nom. Ce n’est qu’un point, minuscule, à la limite de la perception visuelle. De surcroît, le symbole de séparateur de milliers, censé figurer une virgule est si petit lui aussi qu’on peut le confondre avec le point décimal.

Il n’est sans doute pas exagéré de recommander une grande prudence lors de la lecture des résultats, en particulier pour les utilisateurs non pourvus d’une vision de lynx, ou en cas de faible éclairage. La grande sœur HP 35S possède un afficheur similaire, plus lisible cependant (voir plus bas).

La HP 33S est programmable (32 Ko). Son protocole de programmation, le même que celui de la HP 35S, est simple, clair, efficace. L’adressage indirect est géré. Et puisqu’on compare la 33 à la 35, signalons une rapidité presque 2 fois plus élevée pour la petite sœur 33 : le test du cumul des 360 sinus est exécuté en 37 secondes pour la 33, contre 54 secondes pour la 35.

Les précisions de calcul sont identiques.

Et une particularité, commune aux deux machines, concernant le calcul de la factorielle.

Petit rappel : Calculer la factorielle d’un nombre entier revient à le multiplier par l’entier immédiatement inférieur, puis par l’entier encore en dessous, et ainsi de suite jusqu’à 1 (Par ex. la factorielle de 7 est égale à 7x6x5x4x3x2x1, donc 5040). Plus le nombre de départ est élevé, plus le nombre de multiplications sera grand, et donc plus le temps à obtenir le résultat sera long. C’est logique.

La plus grande factorielle que la HP 33S puisse calculer est celle de 253. Et chose curieuse, alors que le temps de calcul constaté est bien graduel jusqu’à la factorielle de 158 (presque 3 secondes pour la valeur 158), toutes celles de 159 à 253 se calculent à grande vitesse. Il semble que, pour limiter le temps de calcul, la fonction gamma prenne le relais à ce stade. La fonction gamma fonctionne par approches itératives mais le temps de calcul est indépendant de la valeur initiale, contrairement à la factorielle où le micro-programme  effectue une quantité de multiplications à la hauteur de la valeur initiale.

Le recours à la fonction gamma pour le calcul des grandes factorielles est aussi constaté dans la HP-35S, au même seuil de 159. D’autres HP comme la 32S ou la 15C ne semblent pas avoir recours à ce moyen, alors qu’elles proposent pourtant la fonction gamma et affichent sans broncher les factorielles de valeurs non entières. Quant à la HP-42S, fonctions gamma et factorielle sont strictement séparées et lancées par touche dédiée. Toujours pour la 42S il est à noter que la gamma de l’entier n correspond à la factorielle de n-1.

Il est aussi possible mais peu plausible que des résultats aient été gravés en mémoire morte.

Machine achetée, revendue puis achetée de nouveau plus tard, j’ai une vraie tendresse pour cette drôle de machine, peut-être parce qu’elle n’est pas ce qu’elle paraît : une excellente et authentique Hewlett-Packard sous de faux airs de gadget futuriste tape-à-l’œil. Sans cette faute de conception que constitue le micro point décimal, elle aurait été quasi parfaite.

Ci-dessous, les afficheurs des 33S et 35S. On voit que le point décimal de la 33 (en haut) est minuscule (moins de la moitié de la hauteur d’un pixel) et très proche du pixel voisin. La virgule qui sépare les milliers est à son tour à peine visible. On retrouve le même principe sur la 35S (en dessous), avec virgule et point cette fois plus épais.

Cela reste très petit mais ce qui ne pose pas problème sur la 35S est simplement rédhibitoire pour la 33S.

HP33S-3

CASIO GRAPH 100

CASIO_GRAPH1008

Cette calculatrice de haut de gamme CASIO me paraît importante, entre autres raisons, pour sa réussite esthétique. Et ceci n’engage que moi bien évidemment.

Il me semble qu’avec cette machine est atteint un aboutissement du concept de calculatrice graphique, apparu en 1986, avec la Casio FX-7000G.

Souvenons-nous que la FX-7000G tournait la page de l’ère « basic » en proposant des calculatrices à possibilités graphiques : afficher le tracé et l’analyse des courbes. L’aspect de la FX-7000G était étrange : un retour brutal à la verticalité, avec une hauteur impressionnante, quasi dérangeante, un écran très carré, et beaucoup de touches multicolores. Une gamme s’était rapidement constituée, avec la FX-8500G pour évolution ultime.

Puis arriva la FX-7700G qui présentait la première mutation esthétique importante, démontrant qu’une machine graphique pouvait être belle : cette fois le design incorporait naturellement l’écran (toujours bien carré) dans le prolongement du clavier.

Avec la GRAPH 100, le concept initial de la FX-7000 est abouti : ainsi la coque, d’un seul bloc, intégre de façon harmonieuse l’écran graphique qui semble enfin devenu rectangulaire, donc plus agréable à l’œil que le carré d’origine. On constate que la Graph100 possède un dessin pur et travaillé, avec des galbes discrets, quasi sensuels. Quel que soit l’angle sous lequel on regarde, l’œil est flatté. A titre de comparaison, la toute proche GRAPH 80 a un aspect autrement plus fruste et lourd.

Enfin, l’afficheur monochrome est de grande qualité : superbement fin, magnifiquement contrasté, et sans le moindre reflet.

 
CASIO_GRAPH100

TI-89 TITANIUM

TITANIUM

Lancée voilà maintenant plus de 25 ans, cette calculatrice haut de gamme que fut la TI-89 a bien marqué son époque et restait encore récemment commercialisée sous les traits de la TI-89 Titanium.

La révolution avait commencé en 1995 avec une machine d’aspect et de dimensions inhabituels. La TI-92 n’était pas seulement une calculatrice scientifique programmable, elle inaugurait le calcul formel, dans une présentation horizontale favorisant un large écran de grande définition et permettant une prise en mains étonnamment efficace.

La TI-89 en fut une traduction au format calculatrice plus conventionnel. Une machine davantage amie et complice de l’étudiant quand les plus récentes d’aujourd’hui me semblent devenues l’auxiliaire froid et sourcilleux du professeur.

Que dire de ses caractéristiques techniques, retrouvées intactes dans la Titanium ? Une puissance énorme, de très nombreuses fonctions mathématiques poussées. Et des capacités de programmation de premier plan. On peut tout programmer avec la 89, du plus simple au plus complexe, y compris en langage assembleur. Le langage TI-Basic est naturel et aisé à mettre en œuvre. Et une mémoire disponible vaste.

Un des points forts de la TI-89 est son écran, nettement plus défini que sur les modèles concurrents de l’époque HP-50G, SHARP EL-9900G, CASIO. Depuis l’arrivée des actuels écrans couleur, initiés par CASIO mais aussi des nSpire et HP-39GII, la 89 a cessé d’être la référence sur ce point.

Si la première TI-89 ne montrait pas une personnalité particulièrement affirmée dans sa présentation, la TITANIUM osera des formes rondes et indéfinissables. D’aucuns la trouvent laide, d’autres se préoccupent moins de l’aspect esthétique, pour ma part je la trouve magnifique. Une couleur brune claire en deux tons caractérise la plus ancienne, le ton brun brillant plus profond drapant la TITANIUM ultime de 2007.

La Titanium n’est pas la plus rapide des TI. La 83+SE de l’an 2000 l’était presque 4 fois plus. Deux tests de vitesse de calcul pratiqués au sein de la famille 89 sont proposés ci-dessous.

La Titanium est une machine impressionnante en mains : Grandes dimensions, écran d’une grande finesse supérieurement contrasté. Un clavier aux touches travaillées au toucher excellent. Une interface de navigation agréable elle aussi.

Un seul défaut selon moi, l’écran trop petit, où les petits caractères requièrent de bons yeux. La famille 89 est il est vrai la version « de poche » de la TI-92 dont l’écran est naturellement plus confortable.

Ci-dessous, la TI-89 dans sa version tardive et européenne de 2003 avec coloris spécifique et invite d’accueil retrouvée plus tard sur la Titanium. Ce modèle fut aperçu dans les rayons français de cette époque. Je pense qu’il était inscrit sur les emballages « Edition spéciale » ou « Special edition » car j’ai continué à l’appeler ainsi alors que je réalise que ce nom ne se rencontre ni gravé sur la machine ni dans les manuels de TI-89. Il est vrai que je ne dispose pas du manuel livré avec l’édition européenne. Il m’est parfois arrivé de lire ce terme sur Internet voire l’abréviation TI-89 SE. Cette appellation est donc un petit mystère …

 
La TI-92, sortie dans sa toute première version en 1995. Une machine totalement nouvelle pour l’époque.
 
Une échelle du temps montrant les dates de lancement des différents visages de la 89/92, avec une n’SPire qui pointe son nez en 2006

La TI-Titanium de couleur sombre est-elle plus rapide que la Titanium claire ? Et qu’en est-il des anciennes TI-89 ? Le tableau ci-dessous donne un chronométrage des 4 évolutions matérielles qu’on retrouve dans cette famille de machines : HW1 à HW4. On s’attend à trouver la plus ancienne TI-89 sur la marche la plus basse du podium. C’est bien le cas. Pour les 3 autres évolutions, ce sera plus subtil, avec une Titanium sombre dépassée par l’ancienne plus claire. Et une 89 « Edition Spéciale » d’antan qui arrive en tête des deux tests.

Autre test, consistant en l’exécution d’un programme simple sur la base de calculs trigonométriques sur les valeurs 1° à 89° pour le mode approximatif, 1° à 12° pour le mode de calcul exact. Le rang de sortie est le même que pour le premier test.

SHARP EL-9600

SHARP-EL9600

Réparons tout de suite une injustice : En 2003 CASIO lance son ClassPad 300. Il le présente comme la première calculatrice à écran tactile piloté par stylet. Or cette description convient comme un gant à la SHARP EL-9600 produite dès 1997, et détentrice du titre, un peu trop vite attribué au ClassPad.

Machine à l’aspect austère, la 9600 n’est pas pourvue d’un écran spécialement agréable à contempler. Il est sombre, peu contrasté.

Mais son intérêt est d’offrir l’interactivité tactile. Et sur ce point, c’est une réussite. L’écran est divisé en petites zones qui rendent l’action du stylet précise et efficace. Tout peut se commander au stylet, ou au clavier, comme on préfère.

La EL-9600 est une graphique complète et propose aussi des fonctions financières, ce qui en 1997 est encore inhabituel. Les fonctionnalités mathématiques et de programmation semblent par ailleurs en deçà de ce qu’offre la concurrence, comme c’est devenu une règle chez SHARP depuis quelques années. Le prix de vente en 2000 était également un ton en dessous. Dans cette machine, hormis l’original écran tactile, tout semble plutôt moyen et triste.

La SHARP EL-9600 a une petite sœur, la EL-9400. L’aspect est proche, la 9400 se montrant cependant beaucoup plus petite. Ce serait même une graphique miniature si l’épaisseur n’avait pas été conservée (même alimentation par 4 piles AAA).

Tout dans la 9400 est mini : les touches, l’écran (16 caractères contre 22) … Les fonctionnalités ont fondu également : plus de solveur, plus de calcul matriciel, plus de module financier. La mémoire passe de 32 Ko à 18 Ko.

Et le dispositif d’écran tactile n’a pas été reconduit. Quand on voit combien celui de la 9600 est sombre et peu contrasté, on imagine qu’ici l’écran donnera une meilleure impression visuelle. Mais non, pas vraiment, le contraste reste faible.

L’écran nettement plus large de la 9600 autorise des affichages parfois différents. On peut noter aussi dans les fenêtres de choix une flèche de navigation d’un dessin différent. Autres bizarreries, la petite 9400 exécute un programme 20% plus vite que sa sœur aînée. Et chose curieuse, la EL-9400 semble disposer d’une petite zone de mémoire de clavier : lors du déroulement d’un programme, si l’on tape quelques caractères, ceux-ci apparaissent après l’arrêt du programme. Je n’ai rien constaté de tel dans la 9600.

La EL-9400, mignonne petite machine qui rappelle dans ses dimensions la Ti-80, est si limitée qu’on prend plaisir à redécouvrir la confortable et puissante EL-9600, machine à la carrière trop discrète, malgré son excellent dispositif tactile novateur.

 

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La carte électronique de la EL-9600

SHARP EL-9900

SHARP, flamboyant constructeur des années 70 et 80 semble s’être un peu endormi mais est resté présent malgré tout dans l’épopée des calculatrices graphiques, avec des modèles parfois originaux. On pense à la EL-9600 et son écran tactile, mais aussi à la EL-9900 munie d’un clavier réversible.

En comparaison de la EL-9600 dont elle est une simple évolution sur le plan des fonctionnalités, la 9900 réserve deux belles surprises : La première est visible à la première pression sur la touche ON : un afficheur généreux, contrasté, doux, sans reflet.

Deuxième surprise : une belle vitesse d’exécution, avec un tracé de courbes plein de tonus. La vitesse me semble comparable à celle de la sous-famille des TI-83 Silver Edition.

La 9900 est une machine moderne, simple et rassurante à utiliser, dotée de 48 Ko de mémoire. Le langage de programmation intègre maintenant différents contrôles de boucles. Aucune fonction de traitement de chaînes de caractères par contre, c’est dommage.

Examinons le dispositif de clavier réversible. Certains trouveront le dispositif intéressant, d’autres y verront une piste d’innovation abandonnée, au pire un artifice de marketing. Une face ne donne accès qu’à l’essentiel des fonctions, l’autre est enrichie. La première se destine aux débutants ou simples utilisateurs de programmes créés par d’autres, la seconde conviendra aux utilisateurs exigeants. Le dispositif agit directement sur le contenu des menus affichés à l’écran. En revanche le catalogue général des fonctions comporte le même nombre d’entrées d’un côté ou de l’autre. Il est à noter que ce catalogue général ne liste aucune fonction liée à la programmation. Comme évoqué ci-dessus, en mode clavier simple, il ne sera pas possible de programmer ou éditer, on pourra juste exécuter.

Sur le plan mécanique la conception du dispositif est bonne et le clavier se fixe facilement.

Deux petits reproches pour la 9900 : elle est exigeante sur le niveau de fraîcheur des piles. Et exit l’écran de la 9600, fin de l’expérience. Le clavier réversible en sera une autre, pour peu de temps.

Depuis 2004, deux évolutions ont vu le jour. Une minime, la EL-9900G SII vers 2012 et davantage adaptée à l’utilisation scolaire, et la EL-9950G en 2015. Celle-ci est une 9900G SII sans clavier réversible, sans écran tactile, et revêtue d’un habillage blanc nacré.

La EL-9900 présente une caractéristique très discrète et partagée avec certains modèles de marque Texas-Instrument : la fonction factorielle agit autant sur les entiers que sur les demi-entiers. Ainsi la factorielle de 12,5 est affichée mais pas celle de 12,6.

En conclusion, une machine très agréable, puissante, rapide, et munie d’un langage de programmation bien naturel et relativement complet.

Les deux faces du clavier :

La carte électronique de la EL-9900

HEWLETT-PACKARD HP-49G

 

 

HP49

La genèse de cette Hewlett-Packard : Fin des années 90, Hewlett-Packard semble s’être détourné du marché des calculatrices, au désespoir des utilisateurs émerveillés trois décennies durant par ce constructeur hors-normes.

Depuis quelques années, l’offre s’était figée. La prestigieuse et très coûteuse HP-48SX de 1989 s’était vue complétée par la S, puis remplacée par les GG+, et GX qui en étaient de simples évolutions. Puis un dernier sursaut en 1995 avec une HP-38G en demi-teinte, puis plus rien pendant une éternité.

Et voilà qu’un jour, alors qu’on n’y croyait plus, une bonne nouvelle est annoncée. Je ne tarde pas à découvrir la toute nouvelle HP-49G à travers un reportage complet du magazine PC-Palmtops, supplément du mensuel PC-Team. J’y vois un objet magnifique d’un bleu acier, évoquant de façon subliminale l’univers de l’iMac, appareil alors très tendance. On nous parle d’une machine toute puissante, à l’affichage bien contrasté, d’une grande rapidité, dotée d’une mémoire flash, d’un choix de polices, d’un mode pas à pas, de manipulations secrètes activant des fonctions inédites, et même d’un éditeur de polices. Enfin, HP s’est réveillé.

Je la rencontre assez vite dans les rayons des marchands, mais je ne suis pas encore prêt pour l’achat. Le prix est pourtant doux (1500 Francs pour un haut de gamme si puissant, c’est inespéré). Je me déciderai finalement en avril 2002. A cette date, elle est devenue introuvable, même à Paris, et je n’ai pas encore Internet.

Mais il me la faut absolument et je la trouve dans un magasin DARTY pas tout proche. C’est un « modèle expo », plus le choix … mais on m’affirme qu’il n’a pas été manipulé, ni touché etc. Je signe un chèque de 1246 Francs et rentre chez moi impatient de manipuler la machine.

Mais tout ne sera que déceptions. Au déballage d’abord, je décèle quantité de rayures sur l’écran de mon modèle expo, ce qui trahit un afficheur vulnérable. Autre déconvenue immédiate : le contraste est moyen, très en deçà des HP-38G ou encore CASIO Graph 100. Et pourquoi une police 7 X 5 si commune, au lieu des belles 9 X 5 des 48. J’ai le choix de deux autres polices mais elles sont plus petites encore. Je suis déçu, même s’il est vrai qu’en pratique le langage RPL s’accommodera mieux des polices les plus petites.

Et quelle lenteur à l’usage. Les écrans se succèdent avec la pénible inertie des 48 que j’espérais éradiquée. J’ajoute l’écran « véritable rétroviseur » (on se voit dedans), la touche    en fonction seconde, qui pénalise l’utilisateur RPN, le clavier dur, la disparition incompréhensible du port infra-rouge, le manuel de base très insuffisant … inadmissible.

Pourtant quelque chose me pousse à tout lui pardonner. Son esthétique sublime peut-être, son statut éphémère de nouvelle bombe HP. J’ai tenté à plusieurs reprises de la réapprivoiser et à chaque fois elle a regagné énergiquement son tiroir. Il m’est aussi parfois arrivé de craquer en croisant sur internet des modèles présentés neufs. Ces machines avaient toujours l’écran rayé, le contraste faible et parfois une large auréole irisée dans la zone supérieure (*).

Ce qui me touche dans cette calculatrice, c’est l’aspect « erreur de jeunesse » du constructeur. C’est paradoxal vu la considérable expérience de HP, mais après une si longue absence, c’est un peu comme si tout repartait de zéro.

La HP-49G ne serait-elle qu’un chant du cygne, un sursaut ultime et médiocre scellant le sort du secteur calculatrice du constructeur historique. Non, Hewlett-Packard devenu HP s’apprête à corriger toutes ces erreurs de conception avec le modèle HP-49G PLUS de 2003. Écran magnifique, meilleur clavier, retour du port IR, réelle vélocité. La GPlus restera perfectible au niveau de son clavier qui ne retrouvera le toucher maison légendaire que dans la dernière incarnation de cette série, la HP-50G.

L’aventure n’est pas terminée, puisque actuellement, c’est la HP PRIME, représentante d’une nouvelle dynastie, qui culmine.

Je possède trois HP-49G. En cette année 2024, un des 3 est devenue défectueuse, avec les touches de la colonne de droite qui ne produisent plus d’action. Par ailleurs, une fragilité partagée par 2 machines est apparue depuis plusieurs années dans le logement des piles, avec les contacts métalliques qui se décollent de leur support en mousse et se promènent librement voire tombent au sol à l’ouverture de la trappe. La mise en place de piles dans ce logement peu pratique hérité des HP-48 n’en est que plus acrobatique encore.

Dans 20 ans, quand nos enfants s’intéresseront aux anciennes calculatrices (pourquoi pas), je parie que la HP-49G bleue acier de l’an 2000 sera prisée, alors que sa remplaçante dorée 49G+ sera injustement oubliée.

(*) A la limite, ces points peuvent être résolus radicalement par la dépose de la façade plastique protectrice de l’afficheur. A l’aide d’une solide ventouse, il sera possible de décoller cette fenêtre pour retrouver un écran enfin mieux contrasté, sans rayure ni reflets ni irisation. Il restera à ôter les quelques traces de colle résiduelles. Agrément assuré mais traitement à réserver à votre vieille HP-49, car un inévitable préjudice esthétique subsistera.

Ci-dessous, la carte électronique de la HP-49G

 

 

 

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