T24 – Un état non ordinaire de conscience

[08/03/2025]

UN ETAT NON ORDINAIRE DE CONSCIENCE

On le sait les rêves sont un mystère. On s’en souvient au réveil, pas toujours. Le souvenir peut durer un instant, ou toute la vie. Parfois le rêve peut revenir en mémoire des heures plus tard, à la faveur d’une situation ou de la vue d’un objet, d’une personne.

On se demande alors si les rêves nous parlent, s’il veulent nous prévenir de quelque chose, s’ils ont une utilité.

Ce qu’on sait bien, c’est qu’ils contiennent une part importante de fantaisie et d’absurdité. Par quel bout les prendre si l’on veut décoder leur hypothétique message ? Avec le temps on a tout de même appris à connaître un peu notre propre langage onirique. On sait par exemple que tel animal ou tel objet qu’on voit souvent est une métaphore personnelle que notre sommeil ne veut pas nous montrer autrement, mais qu’on sait quand même reconnaître.

Parfois, on se réveille d’un coup en pleine nuit et on réalise qu’on était plongé dans un rêve intense, ou peut-être un cauchemar, puis on se rendort.

Une nuit, j’ai été témoin d’un phénomène extraordinaire, dont je n’ai jamais entendu aucun spécialiste parler, et qui ne s’est plus jamais manifesté. Je me suis réveillé d’un coup au milieu d’un rêve. J’étais réveillé mais le rêve continuait, je me trouvais en quelque sorte à l’exacte distance entre le sommeil et de l’éveil, un point extraordinairement précis. Il m’a été donné d’assister cette nuit-là au fonctionnement sous mes yeux de « la machine à rêves ». J’en étais spectateur du déroulement, dans un état semi-éveillé, un état stationnaire qui se maintenait à ce niveau de conscience particulier.

Qu’ai-je vu ? La « machine à rêves » créait, au rythme de deux images par seconde, peut-être trois une séquence ininterrompue d’images rapides. Toutes semblaient surgir d’un même point, la cadence était stable et brutale, chaque image remplaçait l’autre d’un coup. Elles étaient détaillées et n’avaient aucun rapport entre elles, c’étaient de pures créations à chaque fois, et sans lien aucun avec les préoccupations de mon quotidien. Je ne me souviens pas si elles étaient animées ou non, je pense qu’elles étaient fixes. Toutes méritaient un statut de rêve, elles étaient colorées, contrastées, impressionnantes comme un rêve.

J’ai contemplé ce spectacle pendant peut-être une minute, puis suis remonté vers un état d’éveil plus solide. Je n’ai jamais oublié cette expérience. J’ai le sentiment d’avoir bénéficié pendant quelques instants d’un point d’observation privilégié auquel les humains n’ont en principe pas accès.

Il est possible que pendant le sommeil, ces images donnent lieu à autant de développements oniriques, le processus mental serait alors incroyablement rapide.

Et je crois comprendre pourquoi on ne se souvient pas de la plupart des rêves. On se souvient de ceux sur lesquels on a pu poser notre jugement, parce qu’on s’est réveillé suffisamment longtemps peu après. Il existe alors un chemin de pensée qui y conduit, ou du moins qui conduit vers l’évènement de la reformulation consciente qui s’est ensuivie. Dans le cas contraire, le souvenir existe quelque part mais aucun chemin mental n’y mène, à moins qu’une chose vienne le faire ressurgir au fil de la journée.

Sur ce, je retourne me coucher 🙂